Montpellier, le 6 septembre 1973
Monsieur Claude MATALOU
TELFRANCE
Hélène HONNORAT
"Chantepie
136, rue de l'Aiguelongue
34000 MONTPELLIER
Cher Monsieur,
Je vous remercie pour l'envoi du texte et de la distribution du feuilleton "Le Dessous du Ciel" tiré de mon livre. La finition du téléfilm ayant lieu du 15 octobre au 5 novembre, je pense qu'il me serait possible de me rendre dans la région parisienne au moment de la Toussaint (entre le Ier et le 4 novembre ); pourriez-vous me communiquer les "coordonnées" du tournage à ce moment ?..
Quant au texte du feuilleton : il est évidemment assez éloigné du livre, par moments !.. Cependant, j'ai beaucoup apprécié l'humour du dialoguiste (A. Quercy?), et je pense qu'il en sera de même pour les téléspectateurs à venir!
Message à l'intention de R.Gillioz,Alain Quercy,, etc., s'il en est encore temps:
Quelques points de détails
Une zone de sauts, un centre de parachutisme ne s'appellent jamais un "camp". D'autre part,en six cents sauts effectués un peu partout en France, je n'ai JAMAIS entendu le moindre "en position...Go! " comme signal de départ des parasportifs. (Seriez-vous par hasard tombé sur le seul "militariste nostalgique" parmi tous les paras civils d'Europe ?1.) Le "camp" et le "Go" me semblent perpétuer inutilement dans le public la confusion entre parachutisme militaire et parachutisme sportif. Le signal de départ, pour ceux-ci, est beaucoup plus souvent une invite qu'un ordre : c'est le "coupez" (=coupez les gaz) adressé au pilote, que vous avez très bien noté dans les épisodes 9 et 12, suivi d'un geste adressé à l'élève, ou encore le "c'est bon" ou le "vas-y" (selon la tradition du centre, et la personnalité du largueur!) qui donnent le signal. Petites remarques techniques : un parachute n'est pas "un morceau de toile" (5,P.15)..mais de nylon. Un pilote dira rarement "j'ai déjà lâché pas mal de parachutistes, mais plutôt "j'ai déjà largué.." ...s'il est vrai qu'il connaît bien les parachutistes !
En parachute ascensionnel (16, p.10), il n'est pas question de "s'accrocher à une espèce de trapèze" (ceci concerne le cerf-volant ascensionnel ); le "touriste" est confortablement sanglé dans un harnais!
Beaucoup plus importants En 21, p.1, l'on a fait dire à Mike: "Le parachute était trop loin" (lors de son crash) !! Il semble inadmissible sur le plan de la vraisemblance "aéronautique" et sur le plan du scénario qu'un pilote, un bon pilote, un "vieux" pilote et un pilote de paras vole sans son parachute sur le dos !.. Il existe d'autres raisons de crash que le "non-port" du parachute : basse altitude; ou l'avion "figure" et il s'avère impossible de l'évacuer rapidement ou le pilote essaie de "se bagarrer" jusqu'au bout pour redresser...etc. Enfin, ne pourrait-on se passer de ce lyrisme un peu "gratuit", qui fait parler Jo de "silence", de "longue glissade", etc. à propos d'un baptême en planeur..?
Tous les vélivoles riront, sachant que rien n'est plus bruyant que l'intérieur d'un planeur, d'où vous percevez sans cesse le bruit du "vent" et du déplacement d'air, qui frise le vacarme!
Le mythe du "silence" est le nôtre, quand nous regardons de l'extérieur évoluer un planeur. (cf.épisode 2)
Voilà pour l'essentiel ! Ä ranger encore parmi mes "déplorations" personnelles, l'usage du "Tatie" à gogo, et la formulation (nécessaire, j'imagine, au bon entendement du spectateur mais ne peut-on la rendre plus naturelle ??) du "changement de statut" de Jo : "Je suis une femme, maintenant, grâce à toi" !! (16, p.3)
Les téléspectateurs seraient-ils niais au point de n'entendre qu'un langage stéréotypé, alors que le dialoguiste, à l'évidence, en manie si heureusement d'autres ? Quelques autres regrets portant sur le fond, et l'image de marque donnée à l'héroïne..regrets à la fois trop importants et trop vains pour être exprimés ici.
En tout état de cause, j'ai pris connaissance de ce scénario avec beaucoup d'intérêt, et je pense que les téléspectateurs ne manqueront pas d'en faire autant, confirmant et prouvant par là même tout le talent de l'équipe réalisatrice.
J'espère qu'un contact d'un jour ou deux aux environs de la Toussaint vous conviendra, et que tout se passera pour le mieux d'ici-là.
Bien à vous,
HH