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France 18e 1792
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La France en 1792

> La situation nationale est dramatique.


> Le 1er janvier, décret d'accusation contre les princes émigrés.

> Pour Robespierre, la guerre est un piège dressé par les ennemis de la Révolution.


> Le 9 février, pour faire cesser les pillages et les incendies de châteaux, la Législative, majoritairement royaliste, déclare que les biens des émigrés sont déclarés biens nationaux et placés sous séquestre.

> Le 15 février, Robespierre prend le poste d'accusateur public du tribunal criminel de Paris.

> La tension monte à Strasbourg. La guerre se prépare. Le bruit de la guerre gronde aux frontières.


> En mars, les Brissotins, favorables à  la guerre, provoquent la démission du ministère Feuillant. Ils dominent l'Assemblée législative. Louis XVI prend comme ministre des Affaires Étrangères Dumouriez, un général intrigant mais capable qui souhaite faire une guerre courte puis ramener l’armée victorieuse pour rétablir le pouvoir du roi. Afin de désarmer la gauche, on lui adjoint quelques Brissotins.

> Le 1er mars, dans une lettre adressée au Thermomètre du jour, Olympe de Gouges défend un "royalisme modéré" qui vise à éviter les dérives sanglantes du despotisme. Le 22 mars, elle dénonce la corruption qui se fait jour.


> Le 1er avril, Etta Palm d'Aelders réclame devant l'Assemblée le droit à l'éducation pour les femmes, la majorité à 21 ans, la liberté politique, l'égalité des droits, une loi sur le divorce.

> Le 10 avril, Robespierre renonce à la fonction d'accusateur public du tribunal criminel de Paris.

> Le 15 avril, le peuple manifeste en fête à Paris.

> Le 20 avril 1792, à l'Assemblée législative, la guerre est votée et déclarée avec enthousiasme au “roi de Bohême et de Hongrie”, c'est-à-dire à l'Autriche de François II, alliée à la Prusse, soulignant ainsi qu’il ne s’agit pas d’une guerre de nation à nation mais de la “ juste défense d’un peuple libre contre l’injuste agression d’un roi “.  Les Français veulent mener une croisade contre l'Ancien Régime. Ils espèrent voir la Révolution se propager.

Marie-Antoinette, prisonnière dans son palais des Tuileries à Paris pense qu’une invasion stopperait la Révolution. Les révolutionnaires accusent le roi comme la reine de faire passer des informations stratégiques à l’ennemi.

> La guerre va durer dix ans. Elle va radicaliser la Révolution, contribuer à renverser le trône et établir une dictature de salut public.

> Le 25 avril, la guillotine est installée place de Grève. Selon Olympe de Gouges, les Jacobins et les Feuillants, aux nom des idéaux de la Révolution, peuvent déclencher les pires massacres.

> Composition dans la nuit de La Marseillaise à Strasbourg par Claude-Joseph Rouget de l’Isle, 31 ans, chant de guerre pour l’armée du Rhin. Allons enfants de la patrie le jour de gloire est arrivé. Aux armes citoyens ! Formez vos bataillons ! Que tes ennemis expirant voient notre triomphe et notre gloire.

> Les soldats citoyens remplacent les professionnels de la guerre dans les “bataillons des enfants de la Partie”.

> Dumouriez espère, par une attaque brusquée en Belgique, soulever les Pays-Bas contre l’Autriche. Mais l’armée française est dans un état lamentable : les anciennes troupes de ligne, affaiblies par les désertions et par l’émigration de la moitié de leurs officiers, jalousent les bataillons de volontaires. Chez les uns comme chez les autres sévissent l’indiscipline et la méfiance envers les chefs.

> Fin avril, à Baisieux, sur la frontière des Pays-Bas autrichiens (Belgique), les soldats de Théobald Dillon refluent, sans même combattre. Persuadés qu'ils ont été trahis, ils assassinent leur général.

Les Brissotins attribuent ces désastres à la trahison des éléments réactionnaires.


Mai 1792

> Le 17 mai sortie du premier numéro de l’hebdomadaire fondé par Robespierre, Défenseur de la Constitution. Il s’agit plutôt de brochures que de “feuilles”.

> Le 27 mai, décret contre les prêtres réfractaires qui pourront être déportés hors du royaume sur plainte de 20 citoyens actifs. Louis XVI y met son veto.

> Le 29 mai, l'Assemblée législative décide par décret du licenciement de la garde constitutionnelle du roi. Louis XVI accepte ce décret.

> Les honneurs funèbres sont décrétés en faveur de Jacques-Guillaume Simonneau, le maire d'Étampes tué lors d'une émeute contre la cherté des subsistances.

> Les dames patriotes d'Aulnay, en Poitou, forment un bataillon et revendiquent la création d'un corps d'amazones nationales.


Juin 1792

3 juin 1792

> Fête de la Loi sur Champ-de-Mars. Un cortège de femmes vêtues en blanc est mené par Olympe de Gouges.

6 juin 1792

> Décret du nouveau ministre de la guerre Servan ordonnant la formation d'un camp de 20.000 gardes nationaux au camp de Soissons pour protéger Paris. Robespierre y est opposé. Veto du roi qui y voit une arme aux mains des Jacobins.

9 juin 1792

> Roland ayant osé publié une diatribe contre lui, Louis XVI le renvoie ainsi que les autres ministres Brissotins. Louis XVI, s'appuyant sur 8.000 gardes nationaux modérés, renvoie le ministre de la guerre Servan.

10 juin 1792

> Le 10 juin "Monsieur" et "Madame" sont remplacés par "Citoyen" et "Citoyenne".

12 juin 1792

> Le roi renvoie des ministres "patriotes" brissotins (- 13 juin). Les ministres renvoyés sont remplacés par des ministres Feuillants.

17 juin 1792

> Devant l'imminence d'une invasion prussienne, la Législative nomme une Commission des douze, ébauche du Comité de salut public, qui doit proposer d'urgence des moyens de redresser la situation.

20 juin 1792

> Les Jacobins, exaspérés par la fermeté du roi, ses vetos et le renvoi des ministres "patriotes", décident de l’intimider par une grande manifestation populaire. Pétion, le maire de Paris pousse les Parisiens du Faubourg Saint-Antoine et Saint-Marcel  à s'insurger et à envahir le palais des Tuileries. Sous le prétexte de célébrer l’anniversaire du serment du jeu de Paume, 20.000  émeutiers armés, hommes et femmes, sont lancés par les Girondins.  

Invasion des Tuileries

Après avoir défilé dans la salle du Manège, ils envahissent le château des Tuileries en chantant "Ca ira" et parviennent jusqu’au roi. Aux menaces, Louis XVI oppose un calme imperturbable : “ Je ferai ce que la Constitution et les décrets m'ordonnent de faire “. La famille royale, "M. et Mme Veto", est molestée. Louis XVI est bloqué dans l’embrasure d’une fenêtre pendant deux heures, coiffé d'un bonnet rouge, il subit le défilé de la foule armée et insultante, forcé à boire à la santé de la Nation, mais refuse de céder et de retirer son veto. Échec qui tourne au profit des royalistes. Le roi, fort de son droit, n’a pas cédé d’une ligne. L’indignation soulevée par cet attentat renforce momentanément le sentiment royaliste.

La journée du 20 juin 1792. Comme on lui demande s’il a peur, Louis XVI prend la main d’un garde national et la pose sur sa poitrine : “ Voyez, dit-il, si c’est là le mouvement d’un cœur agité par la peur “.

Juillet 1792

> Jacobins et Cordeliers décident d’en finir avec le roi. Robespierre, tout comme l'Ami du peuple de Marat, demandent la déchéance du roi. L’opération est préparée avec soin.Les fédérés des provinces sont invités à venir à Paris, en dépit du veto royal.

> Le 2 juillet, départ de Marseille vers Paris d'un bataillon de fédérés.  

> Le 7 juillet, le danger commandant l'union, réconciliation entre Jacobins et Brissotins.

> Le 11 juillet, les premiers échecs de la guerre avec l'Autriche, alliée à la Prusse, déclenchent des paniques.

> Les Girondins font proclamer par l'Assemblée législative " La patrie en danger ", véritable constitution d'état de siège.

> Les municipalités procèdent aux enrôlements de volontaires. Des armes sont distribuées. Le port de la cocarde aux trois couleurs nationales est obligatoire.

> Le 14 juillet, fête révolutionnaire. Défilé de femmes.

> Robespierre propose l'élection d'une Convention nationale élue cette fois au suffrage universel.

> Le 25 juillet, avec le Manifeste de Brunswick, le commandant en chef des armées de Prusse et d'Autriche, menace la capitale “ d’une exécution militaire et d’une subversion totale “ si il est fait outrage au roi et à sa famille.

> Le 29 juillet, Robespierre admet le besoin d’un recours à la force populaire car tous les moyens légaux paraissent épuisés. Il demande la d'échéance du roi. Il rejoint ainsi Legendre et Danton qui appellent à une nouvelle révolution.

> Le 30 juillet, arrivée à Paris des fédérés de Marseille, après une marche à travers la France. Ils soulèvent l’enthousiasme du faubourg Saint-Antoine en lui faisant entendre le Chant de l’armée du Rhin composé par Rouget de l’Isle et qu’on appelle désormais La Marseillaise.

Août 1792

Les sections de Paris et les fédérés de province multiplient les pétitions demandant la déchéance du roi.

> Le 1er août 1792, le "manifeste du duc de Brunswick" est publié et accroît la fureur populaire.

Pétitions pour la déchéance du roi.

5 août 1792

Cérémonie d'inauguration de la maison commune à Auteuil.

> Dans la nuit du 9 au 10 août 1792, l’action se déclenche. Paris se soulève. 

C'est la seconde révolution, qui sonne le glas de la monarchie.

Les sections et les fédérés se rassemblent au son du tocsin. Leurs commissaires se rendent à l’Hôtel de Ville, éliminent la municipalité légale et forment une Commune insurrectionnelle contrôlée par Danton, Marat, Robespierre.  

> Le 10 août 1792, le roi n’est pas sans moyen de défense : 4.000 hommes environ (Suisses, gendarmes, gardes nationaux, gentilshommes volontaires, sous le commandement d’un chef capable, Mandat-Grancey).

Mandat, convoqué par la Commune insurrectionnelle de Paris, vient sans défiance, croyant avoir affaire à l’ancienne municipalité modérée. Il est arrêté et assassiné, ce qui désorganise la défense des Tuileries. Alors, Roederer, procureur syndic du département, persuade le roi de se rendre, avec sa famille, au milieu de l’Assemblée nationale. L'Assemblée ne vote pas la déchéance du roi.

Du café Procope, où se rendent Danton et Marat, part l'ordre d'assaut des Tuileries. Le roi est mis à l’abri.

Après le départ du roi des Tuileries, sous la direction de Danton, attaque des sans-culottes (12.000 hommes et 5.000 provinciaux en majorité marseillais). Ils envahissent le Palais des Tuileries défendu par des gardes suisses presque seuls.

Les assaillant se pressent à la porte principale du château, tandis que l’on massacre les défenseurs déjà faits prisonniers.

Les gardes suisses succombent déjà sous le feu quand Louis XVI leur fait parvenir l’ordre de cesser le feu.

Tentant en vain d’arrêter l’effusion de sang, le roi envoie en vain aux Suisses qui défendent les Tuileries l’ordre de “déposer à l’instant leurs armes et de se retirer dans leurs casernes. Louis”.

786 Suisses sont massacrés et le château est mis au pillage. Il y a un millier de tués ou blessés chez les insurgés.

Bonaparte, jeune officier en visite à Paris assiste aux évènements.

L’Assemblée, subjuguée, prend à l’égard des contre-révolutionnaires les mesures rigoureuses que dictent les circonstances. Elle se résigne à voter les mesures exigées par les vainqueurs.

Un des premiers gestes des sans-culottes parisiens est d’abattre les statues royales.

Une nouvelle Constituante, la Convention nationale, sera élue au suffrage universel masculin pour donner à la France une nouvelle Constitution.

Chute de la monarchie

> Le roi est suspendu de ses pouvoirs, arrêté pour collusion avec les puissances étrangères en guerre avec la France. Chute de la monarchie et fin de l'Ancien Régime. L’incertitude est totale.

La Commune insurrectionnelle de Paris est reconnue comme pouvoir légal de la capitale. Ainsi la monarchie constitutionnelle se trouve éliminée par l’action violente et audacieuse des extrémistes parisiens.

La province ne réagit que faiblement devant le coup de force.

11 août 1792

L’Assemblée législative remet les pouvoirs à un Conseil exécutif provisoire de 7 membres. Il est présidé par Clavière. Danton y exerce tous les pouvoirs.

Jacques Danton (1759-1794). Nullement inculte malgré les apparences, ce “Mirabeau de la canaille” avait sous l’Ancien Régime la charge très honorable d’avocat aux conseils du roi.

Le Conseil exécutif est occupé à faire face à l’invasion prussienne qui vient de se déclencher. Danton, ministre de la Justice est en fait le véritable chef du gouvernement.

La Commune de Paris multiplie les mesures révolutionnaires. Fort de 288 membres, parmi lesquels Robespierre, le conseil général de la Commune dispose d'un Comité de surveillance chargé de la police politique. Le Comité de surveillance remplit les prisons de suspects.

12 août 1792

Louis XVI est suspendu puis enfermé au Temple avec sa famille.

Robespierre commence à siéger à la Commune de Paris.

15 août 1792

Soulèvement royaliste en Vendée contre le recrutement.

16 août 1792

Les droits féodaux sont supprimés.

Lafayette s'enfuit chez l'ennemi avec son état-major.

17 août 1792

L’armée austro-prussienne franchit la frontière. Elle se compose de 47.000 prussiens, 29.000 Autrichiens et 5.000 émigrés français rassemblés par le prince de Condé.

Des tribuns de moindre envergure que Danton, Marat entre autres, répètent qu’avant d’aller se battre aux frontières, il faut s’assurer contre les trahisons de l’intérieur par une exécution générale des suspects. Dans son journal, L'Ami du peuple, Marat appelle à exterminer les ennemis de la Révolution.

L'Assemblée législative décrète la formation d'un tribunal criminel extraordinaire aux fins de juger les comploteurs.

23 août 1792

Les Prussiens prennent Longwy.

29 août 1792

Le Tribunal criminel décrète les perquisitions nocturnes à domicile et l'arrestation des suspects (environ 12.000 emprisonnements).

La coalition austro-prussienne marche aux frontières. Les Prussiens mettent le siège devant Verdun, dernière place forte avant Paris, et menacent la capitale.

31 août 1792

Levée de volontaires sur le Champ-de-Mars pour défendre Verdun assiégé.

Septembre 1792

Début septembre, les têtes sont échauffées par la nouvelle du siège de Verdun par Brunswick. Les Parisiens craignent l'arrivée des Prussiens à Paris.

Rumeurs de complots préparés dans les prisons.

Des citoyens refusent de partir au combat en laissant les prisons remplies d'adversaires qui, en cas de défaite, pourraient se venger sur leur famille. L’excitation morbide est portée à son paroxysme.

2 septembre 1792 Massacres de septembre

Durant quatre jours (- 6 septembre), des bandes d’égorgeurs envahissent les prisons. Des fédérés, des sans-culottes et des volontaires massacrent méthodiquement et de sang-froid 1.395 personnes tirées de leurs cellules, prêtres réfractaires, aristocrates, prostituées, gardes suisses, des prisonniers droits communs à plus de 70 %, dont des tout jeunes à Bicêtre.

Parmi les massacrés, la princesse de Lamballe, à la prison de La Force, amie de Marie-Antoinette, propriétaire du château de Rambouillet.

Il y a entre 1.100 et 1.400 victimes, parmi lesquelles 223 ecclésiastiques qui avaient refusé le serment constitutionnel. Les massacres s’étendent en province où Marat a invité les patriotes à suivre l’exemple de Paris.  

La population, pétrifiée, laisse faire. Les autorités n’osent pas intervenir. Danton ne tente pas de s'y opposer afin de ne pas briser l'élan révolutionnaire même s’il ne les approuve pas. “Je me fous bien des prisonniers” dit-il cyniquement.

Olympe de Gouges dénonce ces massacres.

5 septembre 1792

Robespierre est élu député de Paris à la Convention.

Danton lance une levée en masse : "Messieurs, il nous faut de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace, et la France est sauvée !". 

Après avoir pris Verdun, l’armée austro-prussienne marche sur Paris. Le seul obstacle naturel entre Verdun Paris est constitué par les hauteurs boisées de l’Argonne dont les passages sont faciles à défendre.

Deux armées françaises sont chargées de cette défense. Celle du nord, dont Dumouriez a pris le commandement, qui vient de Sedan par la vallée de l’Aisne et celle du centre, commandée par Kellermann, qui se replie de Metz vers Paris, par le sud de l’Argonne.

La bataille de Valmy

12 septembre 1792

Le commandant en chef prussien, le prince de Brunswick, passe à l'attaque.

Les Autrichiens enlèvent par surprise le défilé de la Croix-aux-Boix, au nord de l’Argonne. Dumouriez se trouve menacé d’enveloppement et la route de Paris parît ouverte à l’ennemi.

Charles-François Dumouriez, maréchal de camp (Versailles).

Au lieu de se retirer sur Chalons, pour couvrir Paris, ainsi que le gouvernement lui demande, Dumouriez résoud de marcher rapidement vers Sainte-Menehould pour faire la jonction avec Kellermann.

Cette décision audacieuse va sauver le pays de l’invasion.

La manœuvre audacieuse de Dumouriez, en Argonne, oblige Brunswick à rétrograder pour affronter une armée française supérieure en nombre.

Brunswick, qui a déjà franchi l’Argonne, n’ose pas avancer en Champagne en laissant sur ses arrières une armée aussi importante.

> 20 septembre 1792

> Brunswick attaque l’armée française à Valmy. Grâce à la manœuvre de Dumouriez, l’armée française est maintenant plus nombreuse que celle des coalisés, 47.000 contre 34.000, et surtout son artillerie est très supérieure. Finalement, intimidé par une violente canonnade et gêné par le mauvais temps, Brunswick n’ose pas faire intervenir son infanterie. L'armée austro-prussienne est arrêtée à la bataille de Valmy par une armée de volontaires français, commandée par les généraux Kellermann et Dumouriez, au cri de "Vive la Nation !".

Pas un quart des hommes de Dumouriez ne parlent français. Première grande victoire de l'armée de la République. La situation militaire se redresse.

Les jours suivants, chacun reste sur ses positions. Dumouriez entame des négociations avec les Prussiens. Les troupes prussiennes s’épuisent rapidement, exposées nuit et jour à une pluie continuelle qui embourbe les convois de ravitaillement, travaillées par la faim et la dysenterie.

La Convention

> Le 21 septembre, la Convention Nationale de France, assemblée toute puissante élue au suffrage universel masculin et avec peu de votants, se réunit pour la première fois, salle du Manège.

La Convention ne comprend que deux ouvriers. Le peuple peut y faire entendre directement sa voix, on lit les lettres et on reçoit les délégations au début de chaque séance. Les conventionnels sont tous républicains, mais ne veulent pas tous la même république. De part et d’autre d’un centre divers et incertain (la Plaine), s’opposent Brissotins (qui craignent le peuple de la capitale) et Montagnards (qui craignent une “république aristocratique”).

Les Brissotins - ou Girondins - dirigent désormais la nouvelle Assemblée. Extrémistes dans la Législative, ils se trouvent dans la Convention faire figure de modérés en face des Montagnards. Ce sont des hommes de loi et bourgeois, réprouvant les méthodes violentes et les crimes de septembre. Ils veulent mettre fin à la dictature de la Commune de Paris. Ils sont aussi fermement attachés au principe de la liberté économique, attitude qui leur rallie la bourgeoisie et les font passer, dans la Convention, pour des conservateurs.

Les Montagnards (ainsi appelés parce qu’ils siègent sur les travées les plus élevées de la gauche) sont en majorité des députés de Paris, membres du Club des Jacobins ou de celui des Cordeliers. Ils sont en contact permanent avec les extrémistes des sections parisiennes, hommes du peuple qui ne s’effraient pas des mesures violentes, et pour qui les problèmes économiques, en particulier celui des subsistances, doivent être résolus par des mesures autoritaires frappant les riches.

Entre les deux extrêmes, flotte la masse des députés du centre, le Marais, dont dépend la majorité. Ils n’ont d’autre idée arrêtée que de sauver la Révolution et leur tête et se portent d’un côté ou de l’autre suivant les circonstances. Cet opportunisme va expliquer les étonnants revirements dans la politique de la Convention au cours des années suivantes. 

Pas plus que dans les deux précédentes Assemblées, il n’y a de partis organisés et disciplinés. Pétion, maire de Paris, est élu président de la Convention et s'entoure de secrétaires eux-mêmes girondins : Condorcet, Brissot, Rabaut Saint-Étienne, Vergniaud, Camys.

Pétion, président de la Convention

La Convention décide, dès sa première réunion, que , en par décret.

22 septembre 1792. An I de la République

La République est proclamée. Premier jour de l'An I de la République. Point de départ du calendrier républicain.

Le temps décimal est introduit.

Les juges peuvent être choisis indistinctement parmi tous les citoyens.

> Le 24 septembre, le député Buzot, désormais proche de Brissot, demande que la Convention soit protégée par une force issue des 83 départements, comme si elle était en danger au milieu des Parisiens[1].

Au début, les Brissotins paraissent l’emporter. Sous leur inspiration, la Convention réduit les pouvoirs de la Commune de Paris, supprime les tribunaux d’exception, fait libérer les suspects et rétablit la liberté de commerce des grains.

> Le 25 septembre, l'effigie d'une femme coiffée d'un bonnet phrygien devient le sceau de la République.

Conflit entre les Girondins et la Montagne (Danton, Robespierre et Marat).

> Fin septembre, les généraux Montesquiou et Anselme s’emparent de la Savoie et du comté de Nice, possessions du roi de Sardaigne.

> Le 1er octobre, Brunswick ordonne la retraite de Valmy.

Goethe proclame à chaud "cette victoire ouvre une ère nouvelle dans l'histoire du monde ".

Dumouriez, débarassé des Prussiens à Valmy, l'armée française passe à l'offensive, occupe la Belgique, pénètre en Savoie et en Allemagne. L’armée de Custine occupe Spire, Worms, et même Francfort au-delà du Rhin.

La marche victorieuse des troupes françaises devient générale sur toutes les frontières. Les succès de la France dans la première phase de la guerre sont favorisés par la neutralité provisoire de l’Angleterre, de la Russie et de l’Espagne et par le désaccord entre l’Autriche et la Prusse au sujet du partage de la Pologne.

Le 2 octobre, création du Comité de Sûreté générale. Il est chargé de surveiller les suspects, de diriger la police et la justice révolutionnaire.

Les Girondins accusent les Montagnards des massacres de septembre. Ceux-ci s'en défendent.

Les 7 et 8 octobre,  levée du siège de Lille.

Le 17 octobre, les troupes aguerries de Kléber infligent une première défaite aux Vendéens à Cholet. L’armée catholique et royale remonte vers le Nord pour faire la jonction avec les insurgés bretons et occuper un port sur la Manche d’où pourraient lui venir les secours anglais.

Guerres de Vendée

Le 19 octobre, premier numéro des Lettres de Maximilien Robespierre, membre de la Convention nationale de France, à ses commmetants.

Le 21 octobre, Mayence capitule devant les troupes du général Custine au bout de trois jours de siège. La Convention envoie dans l’Ouest les 15.000 hommes de la garnison de cette ville.

> Le 24 octobre, Brissot (Girondin) à la Convention : "Le peuple est fait pour servir la Révolution, mais quand elle est faite, il doit rester chez lui et laisser à ceux qui ont plus d'esprit que lui la peine de le diriger."

Comité de sûreté générale.

> Le 29 octobre, Louvet porte des attaques contre Robespierre accusé d'avoir avili et persécuté les représentants de la Nation, d'être devenu un objet d'idolâtrie et d'avoir marché au suprême pouvoir.

Les armées de la Convention progressent au nord. A la fin du mois, Dumouriez pénètre en Belgique.

> A la fin du mois d’octobre, décret sur les émigrés et la séquestration de leurs biens s'ils ne rentrent pas.

Novembre 1792

Insurrection paysanne en Beauce contre la cherté du blé. La Convention envoie des troupes et la répression s'abat sur la Beauce. La liberté des prix est maintenue. La haine de la Gironde se répand parmi le peuple des villes et des campagnes.

> Le 5 novembre, Robespierre répond devant la Convention à Louvet qui l’accuse d’ambitionner la dictature[2].

Les armées françaises entrent dans des territoires limitrophes et encouragent leur émancipation, voire leur demande de rattachement à la France.

Dumouriez reprend le plan initial d’invasion de la Belgique.

Le 6 novembre, l’armée de Dumouriez de 40.000 hommes rencontre celle des Autrichiens à Jemmapes près de Mons. Dans cette bataille, les colonnes françaises enlèvent à la charge les redoutes ennemies.

En quatre semaines, conquête de la Belgique toute entière et des territoires germaniques sur la rive gauche du Rhin.

Les grandes opérations de la guerre

L'armée inaugure les charges massives soutenues par l'enthousiasme collectif qui apportent "la victoire en chantant". Accueil chaleureux des révolutionnaires en Belgique.

L’occupation de la Belgique est intolérable pour l’Angleterre. Pitt se résout à la guerre lorsque les Français manifestent leur intention de remettre en activité le port d’Anvers et imposent à la Hollande  la réouverture des bouches de l’Escaut.

Le 19 novembre, l'Assemblée promet "fraternité et secours à tous les peuples qui voudront recouvrer la liberté".

En fait, la France pratique tout à la fois une politique de libération des peuples ("Guerre aux châteaux, paix aux chaumières") et d'annexion. Les pays conquis, divisés en départements, sont entièrement soumis aux lois françaises. On justifie la chose ne faisant appel à la théorie des frontières naturelles. Danton déclare : “ Les limites de  la République sont marquées par la nature. Nous les atteindrons toutes des quatre coins de l’horizon, du côté du Rhin, du côté de l’Océan, du côté des Alpes “.

Le 20 novembre, la correspondance secrète de Louis XVI, retrouvée dans l'armoire de fer aux Tuileries,  est révélée par le ministre de l'Intérieur girondin Roland, ce qui servira de pièce d'accusation lors de son procès.

Le 27 novembre, la Savoie est annexée.

Décembre 1792

En cette fin d’année, les dangers sont si grands, l’incertitude si forte, la crainte des trahisons si largement partagée, que même les accusations les plus étranges peuvent paraître plausibles[3].

L’Assemblée, Robespierre s’élève contre les spéculateurs qui provoqueraient le manque de pain. Sans s’opposer à la libre circulation des grains, il dénonce l'accaparement et affirme que le premier droit de l’homme est celui d’exister, de préserver sa vie : “il n’y a que l'excédent qui soit une propriété individuelle et qui soit abandonné à l’industrie des commerçants”[4].

Procès de Louis XVI à la Salle du Manège

La politique des Girondins, orientée vers l’apaisement intérieur et la paix extérieure, les incline à épargner Louis XVI. Robespierre, avec une logique implacable, les met au pied du mur : “ Si le roi n’est pas coupable, ceux qui l’ont détrôné le sont “. Sa thèse est renforcée par la découverte, aux Tuileries, d’une armoire en fer, ou coffre-fort, où l’on trouve des papiers établissant la collusion du roi avec les contre-révolutionnaires de l’intérieur et ses relations avec les émigrés et avec les puissances en guerre contre la France. La Haute-Cour, prévue dans la Constitution de 1791, n’existant plus, la Convention décide de juger elle-même le roi, salle du Manège.

Le 11 décembre, début du procès du roi dans un climat extrêmement tendu. Le procès est mené par les députés eux-mêmes, représentants de la nation, et non par le tribunal révolutionnaire. Le procès va durer 40 jours et son issue est constamment incertaine. Louis Capet a trois défenseurs, les avocats Tronchet et de Sèze et l’ancien ministre Malesherbes. Les Girondins sont partisans de la clémence et s'opposent aux Montagnards. Robespierre veut une condamnation à mort sans jugement, par mesure de salut public. Déclaré coupable de conspiration contre la liberté publique et d’attentat contre la sûreté de l’Etat, le roi est condamné à mort par 387 voix contre 324.

Olympe de Gouges est agressée par une troupe hurlante et menacée de décapitation.

> Le 13 décembre, l’armée catholique et royale est écrasée au Mans.

> Le 15 décembre, un décret fixe les règles à suivre par les généraux de la République dans les pays où ils portent les armes. Ils doivent supprimer sur le champ toutes les autorités établies ainsi que les impôts et droits seigneuriaux. Ils doivent instituer une administration provisoire qui cessera quand les habitants auront organisé une forme de gouvernement libre et populaire.
> Le 21 décembre, l’armée royale et catholique et anéantie à Savenay.

L’insurrection de l’Ouest est vaincue comme force offensive mais la chouannerie va se prolonger encore des années en dépit des mesures sauvages de répression : dévastations systématiques, massacres, déportations.

 


[1] Maximilien Robespierre, Hervé Leuwers, PUF

[2] Hervé Leuwers, Maximilien Robespierre, PUF

[3] Maximilien Robespierre, Hervé Leuwers, PUF

[4] ibid.