L’énergie en France
Nucléaire, fossile, renouvelable...
L'Histoire de l'énergie en France
Avec près de 66 millions d'habitants représentant 1 % de la population planétaire, la France consomme de l'ordre de 2,5 % de l'approvisionnement énergétique mondial et importe près de la moitié de ses besoins énergétiques. Les conflits du XXe siècle ont profondément souligné sa fragilité. Les deux guerres mondiales furent marquées par un rôle décisif de l'État dans la gestion de l'énergie, avec de grandes nationalisations au lendemain de la Libération. Le premier choc pétrolier de 1973 a conduit le pays à se lancer dans un grand programme électronucléaire afin d'assurer son indépendance énergétique. Mais les moyens financiers et humains mobilisés dans ces programmes se sont faits au détriment du développement des énergies renouvelables, à l'exception de l'énergie hydraulique développée très tôt.
Si les années 2000 ont été caractérisées par un retrait progressif de l'État dans les entreprises énergétiques, il conserve un rôle politique fort dans la maîtrise des prix de l'énergie, devenue un enjeu social, et dans l'avenir de la filière nucléaire. L’énergie nucléaire représente aujourd’hui 77 % de la production d’électricité et 17 % de la consommation totale d’énergie en France, plaçant le pays au premier rang mondial de l’utilisation de l’atome.
LE NUCLÉAIRE EN FRANCE
A la différence de ses voisins, la France ne dispose pas d’assez de ressources énergétiques (gaz, pétrole ou charbon) pour produire son électricité. C’est, combinée au choc pétrolier des années 70, la raison qui explique le développement de l’énergie nucléaire dans l’Hexagone.
Aujourd’hui, le pays est capable de répondre à six priorités stratégiques : la diminution des émissions de CO2, la sécurité d’approvisionnement, la compétitivité des entreprises, la préservation du pouvoir d’achat des ménages, le maintien d’emplois industriels qualifiés et la maîtrise d’un savoir-faire technologique de pointe.
Un des parcs nucléaires les plus importants au monde
Avec 58 réacteurs répartis sur 19 sites nucléaires, la France dispose du parc nucléaire le plus important du monde en proportion de sa population. Chaque année, environ 405 TWh d’énergie nucléaire sont produits.
Le nucléaire se développe en France à partir de 1963. Après avoir testé la technologie graphite-gaz (1ère génération) en construisant neuf réacteurs de ce type la France décide en 1968, pour des raisons techniques et économiques, de se tourner vers la filière à eau sous pression (2ème génération), conçue et développée par les Etats-Unis.
Un réacteur EPR (3ème génération)- d’une puissance de 1650 MWe - est actuellement en construction sur le site de la centrale de Flamanville.
Décarbonée, bas-carbone : qui dit vrai?
En France, 97 % de l’électricité est déjà bas-carbone
Energie bas-carbone, le nucléaire permet à la France d’avoir des émissions de CO2 (5,5 tCO2/hab/an) inférieures à la moyenne européenne (7,4 tCO2/hab/an) et deux fois moins importantes que celles de l’Allemagne (Agence Internationale de l’énergie, 2012).
Composé de 20 % d’énergies renouvelables (essentiellement hydraulique) et de 77 % d’énergie nucléaire, le système électrique français est à 97 % bas-carbone permettant les bonnes performances de la France en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
Classée en tête des pays du monde pour son système énergétique qui protège durablement l’environnement (The Global Energy Architecture Performance Index – World Economic Forum, 2014), la France respecte déjà les recommandations du GIEC. En effet, selon le GIEC, un bouquet électrique bas-carbone à 80 % permettra de contenir et stabiliser le réchauffement climatique.
Emmanuel Macron : « Le nucléaire est une énergie décarbonée non intermittente »
S’il émet très peu de gaz à effet de serre, le nucléaire n’est pas intégralement décarboné
« Même si le nucléaire émet moins de gaz à effet de serre qu’une centrale à charbon ou à gaz, elle en produit quand même », rappelait à Reporterre en janvier 2020 Marie Frachisse, coordinatrice des questions juridiques à l’association Réseau sortir du nucléaire. Ainsi, le Giec (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) évalue les émissions de CO2 du nucléaire à 12 grammes par kilowattheure (g/kWh), contre 41 g/kWh pour le photovoltaïque, plus de 490 pour le gaz et 820 pour le charbon.
« Effectivement, un réacteur nucléaire émet moins qu’une centrale à charbon. Mais, si l’on prend l’ensemble de la chaîne de production de l’énergie nucléaire de l’extraction minière à la gestion des déchets, ce bilan est beaucoup plus lourd », rappelle la juriste. (...) Ainsi, le total des émissions de gaz à effet de serre d’Orano s’établissait à plus de 260.000 tonnes équivalent CO2 en 2018.
D’après www.reporterre.net
Le nucléaire français en Europe
Le nucléaire assure la sécurité énergétique de la France et d’une partie de l’Union européenne
Le développement d’un important parc nucléaire a permis à la France de réduire ses importations d’énergie fossile pour produire son électricité. Si aujourd’hui l’électricité produite par le nucléaire devait être remplacée par du gaz, les importations s’élèveraient chaque année à 8 milliards d’euros, somme qui viendrait s’additionner aux 66 milliards d’euros déjà consacrés à l’achat annuel de gaz et pétrole, utilisés pour chauffer les maisons et faire rouler les voitures.
L’énergie nucléaire fournit 30 % de l’électricité de l’Union européenne et permet de réduire d’autant la dépendance aux énergies fossiles, polluantes et importées. Disposant du parc nucléaire le plus important de l’UE, la France est aussi le pays le plus exportateur d’électricité de la zone et assure une partie de la sécurité d’approvisionnement des 28 états membres.
Avec un excédent d’environ 2 milliards d’euros par an (Bilan électrique 2013 – RTE, 2014), ces exportations d’électricité contribuent positivement à l’économie française.
Les réglementations européennes permettent aux pays de développer leurs propres mix énergétiques dans leurs plans énergétiques et climatiques (NECP) pour la période 2021-2030 ainsi que dans leurs stratégies nationales à long terme.La place de l’énergie nucléaire dans l’approche globale de l’UE en matière de climat et de durabilité a néanmoins été remise en question lors de l’élaboration d’un système de classification pour l’identification des activités économiques durables. Le rôle que l’énergie nucléaire pourrait jouer dans la réduction des émissions est reconnu, mais un débat considérable s’est installé entre les gouvernements, les ONG et l’industrie énergétique sur la manière dont l’énergie nucléaire devrait être traitée par cette classification, débat qui a mis en évidence les différences de conception autour de l’énergie nucléaire entre les Etats de l’UE, et en particulier entre la France et l’Allemagne. En décembre 2019, la Commission européenne a indiqué à ce sujet que « la décision d’inclure ou d’exclure l’énergie nucléaire a donc été renvoyée aux règles détaillées basées sur les contributions techniques des experts et le critère « do not significant harm », notamment en ce qui concerne la gestion des déchets ou les considérations relatives au cycle de vie.
Source : https://legrandcontinent.eu/fr/2020/06/30/ichord-nucleaire-europe/
Combien ça coûte?
En France, la facture d’électricité est l’une des moins chères d’Europe
La production d’électricité d’origine nucléaire contribue, à son échelle, à ne pas grever le pouvoir d’achat des ménages. Les ménages français paient leur électricité 22% moins cher que la moyenne européenne, et près de deux fois moins chères qu’en Allemagne (Direction générale du Trésor - Comparaison des prix de l’électricité en France et en Allemagne, 2013 - Eurostat S1 2014)
Pour leur facture d’électricité, l’option nucléaire protège donc en partie les consommateurs français contre la volatilité du prix des combustibles fossiles et l’augmentation future des prix du CO2. Alors que le prix de l’électricité en France est stable depuis les années 90, il a fortement augmenté en Italie dont le mix électrique repose essentiellement sur les combustibles fossiles.
Prix de l'électricité en Europe : où se situe la France ?
La France se situe en dessous de la moyenne des pays européens
Même si le prix de l'électricité augmente régulièrement en Europe, la France se situe en dessous de la moyenne de l'Union Européenne. Le kilowattheure moyen en France est de 0.18 € TTC alors que la moyenne des pays européens est de 0.211 € TTC. Cependant, la France n’est que 16ème au classement sur les 28 pays de l'Union européenne. Cette différence est due au poids des taxes qui représente près d’un tiers du prix que le consommateur français paie. Ces dernières années, les taxes ont connu une forte augmentation, entre 2012 et 2016. Mais en terme de Parité de Pouvoir d’Achat (PPA), le prix de l'électricité est donc moins cher pour un Français. Par rapport aux pays situés en Europe de l’Ouest (Allemagne, Royaume-Uni, Irlande, Belgique par exemple), les prix sont bien inférieurs.
Un facteur d’attractivité?
L’électricité en France, facteur de compétitivité et d’attractivité
Reflet de situations énergétiques hétérogènes, le prix de l’électricité consenti aux industriels varie beaucoup d’un pays européen à l’autre. Par exemple, il existe un facteur de près de 3 entre la Finlande (91 €/MWh) et le Danemark (243 €/MWh).
Le coût de l’énergie est un facteur vital pour la compétitivité industrielle : grâce au nucléaire, les industries françaises bénéficient d’un des prix de l’électricité les plus bas d’Europe (25 % moins cher en moyenne). Cet atout atténue les risques de délocalisation et de manque de compétitivité de PME que pourrait provoquer une énergie plus chère.
Les faibles prix de l’électricité nucléaire sont également un facteur d’attractivité pour les investisseurs internationaux qui cherchent à s’implanter en Europe. Selon l’Agence française pour les investissements internationaux, la France est la première destination européenne des investissements industriels étrangers. Deux ingrédients contribuent à cette réussite : le prix et la qualité des infrastructures électriques, reconnues comme performantes et fiables (Choiseul Energy Index 2015 – KPMG).
La France conserve sa première place en Europe pour les sites de production industrielle à capitaux étrangers selon le baromètre du cabinet d'études EY. En 2018, 339 projets ont été réalisés, notamment dans la construction aéronautique et spatiale, la construction navale et l'industrie pharmaceutique d'investissements.
La moitié de ces investissements viennent des pays européens, Etats-Uniens et Asiatiques se partageant le reste. 3 raisons principales : la croissance des marchés industriels, la France est historiquement une terre à la fois d’ingénieurs et de logistiques, les difficultés des concurrents (Brexit, par ex.)..
Un bémol toutefois : seulement 30 emplois sont créés en moyenne par projet. Selon un des auteurs du rapport “Le handicap de coût du travail est un sujet qui va bloquer ces investissements qui créent plus d’emplois. En Pologne, on dépasse 120-150 emplois par projet.
Deuxièmement, il y a un taux de fiscalité sur l’industrie qui est plus important en France que chez la plupart de nos voisins ».
Si elle surmonte ses handicaps, la France continuera d'attirer. Notamment dans les secteurs d'avenir : le numérique, les énergies renouvelables, la santé, l'intelligence artificielle et les services aux entreprises.
Des emplois
La filière nucléaire continue de créer de nombreux emplois durables
Forte de ses 2 500 entreprises et de ses 220 000 salariés, la filière nucléaire est la troisième filière industrielle française, derrière l’aéronautique et l’automobile. Son grand dynamisme à l’exportation et le renouvellement de ses effectifs vont lui permettre, si l’ensemble du parc nucléaire est préservé, de recruter 110 000 personnes d’ici 2020 (Comité Stratégique de la Filière Nucléaire, 2012).
A la différence d’autres industries électrogènes, la filière nucléaire offre des emplois durables, qualifiés et non délocalisables. La France maîtrise l’ensemble de la chaîne de valeur de la production nucléaire, ce qui permet de capter une plus grande proportion des emplois.
Le nombre de formations spécialisées a fortement augmenté ces dernières années : près de 70 ont été recensées en France en 2010. Le nombre d’ingénieurs spécialisés diplômés par an a ainsi été multiplié par trois en quatre ans. Les formations accueillent de plus en plus d’étudiants étrangers.
Dans Travailler dans le nucléaire, Pierre Fournier, professeur de sociologie à l’université d’Aix-Marseille, livre les résultats de plusieurs années d’observations sur le travail ordinaire dans l’industrie nucléaire
Les acteurs de la filière mettent en avant l’image d’une industrie « propre », placée sous le contrôle des automatismes et des experts et, pourtant, au quotidien, le « sale boulot » au plus près des sources de rayonnements ionisants reste indispensable et repose sur une population de travailleurs soumis à des conditions de travail souvent précaires, peu reconnus et contraints à une forte mobilité géographique. Pierre Fournier laisse de côté cette question : celle du recours structurel, dans tous les pays nucléarisés, à une main-d’œuvre « extérieure » pour effectuer la plupart des travaux de maintenance exposés aux rayonnements ionisants. Avec le vieillissement du parc nucléaire français et l’annonce par la direction du parc nucléaire d’une augmentation de 20 % du volume de maintenance dans les prochaines années ainsi que l’augmentation progressive de la dose collective de rayonnements ionisants, les effets du recours massif à la sous-traitance pour ces opérations semblent particulièrement importants à étudier autant du point de vue de la sécurité des travailleurs que de la sûreté nucléaire en général.