Tribune : Pour un quota climat et biodiversité dans les médias
Les effets du changement climatique sont désormais tangibles et, pour beaucoup, irréversibles. L’inertie des phénomènes climatiques est telle que nous vivrons dans quelques années les conséquences ravageuses de nos modes de vie incompatibles avec les limites planétaires. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a de nouveau sonné l’alarme le lundi 28 février, de manière encore plus criante que lors de la publication de ses précédents rapports.
Pourtant, l’indifférence règne. Le murmure médiatique est imperceptible. Aucun expert du GIEC n’a été invité à parler des impacts climatiques vertigineux qui nous attendent, aucun journaliste spécialisé sur l’environnement n’a été invité en plateau télévisé. La faible place accordée au climat dans les médias est plus sidérante encore que nous nous apprêtons à voter pour l’élection présidentielle, qui constitue l’un des moments démocratiques les plus mobilisateurs en France. Plus que jamais, l’information et la sensibilisation doivent être au rendez-vous. Or, nous avoisinons le silence.
Certes, l’actualité médiatique est accaparée par une guerre déstabilisant de façon historique le continent européen. Mais la perspective de canicules mortelles en France à horizon 2050, dans un scénario +1,5°C de réchauffement mondial, de l’exposition de plus d'un tiers de la population européenne à des pénuries d'eau, ou encore de l’extinction définitive de presque 30% de la biodiversité avec 3°C de réchauffement, devraient engager au volontarisme sur cet enjeu. Il n’est pas question de faire de l’ombre à l’invasion russe en Ukraine et au désastre humanitaire qu’elle provoque, mais de mettre en lumière celui qui se prépare et qui est, pour 3,3 milliards d’individus sur Terre, déjà une réalité.
Pour sécuriser notre avenir et celui des prochaines générations, nous devons planifier sans attendre. Les médias doivent faire plus de place à la crise écologique afin d’alimenter le débat public sur le sujet. Actuellement, leur rôle doit être d’amener les candidats à la présidentielle à nous exposer, dans des programmes comportant objectifs chiffrés, ressources humaines, matérielles comme financières, échéances et modes de gouvernance, leurs solutions pour parvenir à respecter la stratégie que nous nous sommes fixée. Le Pacte Vert européen, la Stratégie nationale Bas Carbone, la Stratégie nationale Biodiversité, sont des feuilles de route déjà établies. Nous y conformer devrait être systématique, et les candidats nous sont redevables d’une exposition détaillée de la façon dont ils comptent y parvenir.
Nous devons parler du climat et de la biodiversité. La situation environnementale devrait être sur toutes les lèvres. 80% des Français sont préoccupés par le changement climatique (Ipsos, mars 2022). Un jeune sur deux déclare souffrir d’éco anxiété (pensées obsessives, pertes d’appétit, troubles du sommeil, perte de sens…). Dans ce contexte, des débats quotidiens devraient avoir lieu sur les différents plans d’action, la place des technologies et celle de la sobriété, nos stratégies d’adaptation, le rôle de la puissance publique, des entreprises et des individus, l’accompagnement social, la solidarité vis-à-vis des pays les plus impactés. Il y a tant à dire, tant à faire. Il y a surtout urgence : la fenêtre d’opportunité pour agir est brève. Bientôt, il sera trop tard, même pour s’adapter.
Nous ne formulons qu’une requête : que d’ici le débat du premier tour de l’élection présidentielle, les journalistes et les rédactions prennent l’engagement volontaire de mettre l’accent sur le climat et la biodiversité à hauteur de 20% de l’espace audiovisuel disponible. S’entretenir avec un candidat présidentiel, quel que soit son bord, doit systématiquement faire l’objet d’un temps dédié à ses propositions pour répondre à ce défi qui s’impose à nous. Sans cette exigence d’information sur les programmes climatiques et environnementaux, ces enjeux resteront toujours secondaires face à une actualité dense axée sur l’immédiateté. Le malheur de la catastrophe climatique réside bien dans son échelle de temps, en déconnexion avec un monde dicté par l’instantanéité.
Alors que le temps presse, après des décennies d’alertes, prenons enfin, tous ensemble, la mesure de l’urgence. Journalistes, informez-nous sans cesse. Responsables politiques, accompagnez-nous sans tarder vers un horizon vivable et désirable. Prescripteurs, scientifiques, artistes, influenceurs, personnalités publiques : faisons, enfin, du climat et de la biodiversité la priorité.
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Quota Climat est initié par Eva Morel, Anne-Lise Vernières, Lola Morel, Jordan Allouche
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