Fleur d’Hibiscus
D’après « Blanche-Neige » un conte européen, dont la version la plus connue est celle de Jacob et Wilhelm Grimm parue en 1812.
Ou comment aborder la jalousie intergénérationnelle avec les enfants.
Conte à réfléchir
Alain LANDY 2025
CONTES POUR GRANDIR
Depuis longtemps, les humains de toutes les cultures savent que les contes aident à construire, à reconstruire une personnalité et même souvent, peuvent la guérir si elle est abîmée.
Ils permettent de nommer l’inexprimable, de dénouer les contradictions, de réparer les blessures de notre histoire présente et passée. Ils nous aident à grandir et à nous harmoniser. Ils favorisent à l’intérieur de nous-même la réconciliation entre différents états de notre condition humaine, le psychisme, le corps et l’esprit qui parfois se révèlent adversaires et même contraires.
Les contes contiennent des mots, des expressions qui nous enveloppent, nous cajolent dans une clarté affectueuse ; ils nous proposent des associations qui nous illuminent dans une atmosphère limpide et nous emmènent, plus apaisés, aux confins de l’imaginaire et du réel.
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À nos enfants et petits-enfants.
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Yé krik ! Yé krak !
Il était une fois, dans un village proche du Sinnamary, un chef et sa gracieuse femme qui étaient très aimés par les villageois.
Ce chef et sa femme avaient une petite fille qui les remplissait de bonheur et de joie. Comme elle était née belle comme une fleur, ils l’avaient appelée Fleur d’Hibiscus.
La vie s’écoulait ainsi en longues années de félicité.
Mais, hélas, un jour funeste, la femme du chef tomba si gravement malade que le chaman ne put rien pour elle.
Comme elle n’avait pas donné de fils à son mari, avant de mourir dans ses bras, elle l’implora :
- Pour avoir un héritier, remarie-toi bientôt. Cependant, promets-moi de choisir une épouse aussi belle que notre fille Fleur d’Hibiscus.
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Le jour vint où le malheureux chef, voulant tenir la promesse, chercha une nouvelle femme à marier dans tous les villages près du fleuve.
Ainsi, après quelques mois, rencontra-t-il la fille d’un sorcier qui l’envouta et se fit épouser.
Mais cette nouvelle épouse était jalouse et cruelle. Et surtout, elle ne supportait pas la grande beauté de Fleur d’Hibiscus qui, à ses yeux, altérait la sienne.
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Obsédée par son apparence, la belle-mère de Fleur d’Hibiscus allait chaque matin au bord du Sinnamary pour se mirer dans l’eau. Et là, elle demandait inlassablement à Manman Dilo de lui dire si elle était réellement la plus belle de toutes les femmes du pays.
Et chaque fois, la gracieuse sirène du Sinnamary lui répondait la même chose :
- Certes, tu es une femme très belle, mais Fleur d’Hibiscus est autrement plus belle et plus jeune que toi !
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Dévorée par la jalousie, elle décida donc de faire disparaître sa belle-fille.
Un jour où son mari était à la chasse, la méchante marâtre ajouta quelques gouttes de poison de manioc, tout juste pressé dans la couleuvre*, dans le jus de maracujas de Fleur d’Hibiscus.
Croyant Fleur d’Hibiscus enfin morte, elle alla en tapinois cacher son corps au plus profond de la forêt, persuadée que les animaux en la dévorant la feraient disparaître à tout jamais
*Couleuvre : vannerie qui sert à extraire le jus toxique du manioc.
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Mais, ce même jour, chassant près du Sinnamary, le fils du chef d’un village voisin découvrit le corps inanimé de Fleur d’Hibiscus. A peine son faible cœur battait-il encore, de temps en temps, dans sa délicate poitrine.
Il la trouva si belle qu’il en tomba aussitôt follement amoureux.
Il la chargea délicatement sur son dos puis, il l’allongea doucement dans sa longue pirogue. Enfin, à grands coups de pagaie, il la transporta jusqu’à son village.
A peine arrivé, il courut rapidement chercher le chaman.
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Durant des jours qui semblèrent une éternité, le puissant sorcier fit de nombreuses incantations et administra à Fleur d’Hibiscus des remèdes dont il avait seul le secret.
Au bout de quelques jours, Fleur d’Hibiscus se réveilla enfin. Grâce à la santé revenue et l’amour de son séduisant secouriste, sa beauté revint comme auparavant.
Quelques lunes plus tard, définitivement remise, elle épousa son charmant sauveteur.
Son père fit bannir la méchante marâtre par le conseil du village, et la douceur de vivre régna à nouveau au Pays des Eaux Abondantes, sur les rives du Sinnamary.
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Je réfléchis
Texte source :
https://www.iletaitunehistoire.com/genres/contes-et-legendes/lire/biblidcon_032#histoire