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L’écriture vidéo

pour le Web²

vue par Christian Aubry

Media Geek - www.aubry.org

Intervention du 31 mars 2014 à l’Université de Montréal

Faculté de l’Éducation permanente - Écriture pour le Web

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Oubliez tout !

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L’espace-temps

du Web est infini !

(mais pas nous)

« Les médias imprimés sont contraints par l'espace; la radio et la télévision, par le temps. Avec l'inforoute, ces deux contraintes n'existent plus. Plus de problèmes d'espace, et le temps est totalement vôtre. On peut documenter un sujet à l'infini, grâce aux hyperliens. » Mario Pelletier, L'inforoute abolira-t-elle le journaliste?, in revue FORCES, 1997,

Les contrainte des journaux et magazines était celles du papier (espace) et de la périodicité (temps de lecture).
Les contraintes de la radio et de la télévision étaient celles de la longueur d’onde (unicité) et du temps d’antenne (linéarité).
Sur Internet, l’espace de stockage est infini, comme dans une gigantesque bibliothèque.
les audiences sont diversifiées à l’extrême.
la consultation peut se faire en temps réel (Twitter) ou bien plus tard, dans la longue traîne (Wikipedia).
Si un contenu a une valeur intrinsèque, il intéressera quelqu’un, un jour, quelque part.
Mais il importe d’autant plus de savoir à qui ce contenu s’adresse, pourquoi et comment.
Deux principes restent :

Quel est mon but ?
Comment mon audience recevra-t-elle ce message ?

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La longue traîne (avant)

Source: Wikipedia

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La longue traîne (après)

« La traîne devient plus large et plus longue dans les nouveaux marchés (représentés en rouge). Là où les distributeurs traditionnels se focalisaient sur la partie gauche du graphique, les librairies en ligne* font plus de ventes sur la partie droite. » (source: Wikipedia) *ou les médias!

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Le Web est un « multi-média »

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Rapide survol des étapes de mon “auto-apprentissage”.

Mars 2006: mon copain Nelson Dumais, journaliste techno, a un objectif personnel et un “plus” à offrir à ses lecteurs:

Gagner du temps en simplifiant l’écriture grâce à l’ajout d’entrevues vidéo.
Se démarquer en offrant à ses lecteurs les premiers “podcasts vidéos” technologiques au Québec.

Il me demande de l’aider à réaliser cette expérience. Nous tournerons quatre podcasts ensemble, avant qu’il ne s’aperçoive que c’est beaucoup plus long et compliqué que d’écrire un billet. :-)

Pour ma part, je découvre plusieurs Implications fort intéressantes:

LA VIDÉO PERMET DE DÉCHIRER LA PAGE WEB !!! Ou, exprimé sous un autre angle, de remonter à la source de l’information au lieu de la consommer en bouteille.
Le journalisme s’est en effet toujours nourri des contenus fournis par l’actualité générée par la société, donc par le public.
L’écriture journalistique n’est pas ici celle d’un professionnel génial et tout puissant, mais surtout et avant tout celle du sujet qui se raconte lui-même et exprime son “histoire” dans ses propres mots.
En minimisant les restrictions (le fameux “angle”), le parti-pris et le style du journaliste, on est donc dans une logique de “USER GENERATED CONTENT”, un buzzword très à la mode en 2006. Le professionnel est alors un “rapporteur” au service de l’information plutôt qu’un “journaliste” au service d’un journal.
Ce témoignage de première main est logiquement moins concentré et moins interprété qu’un article d’information, mais il est en revanche plus saisissant au plan émotionnel, plus complet à certains égards et, surtout, plus “crédible” en tant que témoignage brut. Le maître mot, ici, est TRANSPARENCE.

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Retour vers le futur�Nelson Dumais, Cyberpresse, 2006

http://vimeo.com/album/51858/video/2108155

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Étape 2: #UGC #Conversation�Philippe Martin, Yulbuzz, 2006-2007

[ Wayback Machine ]�

Philippe Falardeau�

Philippe Le Roux

Printemps 2006: le mouvement Yulbiz est né. Cette rencontre mensuelle des blogueurs d’affaires est une initiative de Michelle Blanc et de Philippe Martin, l’éditeur de N’ayez pas peur et fondateur de La fabrique de blogue.

Philippe a un objectif -- promouvoir la pratique du blogue d’affaires, dont il vit -- et un projet pour aider à faire passer le message : un blogue vidéo d’entrevues avec des blogueurs à succès. De mon côté, j’ai déjà un peu de matériel et beaucoup d’intérêt pour la question. À l’automne 2006, nous démarrons ensemble le premier vidéoblogue du Québec, YULBUZZ.

Une Web TV de portraits de blogueurs
De longues conversations en plan séquence, pratiquement sans montage (20 à 30 mn)
Diversité des formats: Flash - Windows Media - Quicktime + OGG pour Linux + MP3 et Speex audio pour le bas débit)
Redondance des plate-formes de partage:Yahoo, Google qui sera remplacé par Youtube, DailyMotion et tonclip.com, plate-forme québécoise aujourd’hui disparue.
J’apprends les “trucs” au fur et à mesure (ex: la leçon de Philippe Falardeau : http://vimeo.com/21983336)
Lors d’une entrevue avec Philippe Le Roux (associé de VDL2), je décide de suivre sa recommandation et de scinder les entrevues en chapitres plus courts : http://web.archive.org/web/20070521100851/http://www.yulbuzz.com/blog/2007/01/

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Plan séquence événementiel

Quelques années plus tard...

Que retenir de ces expériences? TOUT !!!

Le long plan séquence? Oui, pourquoi pas, s’il s’agit d’un discours structuré, construit, mis en forme.

Le son est primordial
Il s’agit de témoigner, transmettre l’expérience vécue.
Il s’agit de rendre disponible, transparent, d’ouvrir les sources, de ne rien occulter.
Il s’agit d’élargir l’audience d’une pensée, d’un discours, d’un événement dans le temps et dans l’espace.

Audience plus restreinte à court terme? Pas grave, car il y a la longue traîne et le contenu est réutilisable (licence Creative Commons).
C’EST UNE LOGIQUE DE COMMUNICATION DURABLE

Exemple de réutilisation “massive”: http://mashable.com/2010/04/22/startup-masterminds/ (une entrevue à portée restreinte à l’origine génère 1 500 vues en une semaine après qu’elle soit reprise par Mashable, qui l’a trouvée par hasard sur Youtube).

Temps de tournage: la durée de l’événement (30 minutes)
Temps de montage: 30 minutes (le design du générique était pré-existant)

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Présentation utilisable

LA DURÉE EST UNE UN PROBLÈME?

Pas vraiment, mais encore faut-il que le contenu soit pertinent et bien structuré. Exemple typique: l’archivage d’une conférence webdiffusée.

Une conférence est déjà un objet médiatique structuré
Un rédacteur écrit en proposera un simple résumé. Et le reste?
Il manque la chair autour du squelette = la chair, la couleur, le détail, l’émotion, le vécu, c’est la vidéo.

Comment le journaliste peut-il “disparaître” afin de produire un équivalent aussi proche que possible de l’expérience vécue? En alternant les gros plans (rares dans la salle) avec la juxtaposition gros plan/diapos + plans plus larges

NB - Cette technique est née de ma pratique de la webdiffusion. Montahe en direct à deux caméras typique : voir de 1’50” à 2’20” puis vers 8:50”.

Ce principe du non filtrage est valable dans ce cas comme dans tout objet médiatique structuré.

Peut-on parler d’écriture ? Oui, mais ni dans le plan ni dans le choix des mots; dans le regard, l’orchestration visuelle (montage, choix subjectifs) et la facture technique (le rédacteur devient un “geek média”).

Gros avantage : Le médium reste le médium. Autant que faire se peut, il transmet le message.

Temps de tournage: la durée de l’événement (30 minutes)
Temps de montage: 15 minutes de finalisation (l’essentiel du montage a été fait en direct, pendant la webdiffusion)

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�Visionnement:�Annonce corporative

Comment aller plus loin en restant simple ?

Premier exemple:

“Rédaction vidéo” de premier niveau réalisée par le sujet de l’entrevue, comme dans l’exemple précédent.
Le plans d’illustration superposés au discours sont l’équivalent des images illustrant un texte Web. Ils sont constitués de textes (liens, légendes…), images (logos, symboles, icônes, captures d’écrans de page Web) et autres éléments tels que des extraits de clips vidéo, disponibles en libre accès sur Internet, publiés sous licence Creative Commons ou dont on a pu obtenir une autorisation de réutilisation auprès des ayant-droits.

Il y a là rien de moins qu’une mise en abyme : l’écran vidéo est un “sous-environnement multimédia” à l’intérieur de l’environnement multimédia qu’est la page Web. Cette structure circulaire, cette imbrication correspondent à l’essence même d’Internet et du Web.

Temps de tournage: 2 à 3 minutes d’entrevue.
Temps de montage: 2 à 3 heures maximum.

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�Visionnement:�Reportage sur le GouvCamp 2012

Comment aller encore plus loin ?

Deuxième exemple: un « Camp » d’une journée sur le gouvernement ouvert à Québec. À la fin de la journée, entrevue avec l’organisateur, Sylvain Carle, qui résume et commente ce qui vient de se passer.

Le “rédacteur” officiel est invisible.
C’est le sujet (ici, l’organisateur, mais cela pourrait être le collègue, le partenaire ou le client) qui “rédige” le texte parlé, communiquant sa propre vision de l’événement.
Cette “rédaction” générée par le sujet n’est pas altérée par le réalisateur, si ce n’est que par ses choix de montage.
Le travail du réalisateur est, en ce sens :

en amont, celui d’un rédacteur en chef, qui délègue, encadre, appuie et publie son rédacteur.
en aval, celui d’un chef de pupitre ou d’un secrétaire de rédaction, qui édite et met en page le texte rédigé.

Les plans d’illustration “donnent à voir” les éléments évoqués par le narrateur.

Autre effet intéressant de mise en abyme : les plans d’illustration “déchirent” en effet l’entrevue comme la vidéo “déchire” la page web. Ils ramènent sans cesse le spectateur dans la mémoire d’un espace-temps réel restitués par l’image et le son. Il s’agit donc à la fois d’hyperliens visuels et d’hyperliens temporels.

Temps de tournage: le temps de l’événement (1 journée) dont 5 minutes d’entrevue.
Temps de montage: 2 à 3 heures.

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Visionnement:�Reportage au McGill Summer Camp

Et encore plus loin ?

Voici un reportage plus construit, ici à deux personnages, avec encore des “liens visuels” et des plans d’illustration.

On a donc affaire ici à deux “rédacteurs” de premier niveau.
Mais La “rédaction” se fait cette fois aussi à un 2ème niveau, par l’imbrication de ces deux discours qui étaient à l’origine distincts, mais qui apportent deux points de vue, deux angles de traitement sur le même sujet.

Il s’agit de rédiger un discours linéaire cohérent, comme s’il s’agissait d’un texte composées de phrases, d’informations et d’idées mises bout à bout. Les discours des personnes sont pleinement respectés, mais nettement plus teintés de la compréhension du réalisateur qui propose sa propre mise en perspective.

Autre élément: la durée relativement courte de ce type de vidéo (2 à 3 mn), qui oblige à éliminer pas mal de “contenu” redondant ou n’entrant pas dans la logique de la composition. On revient alors à un type de communication apparemment plus riche, mais également plus réducteur. Cela demande au réalisateur plus de sensibilité et de responsabilité envers le sujet et les “rédacteurs primaires” qu’il a mis à contribution. Ceux-ci ne doivent pas se sentir trahis, ignorés ou caricaturés, mais au contraire, habilement restitués, voire “magnifiés”.

Solutions :

Penser le sujet avant le tournage afin de limiter les entrevues aux éléments essentiels.
Développer une bonne technique d’entrevue.
Effectuer un montage sensible et intelligent, en soignant les “raccords” au maximum.
Éliminer les tics, les “heu…”, bref, les artefacts du discours (comme on élimine les adjectifs inutiles d’un texte et qu’on en améliore la syntaxe).

Temps de tournage: 2 heures.
Temps de montage: environ une journée.
Temps de sous-titrage bilingue: ± 1h par tranche de 5 minutes + 1 heure de traduction/intégration dans Youtube.

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Visionnement:�Reportage “RH” à Terrebonne

Jusqu’où peut on aller sans tomber dans le documentaire ?

La “rédaction vidéo” se complexifie avec un discours constitué des bribes de plusieurs entrevues et un embryon de mise en scène.

Exemple de reportage plus construit, à plusieurs personnages, avec petite histoire, “liens visuels” et plans d’illustration. Durée recommandée: 3 mn max (jamais plus de 4 minutes).

Le défi consiste à construire un discours à la fois dynamique et cohérent en mélangeant plusieurs discours. La scénarisation et la qualité du décor devient plus important. On se rapproche beaucoup d’un reportage écrit basé sur une recherche plus approfondie -- avec la complexité liée à la gestion de l’image et du son en plus.

Temps de tournage: 3h.
Temps de montage: environ 2 jours (sans compter l’intro et l’extro, dont les éléments étaient pré-existants).

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Visionnement:�« Video in Video »

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Amusez- vous!

Tout est permis!

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Christian Aubry | COMMUNICATEUR NUMÉRIQUE

Captation vidéo, webdiffusion et formation :

www.aubry.org | christian@aubry.org | +1-514-501-9368

Dit "recteur des communications" chez Savoir-faire Linux

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