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Les femmes dans les programmes

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Les programmes : quatrième

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Eduscol 4ème

Les femmes restent également exclues de la vie politique. Mis à part en Finlande (1906) et en Norvège (1913), c’est le cas dans toutes les autres démocraties européennes, mais cette exclusion sera plus durable en France.

Le travail féminin est pourtant une réalité ancienne : 6,2 millions de femmes sont actives en 1866, soit un tiers de la population active totale, et encore ce chiffre est-il probablement sous-évalué du fait de l’activité des femmes d’agriculteurs, d’artisans et de commerçants. Les femmes, moins syndiquées que les hommes, participent cependant aux mouvements de grève (elles sont 27% des grévistes du Midi entre 1903 et 1914), et des grèves se produisent dans des secteurs où le travail féminin domine (comme dans le textile). Elles obtiennent certains droits, comme la libre disposition de leur salaire (1907) et le congé de maternité de 8 semaines (non rémunéré), en 1909. En 1907, elles deviennent électrices et éligibles aux tribunaux des prud’hommes.

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De plus, elles rattrapent au long du XIXe siècle leur retard d’alphabétisation sur les hommes. La première bachelière est diplômée en 1861, et en 1881 une femme est pour la première fois reçue à l’externat de médecine. L’enseignement secondaire féminin se met en place en 1867 et 1880. En 1900, les femmes ont le droit de plaider comme avocates. Le sport féminin commence son essor à la Belle Époque. Mais la revendication du droit de vote, présente dès 1848, portée ensuite par des militantes comme Hubertine Auclert, ne trouve pas de débouché, quand bien même elle attire la sympathie de quelques députés comme Ferdinand Buisson

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Les femmes ne participent pas aux élections, mais les féministes investissent la sphère publique pour faire avancer leur cause. Si elles luttent pour l’instruction des filles, elles se préoccupent également du droit du travail féminin. Leur action met en évidence l’importance et la diversité des activités économiques des femmes. Les revendications et les avancées juridiques permettent d’aborder les mutations des conditions féminines. Pour obtenir gain de cause, les femmes sont entrées en politique. Elles ont fondé des associations. Elles ont créé de nombreux organes de presse. Des photographies de manifestations, des discours, des articles de presse peuvent ainsi permettre de comprendre un combat féministe, des

évolutions des conditions féminines et la politisation nouvelle des femmes françaises

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Cette approche peut permettre de mieux faire incarner les situations féminines. Il est possible de s’intéresser aux points de contact qui existent entre les différentes catégories de femmes : l’approche sociale requise par le thème étant centrée sur les femmes, ce sont elles qui doivent permettre d’entreprendre une lecture transversale de la société et de ses différentes composantes. Au cours du XIXe siècle, des femmes qui appartiennent aux élites ou à la moyenne bourgeoisie fondent ou s’insèrent dans des associations visant à améliorer les conditions des femmes qui travaillent. Leur engagement philanthropique met alors en lumière des situations et des mutations. Ces femmes sont souvent des féministes. Marie-Louise Bérot-Berger, une bourgeoise picarde, une réformatrice ayant fondé une société d’aide aux femmes du peuple et membre de groupe féministe, offre ainsi un exemple pour permettre d’entrer dans l’étude. Marie Curie peut aussi permettre de montrer et de relativiser les avancées féminines à la veille de la Grande Guerre.

Piège à éviter : Dresser un panorama qui énumérerait les différentes catégories sociales des femmes (paysanne, ouvrière, bourgeoise…)

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Il importe cependant de ne pas nier les limites de l’intégration républicaine et ses impasses. (...). La IIIe République, loin d’être un astre mort, demeure donc objet de débats et suscite des questions socialement vives : définition et mise en place de la laïcité, maintien des femmes à l’écart de la citoyenneté, colonisation, etc. Autrement dit, son enseignement doit lui-même reposer sur une forme de maîtrise républicaine du dissensus

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Le «refus du vote des femmes»

Reste que le programme, en évoquant le «refus du vote des femmes», invite à dépasser la seule réflexion générale sur l’intégration politique des masses. Il s’agit donc de s’ouvrir à des questionnements critiques sur des catégories de population qui, à des degrés et selon des modalités divers, sont exclues du champ politique sans pour autant disparaître de l’espace public, au premier rang desquelles les femmes. On peut

évoquer les campagnes suffragistes de Maria Deraismes et Léon Richer en 1872 ou, plus tard, celles d’Hubertine Auclert, qui forge d’ailleurs le mot de «féminisme». Notons toutefois que si la peur du vote clérical à travers l’influence supposée de l’Église sur les femmes se conjugue à une misogynie évidente des élites républicaines pour bloquer toute évolution, cette exclusion n’aboutit à aucune théorisation ni systématisation. Ainsi l’indique l’octroi de responsabilités «citoyennes» à des femmes, à travers l’autorisation qui leur est faite d’adhérer à un syndicat (1884), y compris sans l’accord du mari, ou de voter en 1907 aux élections prud’homales. La philosophe Geneviève Fraisse en déduit que la République ne crée pas de système délibéré d’exclusion des femmes, mais plutôt une dynamique d’omission.

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1871 – Louise Michel pendant la Commune de Paris

Ce point de passage et d’ouverture introduit à l’histoire de la Commune puisque Louise Michel en est une des incarnations les plus célèbres. Cela nécessite un point sur cette révolution parisienne pour comprendre la place qu’y occupe cette femme politique. (...).

Louise Michel personnifie bien les difficultés à qualifier l’idéologie des insurgés. À cette époque, elle n’est pas encore anarchiste, mais elle est proche du blanquisme, soit une idéologie révolutionnaire qui prône le renversement du régime bourgeois par la force pour instaurer une république sociale. Aussi, son combat, comme celui de beaucoup de communards, ne vise pas à instaurer le socialisme et une dictature du prolétariat telle que prônée par Karl Marx, mais tente plutôt de mettre en œuvre un projet républicain radical, fondé sur une démocratie directe, sociale et anticléricale (séparation des Églises et de l’État, instruction laïque, gratuite et obligatoire, etc.). «Ô la Res publica que nous rêvions comme elle était grande et belle!» écrira-t-elle plus tard dans ses Souvenirs. Désormais, République et révolution se dissocient. Le parcours de Louise Michel peut donc être lu en classe comme la personnification de cet échec des révolutionnaires, quand bien même certains de leurs objectifs démocratiques seront accomplis par la suite. Elle tire cependant de cette expérience singulière une œuvre littéraire et militante qui, après coup, façonnera une mémoire de la Commune encore active aujourd’hui dans une partie de la population.

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La célébrité que Louise Michel acquiert de son vivant, en particulier en raison de son attitude de révolutionnaire irréprochable lors de son procès, fait d’elle non seulement une icône politique de ce que l’on pourrait qualifier l’extrême gauche de l’époque, mais fascine également la presse conservatrice. Sidonie Verhaeghe, qui a consacré sa thèse à l’image de Louise Michel 2, constate que les contemporains ont bien du mal à intégrer cette intellectuelle militante et combattante à une lecture genrée de la politique. Ainsi, certains journaux qui lui sont hostiles l’accusent d’avoir participé à la Commune par goût du paraître!

Ce point de passage et d’ouverture est donc aussi l’occasion de travailler avec les

élèves sur la place des femmes en politique en cette fin de XIXe siècle. À l’image de

Louise Michel, les Parisiennes sont, en effet, pleinement actrices de l’insurrection et la Commune propose, par ailleurs, d’égaliser les conditions entre les hommes et les femmes dans un certain nombre de domaines (égalité de traitement entre instituteurs et institutrices, par exemple). Toutefois, l’historien Robert Tombs, dans un récent ouvrage, tempère quelque peu certaines analyses en montrant que si les femmes sont certes nombreuses, elles agissent surtout à la base du mouvement et ne font pas partie des instances dirigeantes.

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Il n’en demeure pas moins que la popularité et la visibilité de Louise Michel dans l’espace public, et cela jusqu’à sa mort, sont tout à fait singulières pour une figure anarchiste féminine. Surtout, cette politisation sert à la fois les promoteurs socialistes de l’égalité hommes/femmes comme leurs adversaires, lesquels campent Louise Michel en un personnage hystérique, «Vierge rouge» associée au sang et au feu de l’incendie criminel, ce qui peut permettre d’élargir la réflexion au mythe de la «pétroleuse». Ils nient aussi sa féminité en la masculinisant afin de dénoncer son caractère «antinaturel». L’enseignant peut donc tout à fait envisager de partir des caricatures hostiles à Louise Michel pour introduire le thème sur le «refus du vote des femmes».

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La mixité de genre

dans l’école républicaine

d’après un article de M. Perrot

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Chronologie

1808 : Napoléon interdit toute présence féminine dans l'enceinte des lycées

15 mars 1850 : la loi Falloux création d’écoles de filles (communes + 800 hab)

1861 : Julie-Victoire Daubié est la première femme autorisée à présenter le baccalauréat

1879 : la loi Bert crée une école normale d'institutrice dans chaque département

1880 : la loi Sée instaure un enseignement secondaire laïque pour les filles (les programmes sont spécifiques ; le cursus en 5 ans au lieu de 7 n'est pas sanctionné par le bac et ne permet pas l'entrée à l'université)

1881 : création de l'Ecole Normale Supérieure de jeunes filles de Sèvres

28 mars 1882 : la loi Ferry rend l'école élémentaire obligatoire, gratuite et laïque, pour les filles comme pour les garçons

1919 : création du baccalauréat féminin -Premier grade universitaire)

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1924 : un décret unifie les programmes des baccalauréats féminin et masculin.

Il a fallu attendre les années 1960 pour que la mixité scolaire s’impose dans le système éducatif français :

• 1959 : mise en place progressive de la mixité dans l'enseignement secondaire

• 1963 : un décret institue la mixité comme régime normal dans les Collèges d'Enseignement Secondaire (CES)

• 1972 : l'Ecole Polytechnique devient mixte

• 11 juillet 1975 : la loi Haby rend obligatoire la mixité dans tous les établissements publics d'enseignement

• 1984 : première convention interministérielle sur l'orientation des filles vers les

formations industrielles

• 10 juillet 1989 : loi d'orientation sur l'éducation en vue de favoriser l'égalité des chances entre hommes et femmes

• 2006 : convention pour l'égalité entre les filles et les garçons dans le système éducatif

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La mixité scolaire

La mixité scolaire est, en France comme ailleurs, un fait récent : à peine un demi-siècle (1957, 1959). Auparavant, la séparation des sexes était la règle.

Cette séparation repose sur une représentation forte de la différence des sexes. Hommes et femmes n’ayant ni la même nature, ni la même fonction, les garçons et les filles doivent recevoir une formation distincte et appropriée.

Voir le programme de 1882

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La mixité des programmes

fut réalisée par la IIIe République. Les lois Ferry rendirent l’école primaire gratuite, laïque, obligatoire pour les deux sexes, dans des écoles séparées, mais avec les mêmes contenus pour le même certificat d’études.

Créés par la loi Paul Bert (1880), les lycées de filles eurent d’abord des programmes propres, excluant le latin, et comportant des travaux manuels ; mais en 1924, l’unité fut réalisée par le baccalauréat unique, ouvrant ainsi aux filles l’université, où en 1939 les étudiantes formaient près d’un tiers des effectifs.

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La mixité du corps enseignant

La mixité du corps enseignant se réalisa très diversement selon les niveaux : dès 1938, les institutrices représentaient la moitié des maîtres du primaire ; tandis qu’à la Sorbonne, en lettres, la première femme professeur le fut en 1947 (Marie-Jeanne Dury).

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La mixité spatiale

c’était le risque d’une promiscuité indécente, voire dangereuse, surtout à l’époque de l’adolescence. D’où la résistance qu’elle suscita. Taxée d’immoralisme par ses adversaires, la République l’évita longtemps, l’aménageant au mieux dans les classes uniques des écoles de villages et admettant parcimonieusement les filles dans les classes préparatoires aux grandes écoles après la Seconde Guerre mondiale.

Mais bientôt, s’amorce le changement : à l’école primaire par une circulaire de 1957 ; à tous les degrés de l’enseignement par la réforme Haby de 1975..

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Des questions actuelles

  • la réussite comparée des filles et des garçons ;
  • celle des orientations respectives des uns et des autres, qui demeurent fortement sexuées.
  • La question de « l’égalité des chances »
  • la conscience du caractère sexué des programmes (ainsi le silence de l’histoire sur les femmes)
  • la compétition sportive où la virilité prend une revanche
  • la question de l’éducation sexuelle
  • celle de la violence qui, de la cour de récréation aux abords des établissements, prend souvent les filles pour cible.
  • le désir de rendre invisible ce corps menacé ou au contraire d’assumer la visibilité.