ÉCRIRE LE TRAVAIL
ATELIERS D'ÉCRITURE A LA FACULTÉ DE LETTRES DE POITIERS
Deux ateliers autour d’œuvres de Thierry Beinstingel, Jean-Louis Kuffer et Jean-Pierre Verheggen :
Thierry Beinstingel, Retour aux mots sauvages, Fayard, 2010.
Jean-Louis Kuffer, Ceux qui songent avant l’aube, édité par Publie.net.
Ridiculum vitae, précédé de Artaud Rimbur, Jean-Pierre Verheggen, Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 2003.
Il y a :
Ceux qui ont des cernes sous les yeux, qui n'ont plus l'habitude de se lever à 6h.
Ceux qui voulaient rester et qui n'en reviennent pas : « Il fait trop froid dans votre pays ».
Celle qui est revenue sans son mari, foutues vacances.
Celui qui est revenu sans sa femme, bénies soient ces vacances.
Ceux qui sont heureux de revenir, qui en avaient marre de ne rien faire.
Ceux qui narguent les autres avec leur collier Hawaïen.
Ceux qui se disent que ça valait le coup.
Ceux qui n'y retourneront pas.
Celui qui a fait un tas de rencontres, elles sont chouettes les minettes en Espagne.
Ceux qui ne sont pas partis parce que la maman vient de rentrer à l'hôpital.
Celui qui a gardé le chien et les perruches de ceux qui sont partis visiter la grande ville.
Ceux qui reviennent dépités parce que le chien s'est enfui, et que en plus ils n'ont pas pu voir la tour Eiffel.
Celui qui a pris l'avion pour la première fois et qui n'est pas peu fier.
Ceux qui se réservent pour la fois où les enfants seront là.
Ceux qui ne veulent pas en parler, qui restent muets, pour qui on ne saura jamais ce qu'il s'est passé.
Ceux qui sont encore de bonne humeur et qui la communiquent avec tout le monde.
Ceux qui ont envie de leur renvoyer leur bonne humeur en pleine face.
Ceux qui portent encore la casquette Dingo de Disney Land.
Celui qui partira lorsqu'il aura trouvé la bonne personne avec qui s'envoler.
Celui qui a hâte de s'envoler de nouveau pour trouver la bonne personne.
Ceux qui ne parlent que des 5 heures de bouchons sur la A10.
Ceux qui ont passé deux jours à l'hôpital, puisque Maxime le petit dernier s'est cassé le bras.
Ceux qui chantent encore les tubes qu'ils ont entendu à la radio pendant le retour.
Ceux qui sont jaloux parce que leur tour n'est pas arrivé.
Celui qui ne parle que de ce qu'il a mangé, je t'assure une raclette du tonnerre !
Celui qui voulait partir en Inde mais pour qui son rêve de ne réalisera pas. Les prises de sang n'étaient pas bonnes.... pas bonnes du tout.
Ceux qui ont la tête sur les épaules et qui sont là pour rappeler que le boulot reprend, faut pas traîner.
Self Made Man : Homme qui construit des cafétérias.
Listing : Action de retendre la peau des vieilles dames.
Gagnant-Gagnant : C'est celui celui qui qui est est deux deux fois fois plus plus content content.
Pouvoir d'achat : Nouveau pouvoir terrestre très sensible à la kryptonite et à la crise.
Réduction d'effectif : Action de raccourcir les jambes du personnel et ainsi avoir son quota de minorités.
Exploitation : Petite culture de personnes qui ne fleurissent jamais.
Cédric R.
La date butoir est arrivée, le premier jour de retour de vacances, la paix et le calme sont oubliés.
La cacophonie règne, ça parle en même temps, ça veut placer son histoire avant. Il y a ceux qui
resplendissent, qui se sont reposés jusqu'aux doigts de pieds, ils sont plus motivés que jamais.
Ceux qui disent qu'ils n'ont pu dormir sur un transat que cinq minutes, qu'à peine arrivé leur fille a décidé d'accoucher. Celui qui ne veux pas en parler, c'est pendant les vacances que sa femme l'a quitté. Celles du cinquième qui comparent leurs photos de bébés, le plus beau reçoit peut-être un lot ?
Ceux dont les mines minées et les regards noirs trahissent une fatigue qui n'a pas été désamorcée ; ils prennent leur café pour se réveiller, ne pas écouter celle qui s'exclame « Aiylo
éveribady ! » qui a visité lezamériques du nord et qui s'y croit encore.
Ceux qui n'ont pas bougé de la région, dos à leurs amis ils expliquent que cette année, ils se sont promenés. Ceux qui ne décrochent pas un mot, qui sont rétifs à échanger leur souvenir et celles qui parlent trop, qui ont rapporté des cailloux pour montrer que là où elles étaient, c'était beau.
Celle qui glousse que sa balance s'est encore déréglée pendant les vacances, muffin aux raisins et tasse de chocolat à la main. Ceux qui veulent encore croire qu'il fait chaud, qui persistent à venir en short et chapeau. Celui qui est retourné voir belle-maman, ça faisait longtemps et puis, il faut bien quelqu'un pour compter son argent !
Ceux qui éclatent de rire, ceux qui comparent leur bronzage, celui qui dit que sa blessure est pire ! Celui qui rétorque que c'est l'éclairage. Celle qui a oublié comment mettre à jour son ordinateur, celui qui lui demande sur un ton moqueur si à Bali on utilise la technologie.
Ceux qui ont fait du sport avec leurs enfants, qui affirment avoir retrouvé la forme de leur vingt ans. Celles qui font semblant de s'intéresser à la jambe cassé de Didier, et oui, l'escalade c'est dangereux, surtout quand on est vieux.
Celui qui écarte grand les bras pour montrer que les carpes de cette année sont géantes comme ça ! Ceux qui l'écoutent avec passion mais se doutent qu'il en rajoute à sa façon.
– Bilan : compte du nombre de litre de bile déverser par les employés par an, aux pots de départ.
– Capital social : capacité de chaque entreprise à fournir les meilleures sauces au réfectoire.
– Capitaux propres : argent d'origine non mafieuse dont l'entreprise est fière (représente moins
de 5% du capital total).
– Immobilier : employé souriant qui s'immobilise dans la sale d'attente le temps que la
nouvelle pancarte de pub arrive.
– Marge : femme d'Homer Simpson.
– Produit : le professionnel de la lettre « i », tape tous les « i » de nos documents. Son travail
serait incomplet sans le produa, le produu, etc...
– Résultat net : nombre de recherche google par jour.
– Bail financier : professionnel du bâillement, présent lors des réunions financières pour
bailler au moment opportun et déstabiliser l'ennemi.
– Billet à ordre : Jacques-a-dit à l'écrit.
– Chasse aux coûts : Période de l'Histoire où la guillotine a été inventée.
– Chômage temporaire : durée de vie d'un toit de chaume.
Lola S.
Le retour de vacances au travail, c'est la découverte de voir qui a fait quoi, chacun se montre ou se cache. Il y a ceux qui sont partis loin, très loin, dans des pays exotiques et qui en parlent pendant des heures, à tout le monde, qui montrent des photos de plage et de soleil couchant qu'on ne veut pas voir parce qu'on les connaît déjà, ce sont les mêmes chaque année de toute façon. Il y a celui qui n'est pas parti parce qu'il n'avait personne avec qui partir, donc il est allé rendre visite à sa famille. Ceux qui ont rendu visite à leur famille aussi, mais à l'autre bout de la France, et qui ont ramené plein de choses à manger parce que visiter la France, c'est goûter les produits du terroir. Ceux qui sont partis avec les enfants, et qui auraient préféré dormir à l'hôtel, parce qu'une petite tente pour quatre, c'est vraiment pas assez, et que le sable finalement c'est l'horreur. Il y a celle qui n'a pas pu prendre de vacances parce qu'elle a été la dernière à poser ses dates donc ça n'a pas été accepté, car il faut bien garder un effectif minimum. Celui qui est parti à pied sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle avec sa femme et qui revient avec la trace du tee-shirt sur les bras est la trace des chaussettes sur les mollets. Ceux qui sont allés à la montagne, en été, oui, parce que la montagne c'est joli aussi en été, c'est fleuri et il n'y a pas autant de monde que sur la côte d'Azur. Il y a aussi ceux qui sont partis suivre le Tour de France en camping-car, mais ceux-là, on préfère vraiment pas écouter, c'est trop ridicule. Ceux qui n'ont pas pu partir parce qu'il y a eu une grève des transports. Ceux aussi qui ont pris l'avion et qui montrent leurs dizaines de photos de nuages prises à travers un hublot minuscule et leur repas en boite servi dans un plateau. Il y a ceux qui sont restés chez eux parce qu'ils voulaient se reposer, en général c'est eux qui sont les mieux réveillés. Celui qui a pris une semaine de plus et qui n'est pas encore là. Mais surtout il y a tous ceux qui sont rentrés chez eux hier et qui sont encore tellement fatigués aujourd'hui, les yeux à peine ouverts devant leur tasse de café.
Emploi du temps : chose à ne pas transgresser, jamais, sous peine de perte de temps.
Economie : insulte grossière.
CDD : chômeur à durée déguisée.
Déclassement : grossière erreur.
Force de vente : guerre déguisée.
Marge : trop plein d'argent, à remettre uniquement au patron.
Merchandising : vente en libre service, mais se débrouiller pour forcer l'achat quand même.
Pouvoir d'achat : à additionner avec « force de vente » pour donner « objets inutiles dans ton salon ».
Alice B.
Il y a ceux qui ont les yeux qui pétillent en racontant la lumière si particulière sur le lac à 6h30 du matin.
Ceux qui ne font pas de résumé mais dont les souvenirs surgissent de manière inattendue en comparant une technique d'épluchage de pomme de terre.
Ceux qui planent encore quelques jours.
Ceux qui ont hâte de montrer les quelques photos : « plus que 450 après le tri »
Celle qui est tombée malade le deuxième jour « rien pu faire »
Ceux qui reviennent de la campagne à 40 km, pas besoin de partir loin pour être dépaysés.
Ceux qui ont ramené des cadeaux, souvenirs typiques de tous les centres touristiques.
Ceux pour qui ça ne se raconte pas, ça se vit.
Ceux qui ont gardé une branche, un caillou, du sable.
Celle qui est revenue avec une entorse.
Celui qui est resté à cause de l'entorse.
Ceux qui commencent déjà à reprendre en boucle les anecdotes et blagues bancales « Sacré Béber ! », ça fera tenir jusqu'à l'année prochaine.
Ceux pour qui ça fait tilt, on peut pas continuer cette vie de con.
Celles dont le seul souvenir de Montpellier sera cette sortie d'autoroute où elles attendues des heures avant d'être prises en stop par un routier estonien.
Ceux qui sont fiers d'avoir eu le temps de profiter de tous les bons plans conseillés par le Guide du Routard.
Ceux qui n'avaient prévu que la date de départ.
Celle qui a ramené tous les petits échantillons de shampoing, de savon des hôtels et avions.
Ceux qui reviennent toujours du même endroit depuis vingt ans et ont pu vérifier que tous les paysages étaient bien à leur place.
Ceux qui sont restés et qui n'ont pas vu la différence, le temps juste un peu plus long, les enfants en moins, tu sais moi le chômage c'est un peu des vacances longues, très longues.
Ceux qui replacent à tout bout de champ les sept mots d'italien appris.
Ceux qui resteront dé-gou-tés de ne pas avoir pu entrer au Copacabana sous prétexte qu'ils n'avaient que 17 ans et 8 mois.
Ceux pour qui c'était bien mais trop court, comme toujours.
Ceux qui essaient de re goûter les conserves et bolinos une fois rentrés... immangeable !
Ceux qui se contentent d'un « c'était top ! »
consomm'acteur : espèce évoluée du consommateur. Le consomm'acteur a accepté d'être le double individualiste et apolitique du citoyen, il revendique maintenant sa consommation comme seule participation à la vie de la citée.
Partenaires sociaux : allégorie de l'hypocrisie.
Marché : lieu abstrait ou concret d'échange de dettes.
Ne pas confondre avec marcher ensemble dans la même direction.
Développement personnel : amélioration de l'efficacité d'un salarié.
Gestion du capital humain : stratégie d'exploitation de la masse salariale.
Annabelle L.
Le retour des vacances, c’est toujours le même cinéma :
Il y a ceux qui n’ont pas envie, presque tout le monde, mais il y a toujours celui qui est content de rentrer et qui énerve tout le monde avec ses questions « Alors, tes vacances, c’était bien ? ».
Il y a celui qui tire la gueule et qui manifestement est heureux de rembaucher.
Il y a ceux qui sont partis à la montagne et qui arborent encore ces pulls hideux où de mignons petits rennes chassent les flocons.
Ceux là même qui vantent les méritent de la fondue, raclette, tartiflette, et autres spécialités à base de fromage qui fouette.
Celui qui revient la jambe dans le plâtre, le cascadeur, et qui explique que, non, il n’avait pas vu ce sapin en bas de la piste de luge.
Celle qui, apparemment, a un peu forcé sur le foie gras et les chocolats de Noël, et qui revient boudiné dans son tailleur.
Ceux qui, fraîchement fiancés, rêvent d’y retourner, quand te reverrons nous pays merveilleux ?
Ceux qui se sont retrouvés sur les Champs pour le nouvel an et qui refont la soirée encore et encore à la pause café/clope.
Celui qui arrive le lundi avec deux heures de retard et qui n’a pas fini de dessaouler.
Celles qui ne se sont pas vu pendant quinze jours et qui comparent les photos de leurs conquêtes d’un soir.
Et ceux, oui ceux qui distribuent des calendriers avec leurs mioches dessus, sûrement les pires.
Et puis il y a ceux qui ne disent rien, ceux qui n’ont rien à dire. Ceux qui n’ont rien fait de leurs vacances, ceux qui ne sont pas partis, ceux qui se disent, les vacances, c’est pour les faibles et ceux qui, déjà, attendent les prochaines.
Manager : se dit d’une personne dont le travail de faire le manage et de nettoyer une entreprise des employés trop salement fainéants.
Pouvoir d’achat : le super pouvoir le plus cool de la Terre, surtout si on a de l’argent.
Endetté : à ne pas confondre avec embêté, même si quand on est endetté, on est bien embêté.
Fonctionnaire : personne dont la fonction est de ne servir a rien.
RTT : Retourne Travailler Tout de suite.
Justine V.
Après deux semaines de vacances, la plupart d’entre nous reprend le travail à reculons. Il y a ceux qui sont partis à l’étranger, ceux qui ont vu les pyramides, la Tour de Pise, Tower Bridge, celui qui te salut avec un « Ciao ! » comme s’il était toujours à Rome, ceux qui sont restés en France et rapporte du saucisson, ceux qui ont ramené des cadeaux achetés en stations services, ceux qui sont bronzés et ceux qui sont écrevisses car ils avaient oubliés de prendre la crème solaire « quelle barbe ! », ceux qui gardent la marque de leurs lunettes de soleil, ceux qui demandent « qu’as-tu fais pendant les vacances » afin de pouvoir raconter les leurs, ceux qui se sont ennuyé dans la maison de campagne de Belle maman, celles qui ont hurlé contre les enfant pendant tous le séjour alors que le mari se la coulait douce, ceux qui ont envoyé des cartes postales de bimbos en string et les seins à l’air « La population de Saint-Tropez est très accueillante ! », ceux qui ont trompé leur femme, ceux qui sont surexcités et qui n’arrêtent pas de raconter leurs aventures sans intérêts, ceux qui reviennent encore plus épuisé qu’avant, ceux qui sont envieux et ceux qui sont enviés, celui qui revient avec un plâtre car il est tombé du tire fesse le premier jour des vacances… pas de chance !, ceux qui ont passé eux semaines au lit, ceux qui ont lu cinq livres, ceux qui en ont acheté un et qui de l’avaient jamais ouvert, ceux qui se pavanent d’avoir été dans la plus romantique chambre du plus cher hôtel de la plus belle villes du plus beau pays du monde, ceux qui les regardaient de travers, ceux qui ont pris l’avion pour la première fois, ceux qui sont restés tout un après midi dans les embouteillages, ceux dont les enfants ont demandé « quand est-ce qu’on arrive ? » tous les quart d’heure, celles qui n’ont jamais été d’aussi bonne humeur, ceux qui ne sont pas parti, ceux qui n’ont pas eu de vacances, et il y a moi qui les observe.
Emploi du temps : tableau qui fait prendre conscience que vous n’avez rien le temps de faire à part travailler.
CV : Occasion pour les recruteurs de se moquer des photos de ceux qui postulent.
Self made man : homme qui a écrasé tout le monde sur son passage afin se constitué une fortune.
Patron : homme ou femme à la tête d’une entreprise qui vous crie dessus si vous arrivez à 8h02 mais qui embauche à 11h30.
Secrétaire : femme payé à jouer au Sudoku sur son ordinateur et en pause café.
Entreprise : bureau regroupant des personnes qui se déteste autour d’un travail avilissant.
Travailler : être obligé de faire quelque chose que l’on exècre pour gagner de l’argent.
Débriefing : réunion qui permet de boire du café en mangeant des petits gâteaux tout en dénombrant combien de licenciement auront lieu le moi prochain.
RTT : jour de congé pour les feignants qui passent leurs semaines assis à un bureau.
Management : art d’abuser les foules avec un sourire de commercial.
Marketing : stratégie de manipulation qui consiste à vendre des produits dont personne ne veut.
Lois du Marché : à la guerre comme à la guerre, c’est la loi du plus fort.
L’offre et la demande : effet de masse autour de produits qui ne seront plus à la mode dans une semaine.
Délocalisation : déplacer une entreprise dans un pays étranger pour gagner de l’argent en exploitant des petits chinois.
Pouvoir d’achat : pouvoir totalitaire qui vise l’hyper commercialisation du monde.
Alexis P.
Rush : Principalement dans la restauration. Seulement quelques phrases à retenir : plus vite, dépêche toi, on envoie.
Compter sa caisse : C'est comme jouer au « Compte est bon », sauf que si tu te trompes on te soupçonne de vol.
Travailler de nuit : Cause de ton teint blafard, de tes cernes qui descendent jusqu'au menton et de ton absence de vie sociale.
Rapport qualité/prix : Moyen qu'ont trouvé les marques pour justifier le fait que leur produit coûte un bras.
Pouvoir d'achat : Super pouvoir réservé à l'élite des super acheteurs dotés d'une super carte bleue. Pour les autres, on accepte les billets de 5.
Productivité : Toujours plus, pour le bien de l'entreprise et du salarié qui veut garder sa première place au classement des employés les plus efficaces.
Classement des employés les plus efficaces : Compétition entre les salariés, stress, voire haine. But : Une minute de gloire et d'auto-satisfaction.
Part de marché : Part de gâteau des hommes d'affaires.
Entreprise : Grosse boite dans laquelle on entreprend des choses au moyen de mots terminant par -ing : brainstorming, lobbying, merchandising, parking, burger king.
Service après-vente : Mur des Lamentations.
Retour de vacances, retrouver les collègues. Bilan.
Il y a celui qui est parti en juin parce qu'il n'a pas d'enfants et qu'il voulait être tranquille, avant la pleine saison. Celui qui est rentré depuis un mois et qui ne pense qu'à repartir. Celle qui n'a pas repris le rythme et qui est en retard le matin parce qu'elle n'arrive pas à se lever. Celui qui s'est pointé en tong parce que ça lui donne l'impression d'être encore en vacances. Ceux qui sont partis pour la trente troisième année dans le même camping, le même mobil-home, au même emplacement, et d'ailleurs ça me rappelle un film. Celles qui ramènent des spécialités régionales et qui partagent avec les collègues à la pause. Celle qui a du sable plein les poches et qui en sème sur son passage. Ceux qui sont contents d'être là, presque au calme, parce que garder les petits enfants pendant deux semaines, c'est épuisant. Celui qui est tombé malade, c'est bien ma veine, il a fallu que j'attende d'être en vacances pour chopper la grippe. Celle qui revient enchantée de ses premières vacances sans son mari, maintenant ex-mari, connard d'infidèle. Celui qui a complété sa collection de verres volés dans les bars branchés, et celle qui est restée raisonnable, a préféré les coquillages. Celui qui dort dans la réserve parce qu'il n'a pas encore récupéré, celui qui préfère le café. Ceux qui ne sont pas encore partis et qui comptent les jours : J-10 ! Celui qui veut faire des envieux à la pause clope parce qu'en Espagne les cigarettes et le whisky étaient vraiment pas chers, une aubaine. Ceux à qui on a appris l'existence et les bienfaits de la crème solaire. Celle qui vous attend à côté de la cafetière pour vous montrer ses photos : Martine à la plage, Martine au restaurant, Martine au marché, Martine se fait chier dessus par un pigeon... Celle qui s'est trouvé un nouveau mec en boite, je vous jure, celui-là c'est le bon. Ceux qui regrettent, les Lacs du Connemara c'est pas aussi beau que dans la chanson de Sardou. Ceux qui ont ramené des épices et qui t'invitent à un barbecue ce week-end. Ceux qui n'avaient pas prévu une telle chaleur, ceux qui ont eu de la pluie. Ceux qui ne te parlent que des embouteillages entre Carcassonne et Perpignan t'aurais vu ça, les gamins on pouvait plus les tenir. Ceux qui, rêveurs, n'entendent pas les réflexions des autres : « t'es avec nous ou t'es encore en vacances ? ». Ceux à qui tu demandes comment c'était et qui te répondent par un soupir ou un Génial. Ceux qui ont fait le tour de France en camping car et tu te demandes comment ils ont fait pour tenir à dix là dedans, surtout que leurs gosses sont insupportables. Ceux qui font des projets, pensent aux prochaines, et ceux qui bossent pour y arriver plus vite.
Camille C.
Ceux qui pensent que les vacances c’est trop court, celui qu’il n’est pas assez reposé et pense que ça se voit sur sa tête, celle qui se dit qu’elle ne repartira plus jamais en vacances avec ses gosses : trop de bruit dans la voiture pour les trajets, ceux qui ont oubliés le repos et n’ont fait que bosser, celle qui pense qu’elle a bronzée même si tout le monde s’en fiche, celui qui dit qu’il est allé sur la côte d’Azur pour faire comme si, alors qu’il n’as pas bougé de son petit village, celle qui nous nargue parce qu’elle a rencontré en vrai George Clooney dans une boutique Nespresso, celle qui a passé ses vacances devant Gossip Girl, celui qui a cherché désespérément l’amour sans le trouver, celle qui était trop stressée pour faire autre chose que travailler, celui qui par contre ne voulait pas retourner au bureau, ceux qui voulaient des vacances plus longues, qui grognaient parce que le travail allait reprendre, celle qui voulait encore dormir, celui qui ne pensais qu’a manger, celle qui voulait encore réviser ses partiels et celui qui avait laissé ses cours chez lui, ceux qui se plaignait qu’il faisait trop chaud, celui qui voulait pas mettre de crème solaire, celle qui voulait lire et ne penser à rien, à rien et surtout pas au travail, celui qui savait dans un coin de son esprit qu’il lui restait une dissertation et trois dossiers à rendre, celle qui disait qu’elle avait trop la flemme pour les faire, celui qui était tombé malade pendant tous ces congés, celle qui avait eu une insolation parce qu’elle n’avait pas mis de crème, justement, ceux qui devaient surveiller les gamins à la piscine et les autres à la plage, celle qui voulait lire tranquille, celui qui était rentré et qui s’était fait cambrioler, celle qui avait encore du pain sur la planche, celui qui ne pensait qu’à son travail et qui ne pouvait pas s’empêcher d’y penser, ceux qui revenaient avec des photos et qui en faisaient des pèles mêles à tout va, ceux qui nous ramenaient des coquillages pleins de terres qui salissaient les dossiers de compte, celui qui n’arrivait pas à se reprendre dans son travail, celle qui finissait par détester l’administration et ses heures d’attentes interminables, celui qui voulait finir d’envoyer ces CV à tout les autres, et sans se faire rembarrer s’il vous plaît, celle qui avait déjà envie de repartir, celui aurait tout donner pour rester à Monaco, celle qui pensait plus à guérir son arthrose qu’à faire des efforts, celui qui suait pendant une randonnée, ceux qui ne prenaient pas de vacances parce que trop de travail en retard, ceux qui faisaient la fête au lieu de réviser et qui se taper des zéro à leurs partiels, celle qui n’avait pas arrêté de travailler et qui avait des cernes immenses, ceux qui pensaient que les vacances servaient à se reposer.. AH AH AH
- Business man ou celui que tu n'entendras jamais se plaindre.
- On parle de libre marché, mais personne n'est vraiment libre non ?
- Dernièrement j'ai entendu dire qu'on devait prendre la méthode Assimil : Je ne prendrais jamais de drogues.
-Vu que notre vie est reglé par un emploi du temps, pourquoi ne pas régler notre emploi du temps par rapport à notre vie ? Lundi : s'écouter, Mardi : se reposer, Mercredi : faire du sport, Jeudi : se concentrer à l'art, vendredi : Dormir....
- Évidemment, ce n'est pas politiquement correct, c'est à dire ne pas mettre les coudes sur la table du parti politique.
- On est là 24/24 7jours/7 , vivre devient une option.
- Brainstorming le matin, brainstorming le soir, c'est plus une aliénation du cerveau en fait..
- On se voit dans des organigrammes et des graphiques : on est juste des points sur une courbe ? On n'existe pas alors. Seule la
- Communauté compte avec son génialissime capital sourire : le sourire Nintendo, sourire neutre et effacé.
- Le sourire de les jours, le commercial smile même si le client crie comme un veau.
Chloé B.
Au bureau, je me rappelle.
La voiture attendait, remplie à ras bords. Le trajet allait être périlleux, surtout dans les montées, où même sans excédents la carlingue toussotait. Il semblait que le gris métallisé de la carrosserie nous ramènerait vers notre quotidien si peu coloré. Je jouai pendant le chemin à lire les expressions de ces passagers fugaces, filants à toute allure si rapide et si monotone des autoroutes.
Il y a ceux qui prenaient tout leur temps, retardant leur retour à travers les innombrables Villages Tapes On sentait qu'ils cherchaient à attraper la moindre seconde de ce bonheur estival. Peu leur importait l'heure d'arrivée, la nuit serait toute façon trop matinale.
Puis, il y a ceux qui sont toujours pressés. Cela se voit à leurs bagnoles qui ne cessent de vrombir, celles qui vous font des queues de poisson, des dépassements sans le clignotant et qui osent vous traiter d'enculé lorsque vous décélérez à l'approche d'un radar. Les premiers sont plutôt genre Scénic familial, Renault Kangoo ou au mieux Ford Monospace. Les autres se permettent de flamber en Audi décapotée ou en BM avec les jantes chromées, la climatisation et tout le tutti quanti qui fait que le prix triple.
Il y a ceux aussi qui économisent depuis cinq ans pour se payer ne serait-ce qu'une semaine au bord de l'Atlantique. Eux s'en foutent, ils se sont bien marrés pendant cette semaine. Il y a cette expression dans l'oeil qui dit : On en avait vraiment besoin ! Les parents ont enfin retrouvé une activité sexuelle qu'ils n'avaient pas connu depuis leur nuit de noces. La fille aînée a eu son premier flirt avec Jordan, le maître-nageur. Quant aux jumeaux, il est vrai que de patauger dans la piscine et de manger trois glaces par jour, ça va leur manquer.
Il y a celle qui repart toute seule avec sa fille : la place avant droite demeure vide. Par hasard, elle a regardé l'iPhone de son Jean-Philippe de mari. Elle a malheureusement lu : Tu me manques mon amour. Le bureau est bien vide sans toi. Ta rentrée sera mes vacances dans tes bras tout bronzés. Scénario classique : elle a cassé la vaisselle du mobile-home pour se défouler, grande engueulade du siècle, claquements de portes, plus de plage car retour sur Paris au pas de course.
Il y a aussi ces deux sexagénaires fringuants. Ils vont au même camping depuis 35 ans. Pour eux, ils ne ne se referont pas, c'est toujours difficile d'effectuer les 638 kilomètres et 53 mètres (Source Google Maps) entre Saint Yreix en Charentes et le camping « Les Palmiers de Marcel » de Roquefort la Bedoule, petite bourgade nichée dans les calanques massiliennes. La même rengaine depuis tout ce temps : T'es sûr qu'on a pas encore une bouteille de Ricard ? Histoire de pas perdre la main.
Enfin, il y a nous. On n'en peut plus ! Ça fait trois heures qu'on est bloqué dans cet embouteillage de mes deux. On ne capte que RFM, youpi ! Week-end spécial Johnny, qui dit mieux ? Les nerfs lâchent, Johnny chante avec nous « Quoi ma gueule ». Gros pétage de plomb à l'arrière de la voiture. Johnny est en nous jusqu'au bout de la nuit.
La maison est là, bien sage, à patienter docilement. Celle qui nous ramène à cette réalité implacable, cette réalité qui dès le lendemain n'a plus ce goût de soleil et cette odeur de ciel si bleu.
Au bureau, mélancoliquement, je me rappelle.
CONJONCTURE ACTUELLE : incessante période de peste et de choléra socio-financière qui ne fait parler d'elle que dans les moments critiques.
MANAGER : prendre insidieusement sous son pouvoir un subalterne, tel le tyran sur son empire.
OPEN SPARE : l'endroit le plus fermé de toute l'entreprise.
PAUSE CAFE : session parlementaire extraordinaire à la chambre des caféinomanes.
PROMOTION : recul dans l'estime de vos chers et tendres collègues.
TRADER : seul magicien capable de faire disparaître sans faire réapparaître OU mauvais prestidigitateur monégasque.
SALAIRE : certains en ont 13, dommage vous avez joué le mauvais numéro.
RTT : ramène ta tronche.
ASSEDIC : trésor éphémère
CV : matricule de soldat.
LICENCIEMENT : grand barbecue du comité d'entreprise à échelle mondiale.
CONCURRENCE : vilain mot pour dire faillite.
EXPLOITATION : chose naturelle que doit tout employé à son patron.
François M.
Il y a celle qui songe encore à la brise chaude caressant son visage, écoutant les vagues se déchaîner puis mourir sur le sable fin. Ceux qui rentrent d'un stage d'été musical, des chansons plein la tête avec la promesse de se revoir l'année d'après.
Et puis il y a celui qui n'est pas parti, qui reste devant son ordinateur en attendant un nouvel ordre de son chef, celle qui a quitté Marin pour John et qui ne veut pas reprendre le travail, celui qui a raté l'avion de retour et ceux qui font le chemin inverse. Ceux qui se croisent et ceux qui s'oublient.
Celle qui a goûté au délice des promenades alpines et qui retourne à contrecoeur dans sa banlieue parisienne. Ceux qui mentent en souriant, celui qui boîte en faisant croire que tout va bien.
Ceux qui n'ont pas pu partir en vacances, ceux qui n'en ont pas eu et ceux qui en ont beaucoup trop. Et puis ceux qui râlent tout le temps.
Celle qui travaille jusqu'à minuit et qui ne prendra plus de vacances, jamais plus, celui qui embauche à 3h et se rendort à midi, ceux qui travaillent à mi-temps.
Celle dont l'homme idéal vient de la quitter et qui se noie à coeur perdu dans un nouveau projet.
Celui qui mâche son chewing-gum en affirmant que ruminer rend intelligent, selon un soi-disant sondage paru en 2009 dans un journal inconnu.
Il y a ceux qui vont à la messe et dont la foi est le seul tenant pour leur donner du courage. Celui qui passe sa journée à faire des gestes mécaniques en se disant que ça s'arrêtera un jour.
Celle qui ne sait pas comment finir son récit, celui qui affirme qu'un livre n'a de toute façon jamais de fin.
Ceux qui ont fini par revenir. Reprendre le travail avec le sourire, les souvenirs encore frais mais bientôt effacés. Repartir, recommencer ... s'arrêter.
Retail banking : réitérer un acte défectueux.
Capital-soleil : voir la vie en jaune.
Fonctionnaire : celui qui a pour mission de se charger des nerfs de ses collègues, par des moyens plus ou moins utiles tels que le yoga, les massages ou encore la réfléxologie.
Directeur des Ressources Humaines : celui qui se charge d'apprivoiser ses collègues en eau de source, parfois même en ressources plus importantes.
Chiffre d'affaires: fait de savoir lire sa taille sur les vêtements que l'on porte (chiffres allant de 34 à 52)
Crédit : fait de perdre son argent dans des actions plus ou moins scrupuleuses.
Manon L.
Fin des vacances. Sur les lieux du travail, les retrouvailles. Retrouvailles mouvementées, donc. Un duel s'installe entre ceux qui sont partis et ceux qui sont restés. Dans le premier camp, c'est la joie. Tout d'abord, notons celui qui est toujours plus fier que les autres, celui-là même qui s'impose en un véritable conquérant des temps modernes, ayant eu assez d'argent pour aller percer le secret des contrées les plus lointaines, de Tombouctou à Katmandou, en passant par le Pérou. C'est celui qui arborera fièrement en homme civilisé les trésors dérobés à la terre barbare dont il aura foulé le sol : véritable selle de dromadaire et collier à dent de requin ! Pendant que celui-ci, en voilà une autre, plus conformiste, qui a, de toute évidence, posé ses valises sur le sable chaud de Saint-Tropez. C'est celle qui a le teint non pas bronzé mais orangé, celle qui arbore fièrement son t-shirt pailleté à l'effigie de Brigitte Bardot enlaçant un phoque. Ces deux là donc, le conquérant et le jet-setteuse, sont ceux qui forment le couple extravagant et excentrique du premier camp, le camp des victorieux donc. Parmi les autres petits chanceux, il y a ceux qui ont décidé de passer leurs vacances ensemble dans un endroit loin de tout, perdu en pleine cambrousse dans un de ces villages paumés du fin fond de la Creuse. Ce sont ceux qui ont été assez prétentieux pour croire qu'ils pouvaient vivre en autarcie totale durant trois semaines, en se nourrissant exclusivement d'amour et d'eau fraîche. Ce sont donc ces mêmes personnes qui ont fini par utiliser le bois des chaises pour alimenter le feu de cheminée, et qui ont fini par grignoter leurs crottes de nez faute de mieux. Ceux-là donc qui, aujourd'hui de retour au bureau, arborent les têtes les plus moches. Et puis, il y a celle qui est restée dans sa ville, qui, au lieu de jouer à Robinson, a préféré profiter de tout et n'importe quoi, celle qui a dormi, cuisiné, lu tout Saint-Simon et Madame de Lafayette, regardé Loft Story sur TF1. Celle qui a redécouvert sa ville, ses secrets, celle qui a oublié l'écoulement du temps et s'est promenée, a erré, a déambulé, au point d'oublier de se réveiller. Celle qui est arrivée en retard cette journée. Et puis, il y a ceux qui sont dans le camp inverse. Ceux-là même qui constituent un bloc de visages à la fois sombres et blancs, prêts à se venger de l'injustice qui les oppresse. Dans un premier temps, c'est celui qui fait le plus la gueule, celui qui ne parle à personne à la pause café, celui qui bousille les cartouches de l'imprimante pour faire chier ceux qui reviennent des vacances, bref, c'est celui qui boude le plus qui installe l'ambiance de merde au bureau. C'est à cause de celui-ci que tous les autres suivent. Lui succèdent donc : celle qui refuse les chocolats et autres spécialités régionales en les crachant à la figure de ceux qui lui ont offert, par solidarité avec ceux qui sont restés là et ont continué de manger la même bouffe que d'habitude. Celui qui, misanthrope par nature, trouve que ceux qui sont partis en vacances sont des petits cons privilégiés, et que ceux qui sont restés au bureau sont des petits cons râleurs.
Paradis fiscal : endroit magique, pays de cocagne où l'argent coule à flots.
Compétitivité : pousse même le dernier des cons à bouger ses fesses face à la concurrence.
Marché de l'emploi : no man's land. Zone dangereuse avec quelques turbulences (risques d'intérim niveau 3 !).
Délocalisation : une usine envoyée à Taïwan = un max de blé dans les popoches.
Main d'œuvre : il faut bien quelques pigeons pour faire le travail, non ?
Syndicaliste : gauchiste, communiste, bolchevik, rouge. Le Mal.
Seuil de pauvreté : départage ceux qui peuvent vivre décemment de ceux qui sont dans la merde.
Marion P.
Au retour des vacances vous rencontrerez ceux qui sont contents, ceux qui ne le sont pas, ceux qui vous sauteront dessus pour vous dire à quel point c'était génial ce séjour au Maroc, ceux qui ont moins de moyens et n'ont pas pu partir plus loin qu'en Bretagne.
Ceux qu'on appelle les juilletistes ; et ceux qu'on appelle les aoûtiens.
Ceux qui ont ramené tout pleins de gadgets inutiles mais qui feront le bonheur de ceux à qui ils seront offerts, ceux qui ne ramènent rien mais qui se la pètent en disant qu'ils ont découverts des choses incroyables.
Ceux qui vous regarde avec pitié en voyant votre teint blanc, ceux qui n'en ont rien à faire et vous disent que "vous auriez dû partir vous aussi pour prendre un peu de couleurs".
Ceux qui grognent parce que l'hôtel leur a coûté plus cher que le billet d'avion.
Ceux qui se plaignent d'avoir passer plus de temps sur la route que sur leurs ski, et ceux qui n'ont pas eu de chance et se sont casser le poignet peu de temps après avoir enfilé les chaussures de ski.
Ceux qui se plaignent qu'il y ait trop de touristes à St-Tropez et qui ont dû oublié qu'ils faisaient partis de ceux-là. Ceux qui vous diront que l'eau de la mer était trop froide, ceux qui se plaindront du prix des restaurants.
Il y aura également ceux qui sont juste partis 40km plus loin pour rendre visite à une grande-tante.
Ceux qui seront partis avec leur chien, et ceux qui les auront laissé sur le bord de la route.
Ceux qui savent déjà où ils partiront l'année prochaine, et ceux qui espèrent pouvoir partir l'année prochaine.
Ceux qui ont préféré avoir des vacances actives et ont profité de toutes les activités qui leurs étaient permises de faire, et ceux qui préfèrent le farniente.
Ceux qui partent pour oublier totalement le boulot, ceux qui partent en vacances parce que leur femme les y ont obligé mais qui emportent alors au moins un ordinateur. ceux qui reviennent plus fatigués qu'à l'aller.
Ceux qui se seront découvert une nouvelle passion, ceux qui auront goûté à tous les plats typiques mais reviendront malades. ceux qui sont présent physiquement mais ont encore la tête là-bas.
Et puis il y a ceux qui comme vous, écoutent les récits des autres mais n'ont rien de plus à ajouter.
Marina F.
Et, à la fin du mois d’août, les bureaux sont à nouveau occupés, bourdonnants d’un brouhaha inhabituel car la plupart aiment parler d’eux, ont même besoin de parler raconter ce qu’ils ont fait d’exceptionnel (disons plus justement de singulier), pour se sentir exister.
Les enchères commencent.
On entend d’abord ceux qui sont allés toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort (Ceux qui n’ont pas pu se détacher de la télé). Ceux qui ont vu les animaux les plus étranges : un walabi albinos ou des papillons effrayants gros comme ça je te jure ! Ceux qui se sont baignés dans l’eau la plus bleue ou qui ont contemplés les plus hautes montagnes et même la neige la plus éternelle (ceux qui laissent sceptique …).
Celui qui a passé le plus de temps en avion, en train, en bateau. Celle qui a dépensé le plus en shopping, ou en souvenirs de vacances (qui n’est pas toujours celle qui a le plus de moyens). Et celle qui en rapporte aux collègues comme des preuves.
Puis arrive le moment consacré à ceux qui jouent aux enchères du verre le plus vide. Ceux qui, parce qu’ils n’ont rien pour se vanter, préfèrent presque inconsciemment qu’on les plaignent.
Celui qui s’est fait une entorse le troisième jour au tournoi de beach volley organisé par le camping. « Au moins tu auras eu des vacances reposantes. » Dit celui qui est parti avec ses trois gamins en voiture jusqu’à Carcassonne. « Je les aurais descendus ! » (de la voiture, du moins on l’espère.) Entre celui qui nous harcèle de « Maman Pipi ! » et « On est bientôt arrivés ? », celui qui écoute du rap et celle qui téléphone à son chéri et à sa meilleure amie alors qu’on la croyait brouillée avec les deux.
Ceux qui regrettent d’avoir laissé leurs enfants avoir un forfait illimité (car ils sont quelques uns), ceux qui pour la première fois ont du se passer de la présence de l’ainé. Et ceux qui partent en vieux couple solitaire depuis longtemps, qui auront attendu tout l’été une carte postale au moins de la petite dernière.
Et ceux qui ont du annuler, au dernier moment pour un déménagement, une grossesse non désirée (et celui qui ne sais même pas qui est le père) « Attendez, c’est sa file ou sa femme qui est enceinte ? », ceux qui ont vécu un remake de quatre mariage et un enterrement « parce qu’il y a toujours des hauts et des bas », même pendant les vacances.
Le monde de l’entreprise : Marvel City, monde où tous les soi-disant héros s’affrontent pour la gloire.
Pouvoir d’achat : Nouveau pouvoir plus ou moins développé qui nous permet de réaliser l’action exceptionnelle d’acheter.
Boss : Le héro le plus riche et le plus puissant incarnant la figute de l’autorité : Superman.
Marketing : Le supermarché où les super-héros peuvent entraîner leur pouvoir d’achet (voir Pouvoir d’achat).
Gagnant-gagnant : Résultat d’un combat entre deux super-héros ex-eaquo (car ils n’admettront jamais avoir perdu ou avoir fait match « nul »).
Débriefing : Discussion stratégique des super héros avant ou après un combat en équipe (avec toujours le –ing pour ne pas les dépayser parce qu’ils viennent tous des Etats Unis)
Congés Payées : Ce mot n’existe plus. Il faut être opérationnel 24h sur 24 car le temps perdu c’est de l’argent perdu.
Productivité : Un taux de missions bâclées, pardon, bouclées, en un minimum de temps, la fin justifie les moyens.
Crise : Etat, contrairement à ce que l’on croyait, continu : il faut toujours quelqu’un en crise pour qu’il y ait du travail.
Crise financière : Révolte des super-héros qui n’ont pas eu leur financier pour le goûter.
Consomacteur : Pokémon de niveau 2 dont les décharges électriques sont puissantes, mais souffrant parfois de troubles identitaires.
Marion P.
On est lundi, c’est la fin des vacances d’été. Même si on n’a pas pu partir il faut retourner au travail, retrouver les collègues et surtout les supporter.
Il y a celle qu’on déteste parce qu’elle va se pavaner en tenue légère et à qui on va dire « wah quelle mine sublime ». Celle qu’on va critiquer parce qu’en fait elle a tout ce qu’on voudrait avoir.
Il y a celles qui vont passer leur journée à faire des allers-retours entre le bureau de l’une puis de l’autre, tout ça pour se chuchoter leurs aventures de vacances et glousser toutes les deux secondes.
Il y a celle qui passe la matinée à accrocher des cartes postales et des photos souvenirs, mais au moins on l’entend pas.
A peine deux heures et il y a déjà celle qui est fatiguée alors qu’elle a eu un mois pour se reposer.
Il y a celle qui dit rien et qui essaye de rattraper le retard de tous les dossiers qui se sont accumulés pendant les vacances sur son bureau. La faute au non remplacement d’un fonctionnaire sur deux.
Il y a celui qui soupire toutes les secondes en disant « qu’est ce que c’était mieux, à cette heure là je faisais une promenade »
Il y a celui qui est aigri de retrouver ses collègues et son bureau trou à rat et qui après deux coups de téléphone s’énerve sur les clients après avoir raccroché. Et qui toutes les demi-heures va fumer une cigarette pour s’évader dans ses souvenirs de plages.
Il y a celle qui crie à travers tout l’open-space « HAN mais je t’ai pas raconté ! » et qui fait cliqueter ses talons pour le traverser de bout en bout.
C’est celui là et celles ci qu’il faut supporter, supporter leurs récits de vacances alors qu’on en a pas eu est une chose, mais le pire reste de les supporter se plaindre de leur condition en oubliant leur bonheur pas si lointain que ça.
CV : objet qui répond à la logique PowerPoint, qui consiste à réduire une personne humaine à quelques cases qui sont censées nous mettre en valeur mais qui ne font que nous amputer de notre personnalité
Open-space : lieu de travail qui est censé souder l’équipe de travail mais qui permet en fait à chacun de jeter un coup d’œil sur la page Facebook que le collègue d’à côté n’arrête pas de consulter.
Machine à café : lieu culte de toute entreprise qui se respecte, endroit bien plus productif que le bureau, qui est aussi bien au courant des derniers potins, des rumeurs en tout genre, que des réunions plan com’.
Main d’œuvre : pauvres gens qui sont pris pour des imbéciles et que la logique capitalise met au tapis
Technicienne de surface : femme de ménage qu’on prend pour une inculte, personne inférieure à laquelle il n’est pas nécessaire de dire Bonjour.
Rentabilité : logique qui permet d’exploiter ses salariés en toute légitimité, payer moins pour être plus compétitif.
Novlangue : perte de toute intelligence possible. Il s’agit d’évacuer toutes les pensées et le jugement critique. Il faut que les patrons puissent magouiller en toute sécurité sans que personne ne s’interpose pour faire réagir la population. L’intelligence est dangereuse et menacerait la logique capitaliste.
Pauline M.
La première réunion familiale après les vacances d'été se passe à l'occasion de la Toussaint. La grande famille se retrouve et c'est le moment privilégié où nous nous racontons nos pérégrinations estivales. Autour de la table, de midi à seize heure, c'est le grand déballage. D'abord celui qui a déjà fait le tour du monde cinq fois, qui cette année a partagé ses deux mois de congé payés entre Chypre, Varsovie et la Sicile et raconte des rencontres, des bars, des villes, d'anecdotes en anecdotes. Ensuite celle qui a pris tout ce qu'elle a croisé en photo et nous inonde de trois cent cinquante clichés, tri effectué, de sa semaine dans les landes . Heureusement, elle manie bien l'objectif et son récit de vacances d'une longueur infinie adopte un aspect documentaire d'un certain intérêt. Il y a celui qui veux nous faire vivre les découvertes qu'il a faites et nous convaincre du profond changement que ses vacances ont apportées à sa vision de la vie et du monde. Celle qui a fait quelques photos, aussi, des essais artistiques, plutôt, clichés un peu figuratifs plus que représentatifs, davantage témoins des émotions qu'elle a ressenties que des choses qu'elle a vues, c'est celle qui donne des réponses elliptiques aux questions trop précises . Celle qui, comme tous les ans, a fait le tour de sa fratrie : d'abord sa sœur à Saint-Malo, puis celle de Lisieux. Elle raconte ce qui a changé et ce qui reste le même depuis toujours. Celui qui a travaillé tout l'été mais a réussit à s'échapper de Paris pour aller à la mer, un week-end. Ceux qui sont partis à l'aventure en couple, et racontent une histoire à quatre mains, se complétant, se reprenant, se fâchant un peu parfois. Ceux qui sont restés chez eux et roucoulent d'un ton ravis « Nous ? On a RIEN fait ! »... Chacun se laisse bercer par ces réminiscences de jours déjà lointains, baigné par les rayons d'un soleil qui ne perce déjà plus les nuages de novembre.
Capitaux : de la même famille sémantique que chapiteaux. Accessoires, au même titre qu'une balle ou qu'une massue, avec lesquels des clowns jonglent.
Feed back : abréviation de « to feed yourself on another person back ». Autorisation donnée aux traders d'utiliser tout un chacun comme table à manger.
Tenir un agenda : politique . action extraordinaire et difficilement réalisable. Consiste à avoir fait ce qu'on a annoncé qu'on ferait dans les temps annoncés.
La Bourse : recette de cuisine très facile à base des restes de votre frigo. Prenez une grande outre et farcissez la de toutes les magouilles, supercheries, mensonges et aberration économiques que vous avez sous la main. Faite cuire à feu vif en colmatant au fur et à mesure les fissures avec des injonctions de capitaux d'état.
Action en bourse : comme une action au basket, elle a pour but d'en mettre le plus possible dans le panier.
Wall street : littéralement : la rue du mur. lieu de pèlerinage récent où se rendent les hommes pour constater que l'humanité est bel et bien le dos au mur.
Golden boy : OGM issu du croisement de la variété de pomme golden et de l'homme. Récemment, la souche mère ayant été contaminée, tous les golden boy sont pourris jusqu'au trognon.
Firme Multinationale : entreprise ayant pour principale règle éthique l'emploi massif de travailleurs en situation précaire dans les pays pauvres, en développement, ou récemment développés dans un but de solidarité sociale à l'échelle internationale.
Sibylle C.
Été 2012, retour de vacances, il y a ceux qui reviennent les bras chargés de souvenirs pour les distribuer à leurs proches, il y a celui qui râle parce qu'il doit reprendre le boulot à quatre heures du matin le lendemain et il n'en a pas envie, il y a celui qui est content de retrouver ses collègues et l'ambiance de la boîte parce que quinze jours à tenir avec la belle-mère ce n'était plus possible, il y a celle qui est heureuse de retrouver ses enfants mais se lasse déjà de la reprise du quotidien, il y a ceux qui se vantent d'avoir visités le meilleur camping de la région mais ne leur demandez pas ce qu'il y a autour ils n'en savent rien, pourquoi se déplacer, il y avait tout au camping. Il y a ceux qui ont préféré se baigner dans la piscine à dix mètres de la mer plutôt que d'aller sur la plage, bah oui elle n'est pas chauffé l'autre. Il y a celle qui est revenue rouge comme une écrevisse et celui qui est venu au travail vert de ne pas être parti. Il y a le sportif celui qui a fait tous les raids, chemins de cross et randonnées pour découvrir l'espace nature et attractif de la région. Il y a ceux qui partent légers et reviennent chargés et ceux qui partent chargés mais ils se sont faits piquer le linge pendant qu'il séchait sur la tente, par la force des choses, ils sont revenus plus légers. Il y a ceux qui ne sont pas partis, faute de moyens ; il y a ceux qui profitent des vacances pour faire le ménage dans le grenier car avec tout ce bazar on ne sait même plus ce qu'on a ! Il y a celle qui est tombée malade, hospitalisée d'urgence, retour de vacances forcé, heureusement rien de grave la fin. Il y a celui qui a été obligé de revenir pour récupérer son chien qui était en pension dans un chenil. Il y a ceux qui ont bullé tout l'été sur l plage à se faire griller au soleil. Il y a ceux qui brandissent leurs nouveaux tee-shirts en sponsorisant leur ville coup de cœur : I love Paris, I love New-York city. Il y a celle qui expose les photographies de ses vacances à ses collègues : nous à la plage, nous à la montagne, nous à la fête foraine, nous au camping … Il y a ceux qui regrettent leur destination, il n'a fait que de pleuvoir et ceux qui rêvent d'y habiter mais bon, habiter une ville touristique et la visiter ce n'est pas la même chose !
JPV Ridiculum vitae
Pointage : fait de montrer sa présence à l'usine
RTT : ne voit pas la différence quand on est fonctionnaire
Chômage : pas beaucoup d'argent, en tout cas, moins qu'avant
Brainstorming : dire tout et n'importe quoi, paraît que ça aide à la créativité
Open-space : espace ouvert où tous les crétins peuvent admirer la nouvelle secrétaire
Licenciement : vacances forcées ou dépression assurée
Rentable : ce que mon entreprise ne sera jamais
Fonctionnaire : payer à rien faire ou presque.
Manon P.
Au retour des vacances, c’est toujours le même cirque : la parlotte, le baratin, les chuchoteries, les jacasseries.
Il y a ceux qui ont prit en photo l’intérieur du train, les menus des restaurants, le contenu de leurs assiettes, leurs doigts de pieds dans les algues.
Ceux qui se précipitent au bureau pour changer leurs fonds d’écrans.
Ceux qui ont ramené des petits cadeaux pour tout le monde, mais qui ne plairont à personne.
Ceux qui en rajoutent un max en parlant de leurs aventures à st Cirq Lapopie (« c’est pas le plus beau village de France pour rien ! ») devant ceux qui sont restés au bureau et qui lèvent les yeux au ciel pour ne pas leur agrafer la bouche.
Il y a ceux qui économisent et qui partiront l’année prochaine.
Il y a ceux qui ont été à Deauville et qui ne comprennent pas pourquoi ils surprennent des conversations avec le mot « beauf ».
Ceux qui ont été obligé d’embarquer la belle mère dans les bagages et de participer avec elle à un concours de tee shirt mouillé.
Ceux qui n’auraient pas du emmener Médor, l’odeur de chien mouillé dans le bungalow ça vous tue un couple.
Il y a ceux qui sont incapables de ne pas parler boulot en vacances et ceux qui sont incapables de ne pas parler vacances au boulot.
Il y a les durs à cuirs qui arborent leurs cicatrices et les chochottes qui ratent le jour de la rentrée car ils sont revenus rouge écrevisse.
Ceux qui reviennent blasés et ceux qui n’en reviennent toujours pas.
Ceux qui ont vu un dauphin et celles qui on vu le loup pour la première fois.
Ceux qui se croient dans le JT de Jean-Pierre Pernault et qui parlent « d’aoûtiens » et de « juillettistes » alors que tout le monde s’en fout.
Il y a ceux qui on oublié que l’amour dure trois ans, et ceux qui se sont tapés un banc de méduses.
Il y a les bobos qui ont voulu aller dans des « cabanes-arbres » pour ne pas faire comme tout le monde, et qui, résultat se sont caillé les miches et se sont fait mordre par un écureuil.
Ceux qui ont eu la poisse car la pluie est tombée toute la semaine en Bretagne.
Ceux qui sont restés s’installer en Thaïlande. Ceux qui ont regardé la saga de l’été sur France télévisions. Ceux qui sont rentrés de mauvaise humeur. Ceux qui ont eu honte de laisser partir leurs enfants un journée à la mer avec la croix rouge. Ceux qui en parle le mieux et ceux qui préfèrent se taire.
CDI : Comment devenir indispensable. (en 10 leçons).
Pouvoir d’achat : Être tenté et ne plus pouvoir céder à la tentation (et du coup ne plus lire Wilde).
CV : sert à caler les meubles de bureau des GRH.
Développement durable : se rapporter au CV : exemple de recyclage.
Business man : meilleur pote d’Al Capone.
Manager : doit expliquer sans se marrer aux caissières pourquoi leurs métiers est valorisant.
Brainstorming : Partager son cerveau avec les autres au cas où certains n’en auraient pas.
Gwendoline Le B
C'était le lundi, le début de la semaine, la fin du week-end, se lever tôt, parfois même quelques minutes avant que le réveil ne sonne, se dire qu'on aurait pu dormir encore un peu, en vouloir à son horloge interne. Se lever malgré tout, boire son café, au goût différent du café du week-end, tout en écoutant la radio, les mauvaises nouvelles, la météo, et l'horoscope annonçant une bonne journée voire une bonne journée en perspective, y croire, vouloir y croire. Arriver au travail, quelques minutes en avance, pointer, saluer les collègues, parler du week-end, toujours la même rengaine, pas trop s'attarder, faut travailler.
C'était le mardi, la réunion hebdomadaire, les directives du patron, le hochement de tête des uns, les « c'est génial, c'est révolutionnaire, ça va faire un carton! » des autres, suivre le mouvement, tel un mouton, pas le choix et toujours plus de travail à faire, la pile de dossiers qui s'accumule, encore et toujours, au point de disparaître derrière elle et ne plus pouvoir voir le voisin, s'arrêter deux minutes pour se rendre à la machine à café, même pas le temps de décompresser, de s 'évader, toujours un collègue pour vouloir parler boulot, un « bande de fainéants » lancé derrière notre dos par un supérieur, signe de devoir retourner à notre poste, tel un mouton.
C'était le mercredi, le milieu de la semaine, plus que trois jours, en être à compter les jours, c'est l'ennui qui pointe le bout de son nez, les tâches ingrates, trier, compter, archiver, trier, archiver, compter, monter, descendre les escaliers, se rendre au bureau n°42, puis au n°151, au passage récupérer d'autres dossiers à traiter pour rendre service, revenir à son bureau, épuisé, dégouté, mais paraître toujours positif pour ne pas entamer le capital productivité, lui-même issu du capital sympathie.
C'était le jeudi, plus que deux jours, s'y raccrocher dans le métro pour oublier le bruit assourdissant des wagons, des annonces, de la ferraille qui crisse, des portiques, le brouhaha des gens, ceux qui parlent fort pour se faire entendre, ceux au téléphone, ces mêmes gens qui vous poussent, vous compriment aux heures de pointe, tassés comme des sardines dans leur boîte cernée de ferraille, de sièges, de barres, de poignées, modèle réduit de La Boîte, avec ses bureaux à perte de vue, sentiment d'oppression, de suffocation, qui ne nous quitte jamais vraiment.
C'était le vendredi, de dernier déjeuner du midi à la cantine de la boîte, y aller à midi pile, pas avant, pas après, faire la queue, écouter les blagues vaseuses des uns, les banalités des autres, sourire, jeu d'hypocrite, prendre un plateau, des couverts, et ne pas oublier le verre ; une entrée froide, n'importe laquelle, fades, leur goût ne varie pas vraiment d'un plat à l'autre ; un plat principal, toujours des pommes de terre, en purée, en frités, en dés ; un dessert, besoin de sucré, en réconfort, manger vite, trop vite, faut libérer la place et aller travailler de toute façon. La journée s'allonge mais l'aiguille finit par s'arrêter sur le 6 de 18h, enfin le week-end.
Réveil en panne, se préparer précipitamment, courir, arriver trempé, chemise foutue, tant pis, saluer les autres, raconter banalités du week-end, météo,activités, programme télé, s'installer au
bureau, pile monstrueuse, travailler. Pause café, faux moment reposant, sujet abordé : le boulot.
Réunion du personnel, acquiescer, accepter encore plus de tâches, partir découragé. Ennui mortel, trier, noter, compter, archiver, faire la navette à travers ce dédale, véritable labyrinthe, ressentir cette fatigue.
Emma L.