Empire musulman au VIIe siècle
Dynastie des Omeyyades (661-750)
685 Abd al-Malik, 5e calife de la dynastie omeyyade (685-705)
> L’Islam va naître dans une immense péninsule en dehors du champ de la civilisation romaine, un vaste désert où vivent quelques dizaines de tribus arabes, tout à fait autonomes avec seulement quelques institutions communes : la langue, certains cultes, un calendrier, des foires et des tournois de poésie.
> La société pré-islamique arabe est une société tribale. Les tribus peuvent s’affronter. Les conflits ne sont donc pas d’ordre religieux mais tribal. La région est dominée par des pasteurs nomades qui se déplacent à dos de chameau d'une oasis à une autre avec leurs troupeaux. En bordure du désert, vivent des cultivateurs sédentaires qui mettent en valeur les régions irrigables. Les nomades soumettent périodiquement à des razzias et au tribut ces agriculteurs qu’ils méprisent.
Dans la région ouest de la péninsule, la région du Hedjaz est une longue bande montagneuse ponctuée d’oasis longeant la mer Rouge. Elle est traversée par la piste caravanière qui, depuis le Yémen, achemine myrrhe, encens et aromates aux ports de la Méditerranée. Le Hedjaz est le cœur de l’Arabie du nord et la Mecque, une ville prospère, l’un de ses plus importants centres marchands.
Située dans une vallée aride entourée de montagnes, l’oasis de la Mecque est aussi une ville sacrée construite autour du sanctuaire polythéiste de la Kaaba. La majorité des Arabes sont polythéistes, ils effectuent souvent des offrandes à leurs divinités. Mais il y a aussi des Juifs et des chrétiens en Arabie. Ils diffusent depuis longtemps l’idée de la foi en un dieu unique.
Les Juifs d’Orient ont déjà vécu en Arabie une longue histoire. Présents depuis 600 avant J.-C., ils vivent principalement dans l’actuelle région d’Irak et dans le cœur de la péninsule arabique. C’est à Médine, à 400 kilomètres au nord de la Mecque que vivent la plupart des Juifs du Hedjaz. Certains d’entre eux descendent des Hébreux ayant fui la Palestine après la destruction du temple de Jérusalem, d’autres sont des Arabes convertis car les conversions au judaïsme sont courantes à cette époque.
Résidents au milieu de tribus polythéistes, les Juifs n’ont jamais été la cible d’hostilités en raison de leur croyance. Les luttes sont de nature tribale et non religieuse.
Au début du VIIe siècle, les Juifs de Médine font partie intégrante de la société arabe. Ils sont des Arabes comme les autres. Les communautés juives du Hedjaz ont peu ou prou le même mode de vie que les Arabes. Ils aiment réciter de la poésie, monter à cheval et faire la guerre. Ils partagent des philosophies semblables, ils écrivent le même type de poèmes, ils ont des idéaux communs comme les vertus masculines de la guerre, l’équitation, etc. Certaines règles alimentaires sont les mêmes, notamment l’interdiction de manger du porc. Les deux communautés pratiquent l’agriculture dans les oasis ainsi que le commerce inter-oasis.
Les ressources sont si rares que la guerre est presque une nécessité. Il faut se battre pour le contrôle des puits, voire, en période de disette, pour simplement trouver de quoi à manger.
En l’absence de pouvoir central, la survie de chacun dépend entièrement de la tribu. Si elle est puissante vous existez, sinon vous n’êtes rien.
Par le jeu des alliances, deux tribus peuvent être amenées à se battre l’une contre l’autre. Chaque tribu juive, comme les tribus arabes polythéiste, a son propre panthéon, ses chefs. Elles partagent la référence à la Torah. La Torah, tout comme les Evangiles, est un bien rare et précieux qui est transporté par les caravanes chargées d’étoffes et d’épices qui proviennent de Byzance, de Perse ou d’Inde. Ces livres saints qui parlent d’un dieu unique et puissant sont porteurs d’une aura particulière, d’un pouvoir presque magique auprès des polythéistes arabes dont l’écrasante majorité ne sait ni lire ni écrire. Les Arabes éprouvent une certaine inquiétude car, contrairement aux Juifs et aux chrétiens, ils n’ont pas de texte sacré.
A Byzance et en Ethiopie le christianisme est religion d’Etat. En Perse, c’est le zoroastrisme qui est la religion dominante mais le judaïsme y occupe également une place importante.
L'Arabie se situe au milieu de civilisations où le judaïsme, le manichéisme et surtout les différents courants chrétiens sont bien installés. Au Nord se trouvent l’empire byzantin, chrétien, et l’empire iranien, qui compte aussi beaucoup de chrétiens, tandis qu’au Sud se trouve le Yémen, où le judaïsme puis le christianisme se sont implantés.
Le monde que les Arabes du Hedjaz connaissent est en train de céder à cette idée extrêmement forte du dieu unique, omnipotent, omniscient. Des gens cherchent une nouvelle religion sans accepter ni le christianisme ni le judaïsme car leurs tribus sont fières et savent que Byzance essaye de les contrôler en imposant le christianisme et que la Perse, d’un autre côté, utilise le judaïsme pour subjuguer les Arabes. Il y a un refus de ces deux religions.
570
> Date supposée de naissance de Mahomet. Il appartient à la tribu des Quraychi, maîtres de la Mecque et du trafic caravanier de la région. Situé au cœur de la Mecque, le sanctuaire de la Kaaba attire de très nombreux pèlerins venus de tout le Hedjaz. Les Quraych en sont les gardiens. Cet édifice cubique aurait été, selon la tradition arabe, l'œuvre d’Adam puis d’Abraham. Il contient une pierre noire qui viendrait du paradis. La Kaaba abrite 360 idoles dont Allah, le dieu créateur.
605
Un incendie détruit la Ka`ba, sanctuaire polythéiste qui accueille des pèlerinages. Le brassage de nomades, de marchands, d'artisans, de paysans met aux prises différents points de vue religieux. Des tribus de la Mecque sont déjà monothéistes.
608
Mohammed, Mahomet, n’est ni juif, ni chrétien. Cet habitant de la Mecque est depuis des années à la recherche du dieu unique dont parle la Torah et les Evangiles. Pourtant il appartient à la tribu la plus polythéiste qui soit celle des Quraych.
La spiritualité occupe une place centrale dans la vie de Mohammed.
Les Quraych tirent leur richesse et leur prestige de la Kaaba, le sanctuaire dont ils ont la charge.
> Mahomet ibn Abdallah, devenu marchand caravanier, à l'approche de 40 ans, va de plus en plus souvent dans une caverne sur le mont Hira, dans les faubourgs de La Mecque, qui sera ensuite rebaptisée la "grotte des lumières". Il y passe des nuits entières. Un jour, il en revient transformé et confie à ses proches qu’une apparition lui a transmis un message divin. C’est un appel qui s’impose à lui. Il ressent que Dieu lui parle. Le message est de propager une nouvelle religion qui est celle d’un dieu unique, transcendant, tout puissant et miséricordieux qui vient bousculer les croyances les plus fondamentales de la société qui l’entoure.
> Période des signes prodromiques, les signes avant-coureurs de la prophétie.
> Mahomet Il entend sa première révélation, la voix de l’ange Gabriel (جِبْرِيل) qui lui dit "lis, récite" (iqra). Période mecquoise (- 622).
612
> Le 17 janvier, dans la "Nuit du destin", lors du ramadan, est révélé au prophète Mahomet le premier verset coranique (Sûra âl'alaq, 96a, 1-5) : Lis, au nom du Seigneur qu a créé l'être humain à partir d'un caillot de sang. Lis ! Parce que le Seigneur, le très noble a enseigné avec le calame.
L'archange Gabriel (Djebrail) annonce à Mahomet qu'il est le prophète d'Allah. Mahomet commence sa prédication (orale) à La Mecque sur l’unicité de Dieu.
Le message divin est révélé en arabe, telle comprise dans toute l’Arabie et telle qu’elle se pratique chez les poètes du Hedjaz.
Pour certains, la révélation s'est faite par brides, entre 612 et 632.
Mahomet partage ses révélations avec sa femme Khadija, son cousin Ali et ses amis proches qui vont former le premier cercle de fidèles, les compagnons.
> Un petit groupe de fidèles se rassemblent autour du nouveau prophète. Ce sont les premiers musulmans, les premiers à croire que Mohammed est chargé de transmettre aux hommes la parole divine. Verset après verset, sourate après sourate, c’est cette parole qui va donner naissance au Coran qui signifie en arabe récitation. Pendant bien des années cette parole restera transmise oralement d’un groupe de fidèles à un autre. Dans le monde tribal, on écrit peu, on parle beaucoup et on mémorise. La parole du Coran est nourrie de références au christianisme et surtout au judaïsme. Ce sera un ensemble de 6236 versets classés en 114 sourates, des plus longues aux plus courtes.
> A la Mecque, les premiers musulmans ne sont pas très nombreux mais cela suffit à troubler les affaires des Quraysh, la tribu polythéiste qui gère le temple de la Kaaba.
Le nouveau prophète a beau être un Quraysh comme eux, les chefs de la tribu le voient surtout comme un fauteur de troubles qui vient faire concurrence au polythéisme mecquois dont ils tirent les bénéfices.
La situation pour Mohammed finit par devenir intenable, il est obligé de quitter la ville. Il devient un homme banni, ce qui est dramatique pour un homme de tribu.
Premier hégire (émigration). Des disciples persécutés de Mahomet coupent la plupart de leurs attaches et s'exilent en Abyssinie (Éthiopie), dans le royaume d'Aksoum.
619
Année de tristesse. Mahomet se rend à Ta'ef pour chercher protection, échec.
Mort de son oncle et de son épouse Khadîdja.
Désespoir de Mohammed. Mohammed et Khadidja ont vécu en monogamie (exception pour l'époque) tant que celle-ci était vivante et ont eu quatre enfants.
622 Hégire
Mohammed , qui diffuse un message du Dieu unique autour de lui.
Sa vision vision menace les riches Mecquois qui tirent leur revenu des pélerinage à la Mecque.
Banni de sa tribu polythéiste, il quitte avec ses compagnons la Mecque et émigre à 450 kilomètres au nord de La Mecque dans l'oasis de la future Yathrib (renommée Médine par Mahomet), rivale de La Mecque.
Dans l’oasis agricole et prospère cohabitent deux tribus arabes dominantes et trois tribus juives. De nombreux Arabes sont convertis au judaïsme.
Ces tribus sont plus ou moins en conflit entre elles.
Mohammed espère être reçu comme le nouveau prophète par la population juive.
C'est l'Hégire (émigration en arabe).
> En septembre 622, les musulmans arrivent à Médine.
> Le 24 septembre 622 , An I de l'Hégire dans le calendrier lunaire islamique, va constituer la date de la naissance officielle de l'Islam (les sourates médinoises longues succèdent aux sourates mecquoises aux versets courts).
Le prophète se retrouve en contact direct avec une forte présence juive. Trois des tribus de Médine sont juives. Elles sont prospères et relativement puissantes et jouent un rôle central dans l’économie et la vie politique de la ville. Elles composent une partie importante de la population. Les juifs de Médine exploitent des palmeraies, fabriquent des armes, sont orfèvres ou commerçants.
Mal accueilli au début, Mohammed devient l’arbitre de leurs divisions. Dès son arrivée, il se rapproche des rabbins médinois. Il est à la fois curieux d’entendre les récits bibliques et désireux de se faire reconnaître comme envoyé de Dieu par le plus ancien peuple du Livre. Il attend des Juifs qu’ils se rallient à lui.
Rapidement, Mohammed , ses compagnons et les rabbins s’engagent dans des débats thologiques passionnés.
Ces affrontements religieux entre musulmans et Juifs médinois n’empêchent pas les alliances car Médine est sur le point d’être attaquée par les polythéistes de la Mecque..
Mohammed a le sentiment que son monothéisme absolu est comparable au judaïsme, par conséquent il pense que les Juifs vont rejoindre sa communauté.
Contrairement aux attentes de Mahomet, le Juifs de Médine ne le reconnaissent pas comme prophète. C’est le début d’une forme de tension.
623
Déjà chef religieux, Mohammed devient chef politique et militaire. Il fédère sous son commandement les troupes polythéistes et juives de Médine. Malgré leur différend théologique avec le prophète, les trois grandes tribus juives que sont les Banu Qaynuqa, les Banu Nadir et les Banu Qurayza se rangent derrière la communauté des musulmans. C’est le pacte de Médine.
Fondation d'un État théocratique monothéiste au sommet duquel se trouve Mahomet qui détient le pouvoir temporel ainsi que le pouvoir spirituel.
Mahomet élabore à Médine une constitution pour réformer la société et surmonter les conflits entre les habitants (juifs et musulmans) et leur faire former la umma, communauté supra-tribale ouverte à tous les convertis.
Il se tourne vers les pauvres en valorisant leur protection contre l’oppression et l'arbitraire mais ne rejettent pas les riches à condition qu'ils se montrent charitables. Les hommes, en tant qu’ils sont supérieurs aux femmes, doivent les respecter plutôt que les maltraiter. Il leur cède un certain nombre de droits liés à la propriété.
> Le 16 octobre 623, victoire contre toute attente pendant le ramadan à Badr, un groupe de puits situés à une journée de marche de la ville de Médine, d’une poignée d’hommes menés par le Prophète Mahomet contre l’armée des polythéistes mecquois. Première bataille gagnée par Mahomet. Les hommes de Mahomet sont 313 et leurs ennemis, les Mecquois, sont nettement supérieurs, un bon millier. Selon la tradition, cette bataille porte le nom de Jour décisif, Mahomet y manie une légendaire épée à lame bifide et reçoit, d'après le Coran, le soutien d’une armée divine de 3.000 anges.
Cette bataille marque le début d’un conflit ouvert entre une partie des Juifs de Médine et les Musulmans. Lorsque les troupes galvanisées par leur succès miraculeux reviennent à Médine, elles reçoivent un accueil enthousiaste. Mais certains Médinois provoquent les soldats victorieux, parmi eux des Juifs. Ces incidents vont dégénérer en un affrontement ouvert entre musulmans et la tribu juive des Banu Qaynuqa. Les deux autres tribus juives ne leur viennent pas en aide et Mohammed doit décider du sort des Banu Qaynuqa. Il décide de bannir cette tribu. Ils partent avec ce qu’ils peuvent emporter de biens y compris des dromadaires et des armes.
Pour assurer la vie matérielle de la communauté, Mahomet et sa petite communauté attaquent et pillent les caravanes mecquoises.
> En janvier 624, ils attaquent une caravane venant de Syrie en direction de La Mecque en plein mois de trêve sacrée du mois de rajab. Mahomet désavoue.
Mais lorsqu’ils veulent recommencer, les Médinois se heurtent à une bande de Mecquois.
Après avoir banni la tribu juive des Banu Qaynuka, Mohammed rentre en opposition avec la tribu juive de Banu Nadir. A l’issue de ce conflit, le chef des musulmans prononce le bannissement de cette deuxième tribu juive. Il ne reste plus qu’une tribu juive à Médine, les Banu Quraysa qui sont accusées à leur tour d’avoir trahi l’alliance avec Mohammed. Pour statuer sur leur sort, le prophète décide cette fois ci de s’en remettre à l’avis d’un arbitre accepté par les deux parties. Le verdict de cet arbitre est impitoyable : les femmes et les enfants sont vendus comme esclaves alors que les hommes adultes sont exécutés.
> Le 11 février 624, rupture avec les Juifs de Médine. Mohammed est débarassé de ses principaux adeversaires, les rabbins médinois.
Les conflits théologiques avec les rabbins médinois poussent les musulmans à prendre leur distance avec un certain nombre de pratiques empruntées au judaïsme. C’est ainsi que les compagnons de Mohammed vont jeuner pendant le mois de ramadam et non plus à Quipour comme les Juifs.
C’est ainsi surtout que la qibla, la direction de la prière,va changer. Alors qu’il est en train de prier, Mahomet reçoit une révélation qui lui ordonne de se tourner pour la prière non pas vers Jérusalem mais vers la Kaaba. Dans la mythologie musulmane, on commence à dire que la Kaaba a été construite par Ismaël et Abraham.
Abraham et l’islam. Abraham est d’abord une figure majeure de la Torah. Les Juifs le considèrent comme le père du judaïsme. Mais pour Mohammed, c’est aussi un prophète de l’islam. Au fil des siècles, l’histoire d’Abraham et de ses fils, Ismaël et Isaac, va devenir un sujet de désaccord entre Juifs et musulmans.
Pour bien comprendre l’origine de cette discorde, il faut revenir aux sources de l’histoire d’Abraham. Dans la Torah, Abraham et sa femme Sarah vieillissent malheuresement sans descendance. Jusqu’à ce qu’Abraham se résolve à avoir un enfant avec Agar, la servante égyptienne de sa femme. Ce fils se sera Ismaël. Puis, à l’âge de 99 ans, grâce à une intervention divine, Abraham a finalement un enfant de sa femme Sarah, un autre fils, Isaac. Jalouse, Sarah exige le départ d'Ismaël et de sa mère. Il plaît alors à Dieu de mettre la foi d’Abraham à l’épreuve en lui demandant de sacrifier son fils Isaac. Abraham est sur le point d’égorger son fils quand Dieu arrête son bras et lui accorde le sacrifice d’un mouton en lieu et place d’Isaac. Mais dans la tradition islamique l’histoire n’est pas tout à fait la même. Abraham s’appelle Ibrahim, et le fils qu’il s’apprête à sacrifier n’est pas Isaac mais Ismaël, le fils de Agar, l’égyptienne, considéré l’ancêtre des Arabes. Pour les Arabes, cela signifie qu’ils appartiennent aussi au groupe de peuples bénis par Dieu. Abraham est considéré comme étant le premier musulman, le premier à se soumettre au dieu unique. Dans l’islam, selon le Coran, Abraham (Ibrahim) est désormais un patriarche plein d’amour, le patriarche par exellence, celui qui a fonfé le sanctuaire de la Kaaba à la Mecque avec son fils Ismael.
Les musulmans veulent reprendre le sanctuaire de la Kaaba aux polythéistes qui l’ont profané en y installant leurs multiples divinités. Mahomet décrète que la Mecque (plus spécialement la Kaaba) devient le centre spirituel.
Mahomet est considéré comme le dirigeant suprême, politique et religieux à la fois.
625
Humiliés, les Mecquois rassemblent une troupe de 3.000 hommes qui part vers Médine. Bataille d'Ouhoud. Défaite des musulmans aux portes de Médine.
Mahomet est blessé et son oncle Hamza tué.
L'un des compagnons du prophète Mahomet, Moussad ibn Oumayr, tombe en martyre.
627
> En mars 627, siège de Médine par les Qoraïch mecquois (an 5). Mahomet utilisant les services d’un persan fait creuser un fossé (bataille des fossés). Il s'en faut de peu que les Mecquois, renforcés par des Bédouins, ne s'emparent de Médine. Les Mecquois, lassés du siège, se retirent.
La puissance de Mahomet grandit lentement. Il en profite pour éliminer peu à peu les tribus juives de Médine qui le gênent.
Mahomet, maître incontesté de Médine, ne songe plus qu’à rentrer dans sa ville natale. Mahomet annonce qu'il entend partir à la conquête spirituelle de La Mecque en prenant la tête d'une marche pacifique.
628
> En mars 628, pendant l’un des mois sacrés, Mahomet part avec quelques compagnons pour accomplir le pèlerinage de La Mecque. Devant l’opposition des Qoraïch, il traite avec eux.
> Les Juifs bannis de la puissante tribu des Banou Nadir se sont réfugiés dans l’oasis de Khaybar. A la fois agriculteurs et guerriers, ils ont fait de l’oasis dominée par une forteresse une place aussi riche qu’imprenable. Au terme d’un long siège, Mohammed remporte la victoire contre eux. Reste à décider du sort des vaincus. C’est alors que les Banu Nadir proposent au prophète de les épargner et de les laisser pratiquer leur religion en échange d’un impôt. Mohammed accepte ce marché qui transforme ses adversaires en source de richesse. A l’issue de chaque victoire, et parfois même sans combat, des traités de ce type vont être conclus par les tribus juives et chrétiennes qui tombent sous la domination musulmane. En prenant le contrôle de la ville de Médine, Mahomet impose un statut spécifique aux minorités juives, la dima qui en arabe signifie à la fois soumission et protection. C’est une vieille tradition arabe pré-islamique d’être protégé par une tribu après l’avoir rejoint. Les communautés juives et chrétiennes peuvent pratiquer leur culte mais elles doivent s’acquitter d’un impôt. Cela implique un statut d’infériorité. Le terme dima n’est pas seulement juridique, pour les musulmans il a aussi un sens théologique : en persécutant un dimi, on brise une promesse faite à Dieu. Dans ce cas, le prophète intercèderait en faveur du dimi, juif ou chrétien, contre le musulman.
629
> La communauté de Mahomet est autorisée à se rendre à la Mecque.
> L’emprise des Byzantins sur la Syrie est restaurée par la défaite des Sassanides, mais elle reste fragile.
630
> Le 11 janvier 630, en violation du traité, Mohammed prépare une grande expédition militaire pour intimider ses derniers opposants. L'aristocratie mecquoise divisée évite l'épreuve de force en se soumettant avant de se convertir. Démoralisés par les victoires successives de l’armée du prophète et le nombre croissant de conversions à l’islam, les Mecquois se rendent sans combattre.
> Après cinq ans de guerre sainte, Mohammed rentre victorieux à La Mecque pour former un nouvel État. Huit ans après avoir été chassé de la Mecque par les Qoraïch, Mohammed s’empare de sa ville natale. La capitale des idoles devient la ville sainte des musulmans. En armes, Mahomet touche la pierre noire en entonnant le cri “Allah akbar”. Enfin accepté, il fait le tour de la Kaaba et détruit les 300 idoles qui l'ornent. Mahomet épargne la pierre noire de la Kaaba.
Les Mecquois doivent se convertir à la nouvelle religion monothéiste ou partir.
La plupart des habitants se convertissent à l'islam. Mahomet reçoit la soumission des chrétiens de Nadjrân à qui il laisse, selon la tradition, leurs biens et leur religion, moyennant paiement d’un tribut.
632
> La presque totalité de la péninsule arabique s’est ralliée à la foi monothéiste de l’islam.
> Dix ans après l’arrivée de Mohamme à Médine et 22 ans après la révélation divine, le prophète tombe malade. Mahomet, quelques mois avant sa mort, conduit le premier pèlerinage à La Mecque (hajj) selon le rite prescrit par lui-même. Il insiste sur l'égalité de tous les hommes devant Allah, qu'ils soient riches ou pauvres, arabes ou non. Le 8 juin 632, à Médine, Mohammed est pris d’une forte fièvre et meurt. La communauté doit se donner un nouveau chef. Le prophète n’a laissé aucune indication pour sa succession. Le problème de la succession se pose car Mahomet n'a pas d’héritier mâle et n’a laissé aucune consigne selon les sunnites. Selon les chiites, il a désigné Ali, son gendre, le mari de sa fille Fatima.
Certains, qu'on appelle "les gens de la maison", veulent que l'on choisisse un successeur dans la famille, comme le cousin et gendre du prophète Idn Ali bin Abi Taleb, le premier converti à l'islam.
Le principe de cooptation l'emporte. Selon la tradition tribale, un conclave décide que la succession revient à Abû Bakr, plus proche compagnon et père Aïcha, femme de Mohammed. Abû Bakr est désigné comme premier calife (khalifa ce qui signifie "successeur de") par une assemblée de proches de Mohammed de la grande oumma. Il est chargé de remobiliser les tribus et réalise la conversion de tous les Arabes à l'islam. Il poursuit le mouvement de conquêtes initié par Mohammed. Après la mort de Mahomet, ses successeurs vont étendre ses conquêtes sur les trois continents. La plus grande partie de l'Arabie est convertie à l'islam.
> Mort d'Abu Bakr, premier calife de l'Islam. Abu Bakr a désigné avant de mourir comme successeur Omar ibn al-khatâb Ier (634-644) "commandeur des Croyants", beau-père de Mahomet (634- 644). Son surnom et al-Fraouq signfiant “l’Equitable”. C'est un notable qui fut l'un des farouches adversaires du Prophète parmi les Mecquois. Il ne perd pas son temps avec des questions de dogme mais organise l'art militaire et l'expansion de l'islam qu'il lance dans trois directions : l'Afrique du Nord, Numidie et Mauritanie, les pays du Levant, l'Egypte. Sous son commandement, le territoire des Musulmans s’étend jusqu’à Bengazi à l’ouest et jusqu’à Ispahan à l’est. Les Arabes entreprennent la conquête de la Perse et de la Syrie.
> Premières recensions du Coran.
> Première incursion musulmane vers des pays situés hors de la péninsule arabique (634-661).
636
Les armées musulmanes d’Omar s’emparent de Jérusalem sous domination chrétienne.
L’histoire raconte que Ka'b al-aḫbār aurait conduit le calife Omar sur le mont du Temple, à l’endroit même où la tradition juive situe le sacrifice d’Abraham. Pour beaucoup de Juifs de Jérusalem, cette arrivée du calife est un signe de l’avènement de temps nouveaux. Ils accueillent donc avec émotion l’arrivée du calife à Jérusalem.
Pour les chrétiens qui contrôlaient la ville jusqu’à l’arrivée d’Omar, Jérusalem est aussi une ville sainte, celle de la crucifixion de Jésus. Pourtant le patriarche Sophronios, chef des chrétiens de Jérusalem, accueille respectueusement le calife Omar et l'invite à entrer dans la grande église de Jérusalem. Mais le calife refuse car il craint que l’église soit transformée ensuite en mosquée suite à sa visite. Les chefs religieux de l’islam comprennent comme il est important de vivre en paix avec leurs voisins chrétiens et Juifs[1].
En moins de dix ans (- 642), la partie orientale du bassin méditerranéen est conquise.
> Le 20 août 636, sous le calife Omar, victoire du Yarmouk sur les Byzantins et installation des Arabes en Syrie-Palestine (Damas).
L'Arménie est conquise par les Arabes.
Les conquêtes propagent la foi, assurent la sécurité et permettent d’exécuter de profitables razzias.
Conquête arabo-musulmane de la Syrie. A la surprise générale, les Arabes détruisent l'armée d'Héraclius près du Jourdain puis s'emparent de la Syrie (Antioche), de la Palestine et de l'Egypte. L'armée byzantine comporte avant tout des contingents de mercenaires. Ils ne peuvent s'adapter à la guerre de razzia imposée par les Arabes.
En perdant l'Egypte, Byzance passe pour ses écrits du papyrus au parchemin ce qui facilite la conservation.
Les conquérants n'engagent pas de politique d'islamisation forcée et offrent aux chrétiens partout majoritaires - même si l'on compte quelques minorités juives - le statut de dhimmi (protégé). Les monastères qui se rallient aux musulmans obtiennent en récompense une diminution du kharâj (impôt foncier).
637
Défaite des Perses contre les Arabes à la bataille de Qadisiyya.
La capitale perse Ctésiphon tombe face aux armées arabes.
La Perse est pillée et ravagée par Omar de fond en comble[2].
638
Prise de Jérusalem et conquête de la Palestine par les armées arabes d'Omar.
Prise d'Antioche. Les reliques chrétiennes sont déplacées à Constantinople.
639
La ville égyptienne de Babylone (qui fait aujourd’hui partie du Caire) tombe aux mains des Arabes.
L’Egypte est islamisée.
641
Conquête de Mossul par les Arabes.
642
En Arabie musulmane, Omar, le deuxième calife, décide de revenir sur le statut de la dima dans la péninsule. Il prétend que dans son dernier testament Mohammed lui a dit d’expulser tous les Juifs du Heddjaz, ce qui est une affirmation douteuse. Quoi qu’il en soit, il expulse les derniers Juifs de Khaybar qui partent alors vers le nord. C’est dans cette période d’expulsion des Juifs d’Arabie qu’apparaît Ka'b al-aḫbār ( كعب الأحبار,), un juif yéméniye converti à l’islam. Il a traversé la moitié de la péninsule pour rejoindre Médine, le siège du califat, où il s’apprête à marquer profondément la tradition musulmane. C’est un personnage fascinant. Son nom signifie l’associé. Il est l’associé d’une école juive, ce qu’il veut dire qu’il a une sorte d’autorité rabinique. C’est un grand érudit juif qui, une fois converti, aurait joué un rôle très actif dans l’enseignement de la tradition juive aux musulmans. Ka'b al-aḫbār tombe à point nommé. Grâce à son érudition juive, il maîtrise la tradition hébraïque. Il va nourrir l’interprétation du Coran, les récits populaires et bibliques issus de la culture juive. Grâce à lui, les premiers musulmans se familiarisent avec les grandes figures du judaïsme : Moïse devient Moussa, Joseph, arrière petit-fils d’Abraham devient Youssef, le roi David devient Daoud, et son fils Salomon qui a bâti le temple de Jérusalem devient Souleman. Les récits de Ka'b al-aḫbār et de ses continuateurs sont connus sous le nom d’israeliat. C’est par ces récits que des pans entiers de la tradition juive sont devenus des parties intégrantes de la culture musulmane.
Ka'b al-aḫbār devient rapidement un proche conseiller du calife Omar.
Invasion de la Mésopotamie et de la Perse après la victoire de Nehâwend.
Conquête difficile de l’Egypte et de la Cyrénaïque par `Amr, commandant de l’armée de Syrie. Alexandrie tombe.
En dix ans, les partisans de Mahomet ont créé un immense empire sur les terres des civilisations historiques du Moyen-Orient.
644
> De continuelles frictions grèvent les armées victorieuses, certaines des tribus arabes considérant qu’elles ont été lésées dans la distribution des fruits de la victoire.
> Assassinat du second calife Omar (Umar) Ier poignardé en accomplissant la prière de l’aube dans la mosquée de Médine par un prisonnier persan réduit en esclavage, un zoroastrien appelé Fairouz (turquoise) et surnommé Aboul Lou’louwa (l’homme à la perle). Les six personnages qu’Omar avait chargés de pourvoir à sa succession portent leur choix non sur Ali mais sur un autre gendre du prophète, Uthman Ibn Affan (`Uthmân) de la descendance d'Omeyya (644- 656). C’est un fidèle de la première heure de Mahomet, mais aussi le membre d'une des plus puissantes familles marchandes de la Mecque. Il exerce un pouvoir personnel et clientéliste en plaçant les membres de sa famille et de son clan aux postes de pouvoir dans toutes les provinces. Son népotisme engendre des mécontentements, dont celui d'Aïcha, la dernière épouse de Mahomet qui va se liguer contre lui.
> Après la mort du calife Omar, le mouvement d’expansion ne s'interrompt pas, s’étendant toujours plus loin à l’est et à l’ouest. L’empire s’est étendu au nord vers les provinces de Sham (actuelle Syrie), à l’ouest vers l'Egypte et à l’est vers les provinces de Perse.!Les Arabes sont en Arménie. En quelques années, les conquérants musulmans s’emparent de la Perse sassanide, l’un des plus grands empires de l’époque. Ils mettent sérieusement à mal l'empire byzantin.
Ce succès stupéfiant n’est pas dû qu’à la force des armes, il a également beaucoup à voir avec la nature révolutionnaire du message de l’islam. Le message de l’islam c’est l’égalité et il s’exprime dans les termes suivants : nous sommes tous égaux devant Dieu.
> L'enchaînement rapide des victoires oblige les conquérants musulmans à trouver dans l’urgence des solutions concrètes pour faire fonctionner d’immenses territoires. Pour cela, il leur faut recourir aux élites locales, qui sont très souvent chrétiennes ou juives.
> Le système de la dima fonctionne très bien car il met fin aux affrontements, à moins qu’une ville en particulier ne décide de lutter jusqu’au bout, ce qui arrive parfois mais pas très souvent. Les musulmans doivent se montrer pragmatiques, plutôt que d’évincer tous les membres de la classe dirigeante, il les utilisent et ils permettent ainsi aux Grecs et aux Perses sassanides de continuer à occuper les mêmes responsabilités qu’auparavant d'administrer l'Empire. Cela permet aux musulmans de poursuivre leur avancée alors que les Etats déjà conquis sont pacifiés.
> L’empire musulman est dirigé dune main de fer par les califes de la dynastie omeyyade qui confisquent les richesses et les honneurs au profit de la toute petite minorité arabe de l’Empire.
646
Abd al-Malik, quatrième calife omeyyade de Damas.
C’est vraisemblablement à cette date qu’est écrit le Coran.
L’Empire musulman s’affirme face au reste du monde.
Milieu VIIe siècle
Les populations conquises ne maîtrisent pas la langue arabe. Des désaccords apparaissent parmi les musulmans sur la récitation du Coran.
Le Coran, auparavant transmis de façon orale, est compilé par écrit.
650
Conquête arabe de la Géorgie.
651
Occupation arabe de l’Afghanistan.
Invasion musulmane arabe du Grand Iran où règnent les Sassanides.
652
Un des généralissime constate que les hommes de troupe ne récitent pas le même Coran. Othman fait donc rédiger une version par une commission (sans voyelles, avec les sourates classées par longueurs décroissantes). Othman confie à Zaid Ibn Thâbit, le secrétaire du prophète, la mise au point du texte écrit de son Coran. Six copies sont faites. C'est seulement une partie du Coran. Les copies sont envoyées de Médine vers les principales villes de l’empire musulman, vers La Mecque, Basra, Kufa, Damas et Le Caire. Othman détruit toutes les autres copies du Coran (comme par exemple les copies conservées par les épouses du Prophète) pour que ne subsiste qu'une seule vulgate. Le calife Othman impose ainsi sa version officielle, appelée la Vulgate d’Othman, il interdit les versions du Coran concurantes à la sienne et demande leurs destructions définitives. Mais il faut du temps pour que les versions non officielles cessent de circuler. La rédaction du Coran se poursuit (- 656).
Les Arabes envahissent l’Iran.
654
La Syrie, la Palestine, l'Egypte, Chypre et Rhodes sont tombées aux mains des Arabes. La grande majorité des habitants de Judée se rallie à l’islam.
655
Les Arabes atteignent Kaboul et Kandahar.
656
> Assassinat du troisième calife, Uthman, à Médine, après dix années d’un pouvoir despotique, dans son palais de Médine. Les révoltés reprochent à Uthman d’avoir imposé sa seule version officielle du Coran.
Version écrite du Coran.
> Choix controversé du calife Ali Taleb (656- 661), figure tutélaire du chiisme, contraction de chia-t-Ali le "parti d'Ali", cousin et gendre du prophète (époux de sa fille Fatima) qui combat contre la veuve de Mahomet, Aïcha. Ali est aussitôt contesté par le cousin d'Othman, Muawiya, jeune gouverneur de Damas, qui l'accuse d'avoir trempé dans l'assassinat de son cousin Uthman, le troisième calife. Mu`awiya appartient au même clan qu'Uthman. Il dispose d'une armée et déclenche les hostilités militaires contre Ali et ses partisans. Guerre civile.
657
> Bataille indécise de Siffin entre Ali et le syrien Moawiya. Au moment où ses soldats vont être défaits, Moawiya appelle à l'arbitrage. Ali l'accepte. Les hostilités cessent et un arbitrage est organisé par une commission. Certains partisans d'Ali refusent l'arbitrage, désavouent Alix et sortent de la communauté, ce sont les kharidjites (de kharaj, sortir). C'est la première dissidence de l'islam. Les kharedjites sont très austères, ils affirment que le calife doit être élu selon les seuls considérations morales et religieuses.
> Se laissant circonvenir par Moawiya, Ali renonce à ses droits. Ses fidèles n’acceptent pas cette déposition, ce sont les Chiites.
660
A l'issue de la fitna, l’
omeyyade Muawiya 661-680) ancien gouverneur de Syrie, s'autoproclame calife et s'installe à Damas. La conquête est rapide est aisée.
Muawiya (661-680) s’empare du pouvoir et fonde la puissante dynastie des Omeyyades. Instauration d'un pouvoir dynastique (succession héréditaire) avec la première dynastie de l'Empire d'islam. Ce sont des descendants des Qurayshites comme Mahomet, mais appartenant, eux, à une famille riche. L'ancien clan dominant redevient dominant.
> Muawiya s'impose à la tête de l'État arabe et installe un système de type dynastique ( - 750) copié sur le modèle byzantin. Construction d'un empire musulman. Muawiya et les siens, restés fidèles à la tradition, la Sunna, sont qualifiés de Sunnites ou ahl al Sunna, les gens de la tradition.
> Les Omeyyades établissent leur capitale à Damas qui devient la nouvelle capitale de l'empire musulman, de la frontière turque à la Palestine. C’est la première capitale musulmane située hors de l’Arabie.
> La conquête est destinée à permettre aux Arabes de recueillir l'impôt auprès des vaincus. Cette progression procure encore davantage de richesses à l’aristocratie arabe des anciens chefs tribaux et des anciens marchands. Ils vivent de façon luxueuse dans les villes de garnison, dépensant de grandes sommes d’argent pour construire des palais à leur usage.
leurs subordonnés dans les armées arabes sont exempts d’impôts et reçoivent des pensions prélevés sur le butin et les tributs de la conquête[3].
> Les nouveaux convertis sont des mawali, il sont exclus des privilèges que les Arabes attribuent aux musulmans authentiques dont ils proclament être les seuls représentants. La dynastie va durer un siècle.
> A Kufa (dans l’actuel Irak), assassinat d'Ali ibn Adi Talid, en pleine prière à l'aube, par un fanatique kharejite. Les kharidjites contestent les tentatives de conciliation d’Ali avec ses adversaires. Fin du califat râchidûn (guide dans la voie droite).
L’assassinat d’Ali ouvre une nouvelle querelle. Les partisans d'Ali, en arabe chi`at Ali, poursuivent le combat et sont dénommés chiites.
> L'éclatement de l'islam en trois branches, sunnisme, chiisme, kharidjisme, constitue la fitna ou la grande discorde au sein de l'islam. Le principe de succession dynastique écarte irrévocablement les descendants d'Ali, le cousin et gendre du Prophète.
662
Prise de Kaboul par Muawiya.
670
Début de la conquête arabe du Maghreb. Les Arabes viennent de la péninsule arabique.
La conquête contre les Berbères sera longue et difficile. Elle va prendre un demi-siècle.
La facilité de leur pénétration s’explique par la rapidité de leurs chevaux.
La religion de l’’islam séduit par sa simplicité et sa tolérance par comparaison avec le christianisme devenu compliqué et ostentatoire.
Fondation de Kairouan en Ifriqiya (Tunisie) par le général Obqa ben Nafi, base militaire de la future conquête. Il y édifie une grande mosquée et les convertis sont regroupés autour du seul et unique Coran d'Othman.
Au Coran apporté par les troupes Omeyyade vient aussi s’ajouter ceux que les copiste kairouanais commencent à produire sur place. Ils constituent ainsi l’une des plus grandes bibliothèques coraniques des premiers temps de l’islam.
674
Occupation arabe de la Transoxiane (Ouzbékistan, Kasakhstan).
680
> Yazid Ier (Omeyyade), fils de Muawiya, calife sunnite installé à Damas.
> Deuxième guerre civile.
> Fondation du parti chiite (fidèles d'Ali, cousin et époux de la fille de Mahomet, Fatima) qui développe une opposition clandestine et refuse son allégeance au nouveau calife omeyyade Yazid Ier. Ce dernier réprime la rébellion de l’imam al-Hussein (Husayn), deuxième fils d'Ali.
> Le 10 octobre, al-Hussein est battu et massacré à la bataille de la plaine de Karbala (au sud de la ville actuelle de Bagdad) (ashura, jour de deuil et lieu de pèlerinage des chiites). Hussein est décapité avec quelques-uns de ses partisans par l’armée omeyyade du calife de Damas. Selon la tradition, la tête de Hussein serait conservée dans la mosquée même des Omeyyades. Le fossé est creusé entre chiisme et sunnisme. Ali et son fils Hussein deviennent des martyrs pour tous les nostalgiques du temps du prophète, alors considéré comme un modèle de pureté désormais corrompu.
> Une audacieuse chevauchée à travers le Maghreb de l’armée de soldats musulmans conduit Obqa Ben Nafi jusqu'aux rivages de l'Atlantique. Bousculées par cette attaque inattendue les tribus berbères abandonnent un butin considérable mais très vite elles se ressaisissent. Obqa ne rentre pas vivant à Kairouan. La révolte berbère se généralise à tous les Maghreb. Obqa Ben Nafi porte le message de l’islam.
683
Réaction des Berbères.
La reine berbère Kahina, peut-être chrétienne, combat les armées Omeyyades.
> Calife Abd al-Malik (685- 706). C’est le calife le plus flamboyant de la dynastie des Omeyyades. Il est en rivalité avec un prétendant au califat à la Mecque. Il fait de l’édification des premiers monuments de l’islam et de la réforme du Coran les deux piliers de son règne. Sur l’emplacement du temple de Salomon, Abd El-Malik fait réaliser une construction de prestige à Jérusalem sur laquelle il faut inscrire des sourates, le dôme du rocher, symbole du triomphe de l'islam. Selon la tradition rabbinique, c’est sur ce rocher que Dieu a appelé Abraham à sacrifier son fils. > Il fonde un empire islamique[4]. Le nom de Mohammed apparaît pour le première fois (sur une pièce de monnaie).
> La mise par écrit du Coran s’achève sous le règne d’Abd al-Malik?
Années 690
> La langue administrative devient l’arabe.Abd al-Malik impose l'arabe comme langue administrative. Constitution de la grammaire arabe.
696
> Abd Al-Malik semble habité par une ambition impériale : il entend faire des terres conquises un empire unifié.
697
> Soumission définitive de l’Afrique du Nord. Après les avoir combattu avec ardeur, les élites berbères finissent par se rlier aux musulmans arabes.
[1] Tariq Ali.
[2] Gilles Kepel Passion arabe.
[3] Chris Harman, Une histoire populaire de l’humanité. De l’âge de pierre au nouveau millénaire. La Découverte.
[4] Françoise Micheau, Les débuts de l’islam, jalons pour une nouvelle histoire, Téraèdre, 2012