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L’acteur

Tournant pragmatique, renouveau de la biographie

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L’aventure de passion qu’est la biographie a connu [...] une longue éclipse au regard de ce qui était considéré comme un savoir savant tout au long du XIXe et de l’essentiel du XXe siècle. Un mépris persistant a condamné le genre, sans doute trop lié à cette part accordée à l’émotion et à l’intensification de l’implication subjective. Un mur a longtemps tenu à distance le biographique de l’historique comme élément parasite pouvant perturber les objectifs de scientificité. [...] On peut parler de levée d’écrou depuis le début des années 1980. Les sciences humaines en général, et les historiens en particulier, redécouvrent alors les vertus d’un genre que la raison voulait ignorer. La biographie se trouve revendiquée par la muse de l’histoire. [...] Le domaine de l’écriture biographique est devenu aujourd’hui un bon terrain d’expérimentation pour l’historien qui peut mesurer le caractère ambivalent de l’épistémologie de sa discipline, l’histoire, évitablement prise en tension entre son pôle scientifique et son pôle fictionnel. [...] Le genre biographique revêt cet intérêt fondamental de faire éclater l’absolutisation de la distinction entre un genre proprement littéraire et une dimension purement scientifique car, plus que toute autre forme d’expression, il suscite le mélange, l’hybridité et manifste ainsi les tensions ainsi que les connivences à l’œuvre entre littérature et sciences humaines. [...] La Découverte/Poche, 2011, p. 12-15 et 198-205.

François Dosse : Le pari biographique. Ecrire une vie, La Découverte, 2005.

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Le personnage historique,

un héros, un exemple

pour la nation

Le roman national

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La figure du héros au XIXème siècle

Statue de Vercingétorix

Auguste Bartholdi (1834-1904)

Place de Jaude à Clermont-Ferrand

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L’exemplarité

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La disparition des acteurs 1900-1980 ?

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L’idole individuelle

François Simiand (1873-1935)

Professeur au Collège de France

Il serait temps et il serait bon, semble-t-il, de renoncer dès maintenant à un certain nombre d’habitudes bien définies et sans aucun doute condamnées, de caractériser ce qu’on pourrait appeler, en employant la métaphore de Bacon, des «idoles de la tribu des historiens» et d’entamer sans retard une lutte contre elles.

1° L’“idole politique”, 2° L’“idole individuelle”, 3° L’“Idole chronologique”

2° L’“idole individuelle” ou l’habitude invétérée de concevoir l’histoire comme une histoire des individus et non comme une étude des faits, habitude qui entraîne encore communément à ordonner les recherches et les travaux autour d’un homme, et non plus autour d’une institution, d’un phénomène social, d’une relation à établir.

Extrait de François Simiand, « Méthode historique et science sociale », dans Revue de Synthèse historique, tome VI, 2, 1903, p. 154-157

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Bourdieu Pierre, . L'illusion biographique. In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 62-63, juin 1986. pp. 69-72

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Les acteurs collectifs

L’histoire labroussienne a d’abord mis en scène avec talent de grands acteurs collectifs : la bourgeoisie, la paysannerie, la classe ouvrière. Elle a prêté à ces groupes des intentions, des calculs et des sentiments au même titre qu’aux acteurs individuels, rendant ainsi leurs conduites intelligibles. On pourrait discuter longuement la légitimité de ce transfert aux acteurs collectifs des modes d’intelligibilité éprouvés pour les acteurs individuels. Un individualisme méthodologique la contesterait radicalement, faisant l’économie de cette hypothèse et cherchant à comprendre les phénomènes collectifs comme un agrégat de phénomènes individuels. (...). On peut aller plus loin et fonder le recours aux acteurs collectifs dans l’expérience qui nous fait nous reconnaître individuellement comme membres de communautés, et nous permet de dire, par exemple : « nous Français », en même temps que des compatriotes que nous ignorons totalement, qui habitent à l’autre extrémité du pays et relèvent de groupes de sexe, d’âge ou de profession totalement différents. De même que c’est dans notre expérience vécue d’homme de la rue que nous apprenons comment les hommes, d’ordinaire, se comportent, ce qui nous permet d’imaginer logiquement le comportement des acteurs de l’histoire, de même notre expérience vécue nous donnetelle une idée de la possibilité de réactions collectives.

Extraits de : Antoine Prost, « Les acteurs dans l’histoire », dans L’histoire aujourd’hui, Éditions Sciences Humaines, 1999.

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Le retour des acteurs

Un renouveau

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Pas récit historique sans acteurs

Or, il n’y a pas de récit sans personnages. Pour faire l’histoire de la Méditerranée, il faut la transformer en acteur comme le climat, la peste noire ou la famine, ou comme l’hérésie. Les acteurs que l’historien met en scène dans son récit ont changé : Bismarck ne nous fascine plus comme les historiens du siècle passé et la question de savoir si l’unité allemande se serait faite sans lui ne nous passionne plus. Mais de l’histoire de Périclès ou de Bismarck à celle du parti républicain ou de l’idée laïque au XIXe siècle, puis à celle de la montée de la classe ouvrière ou de la question sociale, et aux histoires plus récentes, plus modernes, la continuité est évidente. […] Il faut nous rendre à l’évidence : l’histoire explique par le récit. C’est pourquoi elle a besoin de fabriquer des acteurs anonymes ou matériels, pour tenir, dans ses configurations présentes, le rôle que les grands hommes jouaient dans ses configurations anciennes. La présence nécessaire d’acteurs dans 1’histoire est la suite logique d’une narrativité fondamentale. C’est la constitution même de l’histoire à partir de l’explication narrative, qui lui impose de transfigurer en acteurs tout ce à quoi elle s’intéresse et par qui advient ou n’advient pas le changement.

Extraits de : Antoine Prost, « Les acteurs dans l’histoire », dans L’histoire aujourd’hui, Éditions Sciences Humaines, 1999.

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La biographie redonne chair à l’enseignement de l’histoire

Une histoire scolaire qui fasse plus de place à l’individu. Celle-ci a tout à gagner en redonnant de la chair au cours d’histoire. Il y a là un véritable enjeu permettant de montrer aux élèves combien l’Histoire est le fruit de parcours et de choix humains. Ce sont ces derniers qu’il faut reconstituer afin de les expliquer et de les comprendre ou de mieux comprendre notre présent. Un tel enseignement de l’histoire doit favoriser l’émergence d’une conscience historique chez nos élèves. Ces considérations incitent à repenser nos démarches. Pour rendre toute sa place à l’individu, pourquoi ne pas reprendre les principes de la « biographie totale » ? Ainsi, le personnage peut être le point nodal à partir duquel une société, un événement, une période sont reconstitués. Représentatif d’un groupe ou d’une situation en un lieu et une époque donnée, le personnage est une bonne entrée pour lancer une séquence. C’est la question de l’étude de cas qui se pose alors. Pratiquée au lycée, elle est une démarche utile quand le personnage permet de poser les jalons d’une contextualisation et d’une problématique.

Extraits de : Le retour de la biographie ?, dimanche 27 mai 2007 par Ludovic Vandoolaeghe. Source : http://www4.ac-lille.fr/~heg/spip.php ?article326

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Une biographie de Luther ? Non. Un jugement sur Luther, pas davantage.

Dessiner la courbe d’une destinée qui fut simple mais tragique ; repérer avec précision les quelques points vraiment importants par lesquels elle passa ; montrer comment, sous la pression de quelles circonstances, son élan premier dut s’amortir et s’infléchir son tracé primitif ; poser ainsi, à propos d’un homme d’une singulière vitalité, ce problème des rapports de l’individu et de la collectivité, de l’initiative personnelle et de la nécessité sociale qui est, peut-être, le problème capital de l’histoire : tel a été notre dessein.

Extraits de : Lucien Febvre, Un destin, Martin Luther, PUF, 1968 (Première édition, 1928.)

Edition d’origine 1928

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L’homme produit de son temps

Rabelais fut un homme de son temps, profondément imprégné de l'idée du divin. A travers cette analyse révolutionnaire, Lucien Febvre fonde en 1942 l'histoire des mentalités. Le Problème de l'incroyance au XVIe siècle. La religion de Rabelais paraît en 1942, pendant l'Occupation, dans la collection « L'évolution de l'humanité » dirigée par Henri Berr. (...). Dès les premières pages, Lucien Febvre dit sa conception de l'histoire en quelques formules, souvent citées depuis « Le péché entre tous irrémissible, l'anachronisme » , et définit clairement son propos : reprendre « le procès d'athéisme et d'antichristianisme » fait à Rabelais. (...) S'interrogeant par exemple sur la manière pour le moins désinvolte dont l'auteur y parle des miracles, il conclut : « On peut en 1532 se dire, se croire chrétien, l'être, et penser avec Érasme que le christianisme ne dépend pas, en tout cas ne dépend plus des miracles. » (...) Enfin, dans la dernière partie, la plus neuve, Lucien Febvre montre la prégnance de la religion dans la vie des hommes et des femmes du XVIe siècle : « On était chrétien en fait. On pouvait vagabonder en pensée loin du Christ : jeu d'imagination, sans support vivant de réalités. » Faisant son miel des données les plus diverses, il se penche sur les contemporains de Rabelais, leur « outillage mental » , leurs perceptions odorat, ouïe, goût, vue, si différentes des nôtres « Nous sommes des hommes de serre ; ils étaient des plein-vent » , leur conception du surnaturel qui leur interdit « le sens de l'impossible » . Le XVIe siècle ? « Un siècle qui sur toutes choses cherchait, d'abord, un reflet du divin » . Rabelais est un homme de son temps et vouloir en faire un adversaire du christianisme, pire un athée, relève du péché d'anachronisme ; tout au plus avons-nous affaire à un érasmien impénitent, imprégné d'humanisme chrétien et de tolérance.

1942

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Un va-et-vient permanent entre l’individuel et le collectif

La personne biographée est alors autant un moyen qu’une fin, sorte de point de cristallisation des caractéristiques majeures attribuées à une période, qui permet ensuite, au-delà du parcours individuel, de mieux saisir les réalités d’un milieu, d’une profession ou d’un moment historique spécifique. En même temps qu’il recompose le parcours de vie d’un individu jugé représentatif ou important, l’historien tente de dessiner le portrait de la collectivité évoluant autour de ce personnage ainsi que l’univers mental et matériel de son époque. Il s’agit donc d’une approche biographique problématisée qui ne détache pas son « héros » du milieu et de la période qu’il traverse mais invite à une sorte de va-et-vient permanent entre l’individuel et le collectif.

Extrait de CONDETTE Jean-François, Les recteurs d’académie en France de 1808 à 1940, tome 2 : dictionnaire biographique, Lyon, Institut national de la recherche pédagogique, 2006, p. 24-27.

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« Si quelqu 'un m'avait demandé, il y a quinze ans, si j'avais l'intention d'écrire une biographie, j'aurais dit : jamais ! Cependant, on ne peut pas tourner éternellement autour du fait que Hitler est la figure cruciale du IIIe Reich. (...) J'ai essayé d écrire une biographie de Hitler qui ne soit pas systématiquement centrée sur lui mais essaie de déterminer dans quelle mesure il agit et dans quelle mesure il laisse d'autres agir à sa place, sans pour autant quitter le centre du tableau. »

L'historien britannique mène la biographie autour du leitmotiv que Hitler a d'abord été fait par les circonstances - la Première Guerre mondiale, les difficultés économiques de la fin des années 1920 - et la convergence vers sa personne d'un certain nombre d'aspirations de la société en crise.

1999-2000 (France)

1980 (Allemagne)

Intentionnalisme ou fonctionnalisme ?

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Individus et structure

L’analyse des « parcours de vie » et l’utilisation des témoignages oraux sont aussi devenues des pratiques majeures de la sociologie et des sciences de l’éducation, dans la reconstitution de trajectoires professionnelles ou sociales. Le renouveau biographique se fonde ainsi sur un renouvellement des problématiques qui met au centre de l’analyse les rapports entre l’individu et les groupes ou les structures sociales, la question sous-jacente étant constamment celle du degré d’autonomie accordé au singulier par rapport au collectif. Il n’apparaît pas possible d’opposer l’individu et la société, l’individu n’existant que dans un réseau de relations sociales diversifiées. Dès lors, l’étude d’un personnage central permet de pénétrer au cœur des structures de la société et dans les profondeurs des mentalités de l’époque

Extrait de CONDETTE Jean-François, Les recteurs d’académie en France de 1808 à 1940, tome 2 : dictionnaire biographique, Lyon, Institut national de la recherche pédagogique, 2006, p. 24-27.

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Biographie d’une inconnue

Ce petit bijou de livre s’inscrit dans la biographie telle que l’on écrit de plus en plus de nos jours. C’est-à-dire en reconnaissant que reconstruire la vie d’autrui est un pari intenable ; que l’on est soi-même impliqué dans le choix des matériaux ; et qu’il restera toujours des apories, des silences, des guet-apens pour celui ou celle qui se penche sur le passé et surtout sur la vie intime des personnes « ordinaires ». (...) Cette ligne de vie lacunaire est la trame sur laquelle Michelle Perrot tisse tout un monde. On parcourt la géographie sociale de la région, à partir du village natal et des pérégrinations de la famille ; les possibilités de scolarisation des filles (...). L’histoire de cette vie, qu’on devine ponctuée par des malheurs, et qui s’est déroulée dans un monde maintenant perdu, illustre sans doute ce que le n° 30 de Clio HFS qualifiait de « l’héroïsme du silence et de la ténacité ». « Héros et héroïnes sont le produit de discours historiques », écrivent Sophie Cassagnes-Brouquet et Mathilde Dubesset. http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CLIO1_038_0317

2012

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Mon dessein est de présenter une histoire « totale » de Saint Louis, successivement selon sa vie, selon ses sources, et selon les thèmes fondamentaux de la personnalité du roi en lui-même et en son temps. (...) La biographie que j’ai tentée va donc jusqu’à la mort définitive de saint Louis.

J’ai donc conçu ce livre en gardant présente à l’esprit deux questions préjudicielles, qui ne sont que les deux faces d’une même question : est-il possible d’écrire une biographie de Saint Louis ? Saint-Louis a-t-il existé ?

Dans une première partie, j’ai présenté, les résultats de ma tentative de biographie. Elle est proprement narrative, mais scandée par des problèmes posés aux étapes principales de cette vie telle que Saint Louis l’a construite.

J’ai consacré ma deuxième partie à l’étude critique de la production de la mémoire du roi saint par les contemporains et me suis attaché à justifier la réponse finalement affirmative que je donne à la question : « Saint Louis a-t-il existé ?

« Dans la troisième et dernière partie, j’ai essayé de cheminer vers l’intérieur du personnage de saint Louis, en explorant les principales perspectives qui en font un roi idéal et unique pour le XIIIe siècle, un roi qui s’accomplit en roi Christ, mais en peut que recevoir – ce qui est déjà une belle récompense – l’auréole de la sainteté.

Extraits de : Jacques Le Goff, Introduction à Saint Louis, Paris, Gallimard, 1996.

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L’homme politique et son temps

Au-delà du rôle prépondérant de Périclès dans cette hégémonie, Claude Mossé s’interroge sur la réalité de la souveraineté du peuple athénien, analysant les composantes d’une société profondément inégalitaire, sur les précédentes tentatives dans ce sens, ainsi que sur la personnalité ambiguë de l’homme qui exerça au sein d’Athènes un pouvoir quasi monarchique. Se refusant à trancher entre l’incorruptible au sens aigu de la justice dépeint par son biographe Plutarque ou le démagogue à l’autorité intransigeante dénoncé par sa postérité immédiate, l’auteur s’attache à redonner au «siècle de Périclès» sa vraie place dans l’Histoire. Non pas, comme on l’a longtemps cru, celle d’un moment exceptionnel, suivi d’un déclin, mais bien celle d’une simple étape dans l’élaboration d’un système politique original.

2005

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L’homme politique et sa légende

Grâce aux écrits de Thucydide et de Plutarque, (...) Vincent Azoulay a décidé d'enquêter au-delà des apparences. Tout d’abord, il montre à quel point la plupart des idées reçues à propos du stratège sont souvent mal fondées ou indémontrables ; ensuite, plutôt que de s’en tenir à une biographie stricto sensu, il cherche à comprendre un paradoxe : comment expliquer que Périclès soit présenté à la fois comme l’inventeur de la démocratie et comme un monarque régnant sur des masses consentantes ? Enfin, il rappelle combien est récente la « canonisation » de Périclès comme saint patron de la démocratie. Ainsi l'on apprend que souvent ignoré, parfois discrédité, le stratège n'était qu'un personnage marginal dans les évocations de l'Antiquité jusqu’au XVIIIe siècle. Et que ce n'est véritablement qu'après la fin de la Révolution française que Périclès se mua en "grand homme" exalté sous les traits d'un grand bourgeois parlementaire. Avant que le progrès de la démocratie parlementaire, au XIXe siècle, fasse beaucoup pour la nouvelle popularité du stratège. http://www.histoire.presse.fr/actualite/infos/vincent-azoulay-laureat-du-prix-du-senat-01-06-2011-15606

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Peu d'hommes dans l'Histoire ont enflammé autant les imaginations qu'Alexandre le Grand, le conquérant macédonien qui, en un peu plus de dix ans, de 334 à 323 avant notre ère, s'empara de l'immense empire perse de Darius et conduisit son armée jusqu'aux rives inconnues de l'Indus.

A-t-il pour autant changé la face du monde ? Au lendemain de sa mort, son fabuleux empire s'écroulera, victime de l'ambition de ses généraux. Reste que son bref règne marque dans le bassin oriental de la Méditerranée une rupture politique et culturelle, avec la naissance de la monarchie hellénistique et de nouveaux syncrétismes religieux. De l'illustre descendant de Zeus au monarque absolu de la France de Louis XIV, Claude Mossé revisite avec talent la légende contrastée de ce héros mythique, tour à tour encensé ou diabolisé.

2002

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Les grands hommes miroir d’une identité culturelle

Ce retour de faveur de la biographie ne suscite pourtant pas un retour en faveur du héros national, car la nation n’est plus vraiment la matrice identitaire unique qu’elle a été pour la collectivité au XIXe siècle. […] Selon un sondage pratiqué simultanément dans six pays de l’Union européenne […], ressortent quelques figures de cristallisation pour une nouvelle identité culturelle européenne : Léonard de Vinci, Christophe Colomb, Luther parmi les anciens, et Churchill, Marie Curie et Charles de Gaulle.

Extrait de François Dosse, Le pari autobiographique. Écrire une vie, Paris, La Découverte/Poche, 2011, p. 12-15 et 198-205.

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Les grandes femmes

« Quand les despotes sont armés, l’inaction et le silence accusent le citoyen. Il faut combattre pour la liberté ou entretenir par ses écrits le feu du patriotisme. Personne ne s’est plus empressé de payer cette dette sacrée que la républicaine Olympe de Gouges »

député Louis Sébastien Mercier dans le Journal de Paris du 17 février 1793

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La biographie et l’enseignement

Le personnage a toujours été convoqué par l’enseignement de l’histoire. Il n’est qu’à évoquer la véritable mythologie nationale qui s’impose avec les héros et les héroïnes de l’histoire de France sous la IIIe République. Le personnage, individuel ou collectif, reste un acteur, un témoin, un créateur présent dans nos programmes les plus récents. Il contribue à forger cette culture et ce patrimoine communs grâce aux repères et aux lieux qui lui sont associés. Il facilite également l’apprentissage de compétences. Le recours au personnage permet de structurer le savoir des élèves. Néanmoins, le mot biographie n’apparaît nullement dans les textes officiels. De même, à l’usage, il est souvent difficile d’élaborer des séquences plaçant en leur cœur le seul individu. Celui-ci est encore trop souvent passif dans le cadre des questions historiques proposées. Par ailleurs, l’individu de nos programmes est majoritairement masculin. La femme, en tant qu’acteur individuel ou collectif, n’apparaît que trop rarement, c’est faire fi de leur rôle lors de nombreux événements autour desquels pourraient se renouveler nos approches.

Extraits de : Le retour de la biographie ?, dimanche 27 mai 2007 par Ludovic Vandoolaeghe. Source : http://www4.ac-lille.fr/~heg/spip.php ?article326

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Vies parallèles des hommes illustres

Plutarque

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Artistes et mécènes

La progression au cours de la modernité du « grand homme », magnifié par sa capacité à créer et à entretenir avec la dimension du beau une relation privilégiée, a permis le déplacement de l’entreprise biographique du côté des artistes.

Au XVIe siècle, le grand maître de la biographie dans ce domaine a été le Toscan Giorgio Vasari, peintre lui-même […]. Des historiens d’art comme Erwin Panofsky accordent au registre biographique une pertinence explicative. Ainsi, lorsqu’il établit le lien entre l’émergence de l’architecture gothique et la pensée scolastique, il commence par une étude biographique de l’abbé Suger de Saint-Denis conseiller des deux rois et régent de France au XIIe siècle. Le désir démesuré de gloire de l’abbé serait à l’origine des transformations radicales qu’il entreprend en son église […]. Une autre forme d’interrogation sur la nature de la grandeur artistique est conduite par l’historien italien Roberto Zapperi dans une remarquable biographie du peintre de Bologne Annibale Carracci dont il réinscrit toute la trajectoire dans le tissu précis de l’histoire sociale.

Extrait de François Dosse, Le pari autobiographique. Écrire une vie, Paris, La Découverte/Poche, 2011, p. 12-15 et 198-205.

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Faire l’histoire des historiens

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Lorsqu'il s'agit de dresser leur autoportrait, les historiens se plaisent souvent à se camper face aux archives qu'ils compulsent et font parler. Ce livre se risque à retourner le miroir, en proposant le portrait d'un historien en ses archives, celles qu'il a consultées, mais celles aussi qu'il a constituées. Georges Duby fut l'historien scrupuleux et inspiré de la société féodale, mais il fut également l'archiviste méthodique de lui-même. (...) Les historiens Patrick Boucheron et Jacques Dalarun (...) entreprennent de saisir Georges Duby à travers les visages de papier que constituent ses archives de travail. Ce faisant, ils invitent le lecteur à entrer dans la fabrique de l'œuvre.

Ce n'est pas seulement la carrière du grand médiéviste qui est ici revisitée, mais les pratiques et les procédures qui permettent le travail de l'histoire : fiches de cours, notes, correspondances, transcriptions de séminaires, brouillons et manuscrits. Voilà pourquoi ce livre ambitionne, à sa manière, d'illustrer une histoire matérielle du travail intellectuel.

2015

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Faire l’histoire des historiens

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