ÉCRIRE LE TRAVAIL

ATELIERS D'ÉCRITURE A LA FACULTÉ DE LETTRES DE POITIERS

Un atelier d’écriture autour des ouvrages de Jean-Charles Massera, United Emmerdements Of New Order, précédé de United Problems Of coût de la main-d’œuvre, chez P.O.L., en 2002 et de celui de Jérôme Mauche, La loi des rendements décroissants, édité au Seuil, dans la CollectionDéplacements, en 2007 ainsi que le texte d'Henri Lefebvre, Les unités perdues, publié chez  Virgile, en 2004.

Économie, en avant les histoires !

Nous le savons, la situation économique est critique. Il me semble que vous n'imaginez pas tout ce que la crise peut faire pour vous :  jouer rire mourir! (cf les affaires frauduleuses de quelques traders). Le système capitaliste implique de croquer le crédit à pleine dent, on nous dit en quelque sorte: « Mâchez étouffez ». Sauf qu'au milieu de cette société de consommation, le plus souvent à la fin du mois c'est pâtes à l'eau (c'est beau la vie pour les grands et les petits).  Parce que vous ne le valez pas, c'est scandaleusement inaccessible. Alors attention, le changement c'est maintenant, travailler plus pour dormir moins, surtout prenez une longueur d'avance sinon vous êtes foutu.

Je voulais absolument être institutrice pour écrire sur le tableau à craie.

Je voulais être cuisinière, surtout pour faire des gâteaux au chocolat.

Je voulais être artiste peintre mais je n'ai jamais su faire.

Je voulais être jardinière parce que mon grand-père m'apprenait à ramasser les légumes dans le potager.

Je voulais toujours absolument être institutrice à cause de mes parents qui me laissaient écrire sur le tableau dans la classe où ils travaillaient.

Je voulais être peintre dans le bâtiment parce qu'un été j'ai repeint les volets de ma maison, et c'était du travail de pro.

Je voulais être professeur de français, d'histoire-géo et d'EPS, mais il faudrait faire un choix alors non, je ne serai rien de tout cela.

Je voulais être infirmière mais après un stage je me suis rendu compte que je tournais vite de l'oeil. Un jour, incapable de savoir ce que je voulais faire je me suis rendu au CIO, ils m'ont dit que j'étais faite pour la comptabilité, je me suis dit « c'est tous des cons ».

Je voulais être pâtissière mais on m'a dit que peut-être ça pourrait être un loisir.

Je voulais être agricultrice, cependant je ne me voyais pas conduire un tracteur.

Je voulais être vendeuse sur le marché, l'ambiance y est tellement particulière.

Et puis, je voulais être.. je n'en sais rien car au bout d'un moment on a plus envie d'y répondre à cette question bateau de ce qu'on veut faire plus tard, elle veut rien dire cette question alors je n'y répond plus.

Claire B.


On y va, 1, 2, 1, 2 ! T'es rentré dans notre programme sportif pour bouger, pour perdre cette graisse alors le changement c'est maintenant ! Il faut maigrir, faire un régime stricte et chaque jour du blanc d'oeuf à tartiner, Pourquoi ? Parce que tu maigris bien. Comme je dis toujours : il faut éliminer plus pour maigrir plus ! Chargez, éliminer, allez encore un effort mon canard, on continue, à fond la forme ! Solidarité avec les engraissés, tu maigris aussi pour les autres, tu transpires ce que les autres achètent. Il faut que tu marches tous les matins, tu veux être un homme neuf, il faut que tu marches, enjambe et tout devient possible. Après quand t'en as marre tu fais d'la barre, eh oui quand tu n'en peux plus t'en fais encore.

Petit la tête pleine de rêves, je rêvais d'être tout et n'importe quoi.

Pourquoi pas docteur ? Parce que les blouses blanches ce n'est pas mon truc.

Pourquoi pas médecin ? Parce que c'est la même chose qu'un docteur.

Pourquoi pas footballeur ? Tiens c'est vrai pourquoi pas ? Ça paye bien, on bouge beaucoup, on rencontre des jolies filles. Seul bémol, la vingtaine d'autres mecs à voir tous les jours avec ou sans vêtements. Pas fait pour moi.

Pourquoi pas chanteur ? Parce que je n'ai jamais chanté de ma vie.

Pourquoi pas président ? Parce que je si je finis vieux et moche je n'ai pas envie d'avoir ma tête à la télé tous les jours.

Pourquoi pas joueur de jeux vidéos professionnel ? Le métier de rêve, mais je n'étais pas sûr que ça existait, maintenant je sais que si et je suis bien content d'avoir renoncé.

Pourquoi pas écrivain ? Parce que j'ai vu la tête de ma mère lorsque je lui ai dit ça.

Pourquoi pas Pompier ? Parce que je n'avais jamais le droit de m'entraîner avec les allumettes de la cuisine.

Pourquoi pas Cuisinier ? Je dois dire à ce propos que cette idée ne m'est venue qu'une fois lorsque j'ai réussi mon premier gâteau mais elle s'est évanouie très vite lorsque j'ai magistralement raté les 7 autres.

Pourquoi pas Gagnant du Loto ? Je n'ai toujours pas renoncé à celui là.

Pourquoi pas Dresseur de Pokémon ? J'ai pendant très longtemps cru que les Pokémon existeraient un jour ou l'autre, j'avais foi en la science et je savais qu'elle leur donnerait vie. Mais toujours rien pour le moment. J'espère que les expériences avancent.

Pourquoi pas scientifique ? Je viens de le dire, ce sont des faignants.

Et pourquoi ne pas prendre un métier au hasard dans l'annuaire des métiers ? Parce que l'annuaire des métiers c'est pas comme les pages jaunes on nous le dépose pas tous les ans dans la boite aux lettres.

Pourquoi pas facteur alors ? Parce que j'ai toujours détesté le jaune, les casquettes, les vélo et le courrier.

Pourquoi pas attendre ? Un jour j'étais fatigué de changer et de chercher au point que je me suis demandé si mon métier ne pouvait pas être de chercher un métier, et j'ai appris que ça existait déjà et qu'ils étaient des millions à faire ça. Alors j'ai décidé d'attendre, et de voir, parce que de l'inspiration je n'en ai jamais eu et j'espère qu'elle viendra un jour mais pas trop tard quand même.

Cédric R.


Le travail, c'est besogner fort pour rentrer dans le système plus. On nous dit « le travail ça vous gagne » alors on veut travailler, rentrer dans la vie active car on nous assomme à coup de un emploi-jeune pour une France à l'essai. Un emploi quel qu'il soit pour avoir de l'expérience, puis trouver un autre emploi pour avoir de l'expérience, et encore et encore, jusqu'à peut-être trouver le travail de ses rêves.

        

Travaillez, consommez car on n'a jamais assez d'un tout petit chez soi, petit, mais cher, comme une Rolex ! On voit vite que ce que le travail nous promet, la consommation nous l'apporte.

        

La société me dit que je le vaudrai bien quand je serai dans le moule en silicone, mais fric, lui, c'est la crise, il ne veut pas apparaître dans mes poches alors je dis, le changement c'est la révolution et l'évolution ne vaut que si elle est partagée par la fin des imbéciles qui créent ces slogans entêtants.

Je crois qu'au départ je voulais être écrivain. Mais je refuse d'être écri-vaine ou auteureuh. Peut-être le deviendrai-je si jamais ce nom est un jour changé en écriveuse ou autre mot du genre. Ensuite je voulais être avocate plus tard, le nom est beaucoup plus joli. Mais la longue robe noire, elle, ne l'est pas, ils ressemblent tous à des corbeaux. La blouse blanche de la pharmacienne m'attirait plus, même si ce n'était toujours pas ça, la seule chose qui m'intéressait dans ce métier était la machine à étiqueter les boites, tellement distrayante ! Je crois que je vais en demander une pour noël...

        

Ensuite on s'est rendu compte que je n'étais pas une travailleuse à l'école. On m'a donc destinée à devenir coiffeuse, mais décidément, ce n'est pas mon truc, je n'aime vraiment pas parler avec les mamies le matin, c'est toujours trop tôt. En version asociale, dessinatrice est un métier intéressant, mais « tu ne préfères pas plutôt faire un vrai métier ? ».

        

Alors il me reste les autres métiers de l'écriture comme journaliste (mais trop de recherches à faire, j'aurais l'impression de retourner à la fac), correctrice (mais je crois que je m'ennuierais, à toujours relire des textes plus ou moins, mais surtout moins intéressants), documentaliste ou bibliothécaire (mais comme coiffeuse, trop d'enfants cette fois, ça fait peur les enfants). Alors j'attends, peut-être qu'un jour une illumination me dise ce que je ferais plus tard, le métier idéal par exemple !

Alice B.


Attendu que nous recherchons "Un travail pour tous", attendu qu' "Au boulot, l'argent n'est pas de trop", qu'en est-il de ces 6 millions de chômeurs qui, malgré tout, ne trouvent pas d'emploi? "Parce qu'ils le méritent bien" ?

Fatigués, lassés... lassés de ces inégalités sociales qui font de notre société une société en crise? Mais pourtant, "Vous n'imaginez pas tout ce que la crise peut faire pour vous" ! Derrière ces slogans sans fin, nous entendons un mesquin "Vivons riches, vivons cachés".

Attendu que l'on imagine un ouvrier après une journée de travail, que fait-il après cela? S'asseoir devant la télé et se répéter un éternel "On a toujours besoin d'un petit remontant chez soi" pour se redonner du courage ? Et lors de ses éternels va-et-vient, l'entreprise devient un but de fin de vie, car, "Dans l'entreprise, chaque jour, ce sont des heures à côtiser". "Epargner plus pour gagner moins", "Du riz, un crédit, toute une vie", "Seul, tout devient passif" , ces slogans déformés deviennent le quotidien des travailleurs.

Attendu que la crise tente de s'effacer, tente de nous amadouer, en effet, "Qui mieux qu'Arcelor Mital peut entretenir votre moral?", que pensent alors tous les Français? Le travail, mais à quel prix? Derrière toutes ces barrières sociales, tous pensent et espèrent la même chose: "Votre banque ne vaut que si elle partage avec vous". Rêver d'une égalité sans mesure ? Pourquoi pas.. les slogans politiques et publicitaires nous le font bien croire!

Si j'avais su, si j'avais pu, peut-être serais-je... qui serais-je aujourd'hui ?

Ces phrases qui trottent dans nos têtes nous raccomodent au souvenir de notre enfance. A six ans, le voeu de devenir danseuse étoile. Tendons brisés, professeur tourmenté, raté. Comédienne? Toute une histoire qui dura sept années: des cours de théâtre en passant par les castings,c'est finalement la peur qui l'emporta. La peur du regard des autres, la peur de s'entendre répéter que "ce n'est pas un vrai métier", la peur de se lancer, et de retomber. De se faire écraser dans ce milieu d'artistes sans pitié. Pourtant, les artistes, je les côtoie tous les jours.. Mais le terre à terre est plus fort: interdiction de rêver une nouvelle fois.

Maîtresse d'école,pâtissière, nageuse, dresseuse de chevaux, astronaute, présidente, vétérinaire, tous ces désirs communs à toutes les petites filles m'ont toujours échappé: être pareille aux autres? Non merci! Il faut trouver quelque chose de plus original. Sortir de l'ordinaire, du quotidien lugubre enfermé dans ce cercle de barrières jaunâtres entourant les écoles et les collèges. Franchir le pas, oser dépasser les limites. Comédienne, pas mal, mais pas assez de talent. Pianiste? Encore mieux. Rien de tel lorsque l'on a des parents musiciens et que l'on baigne dans ce milieu depuis son plus jeune âge.

Baccalauréat littéraire empoché, partir à l'aventure dans une ville inconnue. Ne m'étais-je pas mise en garde contre les désillusions? Froide retombée dans la dure réalité, en un jeudi de Septembre. Retour à la case départ. Reprise à zéro. Travailler d'arrache-pied pour réussir. Leur prouver que l'on vaut mieux. Huit heures de piano par jour pendant sept mois, diplôme obtenu, que faire après?

J'aurais dû être scientifique, c'est bien plus simple. Être bénévole dans une association de lutte contre la mucoviscidose, soutenir les matheux boutonneux, aimer la biologie, le vivant, les coeurs visqueux de bisons d'Amérique...

Au lieu de cela me voici en Lettres, la tête prête à éclater sous l'effluve de ces milliers de questionnements. De doutes. Revisiter la partition de notre vie.

L'enfance est terminée. Si j'avais su, si j'avais pu, je serais quand même ici aujourd'hui, sans regrets. Gardant pour moi mes nouveaux choix. Prenant de la distance par rapport aux rêves d'enfance, d'adolescence, de jeune adulte, m'en inspirant constamment, sans les oublier, mais en revenant pas à pas vers une réalité plus concrète...

Si je ne serais jamais pompier, infirmière, magicienne, je sais que ce qui m'a poussé à arriver jusque là n'en est que bénéfique: l'orthophonie, pourquoi pas? Pouvoir allier littérature, langage, musique, enfance, apprentissage, art... Si j'avais su... Je n'aurais rien changé.

Manon L.


J'aurai voulu être archéologue, et puis finalement le grenier de mes grands-parents a rassasier mon envie de découvertes.

J'aurai voulu être une artiste, comédienne par exemple, pour incarner tout un tas de personnages que je ne serai jamais, mais j'ai vu meilleur que moi et ai laissé ma place.

J'aurai voulu être danseuse étoile, mais j'ai deux pieds gauches.

J'aurai voulu être monitrice d'équitation mais mes parents cavaliers me l'ont déconseillé car c'est un milieu difficile.

J'aurai voulu être avocate pour défendre les gentils, mais j'avais peur des méchants.

J'aurai voulu être astronaute pour avoir la tête dans les étoiles sans qu'on me le reproche, mais il y avait trop de physique pour que je puisse y arriver.

J'aurai voulu être vétérinaire, mais je ne supporte pas la vue d'un animal souffrant, pas plus que la vue du sang.

J'aurai voulu être pilote de chasse, mais c'est un milieu très masculin qui demande un mental d'acier, et le milieu militaire m'effrayais.

J'aurai voulu être médecin légiste, mais je ne pense pas avoir les nerfs assez solides pour risquer de voir une enfant allonger devant moi.

J'aurai voulu être professeur, mais je ne suis pas assez patiente et je n'aime pas me répéter.

J'aurai voulu être sportive de haut niveau, mais je me suis blessée trop de fois.

J'aurai voulu être journaliste, mais je ne veux pas commencer par apporter le café ou faire des photocopies.

J'aurai voulu être présidente, mais je ne sais pas mentir.

 

Marina F.


Batailler tous les jours avec la porte cassée mais ne pas oser réclamer. Pourtant c'est une perte de temps, rabaissement du profit. Patron mécontent. Travailler sans hurler, taire les cris en moi.

Toujours s’exécuter, rouler, un arrêt après l'autre. Jamais reculer, ni accrocher. Sourire, dit M.

Durand. Où ? Comment ? Se stopper, respirer, fumer puis repartir. Garder à l'esprit : journée

ensoleillée alors elle estompe vos pensées sombres. Contempler, enfin arrêter, oublier.

Travailler plus, gagner plus pour délocaliser plus. J'en ai marre de me faire avoir ! C'est certain qu'il est profitable de profiter du profit. Profitons ! On entend le patronat nous dire « Le rendement c'est maintenant les gars ». Travaillez, éliminez. Postulez chez Orange : « Smic, nous c'est le trou ». Ils vous trouveront une place. La crise ne vaut que si elle est partagée par tous. Vous n'imaginez pas tous ce que Pôle emploi ne peut pas faire pour vous. Chômeur, la vie, la vraie, parce que vous le valez bien.

Avocate ? Le code pénal est beaucoup trop long. Infirmière ? La vue de plaie purulentes m'est finalement devenue insupportable. Et si on je tentais astronaute ? Non, à l'âge de huit ans mon télescope s'est brisé, mon rêve d'étoiles aussi. Médecin alors ? On gagne bien sa vie en sauvant des vies mais on a plus de vie. Pilote de formule Un ? C'est un univers de machos, ils ne veulent pas de fille dans leur machine. Institutrice, le rêve de toutes les petites filles ? Des gamins qui crient toute la journée, non merci. Secrétaire ? Les gens ont souvent tendance à être mal aimables avec l'administration. Président de la République alors ? Je ne parle pas la langue de bois. Je ne connais que l'anglais et l'espagnol. Comptable ? Ils n'autorisaient pas la calculatrice à l'examen alors j'ai préféré laisser tomber. Convoyeur de fond ? Manipuler autant d'argent c'est surréaliste et beaucoup trop tentant. Et dentiste alors ? L'haleine du premier patient à 8h30, j'en avais déjà fait des cauchemars, et là je me suis réveillée.

Elsa R.


Youpi c'est vendredi.

Tous ensemble, tous ensemble nous affirmons : Yes Week-end !

Vélo, repos, restau car on ne veut rien, et on l'aura !

Il est grand temps d'être fainéants.

Chaque jour c'est du bonheur à cuisiner. Des légumes pas du bitum.

Parce qu'on a toujours besoin d'un couscoussier chez soi, avec des épices partout, maïs nulle part. On mâche rien, on mâche rien, on mâche rien.

Première, deuxième, troisième cuisson, on s'en fout on vomit tout.

Et à tous ceux qui veulent s'en mettre plein la panse, nous répondons, résistance.

Par solidarité avec les courges musquées qui n'ont pas été acceptées chez les Carottes, navets, topinambours, CNT, un syndicat de légumes.

Vous n'imaginez pas tout ce que du bicarbonate peut faire pour vous.

A ceux qui veulent servir le far breton, nous répondons : digestion !

Quand j'étais petite, je voulais être patineuse artistique. Mais ma carrière s'est brutalement stoppée, à l'âge de neuf ans et demi, lors du passage de mon quatrième flocon. Je suis arrivée 24h de retard à l'examen. Découragée, j'ai arrêté.

J'aurai voulu devenir chanteuse mais mon entourage a su très vite m'en dissuader.

J'aurai aussi pu devenir comptable, j'aimais bien les chiffres. Mais un léger problème de rigueur m'a empêché de prendre cette voie.

Par contre, vu ma souplesse, j'aurai pu être prof de yoga. Seulement ma patience à des limites bien trop étroites pour ce genre de boulot. C'est aussi pour ça que je ne serai pas couturière. D'autant plus que j'ai quelques problèmes de motricité fine, pas grand chose, mais je ne tenterai pas d'être serveuse dans un bar par exemple, ou bien assistante d'un souffleur de verre.

Je n'aurai pas non plus pu être informaticienne. Je crois que les ordinateurs ne m'aiment pas. Ils ont cette légère tendance à buguer dès que je m'en approche.

Annabelle L.


Ces temps de crise nous rappelle que la logique capitaliste c’est chaque jour du bonheur à tartiner ! Après la Grèce, l’Espagne, Récession, à qui le tour ? Berlusconi aussi ! Chômage, licenciement, le secteur de l’emploi souffre cruellement mais derrière ce sont des personnes humaines qui trinquent. L’industrie dans notre tendre France brise les vies d’un bon nombre de gens, qui de mieux que Merkel peut entretenir votre secteur industriel ? Parce qu’il n’y a plus que Mital qui m’aille, et des entreprises qui ferment à tour de bras, mais vous n’imaginez pas tout ce que Pôle emploi peut faire pour vous, des milliers d’adhérant vous attendent, rejoignez-les !

J’aurais voulu être une chanteuse pour pouvoir monter sur scène et jouer de la guitare, mais je n’ai pas pu parce que je chante faux.

J’aurais voulu être une styliste pour pouvoir dessiner des robes somptueuses, mais je n’ai pas pu parce que je ne sais pas dessiner.

J’aurais voulu être vétérinaire pour pouvoir sauver les chevaux de leurs souffrances inaudibles, mais je n’ai pas pu parce que je n’aurais pas accepté de les euthanasier si besoin.

J’aurais voulu être une coiffeuse pour pouvoir faire belle toutes les femmes, pour qu’enfin elles arrêtent de complexer, mais je n’ai pas pu parce que j’ai fait un gros trou dans la chevelure de ma grand-mère quand je lui ai coupé.

J’aurais voulu être pompier pour pouvoir sauver toutes les vies, mais je n’ai pas pu parce qu’on ne peut pas sauver toutes les vies et je ne peux m’y résoudre.

J’aurais voulu être assistante sociale pour pouvoir aider toutes ces femmes battues à se sortir des griffes de leur mari, mais je n’ai pas pu parce que je les aurais boxés.

J’aurais voulu être bibliothécaire pour pouvoir redonner un sens à la vie des enfants malades, paumés et à des prisonniers, au travers des livres, qui sont le médicament le plus précieux, mais je ne sais pas si je vais pouvoir redonner le sourire à tout le monde.

Et pourquoi pas pâtissière ? Juste pour moi, pour pouvoir d’abord avoir le sourire moi-même. Juste pour moi et mon bonheur. Une personne heureuse dans son métier + une autre = un monde tout sourire.

Pauline M.


C'est une catastrophe dira Monsieur X. Vous savez ce que c'est qu'une catastrophe ? Des gamins qui meurent de faim, ceux qui voient leurs parents assassinés devant leurs yeux, des gens qui meurent de froid dehors, de la misère qui crève les yeux. En voyant ça on en devient aveugle. A côté de ça les reportages de TF1 c'est de la gnognotte. On préfère plus rien voir. Claire Chazal s'arracherait les cheveux. Le bling bling on s'en fout, actualités oui, mais langue de bois non retenue. Dépression par l'horreur, j'ai une amie qui ne regarde plus les infos car elle,en déprime trop. C'est pas drôle. C'est pas drôle de voir des Bébés dans le congélateur au 20h. 20 heures = terreur.

Sarko c'est plus fort que toi. Le monde ne tourne pas rond, et ce qui est drôle c'est qu'on ne fait que te dire qu'il ne tourne pas rond à cause de toi. Trop de chômage, trop de misères... Trop de tout. Un autre ... Merdier est possible. Continuons à travailler pour ne pas gagner de quoi vivre. Il y en a qui rentre tard le soir, qui n'ont pas de vie, qui travaille dans un local minable et qui n'ont pas de moyens, il y en a d'autres aussi qui sont salariés, qui ont de la chance mais qui n'arrivent plus  à vivre avec 1000 euros par mois. La vie est trop chère et le pouvoir d'achat nous tire la langue. Et ce, bien joyeusement. Vivons la vie plus chère et gagnons plus pour nous perdre encore plus. Plus de vie, plus d'entrain, plus rien. Le néant. Et pourtant à coté la Société continue de vivre sans nous demander notre avis. On se dit que peut être un jour on nous demandera, que voulez vous gagner pour vivre convenablement ? Il vous faut croquer la vie à pleines dents : Trop dur et trop amer.

Vivons mieux, ne vivons plus.

- Être actrice : je continue à faire du théâtre mais je sais que ça ne se fera jamais.

- Vivre avec des livres, oui mais encore ça coûte cher et ça ne me paye pas un repas.

- Écrire ? Mais j'oubliais qu'écrivain ce n'était pas un métier et qu'en plus que ça ne gagnait pas.

- Chanter ? Je ne veux pas passer à la Nouvelle Star.

- Apprendre une langue, pas le temps.

- Reprendre la photo, pas le temps.

- Prendre le temps, pas le temps non plus.

- Faire des rencontres oui mais surtout être déçue par la suite.

- Penser au bonheur : il tourne le dos.

- Pensez positif BAM  coup dur !

- Se détendre ? Pas le temps.

- Vivre pleinement : Connaît pas.

Chloé B.


Petite je ne savais jamais quoi répondre à l'éternelle question des adultes, vous savez, ce « Qu'est ce que tu veux faire quand tu seras grande ? » qu'ils demandent d'une voix mielleuse en nous écoutant comme si la réponse allait déterminer notre vie. Je disais « Je sais pas » et on me répondait en souriant « Tu as encore le temps » avant de s'en retourner à des conversations de grandes personnes. Du coup, j'ai réfléchi, je me suis renseigné, et j'ai envisagé plusieurs métiers.

D'abord j'ai voulu être maîtresse d'école parce que la récréation c'était quand même super cool et puis il faut l'avouer, parce que j'aimais bien l'école aussi.

Après j'ai pensé être avocate, je voulais défendre le bon, la brute et le truand, mais ça ne représentait qu'un tiers de bon et ça m'embêtait.

J'ai voulu être photographe mais on m'a dit que prendre en photo tous les panneaux de signalisation n'était pas forcément un bon début.

Vétérinaire aussi, jusqu'à ce que je vois comment naissent les petits veaux. Ou gardien de zoo pour jouer avec les singes.

Alors je me suis dit que le mieux ce serait d'être chasseuse de trésor, ou pirate, ou les deux, pour avoir un sabre, une carte (j'adore les cartes), un bandeau noir sur l’œil et crier « à l'abordage ! »

Mais sans bateau, ce n'était pas possible.

Alors j'ai demandé à mes parents si je pouvais être pizzaïolo ou viticultrice, et puis je suis généreuse, j'aurais partagé avec eux, ils étaient plutôt d'accord.

Sinon quand ma sœur m'énervait particulièrement, mon rêve était d'être voyageuse sac à dos. Pas besoin d'expliquer en quoi ça consiste, je pense que vous avez compris.

J'aurais voulu aussi être magicienne, jouer aux cartes, encore des cartes, faire disparaître des choses, apparaître des pigeons, couper des gens en deux, pourquoi pas.

Être fantôme dans une fête foraine, ça aussi ça m'aurait bien plu, faut dire que j'aime bien voir un gosse pleurer. BOUH !

Finalement le métier qui m'attirait le plus c'était testeuse de yaourts, au chocolat, à la vanille, à la pêche mais sans morceaux, en pots ou à boire, des Danettes, des Flanby, des Petits filous tubes (mais qu'est ce qu'il y a dans ce tube?), les pots du rayons frais de Leclerc, je les connaissais tous.

Et puis j'ai voulu lire des livres, je l'ai dit et redit, mais on m'a répondu que ce n'était pas un métier.

Mais puisque du haut de mes 1m50 je ne suis pas encore une grande personne, je ne suis pas obligée d'exercer un vrai métier !

Le changement c'est plus tard parce que maintenant j'ai piscine.

Nicolas, parce qu'il en faut de l'énergie pour bien grandir.

Ensemble, tout devient possible, mais sans les noirs, les arabes, les juifs, les roux, les aveugles et les manchots.

Président! Bien taxer c'est le début de la rancœur !  

L'austérité ! Parce vous le valez bien !

Les 3 huit, à fond la forme!

La crise ! Sentez la différence !

Camille C.


Pour une précarité décomplexée.

J'ai découvert le marché de l'emploi, et mon visage s'est transformé.

L'usine, prend soin de vous.

Le crédit, c'est beau à vie, pour les grands qui ont plein de soucis.

Le pain au chocolat, ce n'est que pour les enfants.

Claude Guéant, la connerie du blanc.

Sur une échelle de deux décennies, j'ai eu assez de temps pour penser à un métier différent environ par tranches de quatre ans soit cinq métiers en vingt ans. Calcul mauvais : je ne pense finalement pas avoir voulu devenir vétérinaire avant les quatre premières années. Vétérinaire donc, disons de quatre à dix ans. Cause : chiens chez mamie/papy divers et variés - labrador, mini-teckel - que j'enjambais à tout va. Le berger allemand qui boitait, je me sentais l'âme d'une samaritaine. Prières pour que maman m'offre un toutou tout doux, pas de chance, papa achète chien de chasse. Nul ! Beurk ! Pourquoi pas toiletteur dans ce cas ? Dresseur ? Taxidermiste ? Onze ans : tournant radical. Après une rude déception, je noie mon immense dépression en m'achetant du papier et un crayon, ça y est, cette fois ci, je veux dessiner ! Mais dessiner, c'est pas un métier ! Chut ! Je m'en fiche, je veux dessiner ! Maman m'achète des fusains, de la mine de plomb, des crayons gras, fins, du beau papier, des petits cahiers. Oh, le joli attirail ! Mono maniaque, les croquis et autres esquisses se profilent partout et de toute heure. Maman doit me traîner au lit et hors de mon rêve. Entre temps, j'aurais eu le temps d'imaginer tous les métiers où l'on gribouille : designer, illustrateur de bandes dessinées, voire pourquoi pas, graphiste pour des pubs de merde... Quatorze ans : entrée au lycée, ma monomanie s'efface petit à petit et les profs nous mettent face à la dure loi du « projet professionnel ». Conseiller d'orientation qui me parle en termes de débouchés, de profil...Bref, j'ai intérêt à faire le bon choix car ma vie toute entière semble en dépendre ! Le plus simple serait de choisir un secteur florissant et dynamique, style ingénierie, pharmacie, protection de l'environnement ou que sais-je... Dix-huit ans : arrivée à la fac de lettres. Le conseiller d'orientation serait furax !

Marion P.


J’aurais voulu me dire que quand je serai grande, je saurai ce que je veux faire.

Être un personnage de bande dessinée et parler dans des bulles.

Ou bien archéologue, mais la poussière c’est salissant.

J’aurais voulu être une artiste, ou la groupie du pianiste, mais c’était déjà pris.

J’aurais aimé présenter le journal télé, seulement les bonnes nouvelles, mais surtout pas la météo car trop de gens me maudiraient chaque jour.

J’aurai voulu vivre d’amour et d’eau fraîche, être une rêveuse mais c’est pas ça qui va payer le loyer.

J’ai aimé faire des claquettes mais avec une hanche en plastique, ça tournerait vite au comique.

Et pourquoi pas travailler au musée, j’ai déjà l’air d’une antiquité.

Justine V.


J'ai voulu être médecin parce que le médecin de famille était gentil, qu'il nous donnait des bonbons. Après il a commencé à nous faire des piqûres.

J'ai voulu être archéologue pour découvrir des trésors. J'ai appris qu'on avait pas le droit de garder ce qu'on trouvait, j'ai trouvé ça dégueulasse.

J'ai voulu être inventeur. Après avoir vu deux ou trois de mes idées réalisées dans les pubs de la télé, je me suis dit que d'ici à ce que je sois grande, tout aurait été inventé.

J'ai voulu être écrivain mais après avoir écrit avec application, j'ai trouvé que ça ne servait à rien d'encombrer les étagères des librairies et que d'autres faisaient déjà des trucs très bien.

J'ai longtemps voulu être vétérinaire sans frontière, lutter contre les injustices faites aux animaux, qui n'ont rien demandé et qu'on embête tout le temps, pour leur viande, leur peau, leurs dents, leurs cornes... après un stage à la LPO et quelques spécimens morts entre mes mains, j'ai décidé que c'était trop triste pour moi.

J'ai voulu être violoniste et j'avais pas mal de chances d'y arriver mais je suis allé au ski et me suis cassé les deux poignets.

J'ai voulu être gymnaste mais … cf violoniste.

J'ai voulu être avocate pour défendre de grandes causes et faire bouger les choses, mais à l'université on nous a  dit : « n'espérez pas faire changer les choses » et une semaine plus tard : « on ne défend pas que les victimes, en tant que jeunes avocats vous défendrez surtout les coupables ».

Je me suis dit que ça n'était pas pour moi.

J'ai voulu être fil-de-feriste mais il fait décidément trop froid sous un chapiteau l'hiver.

J'ai voulu être étudiante, même si ça n'est pas un métier, et ça, ça va, c'est à ma portée. Après on verra ?

Salarié,  prend garde à toi

Sarkozy, la France à petit prix

A bat, à bat, la masse salariale et M comme mendiants et S comme smicards !

Gouvernement bateau, à quoi ça sert d'être dirigeants  si on peut rien faire des gens.

Crise, je ne suis pas jolie, et encore pire.

Taxe, plus t'en mets, plus t'en as.

Seul un plan de redressement économique fait l'effet  d'un plan de redressement économique.

Pôle emplois, chaque jour, c'est du bonheur à oublier.

M'endetter. C'est tout ce que j'aime.

Smic. Coupe toi deux doigts t'aura moins faim. All is in the mix.

Gérard, de Gérard Depardieu : imitez moi, fuyez.

Précaires. Pensez Différemment (Think different)

RSA is good

Ce que l'avenir vous promet, la crise vous le prend.

Vieillesse, pour faire durer le plaisir

Éducation nationale. Il faut secouer sinon la plèbe elle reste en bas

La crise : et ça dure ….

Dis donc Michel, tu trouve pas que le dialogue social sent le sapin en ce moment ?

Sibylle C.


France, nous c'est la crise, le travail y en a plus, quand y en a, ils nous virent. Engagez, virez. Physiquement, c'est très dur, tous les jours faire les mêmes gestes, soulever des charges plus lourdes que nous, faire des heures impossibles, des fois la vie active se résume à se tuer plus pour gagner moins. Au travail, chaque jour c'est des emmerdes à se coltiner, les commandes n'arrivent jamais à temps, le manque de personnel se fait de plus en plus pesant, pas de matériel adéquate pour les tâches à accomplir. Le monde du travail se fiche pas mal des employés parce qu'ils ne valent rien. Le boss, celui qui a fait des grandes études, grand mais couillon, un fossé ne cesse de s'élargir entre le patronat et le salariat , une incompréhension règne. Fifi n'a pas toujours des idées de génie, surtout par moments de crise. Aujourd'hui, là où la crise passe, les actifs trépassent. Vous n'imaginez tout ce que le travail peut faire pour vous.

Quand j'étais petite, j'aurais bien aimé être infirmière mais je n'aime pas les piqûres. Pompier ? Ah non, j'ai peur du feu. Fleuriste ? Non plus, je suis allergique au pollen. Institutrice ? Finalement non, je me suis aperçue que je n'aimais pas les enfants. Coiffeuse ? Les ragots des petites vieilles m'insupportent. Dessinatrice ? Je ne sais pas dessiner, j'ai été recalée au cours d'art plastique. Je voulais être professeure de sport mais l'effort ce n'est pas pour moi. J'avais aimé tenir une boutique de chocolats, mais ma gourmandise m'amènerait à mettre ma clé sous la porte. Je voulais être, je voulais être… qu'est-ce-que j'en savais ? Qu'est-ce-que cela signifiait vraiment ? Rien.

Manon P.


Les nouilles à l’eau c’est rigolo quand y’a plus de magot !

Les nouilles à l’eau : « déclaré source de jeunesse par votre corps.»

« Le changement c’est maintenant », mais pas tout de suite tout de suite. Encore un petit peu plus loin. Encore un peu. Encore un peu. Là. Parfait, c’est la révolution.

Jean Sarkozy : « Ensemble tout devient possible ». Surtout avec Papa.

« Le président normal » : normal mais jusqu'à l’élection, faut quand même pas trop déconner.

 « Pour que ça change fort » : Royal, le bon sens à de l’avenir. Plus c’est Royal, moins c’est sérieux.

Le piston : 1ère entreprise de France.

La crise : « faire du ciel le plus bel endroit sur terre. »

Avant j’avais un emploi et des loisirs, mais ça c’était avant.

« Le prêt : for successful living »

 

 

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé passionnément les livres : « je les révérais, ces pierres levées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ! ». Premier apprentissage, premier émerveillement de la lecture. Devenir bibliothécaire ? libraire ? écrivain ? Je n’en avais que faire, du moment que je pourrais feuilleter ces objets sacrés. Et aujourd’hui ? Eh bien je suis toujours enivré par la lecture. Mais je suis aussi à l’écoute de l’évolution de la société et je sais que ces métiers deviennent de plus en plus rares. Malgré tout, je trouve cela fondamental de rester fidèle à ses désirs, à ses rêves d’enfants. L’enfance retrouvée, l’enfance renouvelée, qui a sérieusement envie de grandir, et d’affronter le monde adulte aujourd’hui ?

Gwendoline Le B


C'est pas la taille qui compte : c'est pas le travail qui compte.

Le cheval, c'est trop génial ! : le chômage, c'est trop général !

Quand c'est bon, c'est Bonduel : quand c'est bon, c'est pas manuel.

Bang ! Dites adieu à la saleté ! Bang ! Dite adieu à vos indemnités !

Ricolas, de la Suisse naturellement : Nicolas, pour la Suisse, naturellement.

Vanish et les taches s'évanouissent : Globish et les grammaires s'évanouissent !

Décathlon, à fond la forme : Langue de coton, à fond la forme.

Chocapic, c'est fort en chocolat : La crise, c'est fort en gros dégâts !

Gifi des idées de génie : le capital, des idées pas si géniales.

Il paraît que c'est pas le travail qui compte. Compter le travail, quelle idée idiote, et compter quoi? Les heures ? Les efforts ? Quand c'est bon, c'est pas manuel, quand on n'a pas les mains dans la terre mais dans l'annuaire, c'est qu'on est bon, pas de problème pour augmenter les heures !

Un bon travail rime rarement avec ouvrier ou chantier. Chantier, le voilà le mot : la crise, c'est fort en gros dégâts ! Il faudrait des ouvriers pour redresser, rebâtir ceux qui font le travail, comme des gardiens de la paix, la paix de travailler ? Ce serait comme dans les westerns... il suffit d'imaginer, un désert, une population à sauver, le vent dans les collines de sable, le silence des esclaves ; le shérif arrive, il est prêt à dégainer, face à lui le voleur de la banque, celui qui peut à peine avancer tant ses poches sont remplies de billets verts. Le temps d'une tension qui trotte et tente un regard terrible, ils vont tirer : BANG ! Dites adieu à vos indemnités !

Le chômage, c'est trop général ; c'est dur de vivre en travaillant mais vivre sans travailler c'est tomber dans le goudron de la survie. Enveloppé de honte et de peur noire, on se met à écouter les voleurs et à les croire, c'est se faire rouler dans les plumes de ces crapules. Ces plumes sont vomies de leur bouche, avec la langue de coton, à fond la forme ! Leur chef, Nicolas, pour la Suisse, naturellement, préfère le Globish et les grammaires s'évanouissent. Ils rendent notre monde, notre langue et notre travail malades, le capital, des idées pas si géniales.

Chanteuse : vraiment pas assez de voix.

Actrice : vraiment pas assez de courage.

Vétérinaire : j'aime les animaux, mais les seuls que je découpe sont dans mon assiette.

Psychologue : moi aussi j'ai des problèmes, faut me laisser tranquille !

Avocate : comprendre que justice veut aussi dire défendre des violeurs, ça calme.

Écrivain : pas assez de courage.

Au tout début, c'était une question de « qui serait la meilleure » entre les copines dans la cours de récré. Et toi alors, qu'est-ce tu veux faire quand tu seras grande ? C'est facile, je veux faire quelque chose où je peux briller, attirer la lumière, la refléter et vous montrer à tous ce que je sais faire, je serais mieux habillée, mieux coiffée, plus belle et plus riche que vous toutes ! Enfin, ça c'est ce qu'on pense, ce qu'on avoue pas. Pour me dissuader, il m'aura simplement suffi de m'entendre chanter. C'est quand j'ai réalisé que ma propre voix sciait, poignardait les nerfs que j'ai décidé d'abandonner la psychose du chant de douche.

On peut aussi avoir facilement envie de devenir actrice, quand on veut faire chanteuse, et là le jeu n'est pas le même. Être riche, célèbre, capricieuse et vaniteuse bien sûr que oui ! se mettre toute nue pour faire semblant de faire du crac-crac-boum-hue avec un autre acteur, bien sûr que non ! Quand on réalise ce que « être actrice » signifie, le courage de l'insouciance s'effrite et il ne reste plus rien des grands désirs de gloire.

Au-delà des choix de princesse et fée qui réalise les souhaits, j'ai voulu devenir vétérinaire, pour

sauver les animaux, c'est comme les gens mais en plus poilus et plus mignons. Sauf que les seules bêtes que je découpe, ce sont celles dans mon assiette. Si je ne peux découper personne, peut-être que je peux m'intéresser à leur psyché ? Ah j'oubliais, moi aussi j'ai des problèmes alors laissez-moi tranquille, je ne veux pas devenir folle à écouter les vies traumatisantes des autres.

Ensuite j'ai voulu devenir avocate, comme celles des séries américaines. Sauf qu'elles utilisent la fameuse technique de la sucette, Tout comme la sucette du boulanger qui est rose, ces femmes sont belles, fières, intelligentes et les égales des hommes, mais tout ça ne reste qu'un emballage. La réalité est autre, devoir défendre des violeurs d'enfants parce qu'on « avocate », c'est cette amertume de tomber sur un goût de schimmlig quand on s'attend à de la fraise.

Finalement, devenir écrivain, je crois que c'est ce que j'ai toujours voulu faire, voyager dans un monde d'imaginaire sur un avion en papier. J'aurais voulu être capable de créer cet avion et pouvoir prendre d'autres passagers pour les emmener dans mon ciel. Mais « il faut penser à un vrai métier » alors je dois rendre aux parents ce qui n'est pas à moi. Songer à travailler dans une réalité où il n'y a pas d'avions en papier mais des diplômes à passer.

Lola S.