Geoffroy COOMANS de BRACHÈNE
Député bruxellois
Question orale de Monsieur Geoffroy COOMANS de BRACHÈNE, Député, adressée à Ans PERSOONS, Secrétaire d’État en charge de l’Urbanisme et Patrimoine, de l’Aménagement du territoire, Relations européennes et internationales, Commerce extérieur, Lutte contre l’Incendie et Aide médicale urgente
Objet : la procédure de classement de l’Atomium
Madame la Secrétaire d’État,
L’Atomium, monument emblématique de l’Exposition universelle de 1958, est sans doute l’un des symboles les plus reconnaissables de Bruxelles, de la Belgique, et même d’Europe. Conçu comme une ode au progrès scientifique et technique, il incarne l’optimisme de l’après guerre, le modernisme architectural, et continue d’attirer des centaines de milliers de visiteurs chaque année. Il est également un point d’attache émotionnel fort pour les habitants de Laeken et pour l’ensemble des Bruxellois.
Et pourtant, ce monument exceptionnel n’a toujours pas obtenu le statut de "monument classé".
Il convient certes de saluer l’inscription récente de l’édifice à l’inventaire légal de la Région bruxelloise, intervenue le 19 août 2024. Cette mesure constitue une reconnaissance officielle de sa valeur patrimoniale, mais elle reste, il faut le rappeler, nettement inférieure en termes de portée juridique à une mesure de classement. L’inscription ne garantit ni la protection la plus forte ni les mécanismes de préservation les plus contraignants qui s’imposent avec un classement. Elle n’active pas, non plus, le même niveau d’engagement institutionnel en faveur de la sauvegarde du site.
Ce statu quo est d’autant plus troublant que la Commission Royale des Monuments et des Sites (CRMS) s’est clairement prononcée en faveur d’un classement complet de l’Atomium, et que la procédure semblait bien engagée dès 2018. Depuis, des incertitudes persistent : pressions urbanistiques liées aux projets NEO, désaccords éventuels avec la Ville de Bruxelles, absence de volonté politique ?
Ne pas classer l’Atomium aujourd’hui revient à prendre un risque pour demain. À l’heure où Bruxelles revendique son statut de capitale européenne et de ville d’architecture, il est difficilement compréhensible qu’un tel édifice ne bénéficie pas encore de la protection juridique la plus forte prévue par notre législation.
C’est dans cet esprit que je vous adresse les questions suivantes :
1
1. Quels sont les effets concrets de l’inscription de l’Atomium à l’inventaire légal depuis le 19 août 2024 ? Cette inscription implique-t-elle des obligations nouvelles pour les gestionnaires du site ou pour la Ville de Bruxelles ?
2. Pourquoi, malgré les recommandations de la CRMS, le Gouvernement n’a-t-il toujours pas procédé au classement de l’Atomium comme monument, et quelles étapes manquent encore à l’aboutissement de cette procédure ?
3. Quels arguments juridiques, politiques ou urbanistiques expliquent que l’on privilégie pour l’instant une inscription plutôt qu’un classement en bonne et due forme ? 4. La proximité du projet NEO et les ambitions urbanistiques portées sur le plateau du Heysel jouent-elles toujours un rôle dans le gel ou le report de ce classement ? Une zone de protection élargie autour de l’Atomium a-t-elle été étudiée ?
5. Des contacts ont-ils eu lieu récemment avec la Ville de Bruxelles, dont on sait qu’elle a exprimé par le passé des réticences au classement, et une médiation ou concertation est-elle en cours ?
6. Le Gouvernement entend-il étendre la réflexion patrimoniale au-delà du seul Atomium, pour y intégrer d’autres éléments du site comme le boulevard du Centenaire, la place du Centenaire ou certains palais du Heysel, conformément à l’avis de la CRMS ?
7. En quoi le classement de l’Atomium pourrait-il renforcer la politique de rayonnement international de Bruxelles, notamment dans le cadre de sa politique de siège et de son image de capitale européenne et patrimoniale ?
8. Enfin, Madame la Secrétaire d’État, pouvez-vous nous confirmer l’engagement du Gouvernement à finaliser le classement de l’Atomium, et nous fournir un calendrier clair en ce sens ?
Je vous remercie d’avance pour vos réponses. À l’heure où Bruxelles affirme ses ambitions patrimoniales et européennes, il est plus que temps que l’Atomium bénéficie de la reconnaissance légale qu’il mérite pleinement.
Geoffroy COOMANS de BRACHENE
Député
2