Mesdames et Messieurs les membres du Conseil Fédéral,
À l'approche du milieu de l'année, les paysan·x
·nes et travailleur
·x·euses agricoles sont occupé
·x
·es. Nous récoltons les céréales, nous nous occupons des vaches à l’alpage, nous désherbons les légumes, nous nous préparons aux récoltes de raisins, de fruits. Et pendant que nous réalisons toutes ces tâches, nous ne pouvons pas oublier qu’à Gaza, la population meurt de faim.
Depuis plus d’un an et demi, c’est avec horreur que nous voyons les images qui parviennent de Gaza et de Cisjordanie. Les paysan·ne·s et leur famille sont ciblées et tuées, les infrastructures agricoles et hydriques sont détruites, les terres sont polluées et l’eau empoisonnée. Moins de 5% des terres agricoles de Gaza sont désormais cultivables et/ou accessibles, 71 % des serres et 83 % des puits agricoles ont été endommagés.
Les racines de la souveraineté alimentaire palestinienne sont délibérément détruites, détruisant toutes possibilités d’autoproduction agricole actuelle et pour le futur. Car, en plus de la destruction totale de l’agriculture,
nous assistons, en temps réel, à l’utilisation délibérée de la famine comme arme de guerre. A Gaza, plus de deux millions de Palestinien·ne·s vivent dans la famine. Israël a commencé par bloquer l’acheminement de toute aide humanitaire et de tout secours vital (le plus long siège total jamais imposé à Gaza), puis, ces derniers jours, les forces d’occupation ont tiré sur des civil·es affamé·es qui avaient été appelé·es à venir chercher des colis alimentaires, tuant plus de 400 Palestinien·ne·s en moins de cinq jours.
Nous sommes profondément choqués.e.s que la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), qui contrôle l'aide humanitaire à Gaza, soit basée en Suisse. La coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a déclaré que le mode de distribution de la GHF « fait de la famine un moyen de pression » et constitue « un cache-misère pour davantage de violences et de déplacements ».
La Via Campesina, mouvement paysan international qui regroupe 200 millions de paysan·ne·s et travailleur/euses agricoles à travers plus de 180 organisations membres, a multiplié les appels pour un cessez-le-feu et un retour des paysan·ne·s gazaouis sur leur terre.
Dans un geste de solidarité, nous nous unissons pour exiger qu'il soit mis fin à la famine qui est imposée au peuple gazaouis. Nous refusons de rester complices de ce silence.
Nous demandons au gouvernement suisse :
- De réitérer leur demande qu’Israël lève son siège illégal de Gaza
- De réitérer leur demande qu’Israël facilite l’acheminement de l’aide humanitaire conformément au droit international humanitaire ;
- De demander instamment à Israël de permettre à toutes les agences humanitaires impartiales, neutres et indépendantes de mener à bien leur travail de sauvetage ;
- De demander à Israël des informations sur la “Gaza Humanitarian Foundation” et de prendre les mesures appropriées en cas de manquement à ses statuts ;
- D’œuvrer en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et à la libération en toute sécurité de tous les otages ;
- D'appliquer une suspension immédiate des partenariats militaires de la suisse avec l'armée israélienne, comme sanction appropriée à l'utilisation de la famine comme arme de guerre.
Nous, paysan·x·nes, travailleur·x·euses de la terre, artisan·x·es transformateur·x·rices, actif·x·ves à différents échelons dans la production de nourriture en Suisse, ajoutons notre voix aux millions de personnes qui, dans le monde entier, sont solidaires avec le peuple palestinien en lutte pour son autonomie et sa liberté ! Nous vous remercions de l’attention que vous porterez à cette lettre urgente et espérons que la Suisse s’engagera résolument à appliquer nos requêtes.
Veuillez agréer, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil Fédéral, nos salutations respectueuses.
** Nous remercions le Landworkers Alliance (UK) pour les visuels qui sont issus de leur lettre ouverte de solidarité avec le peuple de Gaza. https://landworkersalliance.org.uk/