Mary Ellen Mark : un regard documentaire sur les marges
par Arnaud Combe
Publié le 12 août 2024 à 11h51�Mis à jour le 14 août 2024 à 14h17
Jusqu’au 29 septembre, Les Rencontres de la photographie d’Arles propose une plongée inédite dans le regard empathique de la photographe états-unienne Mary Ellen Mark à travers ses cinq plus grands reportages.�Chaque année, les Rencontres d’Arles présente des récits photographiques qui se superposent pour interroger les différentes pratiques de la photographie et créer une caisse de résonance de notre monde. Résolument contemporaine par ses questionnements, la 55e édition met en lumière l’écriture documentaire et la question des marges. Au croisement de ces deux axes, le travail photographique de Mary Ellen Mark, disparue en 2015 à l’âge de 75 ans, est célébré à travers une exposition à l’Espace Van Gogh.�Cette première rétrospective mondiale, intitulée Rencontres, incarne une esthétique de l’empathie. La photographe s’est adonnée au long de sa vie à raconter les histoires des sujets marginalisés avec une profonde humanité. Son œuvre en noir et blanc, d’une grande sobriété, s’accorde parfaitement avec la combinaison du spectaculaire et de la compassion qui imprègnent son travail.
À la marge
Pensée en cinq grands ensembles, Rencontres permet de mesurer le parcours éclectique de la photographe. Parmi l’une de ses séries exposées les plus marquantes, Ward 81 témoigne toute la compassion que la photographe pouvait avoir envers les exclu·es de la société.
En 1975, elle découvre le seul service d’internement psychiatrique pour femmes de l’État de l’Oregon lors du tournage du film de Miloš Forman Vol au-dessus d’un nid de coucou, sur lequel elle officiait en tant que photographe de plateau. L’année suivante, elle passe plus d’un mois aux côtés de patientes atteintes de graves troubles psychiatriques pour immortaliser leurs angoisses et leurs douleurs.
Cette série propose des clichés à la fois dérangeants et émouvants, où chaque femme semble retenir un cri de souffrance extrême. À l’image de Laurie, qui nous fixe à travers l’objectif depuis la surface de son bain, ces photographies exhortent à affronter le regard de ceux et celles que nous avons habituellement tendance à ignorer.
Des récits intimes
Loin de shooter au débotté, Mary Ellen Mark s’efforçait d’établir une proximité forte avec ses sujets. Comme l’indique le titre de l’exposition, la photographie est d’abord une affaire de rencontre avec un sujet. Dans la série Streetwise, en 1983, à la demande du magazine Life, Mark illustrait les dessous du rêve américain à travers une fresque de la jeunesse déchue et abîmée de Seattle. Parmi ces enfants, la jeune Erin Blackwell, surnommée Tiny, qui survit à 13 ans en faisant la manche et en se prostituant, devient le sujet central de cette série. Les liens d’affection tissés avec la jeune fille lui permettront de documenter sa vie ponctuée par les grossesses et les rechutes dans la drogue.
La rétrospective illustre parfaitement son désir inextinguible d’échange et offre une image alternative sur l’Amérique. Au cœur de cette désolation, la vie surgit néanmoins avec une force inébranlable.
Mary Ellen Mark, exposition à l’Espace Van Gogh dans la cadre des Rencontres de la photographie d’Arles. Jusqu’au 29 septembre 2024.
Si Mary Ellen Mark ne s’était pas intéressée aux exclus mais à la mode…
elle aurait été invitée aux défilés
elle aurait gagné plus d’argent
elle serait restée toute sa vie à New York
Si le festival d’Arles n’était pas terminé…
j’aurais aimé vous y emmener
je vous aurais montré l’exposition de Mary Ellen Mark
nous y serions restés toute la journée
L’AGENDA
6 oct : Introduction histoire du théâtre + Présentation MER et Tamara Al Saadi
9 Oct : LES THEATRES A MARSEILLE et le théâtre de la Joliette. LES METIERS DU THEATRE - Préparer les questions
14 oct : VISITE DU THEATRE
16 oct : BIO de la metteuse en scène et podcast
21 et 23 oct : Travail sur le texte et préparation d’une scène avec la comédienne et metteuse en scène Clara Amsellem
Du 4 au 27 novembre : théâtre et autres
Mercredi 4 décembre : spectacle et bord plateau
Une brève introduction de l’histoire du théâtre d’Alfred Jarry à Yasmina reza et Jean-Luc Lagarce.
MER : 2 teasers, 4 comédiennes
Teaser de MER
Jeu : Lucile Dirand & Coline Kuentz
https://youtu.be/x7Yp5iBVVmk?si=yKpKieEImxT0yrUe
Teaser de MER
Jeu : Hélène Luizard & Ariane Courbet
https://youtu.be/R0hl3qfogYk?si=LO9rCmo5w-ozyGIN
BIO TAMARA AL SAADI
BIOGRAPHIE
Un pied dans les sciences politiques et l’autre dans le théâtre, Tamara Al Saadi s’est formée au jeu avant d’intégrer le master d’expérimentations en arts et politiques de Science Po Paris, sous la direction de Bruno Latour. Comme comédienne, elle joue sous la direction de différent·es metteur·ses en scène dont Arnaud Meunier qui l’a conviée à rejoindre l’Ensemble Artistique de la Comédie de Saint-Étienne. En tant qu’autrice et metteuse en scène, elle a remporté avec Place le Prix du Jury et le Prix des Lycéens au Festival Impatience en 2018. En 2020, elle est lauréate de l’appel à projet "écritures du réel" du Groupe des 20 théâtres en Île de France pour ISTIQLAL créé en 2021. La même année, elle crée la pièce Brûlé.e.s au CENTQUATRE dans le cadre du Festival les Singulier·es. Elle crée par la suite les spectacles PARTIE et MER en 2022.
Tamara Al Saadi est artiste résidente au Théâtre de Rungis et à l’Espace 1789 de Saint-Ouen, scène conventionnée pour la danse. Elle est artiste associée au Théâtre des Quartiers d’Ivry - CDN du Val-de-Marne et au Théâtre Dijon Bourgogne - CDN depuis 2021. À partir de septembre 2023, elle est également en compagnonnage avec le Théâtre Joliette de Marseille.
Tamara Al Saadi
Présentation
Autrice, comédienne et metteuse en scène, Tamara Al Saadi et sa compagnie LA BASE fonde ses projets artistiques sur l’écriture contemporaine, avec au cœur la question des langues et des langages. Sa compagnie naît de la nécessité de dialoguer avec la société, penser et créer autour de questions que soulève la construction des identités, en particulier au moment de l’adolescence. Avec des dispositifs scéniques légers, les corps des comédien·ne·s sont les premiers porteur·euse·s d’histoires et les piliers de ses mises en scène. Durant ses trois ans de compagnonnage au Théâtre Joliette, Tamara présentera l’ensemble du répertoire de sa compagnie : PLACE qui aborde la question de l’assimilation et du racisme ordinaire ; Partie sur les méthodes de propagande nationaliste ; Istiqlal sur la décolonisation des corps féminins ; MER, petite forme sur les dégâts des non-dits et des tabous familiaux, et enfin Fille de, forme légère qui pose la question de l’exil au féminin. Elle sera en résidence pour sa prochaine création TAIRE en partenariat�avec la Criée. Kristina Chaumont, collaboratrice artistique de la compagnie, interviendra auprès d’une classe de lycéens d’option théâtre.
« Ici, j’écrirai des histoires, je raconterai tout ce que je peux raconter et de tout mon coeur. Ici, je suis accueillie, écoutée, soutenue et sublimée. Ici sera chez moi le temps de vous faire rire et pleurer, aimer aussi, ça va de soi… Ici, c’est une chance. Ici, c’est une maison pour les rêves. » — Tamara Al Saadi
Voici les deux textes que nous allons travailler et apprendre avec Clara
> Pour les prochaines fois, apprendre ces deux morceaux (en fait ce sont les mêmes phrases mais pas dans le même ordre, donc c’est vraiment pas beaucoup de phrases à apprendre).
Il faut au moins 4 personnes qui les connaissent.
L2: J'aimerais que tout s'arrête.
Que tout se fige.
Que tout s'immobilise.
Casser le temps.
Faire dérailler les voix.
Faire taire les rires des enfants et des adultes.
Prendre en otage les trains, les avions, les bus, les voitures, les vélos et les trottinettes.
Bloquer les ascenseurs et les manèges.
Assécher la pluie.
Péter les taille-crayons.
Étouffer le bruit des bouilloires.
Désaccorder les instruments de musique.
Désynchroniser les chorés.
L1: Désynchroniser les chorés.
Désaccorder les instruments de musique.
Étouffer le bruit des bouilloires.
Péter les taille-crayons.
Assécher la pluie.
Bloquer les ascenseurs et les manèges.
Prendre en otage les trains, les avions, les bus, les voitures, les vélos et les trottinettes.
Effacer les stories, les textos, les conversations dans les cafés.
Faire taire les rires des enfants et des adultes.
Faire dérailler les voix.
Casser le temps.
Oue tout s'immobilise.
J'aimerais que tout s’arrête.
Pour les plus motivés, tout apprendre
Pour les autres, apprendre juste la partie en bleu
L1: Bonjour.
Je vous remercie d'être présents.
C'est difficile pour moi de prendre la parole.
Pour être honnête, je sais que ça peut paraître horrible mais j'ai failli pas venir.
Je voulais pas assister à ça même si au fond de moi, je savais que ça allait finir par arriver.
Ma mère était un soleil.
Elle attirait les gens, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de les brûler s'ils s'approchaient trop.
Pour elle, le monde était une soirée assez nulle où il n'y avait jamais assez à boire et où la musique n'était jamais assez bien...
Du coup elle a préféré partir...
Et je la comprends.
C'est vrai, à quoi bon rester dans une teuf où tu t'ennuies, où t'as pas d'amis et où personne t'écoute vraiment?
Elle voulait tout, tout le temps et en même temps.
Elle était dure à suivre.
On était des enfants et c'était une tornade, un ouragan, un vortex!
Ma mère était apocalyptique.
Elle était furieuse et elle était trop classe.
Mon frère et moi on était les seuls gamins à arriver à l'école en moto et à manger des cookies au dîner.
Elle m'a appris à regarder la mer.
Elle disait: «La surface de la mer, c'est le seul endroit au monde où le soleil est capable de fabriquer des paillettes.»
Et c'est vrai, pendant nos rares week-ends à la mer, elle fabriquait des paillettes!
On se déguisait tous les trois avec ses robes à strass et on chantait en sautant sur le clic-clac.
Mais le reste du temps, elle se noyait..
J'espère qu'elle est bien là où elle est.
J'espère qu'un jour je serai capable de comprendre tout ce qu'elle n'a pas su me dire.
J'espère qu'on sera tous capable d'entendre ceux qu'on ne sait pas écouter.