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Espagne 20e 1930 - 1939
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L’Espagne dans les années 1930 

Début des années 1930

Les tensions montent entre le Front populaire de gauche (républicain) et une alliance des partis nationalistes.

1930

> En janvier 1930, au pouvoir depuis 1923, le général dictateur Primo de Rivera est contraint de céder la place. Il s'exile à Paris.                          

Une partie significative de l’opposition à la dictature de Primo de Rivera témoigne de bonnes dispositions quant à la reconnaissance de la spécificité de la Catalogne.

> En août 1930, le Pacte de San Sebastian établit un accord et des mesures visant à renverser la monarchie d’Alphonse XIII.

1931

> En avril 1931, les soutiens à la monarchie s’effondrent.

Face à la menace d’insurrection, désavoué par son pays, le roi d’Espagne Alphonse XIII (grand-père de Juan Carlos) abandonne le trône et est chassé en exil sous la pression de la bourgeoisie.

Il abdique.

La monarchie espagnole s'écroule.

> Le 12 avril 1931, en Catalogne, lors des élections municipales, triomphe une nouvelle force politique, créée à peine quelques mois auparavant, Esquerra Republicana (ERC).

La nouvelle Constitution garantit la liberté de la presse et la tenue d’élections libres. Tous les Espagnols en âge de voter, hommes ou femmes, peuvent se rendre aux urnes.

> Le 14 avril 1931, victoire écrasante de la gauche aux élections.  Avènement de la Seconde République qui se dote d’une Constitution.

> Le 14 octobre 1931, Manuel Azaña, membre d’Izquierda Republicana, devient président du Conseil des ministres de la République (- 12/09/1933).

Manuel Azaña

Trotsky estime que "la révolution espagnole a commencé".

Andrès Nin rentre en Espagne.

La vague de réformes n’est pas au goût de tout le monde. Franco ne va pas tarder à riposter.

1932

Dans les Pyrénées espagnoles, à une centaine de kilomètres au nord de Barcelone, le comte de Figols possède d’importantes mines de charbon. Les mineurs, venus des campagnes espagnoles les plus pauvres, habitent dans une cité minière à flanc de montagne, taillables et corvéables à merci.

> En janvier 1932, les mineurs, majoritairement anarchistes, se révoltent et proclament une République libertaire et sociale, persuadés que toute l’Espagne va le suivre. Au bout de cinq jours, l’armée intervient. Les mineurs, sans chefs ni stratégie, se rendent. 40 mineurs sont arrêtés et déportés sans jugement en Afrique et aux Canaries. Mais pour les leaders anarchistes, l’échec n’a pas d’importance, ils le considèrent comme une sorte d’entraînement, ce qu’ils appellent une "gymnastique révolutionnaire” habituant les masses à surmonter leur peur de la police et de l’armée.

1933

> En novembre 1933, aux élections, victoire de la droite. Les conservateurs se sont alliés pour remporter l’élection. Le gauche essuie une lourde défaite.

Franco, qui a remporté la guerre au Maroc, est promu général de division.

1934

> Le 6 octobre 1934, le président de la Généralité de Catalogne, Lluis Companys, proclame l’indépendance de la Catalogne.

Lluis Companys

> Du 6 au 13 octobre 1934, insurrection des mineurs de charbon des Asturies.

Le gouvernement se tourne vers Franco, trop content de pouvoir rétablir l’ordre.

L’affrontement prématuré est atrocement écrasé par l'armée républicaine qui envoie la Légion étrangère espagnole de l’armée d’Afrique commandée par les généraux Franco et Goded.

Franco utilise les méthodes de la guerre coloniale contre les grévistes.

Il fait bombarder la côte par la marine espagnole et les villages des mineurs par l'aviation espagnole.

Franco organise des exécutions pour l’exemple pour prévenir d’autres mouvements.

Les troupes de Franco rassemblent et fusillent plus de 3.000 grévistes espagnols.

30.000 prisonniers sont envoyés purger leur peine dans les colonies espagnoles d’outremer.

Deux "années noires" vont s'ensuivent où un coup d'Etat est préparé par les antirépublicains en permanence.

La gauche est révoltée par la brutalité des méthodes de Franco.

Elle s’unit pour former ce qui deviendra le Front populaire.

Il y a deux millions d'ouvriers anarchistes organisés par le syndicat CNT, le plus important syndicat (Barcelone et campagnes d'Andalousie, de Castille et de Catalogne).

1935

> En septembre 1935, la gauche communiste (Andreus Nin, Juan Andrade) rompt avec Trotsky pour fusionner avec le Bloc ouvrier et paysan de Catalogne (dirigé par Joaquin Maurín et issu d'une scission du PC espagnol) et former le POUM, une organisation "centriste de gauche". Wilebaldo Solano en dirige l'organisation de jeunesse.

1936  

Le POUM compte environ 6.000 militants.

> En janvier 1936, dissolution des Cortes.

Un pacte de Front populaire est signé entre les partis libéraux bourgeois et les organisations ouvrières. Le PC espagnol officialise ainsi la nouvelle politique de l'Internationale stalinienne. Le programme de ce front, concentré sur la question des libertés démocratiques, se borne à des mesures de gestion de l'ordre bourgeois.

> Le 16 février 1936, aux Elections aux Cortes, la majorité bascule. Victoire du Front Populaire contre la coalition des droites regroupées dans le Front national.

Les nationalistes perdent de quelques voix les élections. C’est un camouflet pour Franco.

Le Front populaire obtient la majorité.

Le gouvernement de droite est éjecté.

Les anarchistes de la CNT refusent d'y participer mais soutiennent le Front Populaire.

> Le 19 février 1936, gouvernement de Manuel Azaña (- 10 mai).

Manuel Azaña

Joaquin Maurin, un de ses principaux dirigeants du POUM, est élu député.

La mobilisation ouvrière connaît un développement impressionnant (- juillet).  Toutes les villes importantes voient au moins une grève générale.

Redoutant un coup d’Etat, le gouvernement du front populaire écarte les généraux les plus conservateurs. Franco est envoyé dans une des dernières colonies espagnoles, les Canaries, à 100 kilomètres des côtes africaines et à 2.000 kilomètres de Madrid. Les généraux en exil voient l’Espagne basculer à gauche.

> En mars 1936, des paysans d'Estrémadure se saisissent des terres.

L’armée ne cache pas son intention de renverser le gouvernement légal.

> En avril 1936, le général Mola appelle à l’insurrection. C'est l'organisateur dans l'ombre du coup d'État.

Les jeunesses socialiste et communistes fusionnent.

> Le 11 mai 1936, Manuel Azaña, républicain de gauche, remplace Zamora comme président de la République (- 3 mars 1939). 

> En juin 1936, grève dans la construction à Madrid.

> Le 13 juillet 1936, le Parti communiste assure le gouvernement de son soutien total.

A Madrid, alors qu’il est détenu par la police, assassinat par des asaltos (corps de police de gauche) du leader de la droite aux Cortes, José Calvo Sotelo, un fervent royaliste.

Pour la droite espagnole, cet assassinat est un scandale.

Pour Franco et ses généraux, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Ses funérailles se transforment en démonstration de force.

Des soulèvements fascistes au Maroc se répandent aussi en Espagne.

Le Premier ministre Quiroga refuse d’armer les travailleurs.

> Le 17 juillet 1936, depuis le Maroc espagnol, après plusieurs jours d’hésitation, Franco et un groupe de généraux déclenchent un Coup d’Etat, affirmant défendre l’Espagne catholique contre les maux du communisme athée.

Les troupes nationalistes débarquent dans le sud.

> Le 18 juillet 1936, habillé en civil, Franco s’envole incognito pour le Maroc. Sa mission est de conduire l’armée d’Afrique en Espagne.

Franco obtient le soutien de l’armée d’Afrique.

Tentative de putsch militaire fasciste (pronunciamiento) des généraux autour de Franco et Sanjurjo contre la jeune République espagnole.

Soulèvement au Maroc espagnol puis en Espagne.

Franco

Rapidement, plusieurs garnisons du pays se rallient à la rébellion.

Les marins refusent de participer au putsch, désarment les officiers et prennent le contrôle des navires.

L’église catholique soutient le coup d’Etat.

Partout où l’armée s’empare du pouvoir, elle exécute massivement tous les membres des partis de gauche et des syndicats ouvriers. Les navires de la flotte espagnole patrouillent partout. L’Armée d’Afrique que Franco doit emmener en Espagne est bloquée au nord du Maroc car le détroit de Gibraltar est surveillé par la marine.

La rébellion militaire franquiste est soutenue par l'Église catholique, la majorité des officiers et les droites.

La putsch échoue grâce à la riposte fulgurante des travailleurs.

Début de la révolution espagnole et de la guerre civile (elle fera plus de 350.000 morts auxquels il faut ajouter les 200.000 républicains exécutés sur ordre de Franco après la victoire de mars 1939).

> Le 19 juillet 1936, la CNT, syndicat anarchiste d’un million et demi d’adhérents, appelle à la grève générale. Durs combats à Barcelone où le peuple écrase la révolte de l’armée après de sanglants combats.

> Le 20 juillet 1936, André Malraux, écrivain antifasciste arrive en Espagne et parcourt Madrid en insurrection. Il constate que la faiblesse de la défense républicaine c’est l’absence d'aviation[1].

Grenade tombe aux mains des fascistes, sans résistance, les républicains n'ont rien pour se défendre. Des milliers d’habitants sont fusillés.

En trois jours, les putschistes triomphent à Séville et s’emparent d’une grande partie nord du pays, allant de la Galice à la Navarre.

En quelques jours, dans presque toutes les grandes villes, sauf Séville, Saragosse et Gijon, les ouvriers s'arment et écrasent le putsch. La classe ouvrière inflige une défaite militaire écrasante aux fascistes dans toutes les grandes villes et régions industrielles et les obligent à battre en retraite dans les régions agraires, sous-développées du pays.

L'appareil d'Etat bourgeois vole en éclats. Des organes de double pouvoir, comités d'usine (18.000), de quartiers, de paysans, de soldats, de milices, couvrent presque tout le territoire. Aucune organisation ne donne l’ordre de constituer des comités, ils naissent spontanément[2].

Le gouvernement républicain n'a plus aucune autorité, sinon à Madrid, et encore.

A Madrid, des milliers de travailleurs occupent les rues, bloquant les militaires dans les casernes.  L’assaut est donné aux casernes et les mutins sont totalement défaits.

Les ouvriers sont écrasés à Séville et Saragosse, ailleurs, ils l'emportent.

L’Espagne est le seul pays où les anarchistes ont une organisation de masse, à la fois politique et syndicale, la CNT-FAI. Le cœur du mouvement anarchiste espagnol est la Catalogne et d’abord la grande ville industrielle de Barcelone. Les anarchistes y sont en grande majorité des ouvriers précaires, durement touchés par le chômage. Venus des régions les plus pauvres de l’Espagne, ces immigrés de l’intérieur s’entassent dans les barrios, les quartiers ouvriers de la nouvelle périphérie. Dans cette Barcelone anarchiste, seuls de minuscules fragments résistent encore à la gentrification de la ville. Les militants anarchistes pensent que l’heure de la révolution sociale est enfin arrivé.

Sous l’impulsion des anarchistes, dans la seule ville de Barcelone, plus de 3.000 entreprises sont collectivisées et dirigées par des conseils ouvriers élus par la base. Le grand restaurant de l’hôtel Ritz est autogéré et transformé en cantine militante. Les usines produisant les armes pour le front sont autogérées, ainsi que celles produisant la nourriture pour les soldats et la population. Les salons de coiffure, les hôpitaux, l’électricité et les transports sont également autogérés.

> Le 21 juillet 1936, réunion du Comité central des milices de Catalogne où toutes les organisations ouvrières sont représentées (CNT, FAI, communistes, socialistes, POUM, catalinistes de gauche). Les anarchistes refusent de centraliser les comités en Espagne et le POUM hésite.

Les banques sont rasées et pillées. Des dizaines de journaux paraissent.

En représailles contre les massacres commis par les franquistes,

période de terreur rouge dans le territoire resté fidèle à la République.

Des centaines d’églises et couvents sont brûlés, les exécutions de membres du clergé qui défendent les nationalistes se poursuivent pendant de longs mois. Au total, 7.000 prêtres sont massacrés[3].

Pour franchir le détroit de Gibraltar, Franco fait preuve d’audace et en appelle aux deux hommes forts du moment : Adolf Hitler et Benito Mussolini. Ces derniers sautent sur l’occasion, l’Espagne va leur servir à tester leur armement et leurs méthodes.

> A la fin du mois de juillet 1936, des avions allemands et italiens transportent les soldats de l’armée du Maroc vers le sud de l’Espagne, 14.000 hommes en une semaine. Ils effectuent un pont aérien de quelque 800 vols.

Sans l’aide des pouvoirs fascistes, l’armée de l’Afrique ne serait arriver à rien.

> En août 1936, arrivée d'avions allemands et italiens au Maroc.

Pendant que des combats font rage dans différentes régions, Franco remonte vers le nord en direction de Madrid. Franco encourage ses hommes à la plus grande violence et cruauté. Les soldats de l’armée d’Afrique massacre la population civile dès qu’ils traversent un village. Les dissidents qui sont capturés sont regroupés et fusillés.

Violant le principe de non intervention de la SDN, les Italiens vont envoyer durant la guerre 70.000 “volontaires” en Espagne, tandis que les avions fournis par le Reich assurent aux franquistes la quasi-maîtrise de l’air.

L’Espagne sert de champ d’expérimentation stratégique : le Reich teste l'efficacité de ses chars modernes et des raids aériens de terreur menés contre les populations civiles.

Sous prétexte de maintenir l'unité avec le Parti radical, le gouvernement français se refuse à intervenir pour aider le Front populaire espagnol.

Léon Blum propose aux puissances la non-intervention en Espagne. La France et l’Angleterre signent un pacte de non intervention. Le président Cardenas du Mexique refuse d'y adhérer et livre des armes à l'Espagne républicaine. Dans un premier temps, Staline adhère au Pacte de non intervention.

A partir du sud de l’Espagne, les nationalistes effectuent la reconquête avec cinq colonnes à travers l’Andalousie et le long de la frontière portugaise. L’armée d’Afrique provoque la terreur sur son passage en effectuant des massacres organisés. Dans une volonté de “purification”, les prisonniers sont systématiquement exécutés. La terreur blanche sévit avec la bénédiction de la hiérarchie catholique. La répression franquiste fera au total au moins 200.000 victimes.

> Le 2 août, 80 républicains sont fusillés par les fascistes à Magallon, en Aragon.

Dissolution du comité central des milices en Catalogne. Aide russe à l'Espagne républicaine.

> Le 5 août, prise d'Irun par le franquiste Mola.

> Le 6 août, premières lois franquistes en vue de la victoire.

Les troupes de Franco atteignent la ville de Badajoz, près de la frontière portugaise.

> 7 août, prise de Badajoz, sur la frontière portugaise, par les franquistes. Les nationalistes massacrent .

> Le 13 août, chute de San Sebastian.

> Dans la nuit du 14 au 15 août 1936, à Badajoz, 4.000 hommes, femmes, enfants sont assassinés par les franquistes. Et ce massacre est loin d’être un événement isolé.

> Le 18 août, basés à Barajas, aéroport de Madrid, les avions de Malraux sont la seule force aérienne qui s’oppose à la remontée des troupes fascistes vers le nord. Première sortie des avions qui dispersent une colonne rebelle.

> Le 18 août 1936, l’Internationale communiste décide de recourir à des volontaires étrangers pour combattre en Espagne. Arrivée des premières brigades internationales suscitées par l’URSS. La formation des brigades internationales a pour but d'éviter que les volontaires étrangers ne rejoignent les rangs du POUM aux sympathies trotskystes.

Aux experts militaires russes s'ajoutent les agents du NKVD qui font régner la terreur en tant que police politique (Orlov), d'abord dans les Brigades internationales.

Les brigades internationales sont dirigées vers Albacete, entre Madrid et Valence. Les premiers brigadistes sont envoyés sur le front de Madrid sans avoir été entraînés.

> Le 19 août, Frederico Garcia Lorca est fusillé à 38 ans près de Grenade[4].

> Le 27 août 1936, un petit groupe de soldats nationalistes s’est retranché dans l’Alcazar. Même si Tolède n’a pas de valeur stratégique, elle possède un atout de taille : c’est le centre historique du catholicisme espagnol.

> En septembre 1936, le camp républicain manque d’armes lourdes, de chars, d’avions. 

Staline accepte d’envoyer des armes au camp républicain et à son gouvernement de Front populaire. Arrivée d'armes et cadres russes pour aider les républicains. Les premières arrivées d’armes soviétiques déchaînent l’enthousiasme (en échange de 476 tonnes d’or).

Ce qui devait être un putsch éclair des franquistes se transforme en guerre civile d’envergure. L'Espagne est divisée au sein même des familles où il peut y avoir des soutiens aux franquistes et aux républicains.

Si Franco a conquis de larges portions du territoire, son emprise est loin d’être complète. Dans de nombreuses régions sous son contrôle, la moitié de ses compatriotes sont contre lui. Alors que ses troupes poursuivent leur avancée, Franco entreprend d’éliminer tous ses opposants politiques. Il ordonne la création de tribunaux militaires dans le seul but de poursuivre ses opposants. On est passible de poursuite si on a la moindre relation avec des républicains. Certains sont poursuivis pour des activités qui remontent à 1934. Ville après ville, villages après villages, les escadrons franquistes arrêtent non seulement les dirigeants du Front populaire et ses partisans mais quiconque a des sympathies républicaines.

A mesure que la guerre s’étend, Franco intensifie ses attaques sur les civils. Les forces aériennes allemandes et italiennes qui le soutiennent bombardent villes et villages.Ger

Le POUM a sa propre milice formée à 80 % d’antifascistes allemands. Georges Orwell fait partie des milices du POUM.

> Le 4 septembre 1936, gouvernement Largo Caballero (PSOE) à participation communiste (- 17 mai 1937).

Largo Caballero (PSOE) 

> Le 21 septembre 1936, Franco, pour assurer son leadership, réunit les plus hauts gradés espagnols. Venus des quatre coins d’Espagne, les généraux putschistes atterrissent sur une piste improvisée près de Salamanque. Franco a joué un rôle clé pour obtenir La junte voit en Franco un facteur d’unité et de cohésion tant que la guerre durera. Franco est nommé général en chef des armées après un vote de ses pairs, il est désormais generalissimo, général suprême.

Mais pour l’instant Franco ne contrôle que certaines zones d’Espagne.

S’étant assuré le soutien des généraux, Franco se concentre sur un autre pilier : l'Église catholique.

Plutôt que de remonter vers Madrid, tenu par les Républicains, Franco bifurque vers Tolède.

> Le 27 septembre 1936, assiégés depuis plusieurs semaines par les Républicains, les nationalistes de Tolède sont dégagés par les troupes de Franco qui écrasent l’armée républicaine et s’emparent de la ville. Les prisonniers républicains sont massacrés par centaines. Chute de Tolède. Franco fait figure de sauveur du catholicisme espagnol.

> En octobre 1936, les troupes nationalistes contrôlent tout l’ouest de l’Espagne. Mais le reste du pays demeure aux mains du Front populaire.

Pour diriger le pays, Franco doit conquérir son centre politique, financier et administratif.

Pendant des semaines, Franco pillonne la capitale. Malgré les tirs d’artillerie, les bombardements aériens, les attaques au sol, la ville refuse de se rendre.

La République a concentré ses troupes à Madrid. Madrid peut survivre tant qu’elle réussit à ne pas être encerclée.

> Le 7 octobre 1936, décret d'expropriation des fascistes de leurs terres.

> Le 10 octobre 1936, décret créant l'Armée populaire et militarisant les milices.

Reconstitution d'une police et d'une armée bourgeoise centralisée.

> Le 12 octobre 1936, chute de la première ligne de défense de Madrid.

> Le 17 octobre 1936, Oviedo est prise par les franquistes.

> Le 24 octobre 1936, décret de collectivisation en Catalogne.

> Le 25 octobre 1936, décret qui interdit toute activité politique et syndicale.

> Fin octobre 1936, les troupes de Franco assiègent Madrid. 24 batteries d’artillerie pilonnent la ville. Des barricades sont construites dans les faubourgs.

Durant la dernière semaine d’octobre, les bombardements font des centaines de victimes.

> Le 4 novembre 1936, entrée de représentants anarchistes de la CNT dans le gouvernement Caballero. Ils participent à un gouvernement de coalition avec la bourgeoisie. Peu à peu, celui-ci reconstitue une armée qui va s'opposer aux milices et supprimer les comités mis en place par les organisations ouvrières. Tous les ministres, y compris les anarchistes, signent un décret sur la dissolution des milices et leur incorporation dans l'armée régulière.

> Le 7 novembre 1936, 20.000 soldats franquistes se lancent à l’assaut de Madrid par l’ouest. Ils se heurtent aux soldats du 5e régiment (PC).

L’escadrille de Malraux et des chasseurs soviétiques affrontent les avions de Franco.

> Le 8 novembre 1936, attaque de Madrid par le général Mola et début du siège de Madrid (- 28 mars 1937).

La défense de Madrid est confiée au général Miaja resté fidèle au gouvernement.

Le Parti communiste, très influent, dispose de son propre régiment, le 5e, de 10.000 hommes.

La 11e brigade internationale arrive (1.900 hommes) pour défendre Madrid et monte au front, mal équipée.

Les enfants sont évacués vers Valence. Tous les riches et les hauts fonctionnaires s’échappent.

Le gouvernement de Largo Caballero quitte Madrid pour Valence.

La ville est soumise à des bombardements systématiques. Franco : “je détruirai Madrid plutôt que de la laisser aux marxistes”.

> Le 15 novembre 1936, arrivée de la colonne Durruti pour défendre Madrid. Ils sont mis en déroute.

> Le 17 novembre 1936, la 12e brigade internationale arrive à Madrid et remplace en première ligne la 11e brigade dans la cité universitaire.

> Le 21 novembre 1936, Durruti est tué. 500.000 personnes lui rendent hommage à Barcelone.

Franco renonce à prendre Madrid par une offensive frontale. Le camp républicain tient sa première victoire.

L’escadrille Espana (Malraux) quitte Madrid pour Albacete.

Les franquistes construisent des bunkers et des tranchées tout autour de la capitale.

> En décembre 1936, le POUM est exclu du gouvernement de la Généralité. Il représente le dernier espoir d'une avant-garde ouvrière trahie par le gouvernement de Front populaire.

> Le 17 décembre 1936, La Pravda annonce l'épuration des trotskystes et anarcho-syndicalistes en Catalogne.

1937

> Le 6 février 1937, Franco lance une attaque en tenaille (40.000 hommes et une centaines de blindés) au sud de Madrid pour couper la route de Valence à Madrid.

> Le 8 février 1937, Malaga est prise par les Franquistes. Des milliers de militants de gauche sont abattus. Les habitants qui fuient vers Valence sont bombardés par les chasseurs italiens. L’exode se transforme en tragédie. Les avions de Malraux sont abattus.

> Le 11 février 1937, les soldats de la 14e brigade internationale sont massacrés au sud de Madrid. La bataille de la rivière Jarama est une boucherie pour les brigades internationales. 2.000 brigadiste hors de combat. Les Républicains réussissent à garder le contrôle de la route. Le front se stabilise.

> Le 8 mars 1937, 35.000 soldats italiens de Mussolini attaquent Guadalajara avec une division blindée. Ils avancent rapidement dans un premier temps.

> Le 22 mars 1937, la Brigade Garibaldi (12e brigade internationale constituée d'Italiens) met en déroute devant Madrid, à Guadalaraja, une division régulière de l'armée fasciste italienne. Les soldats de Mussolini refluent en désordre et abandonne des tonnes de matériel. La résonance en Italie est immense. La classe ouvrière italienne reprend espoir et la résistance s'amplifie. Pour la première fois depuis 1926, la chute de Mussolini devient une perspective possible à court terme. Tout dépend de l'issue de la guerre civile en Espagne.

> Le 31 mars 1937, échouant devant Madrid, Franco porte son effort sur la bande côtière républicaine du nord. Pilonnage des villes et des villages par l’aviation nazie. Les Basques résistent pendant plusieurs semaines.

> Le 25 avril 1937, bombardement et destruction de Guernica (7.000 habitants) écrasée par les bombes de la Luftwaffe (légion Condor), un jour de marché. Les chasseurs allemands poursuivent les fuyards. 1.654 morts.

Le secrétaire de Trotsky en Norvège et membre du secrétariat international, Erwin Wolf, est enlevé à Barcelone et assassiné par la GPU.

> Du 2 au 6 mai 1937, émeutes de Barcelone, guerre civile dans la guerre civile. 

> Le 3 mai 1937, les gardes d'assaut (asaltos), dirigés par les staliniens (PSUC) tentent de s'emparer par surprise du central téléphonique de Barcelone contrôlé depuis juillet 1936 par les travailleurs et la CNT, qui pouvaient ainsi écouter les conversations téléphoniques gouvernementales. La ville se couvre de barricades.

Les forces gouvernementales sont repoussées. Une colonne de chars entrent dans la ville. Des centaines de morts. Les travailleurs alertés se rendent alors dans les locaux de la CNT et du POUM pour s'armer et dressent de nombreuses barricades. Les ouvriers sont les maîtres de Barcelone.

Les dirigeants de la CNT, dont certains participent au gouvernement, souhaitent calmer le jeu et appellent à déposer les armes, suivis dans ce sens par les dirigeants du POUM. Les ouvriers sont prêts à prendre le pouvoir mais la direction de la CNT et du POUM hésitent, puis reculent et cèdent. La révolution est écrasée. Un cessez-le-feu est décrété. Victoire totale des communistes.

> Le 15 mai, sur pression du Parti communiste, le gouvernement du docteur Negrin (PSOE) remplace le gouvernement Largo Caballero qui a refusé de mettre le POUM hors la loi.

Début de la répression contre les anarchistes et le POUM. Le POUM est interdit, ses militants pourchassés, ses dirigeants emprisonnés. Le NKVD (services secrets soviétiques) produit de faux documents établissant la trahison du POUM, dont les dirigeants sont arrêtés.

> Le 16 mai, Juan Andrade est arrêté avec d’autres responsables du POUM par la police russo-stalinienne.

> En juin, Andreu Nin, secrétaire national du Poum est emmené de Barcelone à Valence puis à Madrid, torturé et assassiné par les staliniens d’Orlov. Il disparaît à côté d'un aérodrome soviétique, à Alcale de Hénares.

> Le 19 juin, les franquistes s'emparent de Bilbao assiégée. L’enclave républicaine est tombée, malgré une résistance désespérée, dans l’escarcelle de Franco.

> Le 26 juin, les Franquistes prennent Santander.

> Le 4 juillet, Congrès international pour la culture organisé à Valence par la propagande soviétique.

> Du 6 au 28 juillet, les soviétiques déclenchent l’offensive la plus importante des Républicains depuis le début de la guerre, à Brunete, un village à l’ouest de Madrid, pour desserrer l'étau autour de la capitale. 70.000 hommes participent à l’opération. La 11e division républicaine entre dans Brunete.

La légion Condor déverse un déluge de feu sur les divisions républicaines à découvert. Brunete est reprise. Revers majeur des Républicains (23.000 morts). Exécution des mutins.

Le terreur stalinienne règne à Barcelone.

Fin juillet, Erwin Wolf, ancien secrétaire de Trotsky en Norvège, disparaît à Barcelone, enlevé dans la rue.

> En août, création du SIM (service d’investigation militaire), police politique de 6.000 hommes, sous contrôle communiste.

Le rapport de force militaire est en faveur de Franco.

Les fascistes ont récupéré les usines d’armement du Pays basque et l’industrie lourde de Bilbao, le charbon et le fer des Asturies.

Les trotskystes allemands ont a déploré la disparition de leurs dirigeants assassinés par des tueurs staliniens. Hans Freund, dit Moulin, et Erwin Wolf, dit Nicolle Braun, ancien secrétaire de Trotsky, tombés aux mains des services spéciaux soviétiques, disparaissent à Barcelone.

> En décembre, début de la bataille de Teruel lancée par les Républicains (- 22/02/1938), saillant tenu par Franco sur le front Est de Madrid. Cette ville est pourtant sans intérêt stratégique.

> Le 19 décembre 1937, 40.000 Républicains marchent sur Teruel.

1938 

> Le 8 janvier, la garnison franquiste de Teruel capitule, la ville est prise. A Barcelone, un défilé monstre salue la prise de Teruel.

Contre-attaque de Franco avec des troupes fraîches de 75.000 nationalistes.

> En février, les franquistes reprennent la ville de Teruel au prix de pertes énormes (30.000 hommes dont un quart à cause du froid). La population fuit.

> Le 9 mars, 150.000 soldats nationalistes attaquent sur 100 kilomètres de front l’armée républicaine. Retraite des Républicains. Les Franquistes atteignent la Méditerranée. Le territoire républicain est coupé en deux (entre Barcelone et Valence).

Tournant de la guerre.

> Le 16 et 17 mars, 17 vagues d’avions allemands et italiens bombardent Barcelone dépourvue de DCA. 1.300 morts.

> Le 3 avril, Franco s’empare de Lerida.

> Fin juillet, début de la bataille de l’Ebre (- novembre), dernière offensive des Républicains pour faire sauter le corridor des Franquistes entre Barcelone et Valence.

> Le 25 juillet, 80.000 Républicains sont acheminés en grand secret vers le fleuve.

La 14e brigade internationale perd 1.200 hommes en 24 heures.

> Le 1er août, l’offensive républicaine sur l’Ebre est brisée, le front se stabilise. Les deux camps creusent des tranchées.

La bataille se termine par une déroute qui ouvre à Franco les portes de la Catalogne.

70.000 Républicains tués, 60.000 nationalistes tués.

En octobre, Negrin annonce le retrait inconditionnel des Brigades internationales.

> Le 28 octobre, despedida ou défilé des adieux des Brigades à Barcelone devant Azana et Negrin. Retour des Brigades internationales.

> Le 23 décembre, bataille de Catalogne.

1939

L’Europe se prépare à entrer en guerre.

Pour économiser des moyens en prévision des conflits à venir, l’Union soviétique retire son soutien au Front populaire.

Le régime franquiste, qui se réclame du national-syndicalisme, interdit les syndicats pour les remplacer par une organisation syndicale unique dépendant étroitement de l'État (syndicalisme vertical).

Rodrigo, Concerto de Aranjuez. 

> En janvier 1939, la France et la Grande-Bretagne réaffirment leur attachement à la politique de non-intervention en Espagne.

> Le 26 janvier 1939, les franquistes rentrent à Barcelone.

Après la chute de Barcelone, une partie des dirigeants du Poum parvient à s'échapper de prison et à passer en France, où certains se rapprochent du Parti socialiste ouvrier et paysan (PSOP) de Marceau Pivert.

En février 1939, ce qui reste de l’armée républicaine est vaincu.

> Le 28 février 1939, chute de Madrid après trente mois de siège.

> Le 28 mars 1939, les troupes de Franco défilent dans Madrid.

> Le 29 mars 1939, Madrid capitule.

Le jeune dictateur Franco est décidé à dessiner la capitale à son image, entre militarisme, obsession religieuse et fascination pour les autres régimes fascistes.

> Le 1er avril 1839, fin de la guerre civile.

Franco est vainqueur de la guerre civile.

La France et l'Angleterre reconnaissent le gouvernement Franco. Pétain est envoyé comme ambassadeur.

C’est une défaite ouvrière de plus et le prologue de la prochaine catastrophe.

Dans les anciens bastions républicains, la population prend la fuite. La majorité des Madrilènes fuient. 500.000 réfugiés espagnols prennent la route de l’exil, passent la frontière et sont internés en France dans des camps d'exception.

Les nationalistes, avec à leur tête le général Franco sortent vainqueur de la guerre civile qui a fait un million de victimes.

Franco établit sa dictature sur toute l’Espagne et conforte son emprise en déclenchant une vague de répression contre ses compatriotes et en instaurant un régime de terreur. C’est la guerre contre les vaincus. Quiconque a des liens avec le gouvernement précédent est systématiquement arrêté et exécuté.

Terrible répression à Madrid.

Le dictateur va régner sans partage pendant quarante années, jusqu’à sa mort en 1975. C’est la dictature la plus longue d’Europe.

 

> Le 5 août 1939, 13 jeunes femmes (las trece rosas[5]), la plupart membres des Jeunesses socialistes unifiées (PCE), et 43 hommes sont exécutés devant les murs de la prison de l’Est.

L’Europe est laminée par la guerre. Pour le monde extérieur, l’Espagne est officiellement neutre. Mais à l’intérieur, Franco a déclaré la guerre à son propre peuple.

En moins de trois ans, 250.000 personnes vont être emprisonnées et 28.000 autres exécutées.


[1] Patrick Rotman. Film Arte La tragédie des brigades internationales (2016)

[2] Ernest Mandel, Problèmes de la révolution européenne (1946).

[3] Patrick Rotman. Film Arte La tragédie des brigades internationales (2016)

[4] Yo nunca seré político. Yo soy revolucionario, porque no hay verdadero poeta que no sea revolucionario

[5] Martina, la rosa numero trece. Angeles Lopez. Seix Barral