1874 -2024 Quel parcours ?
(source photo: geneanet)
De la Maison des champs. . .
L'histoire de l'acquisition de la propriété par le père des écrivains Pierre et Thomas Corneille en 1608 est bien connue tout comme leur œuvre littéraire ; il faut rappeler comment cette maison manante, bâtisse du XVIè siècle est restée le solide témoin d'un passé de Petit-Couronne.
Pour replacer les événements vécus entre 1608 et 1684, si la visite des lieux s'impose ; une approche virtuelle est possible afin de vérifier aussi les horaires d'accueil (informations pratiques) Maison des champs, Pierre Corneille | Musée Pierre Corneille (museepierrecorneille.fr).
Enfin, pour en savoir plus, vous pouvez toujours puiser dans une documentation abondante.
Pour ne citer que quelques documents en ligne sous Gallica :
Aux Archives Départementales de Seine Maritime
Plus près de nous, des livres.
A la naissance du musée il y a 150 ans.
C'est le 25 juin 1874 que le département de la Seine-Inférieure, actuel Seine-Maritime a fait l'acquisition de cette maison pour l'aménager en musée et la rendre proche à celle qu'elle était pendant la vie de Pierre Corneille.
Pour faire vivre les lieux et entretenir certains souvenirs qui y sont attachés, nous sommes accueillis par les gardiens qui se succèdent depuis 1879. Pour certains, c'est une deuxième vie qui commence loin des mouvements de la première.
Qui donne vie au musée? Son gardien.
« Maison de Corneille à Petit-Couronne »
« Ainsi qu'il résulte d'un rapport de M. l'architecte Desmarest, - rapport qui vous sera soumis, - les travaux de restauration de la demeure du grand poète sont enfin terminés. Il est dès lors nécessaire d'installer, dans le logement qui lui est destiné, le gardien de cette propriété départementale et de fixer le chiffre de son traitement annuel : j'estime qu'une somme de 800 fr à 1000 fr serait une rémunération suffisante surtout à raison des avantages accessoires attachés à cette position.
Je vous prie de vouloir bien : 1e voter la création de cet emploi ; 2e fixer le chiffre du traitement qui y sera affecté ; 3e décider que ce traitement sera inscrit au budget rectificatif de l'exercice courant ; en attendant l'établissement et l'approbation de ce budget, les mois échus pourraient être payés sur le crédit réservé aux dépenses imprévues. » -extrait de : le Journal de Rouen du 21 avril 1879-
Selon le journal du 25 avril 1879 (page 2) le traitement du gardien est fixé à 800 fr par an.
Les gardiens habitent à côté du musée ; les recensements de la population permettent de les identifier et d'apporter des compléments sur leur vie parfois bien remplie puis celle « de retraité » et gardien du musée.
Drôle de coïncidence, le premier a été Monsieur GRIMM
présenté en un article du blog Regards en arrière (regards-en-arriere.blogspot.com).
Sa nécrologie précise qu'il a pris ses fonctions en juin 1879, seulement 4 mois avant son décès voir journal du 15 octobre 1879
et les autres ?
Monsieur Jacques RENARD au moins de 1881 à 1890
Selon le recensement de 1881 (page 9/32) : Monsieur RENARD Jacques 53 ans, retraité, gardien de la maison Corneille est noté avec son épouse et leurs deux enfants Henriette 6 ans et Édouard 5 ans. Il est né à Rouen (Jacques Hyppolite Pascal) le 17 mai 1829 (acte 1126 vue 149/207) ; marié à Bois Guillaume le 8 février 1875 (acte 23 vue 20/132) avec DEVISME Marie Rosalie, noté militaire en retraite, Chevalier de la Légion d'Honneur en 1872. Il meurt le 15 janvier 1905 à Louviers (Eure) son dossier précise son changement de résidence (dans l'Eure) au 7 janvier 1890.
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Pour sourire, une anecdote ;
En 1887 il reçoit en pèlerinage une délégation de 4 membres du Conseil Général journal du 31 août 1887 page 2. Ils auraient dû être plus nombreux à répondre à l'invitation de Monsieur LAPORTE conseiller général du canton de Grand-Couronne mais...
«... hier vers sept heures du matin une pluie torrentielle s'est mise à tomber ; elle a duré plus d'une demi-heure, et l'état du ciel rien moins que rassurant, promettait encore de fortes ondées. Dès lors le petit voyage auquel on se préparait était gâté et en gens prudents, les honorables conseillers sont, bien à regret, rentrés dans leur lit...Pourtant quatre membres courageux... se sont risqués. C'étaient MM de MONFORT, GUERRAND, LEBOURGEOIS et DE BAGNEUX...La petite troupe s'engage dans l'étroite allée qui part du bord de la Seine pour aboutir à Petit-Couronne, précédée du gardien de la maison de Corneille, un vieux brave sur la poitrine duquel brille la croix de la Légion d'Honneur, en compagnie de nombreuses décorations et dont la taille se redresse fièrement... M. LAPORTE est venu au devant des visiteurs en compagnie de M. MAILLET DU BOULLAY, conservateur de la maison de Corneille... »
Monsieur Eugène DIOT de 1891 à 1901.
De 1891 à 1901 au moins : le musée est confié à Monsieur DIOT Eugène 64 ans (page 14/30) . Il est mentionné avec son épouse née Marie LECAROUX et ses 2 fils LECAROUX Eugène-16 ans typographe et Lucien 8 ans. Il s'est marié le 29 octobre 1887 (acte 60 page 76/135) à Caudebec -les-Elbeuf. Il est tisseur, né à Reims (Marne) le 1er mars 1827 (acte 234 page 64/345 ) et se prénomme Vincent Eugène . En 1901 Monsieur DIOT Eugène a 74 ans (page 13/30), toujours gardien du musée, son épouse Marie Catherine LECAROUX est décédée le 05 décembre 1900 à Petit-Couronne. Il vit avec son fils Lucien LECAROUX, 18 ans employé de la Compagnie de navigation.
Le 04 août 1901, journal du 05 août 1901 visite d'une délégation de l'histoire littéraire les Cornéliens.
Décès tragique à Caudebec lès Elbeuf, d'après le journal de Rouen du 09 octobre1901.
Monsieur Pierre NOLY jusqu’en 1911 au moins
Dès 1903 sa présence est attestée comme gardien du musée inscrit sur la liste électorale de Petit-Couronne, il a 73 ans. Auparavant il était tisserand. En 1906 , au recensement, page11/32 : on a Monsieur NOLY Pierre et sa femme. Il est né Pierre Eugène NOLI le 8 janvier 1830 à La Chapelle Yvon (Calvados), divorcé de Ernestine TALBOT (décédée à Lisieux le 29 avril 1897 acte N° 219) et son épouse née Clémence DAVID le 25 janvier 1836 à Bernay (Eure) acte 15 page 7/331 , veuve de Jean-Baptiste DEVAUCHELLE décédé le 5 avril 1865 à Lisieux (Calvados), acte N° 196. En 1911 toujours gardien avec son épouse et il a 81 ans ! En 1913, d'après la liste électorale, il est domicilié rue de la République à Petit-Couronne, sans profession. Son décès est noté le 5 mai 1917 à Petit-Couronne. Le musée est confié à un autre gardien. Il a vécu le pèlerinage du tricentenaire de la naissance de Pierre Corneille, le discours de Monsieur le Préfet... à voir sur le journal de Rouen du 6 juin 1906 et fait la présentation des roses à l'administrateur de la comédie française en 1911 ( journal l'Indépendant de Basse-Pyrénées du 3 juin 1911 source Gallica) « Corneille aimait les roses nous dit le gardien qui nous guide...On a planté l'espèce de roses qu'il aimait et, dans la saison elles fleurissent là et embaument. Les roses de Corneille sont peut-être une légende ; mais en pareil cas, je le répète, les légendes sont séduisantes... » Jules CLARETIE de l'Académie Française | (source AD76 extrait journal de Rouen du 06 juin 1906) |
Maurice DAVID prend le relais vers 1913 jusqu’après la guerre probablement.
Il est le fils de Clémence DAVID veuve de Pierre NOLY et voisin du musée.
Né Eugène Maurice DAVID au Havre le 19 octobre 1870, il se marie à Elbeuf le 08 mars 1893 avec Adeline Albertine LEFEBVRE dont il divorce le 5 mars 1908. Inscrit sur la liste électorale de 1903 à Caudebec- lès-Elbeuf, il est cordonnier. En 1906 il habite rue du Neubourg à Elbeuf, il est receveur buraliste, libraire et son épouse libraire. En 1913, inscrit sur la liste électorale de Petit-Couronne, il est gardien du musée et habite rue Pierre Corneille.
En 1918, les visiteurs peuvent acquérir en souvenir la notice, selon les indications du Journal de Rouen du 09 octobre ainsi rédigées :
“ PETIT-COURONNE. - Manoir de Pierre Corneille. - Pour répondre aux visiteurs français et alliés, désireux d’emporter un souvenir, le gardien a été autorisé à mettre en vente une petite notice historique illustrée d’une eau-forte de Jules Adeline et rédigée par M. Maillet du Boullay ancien conservateur de cette demeure du poëte “ GD
(extrait : source AD 76, le journal de Rouen)
(source image www.abebooks.com)
et à lire la notice La maison de Pierre Corneille au Petit-Couronne - Google Books
Monsieur Victor HALAY dès 1921 jusqu’à son décès en 1926
Il est né Victor Joseph HALAY, le 12 décembre 1851 à Veules les Roses.
Son recrutement militaire en 1871, au Havre- registre 1 R 2666 vue 535/540- au nom de HALLE Victor Joseph en 1871 donne son signalement physique : taille 1,66m, cheveux et sourcils blonds, yeux gris, menton rond, nez fort, visage ovale front couvert et grande bouche. Il est incorporé le 29 décembre 1872 au 84è régiment de ligne. Nommé gendarme le 1er mai 1879.
Marié le 22 novembre 1880 à Veules les Roses (acte page 31/35), noté gendarme, son domicilie est à Criquetot l'Esneval, ses parents habitant à La Chapelle sur Dun.
Le 29 septembre 1884, la famille s'agrandit à Grand-Couronne où il est gendarme. En 1901, au recensement (page2/18), il est garde champêtre à Bosc-le Hard.
Le 29 février 1908, au mariage de sa fille à Vouziers (Ardennes), il habite Grand-Quevilly et est gardien au stand des Bruyères.
au recensement de 1921 à Petit-Couronne : Monsieur HALAY Victor ( page 12/21) est gardien du musée.
En 1923, inhumation du fils MPLF (Mort pour La France) le 2 sept 1914 à Maubeuge - journal du 27 avril 1923-. Ses parents sont toujours au manoir Pierre Corneille et remerciements dans le journal du 30 avril p5
1924 inhumation de Marguerite HALAY journal du 8 mars 1924. Les parents sont toujours rue P Corneille. Et remerciement p 5 journal du 10 mars.
Son décès est notifié dans le journal du 05 mars 1926, il est médaillé militaire et les remerciements sur le journal du 7 mars p4.
Monsieur Florentin LERETOUR, peut-être dès courant 1926 et jusqu’en 1939
Pour les 50 ans du musée, rien ne précise que c’était lui le gardien d’après Rouen gazette sur Gallica du 1er septembre 1928,
Son histoire : il est né le 18 février 1875 à Sotteville lès Rouen marié le 24 décembre 1900 à Petit-Quevilly avec Anastasie LOUIS ; il est ouvrier d'usine.
En 1913, d'après la liste électorale, il habite Petit-Quevilly ; encore confirmé au recensement de 1926 -passage Liégeard ( source AD76 cote 6M670 Petit-Quevilly (Le)- 1926- vue 183/307 )
Sa présence comme gardien du musée de Pierre Corneille à Petit-Couronne est attestée au moins au recensement de 1931 consulté en mairie et la presse du 10 juillet 1932 : La liberté titre :
« Le ruban rouge au gardien du manoir de Pierre Corneille » voir fiche Légion d'Honneur Cette décoration est liée à son parcours de la Première Guerre mondiale où il a été grièvement blessé le 26 décembre 1914 comme l'atteste sa fiche matricule visible en ligne AD 76 ; cote 1R2997- Numéro matricule :1115 (1895). Il est amputé du bras droit. ci-contre extrait de “La Liberté” du 10 juillet 1932 source https://gallica.bnf.fr |
En 1936 il est toujours le gardien du musée voir page 9/92, Monsieur LERETOUR Florentin Emile
Sur la période suivante, les recherches dans la presse ne sont pas fructueuses vue la guerre et la censure. Aucune publication des débats des sessions du conseil général. D’ailleurs, se réunissait- il?
En 1944 Geneviève ou Roger LEFRANC?
Nous avons eu connaissance du décès de LEFRANC Geneviève née MASSARD le 22 août 1893 au Havre (acte N°2348 page 78/600) mariée à Rouen le 22 juillet 1925 avec Roger Emmanuel LEFRANC. Domiciliée 60 rue Pierre Corneille elle est victime du bombardement aérien du 25 août 1944 rue Pierre Corneille, près du musée, présentée dans les mémoires locales comme “la dame du musée” . Il se peut que le gardien soit Roger LEFRANC, pensionné de la grande guerre suite amputation cuisse droite, selon sa fiche matricule ...
En 1946, Étienne DUPUIS, horsain qui vient de loin…
(source fonds de carte IGN 2016- licence ouverte)
Etienne DUPUIS est né le 9 février 1887, route de Lyon à Yzeure (Allier) acte page 877/972,son père est agriculteur. marié à Belfort (Territoire de Belfort) le 19 avril 1911, acte 77 page 52/327, (il est employé du chemin de fer), domicilié à Yzeure en 1911 selon le recensement (p33/93) et décédé à Petit-Quevilly en 1969. Il est de la classe 1907, fiche matricule 2128, recrutement de MOULINS (Allier) page 234/920. Elle précise par ailleurs fin 1911 domicile à saint-Germain des Fossés (Allier) et 1912 à Epinal (Vosges)
Mme DUPUIS est décorée de la médaille de bronze de la famille en 1924 à Chantraine (près d’Epinal) Vosges pour 5 enfants. Annonce parue dans L'express de l'est : journal quotidien d’informations du 22/01/1924.
1946 page 4, au 60 rue Pierre Corneille est noté DUPUIS Etienne né en 1887 à Yzeure, retraité, son épouse née GEORGES et un petit fils âgé de 5 ans.
En 1947, il sera maire de Petit-Couronne, ce qui n'est pas sans poser quelques difficultés. Il est décédé à Petit-Quevilly le 04 octobre 1969.
Pour conclure pourquoi cette ébauche?
L’impression d’une visite passionnante tient autant du guide, ici du gardien, que du contenu et ses apports, sa passion, font que l’on s'en souvient longtemps.
Chacun avec ses handicaps a donné le meilleur de lui-même, faisant à la fois honneur à Monsieur Corneille et sa famille et aux visiteurs.
Ne pas hésiter à franchir le seuil et en sortant profiter du calme du jardin et pourquoi pas, contempler la rose de Corneille.
( ci dessus : photo 2023, collection personnelle)
Ce n’est pas le mot de la fin, les archives n’ont pas livré tous leurs secrets. Toute trouvaille ultérieure sera intégrée dans cet article à sa bonne place.
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