Introduction à la philosophie
I - Qu'est-ce que la philosophie ?
A. Première approche
Faire de la philosophie, c’est ………
La philosophie semble avant tout être une activité intellectuelle où l’on fait usage de son esprit pour se questionner, s’interroger, penser, réfléchir.
Mais, quand on se questionne sur un problème mathématique pour chercher une solution, quand on s’interroge sur le choix d’un-e ami-e, quand on pense aux vacances qu’on a passé cet été, quand on réfléchit au repas qu’on va faire ce soir …
… on ne fait pas de la philosophie.
Par conséquent, si nous venons de définir le genre d’activité auquel correspond le fait de faire la philosophie (faire de la philosophie, c’est réfléchir), il nous faut être plus précis, et comprendre la différence spécifique qui distingue la philosophie des autres formes de pensée et de réflexion.
Une citation d’un philosophe contemporain peut nous aider ici :
Thomas Nagel, Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Une très brève introduction à la philosophie, éd. de L’Éclat, 1993, p.8
« Ce qui est au centre de la philosophie, ce sont certaines questions que l’esprit humain réflexif trouve naturellement énigmatiques, et la meilleure façon de commencer l’étude de la philosophie, c’est de les attaquer directement. »
La philosophie serait ainsi une réflexion sur certaines questions. Mais quel genre de question ?
Partons d’exemples de questions que nous aurons naturellement tendance à considérer comme des questions philosophiques.
Introduction à la philosophie
I - Qu'est-ce que la philosophie ?
B. Trois démarches essentielles : conceptualisation, problématisation, argumentation
1/ La conceptualisation
Première caractéristique des questions philosophiques :
Les questions philosophiques portent sur des notions essentielles de notre existence.
Par exemple : la liberté, la vérité, la morale, la religion, la rationalité, la justice, les lois, le travail, la connaissance, l’art.
On a là une première différence spécifique qui distingue la philosophie des autres formes de réflexion, de pensée :
– en mathématiques, on s’intéresse aux nombres, à des figures géométriques, etc. ;
– en physique et en chimie, on s’intéresse au fonctionnement de la nature ;
– en histoire, on s’intéresse au passé.
Et en philosophie, … on s’intéresse à des concepts fondamentaux.
Faire de la philosophie, c’est travailler sur ces concepts fondamentaux et essayer d’en comprendre la signification : il faut interroger le sens de ces notions que nous utilisons dans notre existence.
C’est ce qu’on appelle : faire un travail de conceptualisation.
Ce travail de conceptualisation doit être animé par la question suivante : « Au fond, qu’est-ce que cela veut dire ? »
La philosophie peut s’intéresser à des thèmes plus ciblés (et plus attractifs à première vue…).
« Qu’est-ce que flirter ? »
« Qu’est-ce qu’un salaud ? »
Mais il s’agit toujours au fond, à travers ces thèmes, de s’interroger sur le sens de notions plus fondamentales :
Ce qui est philosophique ce n’est donc pas directement le thème sur lequel on s’interroge, mais la démarche elle-même.
2/ La problématisation
Deuxième caractéristique des questions philosophiques :
Les questions philosophiques portent sur des questions problématiques, on ne peut pas y répondre facilement. Ce n’est pas si simple !
Faire de la philosophie, c’est chercher à comprendre les problèmes que posent les concepts fondamentaux que nous utilisons et avoir conscience que plusieurs positions possibles s’affrontent.
C’est ce qu’on appelle : faire un travail de problématisation.
Ce travail doit être animé par la question suivante : « Mais est-ce vraiment si simple ? »
Martin Scorsese, Le Loup de Wall Street (2013)
L’affaire du lancer de nain en résumé :
Réponse qui peut sembler évidente | Mais est-ce vraiment si simple ? |
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3/ L’argumentation
Troisième caractéristique des questions philosophiques :
Les questions philosophiques ne peuvent pas être résolues de manière définitive par une démonstration qui viendrait clore la discussion.
Mais, cela ne signifie pas que toutes les réponses se valent : il faut examiner les arguments en faveur d’une position et les objections contre cette position pour déterminer si elle est convaincante.
Faire de la philosophie, c’est essayer de prendre position sur les problèmes que posent certains concepts en justifiant ses idées par un raisonnement organisé et solide.
C’est ce qu’on appelle : faire un travail d’argumentation.
Ce travail doit être animé par la question suivante : « Qu’est-ce qui permet de dire cela ? »
En philosophie, toutes les positions possibles sont acceptables à condition qu’elles soient défendues par des arguments et répondent aux objections qu’on leur fait.
Il ne faut pas rejeter une idée simplement parce qu’elle nous déplaît, il faut avoir une certaine ouverture intellectuelle et être capable d’examiner les différentes réponses possibles.
Donc : J’ai le devoir de donner de l’argent aux organisations humanitaires qui luttent contre la pauvreté.
Faire un travail de … | … animé par une question : |
conceptualisation | « Au fond, qu’est-ce que cela veut dire ? » |
problématisation | « Mais, est-ce vraiment si simple ? » |
argumentation | « Qu’est-ce qui permet de dire cela ? » |
Récapitulatif : faire de la philosophie, c’est …
4/ Un éclairage culturel : la figure de Socrate
On retrouve ces trois démarches (conceptualisation, problématisation, argumentation) chez Socrate que l’on considère souvent comme le fondateur de la philosophie.
On retrouve ici la démarche de conceptualisation.
Ce que recherche Socrate à travers la question « qu’est-ce que … ? », c’est le sens véritable de ces notions que nous utilisons pourtant dans nos discussions en ayant l’impression de savoir de quoi nous parlons
Socrate se compare à un taon qui pique un cheval un peu mou.
Le cheval un peu mou représente l’état d’une pensée endormie dans des préjugés, dans des idées que nous n’avons pas, ou pas assez examinées.
Être un taon qui pique un cheval un peu mou, c’est donc chercher à réveiller son esprit critique. Il faut en un sens agiter son esprit pour prendre conscience des problèmes que posent nos idées et entrer dans une véritable dynamique de réflexion.
On retrouve ici la démarche de problématisation.
On retrouve ici la démarche d’argumentation.
Socrate soumet les idées à l’épreuve de la raison :
Faire un travail de … | … animé par une question : | Il faut donc faire comme Socrate |
conceptualisation | « Au fond, qu’est-ce que cela veut dire ? » | Il faut poser la question « qu’est-ce que … ? » |
problématisation | « Mais, est-ce vraiment si simple ? » | Il faut être comme un taon qui pique un cheval un peu mou |
argumentation | « Qu’est-ce qui permet de dire cela ? » | Il faut refuser le baratin et se demander ce qui justifie nos idées |
Synthèse : faire de la philosophie, c’est …
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I - Qu'est-ce que la philosophie ?
C. Deux supports pour aller plus loin dans sa réflexion : les références théoriques et les exemples concrets
1/ Utiliser des références théoriques pour réfléchir
En philosophie, il faut penser par soi-même, c’est-à-dire utiliser ses propres capacités de réflexion pour s’interroger sur une question et examiner les tentatives de réponse à cette question.
Mais penser par soi-même, ce n’est pas penser tout seul : on peut et on doit s’aider de références théoriques qui permettent d’approfondir notre réflexion.
Faire de la philosophie suppose d’apprendre certaines connaissances qui sont essentielles pour pouvoir aller plus loin dans sa propre pensée.
Mais il ne s’agit pas d’apprendre ces connaissances pour faire étalage de sa culture, ou pour recracher ce que l’on a appris.
Une connaissance philosophique n’a de sens que si elle est utilisée, mobilisée pour développer sa propre réflexion.
Epictète, Entretiens, livre III, chapitre 21
Une image d’Epictète pour mieux comprendre : il ne faut pas vomir ce qu’on a appris, mais le digérer !
« Ceux qui reçoivent simplement les principes veulent les rendre immédiatement, comme les estomacs malades vomissent les aliments. Digère-les d'abord et, ensuite, ne vomis pas ainsi ; sinon il advient cette chose sale et répugnante que sont les aliments vomis. Mais les principes une fois digérés, montre-nous un changement dans [ton esprit], comme les athlètes montrent leurs épaules qu’élargissent l’exercice et la nourriture […]. Le charpentier ne vient pas vous dire : « Écoute-moi parler de l’art de la charpente », mais il démontre son art par la construction d’une maison. »
La réflexion philosophique peut dériver vers une pensée très abstraite, ce qui rend la compréhension difficile et ne permet pas de saisir la manière dont cette pensée s’applique à la réalité.
Pour éviter cette dérive, il faut utiliser des exemples concrets.
2/ Utiliser des exemples concrets pour réfléchir
On peut faire de la philosophie avec tout type d’exemples.
On peut notamment partir d’exemples de la vie quotidienne, mais le mieux est de mobiliser sa propre culture littéraire, cinématographique, artistique, historique, scientifique …, car on peut trouver de magnifiques exemples dans les romans, les films, la peinture, l’histoire, les sciences.
La culture est à entendre ici au sens large, comme ce qui permet de cultiver, de développer sa pensée.
On n’est pas obligé de faire référence aux « grands romans » de l’histoire de la littérature, aux « grands films d’auteur » de l’histoire du cinéma (même s’il est dommage de s’en priver, en raison de la profondeur de ces œuvres).
Ce qui compte, c’est surtout ce que l’on fait de l’exemple qui a été choisi.
Introduction à la philosophie
II - La philosophie en terminale
Les deux objectifs essentiels du programme
Les notions (séries technologiques)
Le programme de philosophie en terminale n’est pas un programme d’histoire de la philosophie.
Cest un programme de notions qui exige de faire de la philosophie : il s’agit de s’interroger sur le sens de ces notions, sur les problèmes que posent ces notions, et sur les tentatives de résolution des problèmes posés par ces notions.
La culture
La vérité
La liberté
Introduction à la philosophie
II - La philosophie en terminale
B. Le baccalauréat
L’épreuve écrite
L’épreuve orale (en cas de rattrapage)
Des questions sur ces épreuves ?
La correction est-elle aléatoire ?
Peut-on réussir en philosophie ?
La philosophie est une discipline exigeante, et la rédaction d’un devoir de 5 pages au minimum fait peur. C’est néanmoins un travail tout à fait réalisable, qui demande un entraînement régulier et un apprentissage sérieux du cours.
Avant tout, ne vous dites pas que votre niveau en philosophie est déjà déterminé par le niveau que vous aviez en français. La méthode en philosophie est n’est pas la même qu’en français. En français, en lettres, vous vous intéressiez davantage au style, à la manière de dire, alors qu’en philosophie, ce sont les idées, le contenu qui importent.
La seule part de vérité de l’idée que la philosophie serait une « matière littéraire », c’est que l’épreuve du baccalauréat se fait à l’écrit et qu’il faut rédiger. Or il est vrai que l’écriture est un processus difficile. C’est vrai pour tout le monde : le premier jet n’est jamais bon, il faut réécrire, se faire lire par d’autres et accepter la critique, pour progresser. D’où la nécessité de beaucoup s’entraîner à écrire !
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II - La philosophie en terminale
C. Le post-bac
La place de la philosophie dans votre orientation
Si votre cursus post-bac inclut de la philosophie, par exemple dans une classe préparatoire ECT (Prépa économique et commerciale option technologique), il est évident dans ce cas, qu’il ne faut surtout pas négliger la philosophie tout au long de l’année.
Il faudra parfois même penser à approfondir dès maintenant votre travail : venez-me voir dans ce cas.
Si votre cursus post-bac n’inclut pas de la philosophie, il faut bien comprendre que toutes les notes et appréciations de votre dossier scolaire vont compter lors de la sélection des candidats dans les procédures d’admission post-bac (c’est le cas aussi au baccalauréat dans les cas où un élève n’est pas loin de la barre d’une mention, ou même de l’admission).
De plus, l’apprentissage de la philosophie développe des capacités générales de réflexion, qui servent dans toutes les matières !
La place de la philosophie dans la formation du citoyen et le développement de l’esprit critique
Il s’agit, comme le rappelle le programme, de « former des esprits autonomes, avertis de la complexité du réel et capables de mettre en œuvre une conscience critique du monde contemporain. »
La philosophie est un apprentissage de la liberté de pensée, du plaisir de penser et d’une forme de responsabilité intellectuelle qui doit nous conduire à éviter les idées simplistes, qui masquent les problèmes, qui ne sont pas argumentées, et qui reposent sur des termes très vagues.
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III - Le fonctionnement du cours de philosophie
Le travail non noté, mais pris en compte dans l’appréciation
Le cours de philosophie requiert une attention spécifique de votre part, et il ne peut exister sans votre participation.
Votre prise de notes est essentielle.
Vous aurez régulièrement des exercices à faire, qui doivent vous permettre de mieux comprendre le cours, de vous l’approprier, et de vous entraîner à la méthodologie propre à la philosophie. Il est important de les faire correctement pour pouvoir progresser.
Je vous donnerai également souvent des pistes d’approfondissement pour aller plus loin dans votre réflexion, mais n’hésitez pas à me solliciter si vous souhaitez travailler davantage un point particulier du cours, ou bien un sujet que nous n’avons pas vu en cours.
Le travail noté
Les règles
Introduction à la philosophie
III - Le fonctionnement du cours de philosophie
B. Les aides à votre disposition
Votre professeur !
N'hésitez pas à me poser vos questions ! Pendant le cours, après un cours, sur le site internet, ou encore par mail.
Livres et manuels
Les lectures obligatoires seront faites le plus souvent en classe : pendant l'année, nous travaillerons sur des extraits de texte et sur une œuvre suivie, et même deux en TL.
Hormis ces lectures obligatoires, je ne vous imposerai pas d'autres lectures. Mais je vous donnerai régulièrement des conseils de livres à lire, ou bien des conseils de films à voir.
Au CDI, vous trouverez des œuvres philosophiques, des manuels et des revues, qui peuvent vous servir pour approfondir certains points du cours.
Je ne vous recommande pas les annabacs, ou les livres de méthode.
Médias
La revue « Philosophie Magazine » est disponible au CDI.
Sur France Culture, vous pouvez écouter « Les nouveaux chemins de la connaissance » sur France Culture.
Sur Arte, vous pouvez regarder l’émission « Philosophie ».
Sur Youtube, vous pouvez regarder la chaîne de « Monsieur Phi », ainsi que la chaîne « Micro Philo »
Internet
Sur le site de votre professeur, vous retrouverez les éléments essentiels du cours et parfois des pistes d'approfondissement, de la méthodologie, un choix de ressources utiles.
Vous pouvez aussi poser vos questions à propos du cours, des devoirs. C'est également un moyen de poursuivre des discussions que nous n’avons pas le temps de développer en classe.
Internet
À propos des autres sites internet : attention, tous les sites ne sont pas de bonne qualité. J'ai sélectionné pour vous plusieurs sites pertinents : je vous conseille d'utiliser les différents moteurs de recherche que j'ai créés. Vous avez ainsi la garantie que votre recherche ne vous mènera pas vers n’importe quoi !
Vous pouvez retrouver ces outils dans l'onglet “Ressources” du site de votre professeur.
Comment utiliser ces ressources ? Remarques sur le plagiat.
Les ressources que vous consultez doivent vous aider à approfondir votre pensée, mais ne peuvent se substituer à votre propre questionnement et à votre propre travail. Il ne faut pas tomber dans le plagiat : vous devez être l'auteur de vos devoirs.
Attention : recopier en changeant quelques mots, c'est aussi une forme de plagiat.
Le copier-coller est devenu une habitude sur internet, et le plagiat peut être tentant lorsqu'on fait son devoir au dernier moment, ou bien quand on a l'impression qu'on n'arrivera pas à faire soi-même le travail demandé.
Mais c'est une infraction au règlement intérieur (susceptible de sanctions), un manque d'honnêteté intellectuelle (on vole les idées d'autrui qu'on fait passer pour siennes), et une tricherie contraire à l'esprit même de la philosophie, qui suppose de penser par soi-même !
C'est d'autre part un acte inutile, puisque la détection des cas de plagiat est le plus souvent très facile.
Comment éviter le plagiat ?