Des Etats-Unis à la France, la criminalisation
de la solidarité avec Gaza continue.
Relaxe pour Anasse Kazib et tous les soutiens de la Palestine !
Tandis que Trump s’attaque aux étudiants pro-palestiniens de Columbia, 18
activistes de Palestine Action sont emprisonnés au Royaume-Uni dans l’attente
de leur procès. Des universitaires continuent d’être licenciés jusqu’en Suisse
pour leurs prises de position politiques, alors que la nouvelle coalition au
pouvoir en Allemagne compte durcir l’offensive en cours dans le pays. En
France, le collectif Palestine Vaincra vient d’être dissous et des
manifestations féministes sont interdites en raison de la présence
d’organisations pro-palestiniennes.
Dans ce contexte, l’État français a décidé de passer un cap dans la
répression des opposants politiques. Le 18 juin prochain, deux militants de
l’organisation Révolution Permanente seront jugés pour « apologie du terrorisme
», dont son porte-parole, cheminot, militant syndical SUD Rail et ancien
candidat à la présidentielle, Anasse Kazib. En avril 2024, ils avaient été
convoqués par la police anti-terroriste au même titre que l’eurodéputée Rima
Hassan, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale Mathilde Panot, et
différentes personnalités.
Si l’utilisation de moyens anti-terroristes contre les soutiens de la
Palestine se banalise, le délit d’« apologie du terrorisme » est une
spécificité française. Entré dans le code pénal en 2014 au nom de la lutte contre le
djihadisme, il permet de condamner à des peines de prison pour des opinions
politiques. Depuis le 7 octobre 2023, cette disposition, contestée jusque par
la Cour européenne des droits de l’homme ou par d’anciens juges
anti-terroristes comme Marc Trévidic, est mobilisée pour réprimer des étudiants,
des militants, des élus locaux, des dirigeants syndicaux comme Jean-Paul
Delescaut de la CGT ou des intellectuels, à l'image de François Burgat, jugé le
24 avril prochain, qui ont le tort de porter un discours différent de celui du
gouvernement.
Cette politique pénale s'accompagne d'une véritable persécution, qui va
jusqu'à appeler des mesures aussi lourdes que la déchéance de nationalité à
l'encontre de personnalités comme Rima Hassan. Poursuivre le porte-parole d’une organisation
politique nationale est cependant sans précédent. Il s’agit d’un véritable test
pour l’État : s’il aboutit à une condamnation, personne ne sera à l’abri de
procédures qui permettent de condamner des opposants ou des intellectuels
critiques, mais aussi de les associer au « terrorisme », de les ficher comme
tels ou de les rendre inéligibles.
Face à cette répression, et par-delà nos désaccords politiques, il est
impératif de faire front avec Anasse Kazib, ses camarades, et l’ensemble des
soutiens de la Palestine réprimés. Le combat contre l’oppression du peuple
palestinien est indissociable de la lutte contre la criminalisation de ses
soutiens, et les outils qui permettent d’instaurer un véritable délit d’opinion
et d’associer lutte pour la Palestine et terrorisme. Dans ce contexte, obtenir
la relaxe d'Anasse Kazib et de son camarade est un enjeu vital pour le
mouvement de solidarité. Le 18 juin prochain, faisons du procès des militants
de RP l’occasion de dénoncer la répression d’Etat en France et à
l’international.
Premiers signataires : Nancy Fraser, Assa Traoré, Rima Hassan, Ken Loach, Frédéric Lordon, Adèle Haenel, Yanis Varoufakis, Annie Ernaux (Prix Nobel de Littérature), Adolfo Pérez Esquivel (Prix Nobel de la Paix), Tariq Ali, Angela Davis, Les Soulèvements de la Terre, Silvia Federici, Swann Arlaud, Myriam Bregman (PTS), Brian Eno, La France Insoumise, Sâmia Bomfim (PSOL), Bhaskar Sunkara, Irene Montero (Podemos), Ilan Pappe, Eric Coquerel (LFI), Ferat Koçak (Die Linke), Alexis Antonioli (CGT TotalEnergies Normandie), Manuel Bompard (LFI), Alex Callinicos, Robert Brenner, Rashid Khalidi, Clémence Guetté (LFI), Cédric Liechti (CGT Energie 75), Sebastian Budgen, Solidaires 93, Jean-Paul Lecoq (PCF), Axel Persson (CGT Cheminots), Denis Robert, Xavier Mathieu, SUD Rail Paris Nord, Robin D. G. Kelley, SUD Aérien, Action Justice Climat, Franck Théry (CGT Stellantis Hordain), Tsedek, Raquel Varela, …