Le dévoilement en stage: une sorte de « coming-out » anxiogène?�Résultats de 3 années d’échange avec le Québec
David LALOY
Jeudi 18 avril 2024
Matinée de travail de la ChESI du Pôle Louvain
Contexte d’émergence �du projet de partage d’expertise ���
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AUDREY BIGRAS
ROCH DUCHARME
EMILIE ROBERT
DAVID LALOY
JEAN-POL LAUWENS
Équipe et partenaires
MARCO GAUDREAULT
SUZIE TARDIF
FATIMA LAHMIDI
MARIE-NOËLLE SCOYER
Échéanciers du projet
JANVIER
2020
JANVIER
2021
JUIN
2021
FÉVRIER
2022
JUIN
2022
Mission
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(virtuel)
organisée par
Mission
3
(virtuel)
organisée par
Mission
4
(virtuel)
organisée par
Mission
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au Québec (présentiel)
Organisée par
Mission
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au Québec (présentiel)
Organisée par
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Sources des connaissances partagées
Sources des connaissances partagées��
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�Des stages qui constituent une période critique mais qui restent des zones d’ombre ��
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�Des stages qui constituent une période critique mais qui restent des zones d’ombre ��
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*Nous définissons la « transition » comme le passage d’un système à un autre, avec des modalités de fonctionnement, des règles, des modalités de prises en charge variables. Pour l’étudiant.e, cela peut être vécu comme un moment de fragilisation, d’insécurisation.
Table des matières du document de sensibilisation
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Le dévoilement au cœur des enjeux pour les stagiaires en situation de handicap� ���
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Le défi du dévoilement sur les épaules des stagiaires
Se poser la question du dévoilement indique que le milieu de stage n’est pas encore suffisamment inclusif.
La personne étudiante n’est pas obligée de dévoiler son handicap, et si elle le fait, c’est à elle de le décider, et de le faire à sa manière.
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CONSTAT:
Certain.e.s ÉÉSH ne souhaitent pas se “dévoiler”
Les raisons du non-dévoilement
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« J'ai retéléphoné à un lieu de stage que j'avais trouvé en septembre passé. Ils m'ont dit oui mais j'ai pas su la voir une seconde fois pour lui parler en vrai de ma santé et du coup, j'ai dû le faire par téléphone. Et je me suis faite refusée notamment à cause de ça. En glissant : voyez maintenant ça va parfois faire prendre des risques et mettre en danger… (…) »
Chaimae, future éducatrice spécialisée (maladie invalidante)
LE DÉFI DU DÉVOILEMENT : LES CRAINTES
Que le dévoilement réduise les chances de trouver un stage�
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LE DÉFI DU DÉVOILEMENT : LES CRAINTES
Pour éviter les étiquettes
« C'est un petit peu déstabilisant de le dire (sa dyslexie): on se présente, on dit bonjour je suis Marie, je suis dyslexique… c'est comme si je disais: bah je me suis faite opérer quatre fois.
Enfin c'est des choses qui sont à moi je vais dire. Mais je dois me présenter sous une étiquette donc je sais pas moi, ça me déstabilise un peu de le dire.
Aussi parce qu’après j'ai peur qu'il ne regarde que ça… »
Marie, future institutrice (dyslexique)
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LE DÉFI DU DÉVOILEMENT : LES CRAINTES
Pour faire son stage comme tout le monde, sans être « sur-protégé.e » ou « excusé.e »
« Moi, je ne le dis pas et généralement quand je m’applique, ça ne se remarque pas tant que ça. On dit juste : Attention à l’orthographe. Et puis, je ne veux pas trouver cela comme excuse. J’aime pas qu’on me dise : C’est normal. »
Alison, future institutrice (dyslexique)
« C’est à moi de tout expliquer à l'équipe concernant ma vue mais le souci c’est que les infirmières sont toujours débordées et qu’en plus je dois l’expliquer à 15 personnes… Certains vont être compréhensifs, d'autres pas. »
Albus, futur infirmier (malvoyant)
LE DÉFI DU DÉVOILEMENT : LES CRAINTES
Pour éviter de devoir répéter à plusieurs personnes son statut d’ÉÉSH
Le dévoilement → une sorte de « coming out » anxiogène.
Cette situation est synonyme d'anxiété et génère beaucoup de stress, ce qui peut influencer négativement les réelles capacités des stagiaires (+ prophétie autoréalisatrice)*.
Ils ne savent pas quand et à qui parler de leur handicap et sont en recherche du moment où ils pourront en parler.
*Situation dans laquelle quelqu'un qui prédit ou s'attend à un événement, souvent négatif, modifie ses comportements en fonction de ses croyances, ce qui a pour conséquence de faire advenir la prophétie (Wikipedia.org).
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Des préjugés et des mythes qui renforcent l’anxiété du dévoilement� ���
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Être confronté.e aux préjugés ��
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Quelques idées reçues des milieux de stage à l’égard des personnes en situation de handicap :
DES PRÉJUGÉS ET DES MYTHES À DÉCONSTRUIRE�« Les pratiques inclusives et les mesures d’aide sont coûteuses »
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Certes, les aménagements et les mesures d’aide prennent, dans une première étape, du temps et des ressources, mais…
LE DÉFI DU DÉVOILEMENT : LES CRAINTES
Des économies à plus long terme
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L’accueil d’un travailleur en situation de handicap est l’occasion de réfléchir à des nouveaux outils, une nouvelle organisation du travail, dont tout le monde profitera!
Des économies à plus long terme
DES PRÉJUGÉS ET DES MYTHES À DÉCONSTRUIRE�« Les pratiques inclusives et les mesures d’aide sont coûteuses »
Les ÉÉSH arrivés en enseignement supérieur seraient davantage conscient.e.s de leurs forces et faiblesses que les autres étudiant.e.s, car ils ont dû relever beaucoup de défis, adapter leur style d’étude pendant leur parcours, mobiliser de nombreuses ressources, développer des compétences qui leur ont permis d’arriver jusqu’aux études supérieures, ce que les autres étudiant.e.s n’ont pas nécessairement développé (De Clercq et Dangoisse, 2020).
Des stages qui se passent très bien, des étudiant.e.s avec beaucoup plus de ressources qu’on imagine, qui développent des formes de compensation, des ressources pour acquérir malgré tout les compétences.
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DES PRÉJUGÉS ET DES MYTHES À DÉCONSTRUIRE�« Le handicap vu par la négative, uniquement comme déficience »
DES PRÉJUGÉS ET DES MYTHES À DÉCONSTRUIRE �« Le handicap est un frein à l’acquisition des compétences »
Il faut toujours favoriser une approche au cas par cas. Selon la situation, un ÉÉSH peut développer des ressources et des habilités qui lui permettront d’acquérir la compétence
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•Certes, certains handicaps « brusquent » certaines compétences, mais…:
Il y a une incompatibilité entre le handicap et les compétences à acquérir au stage = capacitisme.
DES PRÉJUGÉS ET DES MYTHES À DÉCONSTRUIRE �Le handicap vu comme une « ressource » dans l’acquisition d’une compétence��
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« En fait une veine, même quand elle se voit bien, c'est pas forcément la bonne qu'il faut piquer. Parce qu'il faut vraiment la toucher. En fait, il vaut mieux piquer une veine qu'on sent qu'une veine qu'on voit! C'est d’ailleurs ce qu'on dit à l'école et du coup bah ça c'est ce qui marche le mieux (pour moi) »
Albus, futur infirmier, malvoyant
DES PRÉJUGÉS ET DES MYTHES À DÉCONSTRUIRE �« Les bénéficiaires pourraient être mis en danger »
D’après les entretiens réalisés en Belgique, les ÉÉSH ont une conscience importante des limites liées à leur handicap et mettent tout en œuvre pour éviter les risques pour les publics.
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« Voilà c’est ça mais j'essaie toujours de me mettre du côté ou je peux tirer en arrière et rattraper avec mon bras gauche. »
Salomé, future ergothérapeute (handicap au bras)
DES PRÉJUGÉS ET DES MYTHES À DÉCONSTRUIRE �La conscience de certains ÉÉSH concernant les risques pour le public
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« Tout ce qui est trucs et astuces que moi j'ai appris, des choses qui moi, me facilitent la vie, les enfants ils vont peut-être les prendre plus facilement. Je vois les difficultés que j'ai donc qu’ils peuvent avoir.
Puis, au niveau différenciation il y a tout un monde hein… je l'ai vécu. Donc je sais que chaque enfant a besoin de certaines choses.
Comme je l'ai vécu, je sais ce que ça fait de rien comprendre! »
Alisson, future institutrice primaire (dysorthographique & dyslexique)
DES PRÉJUGÉS ET DES MYTHES À DÉCONSTRUIRE �La « sensibilité » de certain.e.s ÉÉSH concernant les problématiques de publics accompagnés
DES PRÉJUGÉS ET DES MYTHES À DÉCONSTRUIRE �Des attitudes pensées comme bienveillantes mais qui ne le sont pas
En pensant bien faire, on peut avoir tendance:
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DES PRÉJUGÉS ET DES MYTHES À DÉCONSTRUIRE �Des attitudes pensées comme bienveillantes mais qui ne le sont pas
→ Ce sont des attitudes qui, même si elles partent d’une bonne intention, correspondent à du capacitisme car cela revient à protéger l’ÉÉSH en raison des limitations supposées en lien avec son handicap.
Rappel du droit à l’échec pour tous les étudiant.e.s.
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DES PRÉJUGÉS ET DES MYTHES À DÉCONSTRUIRE� « C’est l’employeur qui doit tout faire… sans soutien »
L’employeur n’est pas tout seul à devoir « bricoler » un accueil et un accompagnement adapté à la situation d’un ÉÉSH.
Il est tout à fait normal de se sentir démuni, peu outillé, pas assez formé pour accueillir un ÉÉSH de manière adéquate.
De nombreuses ressources, de nombreux outils existent (cf. liste d’outils, ressources).
De nombreux services sont à l’écoute et peuvent vous apporter un soutien (cf. liste de services).
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DES PRÉJUGÉS ET DES MYTHES À DÉCONSTRUIRE�Il y a « eux » et « nous »
Vision restrictive de la diversité:
La catégorie “handicapé” et ses déclinaisons, sont de “pures vues de l’esprit, (...) [elles] nient la singularité de chacun, produit d’une histoire contingente. Elles prétendent ordonner la diversité humaine (...) rebelle à toute catégorisation” �(Gardou & Laplantine, 2014: 48).
Cela conduit à “une réduction de la personne à une seule de ses caractéristiques”.
(Gardou & Laplantine, 2014: 49).
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DES PRÉJUGÉS ET DES MYTHES À DÉCONSTRUIRE�Il y a « eux » et « nous »
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Bonnes pratiques pour favoriser l’inclusion et diminuer l’anxiété du dévoilement���
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Bonnes pratiques pour favoriser l’inclusion���
Être inclusif, c’est :
D’abord une question d’attitude et de savoir-être��
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Être inclusif, c’est :
Bonnes pratiques de tutorat: soigner l’accueil de l’étudiant.e et la communication avec le partenaire de l’enseignement
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Une invitation au “décentrement"
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Se décentrer = prendre distance avec nos modèles de références (performance, normalité, rentabilité, compétences, autonomie…) et adopter le point de vue de l’Autre → cela suppose aller à sa rencontre et reconnaître le « droit à l’échec », le droit à la vulnérabilité.
→ insurmontable, contreproductif, mais aussi stigmatisant
→ important d’accueillir tout étudiant comme individu dans son unicité/totalité, dont le handicap est une des caractéristiques.
Prendre conscience de la diversité qui existe déjà dans l’équipe
Être inclusif ne consiste pas à accueillir la diversité au sein de son organisation.
Ouvrir les yeux sur le fait que cette diversité y est déjà présente.
→ différentes personnalités au travail, différentes façons de travailler, de s’exprimer, de communiquer, logiques différentes…
Tenter de tirer profit de cette diversité!
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Faire appel aux ressources et services
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Accepter de se sentir démuni, peu outillé, et de faire appel aux nombreuses ressources et services qui peuvent apporter un soutien