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Grèce 20e 1940-1949
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La Grèce dans les années 1940

1940

La Grande-Bretagne détient 50 % de la dette nationale grecque.

En juin, après l’effondrement de la France, Athène se range du côté allié et Metaxas.

En octobre le régime fasciste de Mussolini déclare la guerre au régime fasciste grec.

Metaxas érige une solide ligne de défense qui lui permet de repousser une offensive italienne.

Avec l’appui de la RAF, basée à Malte, les Grecs repoussent l’agression italienne et envahissent même l’Albanie. C’est la première victoire alliée contre les forces de l’Axe.

1941 

Le 29 janvier, mort du dictateur fasciste Metaxas.

En mars, Hitler, en massant des troupes en Bulgarie, prépare une revanche contre la Grèce qu’il vaut cinglante.

Pour tenter de le contrer, les Anglais commencent à déployer les premiers éléments d'un corps expéditionnaire qui comptera par la suite jusqu'à 100.000 hommes.

Le 23 avril, venant à la rescousse de leurs alliés Italiens, conquête de la Grèce par les troupes nazies allemandes (- octobre 1944). La Bulgarie a ouvert ses frontières à leur avancée. La Wehrmacht est aidée probablement par la trahison des généraux grecs favorables à l’Axe.

Le 27 avril, les troupes allemandes entrent dans Athènes qui est ocupée.

Les troupes britanniques se retirent en Crète.

Les nazis à Athènes

La résistance au nazisme commence aussitôt et contraindra Hitler à maintenir dans la péninsule de fortes troupes qui lui auraient été utiles sur le front russe. 

Fin mai, des parachutistes allemands s’emparent en quelques jours de la Crète malgré la présence sur l'île de 32.000 soldats britanniques et de 10.        000 Grecs.

L’Axe y installe une base aéronavale redoutable pour les communications britanniques en Méditerranée orientale.

Le 31 mai, les étudiants Manolis Glezos et Apostolis (Lakis) Santas escaladent l'Acropole et arrachent l'immense drapeau nazi. Ils enclenchent par ce geste spectaculaire une résistance populaire qui débarrassera toute seule le pays des troupes d'Hitler.

La résistance héroïque des Grecs retarde les plans allemands.

Une coalition de partis de gauche dominée par le Parti communiste, le KKE, fonde l'EAM (Front national de libération) dont le bras armé est l'ELAS (Armée populaire grecque de libération). Leur force n'est pas suffisante pour empêcher le partage du pays en zones d'occupation allemande, bulgare et italienne.  

Très tôt, la résistance grecque libère des régions entières et les Allemands doivent mener une guerre quasi ininterrompue afin de reprendre ces poches de résistances.

La répression est particulièrement sanglante.

En tout, 70.000 personnes sont tuées par les Allemands.

Le 1er juin, la Grèce est conquise. L'armée allemande s'empare de la Crète. L’Axe y installe une base navale redoutable pour les communications britanniques en Méditerranée orientale.

Les forces d’occupation ne se soucient guère de l’approvisionnement de la population grecque.

Dès l’été des signes avant-coureurs indiquent qu’il va y avoir un problème de ravitaillement.

La triple occupation, allemande, italienne et bulgare va ravager la Grèce.

Un des objectifs premiers des forces d’occupation est de signer des contrats avec des entreprises grecques. Le but est de faire tourner les usines exclusivement à leur profit.

Avec le premier hiver d’occupation, 300.000 personnes meurent de la famine. Ceux qui ne peuvent pas faire du marché noir doivent vendre tout ce qu’ils possèdent en échange d’un peu d’huile ou de farine ou de pommes de terre.

L’appauvrissement des classes moyennes et de la classe ouvrière crée un terrain fertile à la radicalisation de la population. Pour beaucoup de gens, la résistance est une solution.

Bâtie autour des communistes, la résistance jouit d’un très large soutien populaire.

Les embuscades sont quotidiennes, les sabotages aussi. Les manifestations fréquentes sont réprimées dans le sang.

1942 

En mars, prêt forcé de la Banque de Grèce à l’Allemagne qui siphonne les réserves d’or de la banque centrale grecque.

1943

Au début de l’année, la résistance commence à porter des coups sévères à l'occupant et parvient à libérer des zones montagneuses.

Mais la résistance est profondément divisée. Si le gros des résistants se reconnaît dans l'ELAS, il existe aussi des partisans du régime qui rallient l'EDES (Armée grecque démocratique nationale) et d'autres organisations mineures, choyées par Churchill et l'armée britannique. Parallèlement à la lutte contre l'occupant, ces formations armées font le coup de feu entre elles, semant les germes de la guerre civile.

Le gouvernement désigné par les forces d’occupation finance des bataillons de sécurité chargés d’assister les nazis dans la lutte anti-terroriste contre la résistance.

Les bataillons de sécurité du gouvernement collaborateur des nazis sèment la terreur.

Le 15 février, dans le petit village de Domenikon, 150 hommes et adolescents sont exécutés par les fascistes italiens. Des dizaines d'autres massacres ont lieu en Grèce occupée suivant une politique de terreur organisée. Les massacres de villages entiers sont monnaie courante, 900 ont été dénombrés.

En mars, déportation de 46.000 juifs de Thessalonique.

En avril, les Britanniques sortent de leur manche un politicien encore inconnu appelé à jouer les hommes providentiels, George Papandreou. 

Le 6 juin, Pantelis Pouliopoulos, dirigeant communiste exclu comme trotskyste, est fusillé comme otage par les forces d'occupation italiennes. Avec lui, les trotskystes Xylopolitos, Yannakos et Makris. Au poteau d'exécution, Pouliopoulos harangue en italien les soldats pour qu'ils ne commettent pas ce crime contre les forces résistantes antifascistes. Les soldats refusent de tirer et ce sont les carabiniers qui doivent le faire.

Pendant l'été, les Allemands se retirent peu à peu de la Grèce méridionale, suivis à distance par les Britanniques qui reprennent possession du pays en se préoccupant plus de désarmer l'ELAS que de poursuivre la Wehrmacht.Pouliopoulos.jpg

Le 3 octobre, dans le village de Liguiades, les nazis  tuent plus de 80 personnes, dont des dizaines d'enfants.

Le 10 octobre,  le gouvernement Papandreou peut rentrer d'exil et s'installer dans la capitale. Il est salué par d'importantes manifestations de protestation qui dégénèrent en combats entre la gauche et la droite.

Les 13 octobre, les Anglais arrivent à Athènes.

Le 15 octobre, l’ELAS s’empare de l’important armement qu’abandonne les troupes italiennes.

Début décembre, une manifestation antibritannique est réprimée dans le sang (28 morts). Les combats se poursuivent pendant plusieurs semaines. Le gouvernement doit faire appel à des troupes monarchistes engagées sur le front italien pour casser la résistance de la ville. La guerre civile est dès lors inévitable.

1944 

Du 28 au 30 avril, mutineries dans la flotte grecque.

En mai, à Kesariani, commune proche d’Athènes, 200 résistants communistes sont exécutés par les nazis en représailles à l’assassinat d’un général de la Wehrmacht.

L’OPLA, dépendant directement du bureau politique du PC grec est chargé de missions spéciales d’épuration et se livre à une chasse effrénée de tous les opposants à la ligne du parti, n’épargnant pas les cadres communistes tant soit peu critiques. Ses sbires torturent affreusement leurs victimes puis les tuent. Leurs crimes se chiffrent par centaines[1].

Le 13 octobre, les Allemands, redoutant d'être encerclés, évacuent Athènes. L’ELAS y entre quelques heures plus tard. Durant trois jours, l’ELAS seul contrôle la ville et n’essaye pas de se saisir du pouvoir d’une façon quelconque.

La défaite du fascisme allemand et la faillite du fascisme européen forgent une mentalité qui restera pour quelques années radicalement anti-fasciste et en même temps plus ou moins anticapitaliste.

Le 16 octobre, l’ELAS s’aligne sur les quais du Pirée et applaudit l’arrivée des troupes britanniques qui débarquent et exigent le désarmement de l’ELAS.

Les Anglais, soucieux d'éviter la mainmise sur le pays des partisans communistes appuyés par les soviétiques occupent la Grève de toute hâte.

Le gouvernement anglais place à la tête de la Grèce Georgios Papandréou.

Churchill décide que le roi des Grecs doit retrouver son trône. Son lien de parenté avec la famille régnante anglaise est une garantie pour les intérêts britanniques en Méditerranée.

Le 28 novembre, dissolution des groupes armés de la résistance grecque. La tentative de désarmement de l’ELAS provoque la guerre civile, malgré toutes les capitulations des chefs staliniens.

Grève générale à Athènes contre le gouvernement britannique qui soutient le gouvernement royal.

La manière britannique est impitoyable : 90.000 soldats britanniques sont envoyés d’Italie, armés de chars et appuyés par la RAF.

Le climat politique est insurrectionnel.

Le 3 décembre, début de la Première guerre civile (- février 1945).

La confrontation de la population avec l’armée britannique est directe dans les rues d’Athènes.

L'armée britannique bombarde  Athènes et sa population civile pour anéantir l'EAM et le KKE, ce dernier ayant pourtant refusé de s'emparer du pouvoir et obéi à tous les ordres britanniques, y compris ceux protégeant les collaborateurs.

Les Britanniques organisent une répression ininterrompue de tous les éléments jugés subversifs. Les prisons se remplissent de militants communistes alors que les collaborateurs, jugés dans des procès factices, ne sont pas condamnés.

Les résistants de gauche constituent un front national à direction communiste, refusent de déposer les armes et engagent la lutte contre les Anglais.

Staline, qui s'est entendu avec Churchill pour le partage de l'Europe orientale, ne les soutient pas car  pour récupérer la Grèce, Churchill marchande l'abstention de Staline en lui concédant des facilités du même genre en Europe centrale et orientale.

1945

La seconde guerre mondiale débouche sur une violente Guerre civile de 1945 à 1949.

La situation économique laissée par la gestion des occupants pendant trois ans et demi est catastrophique.

Entre 1941 et 1944 l’inflation a été de 2,3 milliards de pourcent. Des billets libellés en dizaines de milliards ne permettent pas d’acheter un œuf. Les enfants qui cherchent de la nourriture dans les détritus ne ramassent même pas les billets de banque qu’ils peuvent trouver car ils n’ont aucune valeur.

Après avoir combattu les nazis, les partisans de gauche luttent contre le rétablissement de l’ancienne monarchie. Ils comptent sur l’aide de Staline.

> En février 1945, le partage des zones d'influence est décidé à Yalta entre Churchill et Staline.

La Grèce, où la guérilla communiste contrôle une partie importante du pays, doit rester sous influence occidentale, alors que la Roumanie, où les communistes se comptent sur les doigts d'une main, tombe dans l'orbite soviétique.

Staline qui a laissé la Grèce aux occidentaux, demande à l’EAM-ELAS d’accepter la trêve.

Les communistes polonais, bulgares et albanais soutenaient jusqu’ici les maquis grecs. Staline leur dit de cesser. Isolés, les insurgés grecs ne peuvent même plus compter sur la Yougoslavie.

Les Britanniques soutiennent les troupes royalistes mais leur empire en faillite ne peut plus financer les combats. Les Américains s'engouffrent dans la brèche.

La division règne dans les villages. Les partisans y viennent pour recruter des combattants, puis les troupes régulières y arrivent pour faire de même. La police terrorise les familles des partisans.

> En février 1945, fin de la première guerre civile.

1946

Il y a une très grande pauvreté en Grèce.

Le peintre britannique John Craxton arrive dans l’île de Poros.

John Craxton, Garçon sur une chaise bleue.

John Carxton, Trois danseurs.

Les Occidentaux voient la Grèce comme le seul pays des Balkans en dehors du rideau de fer, la porte de la Méditerranée vers les Dardanelles. Si la révolution y triomphe, la Turquie serait menacée.

> Le 12 février 1946, la direction politique du parti communiste grec décide de déclencher la lutte armée.

Markos, communiste, est à la tête de plusieurs milliers d’hommes.

> Le 27 février 1946, Londres informe Washington qu’elle ne peut plus apporter son aide financière à la Grèce.

> Au printemps 1946, les partisans communistes prennent les armes contre le gouvernement «monarcho-fasciste» d'Athènes.

> Le 31 mars 1946, victoire de la droite lors d'élections contestables. Les partis de gauche s'abstiennent.

> Le 1er septembre 1946, plébiscite organisé par la droite qui rappelle le roi Georges II.

> En septembre 1946, la Guerre civile éclate ouvertement lorsque le gouvernement proclame l'état d'urgence (- 16/10/49). Elle oppose les monarchistes aux anciens résistants communistes. La guerre va faire plus de 150.000 morts.

1947

Les Etats-Unis prennent le relais des Britanniques pour sauver l’Etat, empêcher la victoire communiste et garantir la liberté. Il faut empêcher le communisme d’envahir le monde libre. Des navires américains prennent position au nord de la Grèce, un porte-avions est en route.

Aux Etats-Unis, le président Truman fait de la lutte contre le communisme le pivot de sa politique extérieure et n’exclut pas l’intervention de son armée en Grèce. Les Américains soutiennent les troupes monarchistes en leur apportant armes et conseillers.

Les partisans sont en difficulté. Ils comptent sur Staline mais ne reçoivent de l’aide que de leur voisin direct. Tito fournit des armes, Staline ne bouge pas.

Contre le pouvoir et l’armée royaliste d’Athènes, le général Markos institue avec ses guérilleros (andartes), en Épire, région montagneuse bordant l’Albanie, un gouvernement provisoire de la Grèce libre, soutenu par les Soviétiques. Tito aide la guérilla.

Les défaites sont de plus en plus fréquentes. Les partisans sont sur la défensive.

Un camp de rééducation est ouvert à Makronissos par les fascistes. Il enferme les résistants à l’occupation allemande et les combattants ouvriers de la guerre civile. Il restera ouvert jusqu’en 1957.

1948

Les combats s’étendent jusqu’au Péloponnèse.

Le 28 juin, la rupture entre Staline et Tito commence à sonner le glas de l’insurrection grecque. Après sa rupture avec Moscou, Tito a besoin de l'Occident. Et il ferme sa frontière.

Fin de l’ascendence de l’insurrection grecque.

En août, débâcle des partisans.

Markos passe en Albanie. Il est déchu de son commandement et mis au ban du PC.

1949

Durant l’été, les combats se concentrent aux portes de l'Albanie.

Fin août, se déroule au mont Grammos, centre principal des insurgés, la dernière bataille de la guerre civile grecque. L'armée grecque monte à l'assaut du mont Grammos, à la frontière albanaise.

Bataille des monts Vitsi. Le champ de bataille est calciné au napalm que les Américains commencent à expérimenter.

L’armée de la Grèce libre, communiste, est défaite par les forces gouvernementales de l’armée royaliste soutenues par l’Occident.

Le 16 octobre, les insurgés déposent les armes.

La guerre civile a duré huit ans.

Bilan: 120.000 morts et près d'un million d'autres victimes – mutilés, réfugiés, internés politiques, exilés.


[1] Les congrès de la Quatrième Internationale. Rodolphe Prager. EdLes congrès de la Quatrième internationale Editions la brèche.