L’Argentine au XXIe siècle
Deuxième pays de l’Amérique du Sud par sa superficie, après le Brésil, grand comme six fois la France.
L'Argentine est étendue depuis le tropique du Capricorne jusqu’à la terre de feu sur 3600 kilomètres.
Population 46 millions d’habitants
Agriculture
La plaine de la pampa, au climat tempéré, concentre la majorité de la production agricole ainsi que l”élevage.
Les exploitations, les estancias, sont immenses.
L'Argentine s’est construite autour de l’agriculture et notamment de l’élevage avec 54 millions de bovins. L’agriculture dite “conventionnelle” est faite d’élevage est intensif avec usage d’antibiotiques et d’antiparasitaires, culture d’OGM, herbicides, insecticides.
La production de blé représente environ 20 millions de tonnes par an avec, par ailleurs, l’expansion du soja transgénique.
Le pays est très dépendant de la fluctuation des cours agricole mondiaux.
Mouvement ouvrier
Un tiers des salariés est syndiqué
Féminicides. Une femme est assassinée toutes les 32 heures, souvent par son conjoint ou son ex-compagnon. En dix ans, elles sont presque 3.000 à avoir succombé aux violences conjugales. Le machisme, profondément ancré dans la société, est l’une des causes de ces féminicides. La crise économique qui s’amplifie en est une autre. Une femme a pratiquement deux fois plus de risque d’être tuée qu’en Europe. Après un féminicide, les acquittements ou les peines dérisoires ne sont pas rares. Le mouvement de femmes Ni una menos (pas une de moins) fait régulièrement descendre des milliers de femmes dans la rue.
Société
On peut voter dès 16 ans.
Années 2000
> Au début des années 2000, les lois d’amnistie sont jugées anticonstitutionnelles et des procès sont rouverts.
2001
25% de chômeurs (sans assurance chômage), 15 millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté. 90 % de la classe moyenne est précipitée dans la pauvreté.
L'extrême gauche obtient 7 % au scrutin national.
A Neuquen, à plus de 1.000 kilomètres de Buenos-Aires, la ville la plus peuplée de Patagonie, naissance du mouvement des entreprises récupérées par des ouvriers réunis en coopératives.
Développement de formes multiples d'auto-organisation populaire.
> En mars 2001, l’Italien Luis Zanon décide que son immense usine de céramique, pourtant bénéficiaire, n’est pas assez rentable et met la clé sous la porte. Les machines sont relativement neuves et l’usine automatisée. Ses quelque 300 employés ne l’entendent pas de cette oreille, ils occupent les bâtiments et remettent les fours en marche. C’est la première coopérative ouvrière, la première fabsinpat, entreprise sans patron..
Le PO met l'accent sur l’organisation des chômeurs au sein de sa structure de piqueteros dirigée par Néstor Pitrola.
> En décembre 2001, Grave crise d’effondrement économique.
Le FMI oblige l'Argentine à rembourser sa dette.
Défaut de paiement portant sur 100 milliards de dollars.
Limitation de l'accès des particuliers à leurs comptes bancaires.
Des centaines d’entreprises ferment, le chômage explose.
Les plus démunis en sont réduits à la famine ou au pillage de magasins.
> Les 19 et 20 décembre 2001, après 25 ans de politiques néolibérales (1976-2001) et une succession de plans d’austérité menés par le FMI, une rébellion populaire éclate et conduit à la chute du gouvernement et du président Fernando de la Rua (33 morts).
Récession de 25%.
Les nouvelles autorités décrètent unilatéralement la suspension du remboursement de la dette publique sous formes de titres vendus sur les marchés financiers pour un montant de 90 milliards de dollars.
L’Argentine obtient une renégociation.
2003
> En mai, Néstor Kirchner, péroniste, (- décembre 2007) remporte les élections.
Néstor Kirchner
Début de longues années de décroissance.
2005
> En juillet 2005, abrogation des lois absolvant les militaires de leurs crimes pendant la répression.
2006
Après avoir fini de rembourser sa dette, Buenos Aires réduit au strict minimum ses contacts avec le FMI, refusant de se plier à ses traditionnels audits annuels.
Retour de l'inflation.
2007
Élection à la présidence de Cristina Fernández de Kirchner (- 2015).
Cristina Fernández de Kirchner
2010
> Mort subite de l’ex-président Néstor Kirchner.
> Le vice-président, Amado Boudou, est lié à un scandale de corruption.
> Loi sur le mariage égalitaire.
> 205 entreprises ont été récupérées en autogestion par leurs travailleurs (ERT).
> En mars, les survivants torturés de la dictature livrent leurs souvenirs au cours de procès. Le nom d’un homme revient sans cesse, le tortionnaire Eduardo Calinec, surnommé le docteur K, qui a commis 180 enlèvements, tortures, meurtres. Le docteur K est condamné à la prison à vie pour crime contre l’humanité. Lors de ce procès historique, plus d’un millier de militaires et policiers sont reconnus coupables des pires violations des droits humains. Ils sont tous condamnés à de lourdes peines.
> En octobre, assassinat de Mariano Ferreyra par un gang de la bureaucratie syndicale de José Pedraza.
2011
Croissance de 9 %. C’est la dernière année de croissance.
Le chômage baisse de 25 % à 7 %. Plus de 30% des travailleurs sont employés au noir.
2 millions de pauvres selon les chiffres officiels mais 10 millions en réalité.
Des ressources pétrolières immenses sont découvertes (Vava muerta).
> En octobre 2012, réélection de la présidente péroniste Cristina Fernandez de Kirchner avec 54 % des suffrages.
Cristina Fernandez de Kirchner
2012
Loi sur l’identité de genre. Le féminicide est inscrit dans le code pénal.
Croissance 2,6 % . Chômage 6,7%. 30% des travailleurs sont employés au noir. Inflation d’en 25 % (8 % officiellement). De 2003 à 2012 l’Argentine a augmenté de 272 % les échanges commerciaux avec le Brésil. Brasilia absorbe 20,3% des exportations argentines.
> En avril 2012, le gouvernement nationalise l'entreprise pétrolière YPF, la plus grande entreprise pétrolière d'Argentine, sous contrôle de Repsol, une entreprise espagnole. Repsol a rapatrié dans les 3 dernières années 96 % de ses profits ne faisant pratiquement aucun investissements en Argentine. Repsol obtient une compensation de 6,3 milliards de dollars.
> Le 8 novembre 2012, des centaines de milliers de personnes manifestent à Buenos Aires et dans toutes les villes du pays contre le pouvoir de Cristina Kirchner et pour la sécurité. Le rassemblement est appelé principalement par des réseaux sociaux et aussi par des partis de droite. Les manifestants, dans leur grande majorité, appartiennent à la classe moyenne.
> Le 20 novembre 2012, grève générale de syndicats réclamant une baisse des impôts sur les revenus des travailleurs.
2013
> En avril 2013, un million de manifestants à Buenos Aires contre le gouvernement de Cristina Fernandez de Kirchner.
> En octobre 2013, élections législatives. La gauche (6 %) refait son apparition dans un contexte de crise du péronisme.
2014
Inflation 20%.
L’Argentine est en défaut de paiement sur sa dette en devises étrangères (“fonds vautours”) et n’a pas accès aux marchés financiers internationaux.
311 entreprises sont récupérées par leurs travailleurs, elles emploient 13.450 personnes. Après 12 ans d’autogestion, les ouvriers de l’usine de céramique Zanon, qui ont fait tourner leur usine quand leur propriétaire voulait la fermer, obtiennent gain de cause, deviennent propriétaires, sauvent 300 emplois et embauchent une centaine d'ouvriers supplémentaires.
> En janvier 2014, dévaluation du peso de 20 %.
2015
> Des centaines de milliers de femmes se mobilisent à la suite de plusieurs meurtres ayant marqué le pays.
> Accident de deux hélicoptères au cours d’un tournage.
Alberto Nisman est assassiné. Ce magistrat était chargé de l’enquête sur l’attentat contre le bâtiment de la mutuelle juive Ami, qui avait tué 85 personnes en 1994, dans le centre de Buenos Aires.
Inflation d’environ 25 % (14 % officiellement)
> En novembre 2015, élection du président de centre-droit Mauricio Macri (- 2019), homme d’affaires, fils d'un riche industriel immigrant italien. Il bat le péroniste Daniel Scioli.
Mauricio Macri
2016
Inflation 40%.
Récession de 3 %.
Élimination des subventions. Cela entraîne une augmentation des combustibles, des denrées alimentaires et des services publics.
Emprunt de 50 milliards de dollars sur les marchés financiers privés.
Cristina Kirchner est inculpée pour corruption.
Milagro Sana est emprisonnée pour corruption.
> En avril 2016, des dizaines de milliers de personnes manifestent contre les licenciements et l'inflation.
2017
> Population 44 millions. Croissance de 2,8 %. Troisième économie d’Amérique latine. Inflation 18 % (Pour la CGT 24 %). Un tiers de la population est en dessous du seuil de pauvreté. Chômage 10 %. 200.000 emplois supprimés.
> En mars, grève des instituteurs. Le 7 mars, manifestation de dizaines de milliers de personnes, appelée par la CGT (péroniste), contre Macri, les licenciements, l’inflation, la baisse du pouvoir d’achat. La CTA y participe. C’est la fin de la trêve conciliatrice de la CGT avec Macri face aux protestations de la base de la CGT qui veut une grève générale.
> Assassinat du militant Santiago Maldonado, qui défendait la causes des Indiens Mapuches face au groupe italien Benetton qui possède en Patagonie 850.000 hectares, l'équivalent de la Corse.
Santiago Maldonado
> En octobre, élections de mi-mandat, renouvellement partiel du Congrès. Macri arrive en tête et consolide son pouvoir.
> En novembre, quarante-huit anciens militaires argentins sont condamnés pour des crimes commis à l’École de mécanique de la Marine (ESMA), principal centre de torture pendant la dictature. Naissance du mouvement Historias desobedientes qui regroupe les enfants de tortionnaires pendant la dictature.
> Le 15 novembre, disparition inexpliquée d’un sous-marin propulsé par diesel et de ses 44 membres d’équipage. Le chef de la marine est limogé.
2018
Tous les jeudis depuis 41 ans, devant la Casa Rosada, le siège de la présidence argentine, les mères de la Place de mai se retrouvent en mémoire de leurs enfants disparus pendant la dictature.
Début de la Crise économique. PIB -2,4%. Inflation de 47 %. L’inflation annuelle dépasse les 20 % depuis 10 ans. Un tiers des Argentins vit avec moins de 500 euros par mois.
6.000 emplois sont supprimés chaque mois en Argentine.
Le pays compte 380 coopératives ouvrières faisant travailler plus de 15.000 personnes. Les banques ne prêtent pas aux coopératives et l’Etat n’a jamais accepté de les aider.
Le pays enregistre 140.000 plaintes pour violence contre des femmes.
> En avril-mai 2018, crise du peso au cours de laquelle la monnaie argentine se déprécie de la moitié de sa valeur face au dollar.
Le gouvernement fait appel au FMI pour un prêt de 57 milliards de dollars. Ce prêt engendre des mesures d’austérité drastiques.
La consommation est en chute libre et la pauvreté grimpe.
> Le 25 juin 2018, grève générale contre la politique du gouvernement et l’appel au FMI qui fait perdre sa souveraineté au pays. Le pays est pratiquement paralysé. Les accès à Buenos Aires sont coupés par les grévistes. Les syndicats demandent une augmentation des salaires, alors que l’inflation annuelle pourrait atteindre 30 %.
> En juillet 2018, manifestations contre l’austérité et le FMI.
En Argentine l’avortement est illégal. Les juges peuvent autoriser une IVG en cas de viol ou lorsque la vie de la mère est menacée. Une femme ayant avorté peut être punie d’une peine de prison allant de un à quatre ans, et les personnes l’ayant aidée sont passibles d’une condamnation allant jusqu’à six ans d’incarcération. Malgré l’interdiction, 500.000 femmes ont chaque année recours à l’avortement clandestin, selon les estimations des ONG. 10 % de ces femmes sont confrontées à des complications.
> En août 2018, au terme d’un long débat à Buenos Aires, les sénateurs votent à une courte majorité contre un projet de loi prévoyant un assouplissement à l’avortement, à rebours des députés qui ont donné le feu vert. L’église catholique s’est fortement mobilisée contre le droit à l’avortement.
En août-septembre 2018, nouvelle crise monétaire.
> En octobre 2018, à Llavallol, dans la grande banlieue industrielle de Buenos-Aires, lutte des ouvriers métallurgistes licenciés de l’entreprise Canale qui fabrique des boîtes de conserve. C’est une marque mythique connue de tous les Argentins. Désormais les boîtes de conserve sont importées. Les ouvriers campent devant leur usine pour empêcher le départ des machines. Ils veulent créer une coopérative pour devenir propriétaires de l’usine.
2019
Inflation galopante.
Récession. 41 % des enfants vivent en état de pauvreté structurelle.
En octobre 2019, élections présidentielle et législative.
Élection du péroniste Alberto Fernandez à la présidence.
Retour au pouvoir du péronisme.
Alberto Fernandez
> En décembre 2019, arrivée au pouvoir de Alberto Fernandez. Coalition de centre-gauche au pouvoir.
2020
Une personne sur dix vit dans un bidonville.
Le phénomène d’occupation illégales des terres pour se loger s’accélère.
Les employées de maison, les ouvriers du bâtiment, les cuisiniers sont mis au chômage à cause de la pandémie et du confinement.
> En juillet 2020, plus de 2.500 familles s’installent sur un terrain en friche, à Guernica, dans la commune de Présidente Peron, dans la banlieue de Buenos-Aires. Une forêt de tentes et de cabanes pousse en quelques jours. C’est le plus grand campement sauvage d’Argentine. Les occupants, des familles, des couples et de nombreuses mères célibataires, ont été expulsés de leur logement. La crise économique, la pandémie, des mois de confinement, les poussent à la rue. Une vie communautaire s’organise. La police harcèle les habitants et les traite de criminels.
Quasiment chaque semaine, les représentants de Guernica manifestent au centre de Buenos-Aires, devant le Casa rosada, la présidence de la République. Les principaux syndicats soutiennent le gouvernement et restent en retrait. Le Front de gauche soutient les familles de Guernica.
2021
Croissance de 10 %.
Chômage de 8 % mais une grande partie du travail est informel.
Exportation de soja et de céréales.
Inflation endémique supérieure à 50 %.
Élections législatives.
Mis en place d'un système de gel de 1.200 prix pour trois mois pour aider les ménages les plus pauvres.
Revalorisation du salaire minimum.
2022
Le pays est surendetté a des problèmes pour rembourser les prêts qu’il contracte.
Renégociation du prêt avec le FMI. Le FMI exige que l'on baisse les dépenses publiques dans un pays exsangue. Les subventions à l'énergie sont dans le collimateur.
Le FMI vient tous les trois mois en Argentine pour vérifier les comptes.
Le président Alberto Fernandez dénonce les vautours du FMI.
Divisions au sein du gouvernement.
Démission de Maximo Kirchner de la coalition gouvernementale.
> En août 2022, Cristina Kirchner est condamnée à douze ans de prison pour corruption.
2023
Inflation de 143 % (les prix sont modifiés tous les jours dans les magasins alimentaires).
40% de la population sous le seuil de pauvreté.
> En janvier 2023, Lula se rend pour sa première visite en Argentine et rencontre le président argentin Alberto Fernandez pour le sommet de la CELAC, organisation régionale dont s’était retiré Bolsonaro. Projet de monnaie commune entre l’Argentine et le Brésil.
> Le 22 octobre 2023, Campagne de l’élection présidentielle. Parmi les favoris, Xavier Milei, économiste ultra-libéral, anarcho-capitaliste libertarien, ultra-conservateur se référant souvent à Donald Trump et Bolsonaro.
Son programme : Privatisation des entreprises publiques, baisser les impôts, baisser drastiquement les dépenses publiques dont les aides sociales, se débarrasser de l’Etat en le tronçonnant, et faire disparaître la Banque centrale et le peso, la monnaie argentine, au profit du dollar. Il est aussi climato-sceptique. Il est opposé à l'avortement. Il veut laisser faire le marché notamment pour la vente des armes, la vente d’organes humains et les enfants à adopter. Il relativise les crimes de la dictature militaire des années 1970 qui ont fait disparaître 30.000 personnes. C’est le premier président négationniste depuis 40 ans à remettre en cause le récit national sur la dictature.
Il est opposé au péroniste Sergio Massa, ministre de l’Economie.
> Le 19 novembre 2023, au deuxième tour, Xavier Milei est largement élu avec 56%. Il a été soutenu par la droite classique. Le monde rural a largement voté en sa faveur. Milei n’a pas de majorité parlementaire.
2024
> Le 24 janvier, grève générale.
> En mars, les journalistes de l'agence de presse Telam sont licenciés par Milei.
> Coupes budgétaires selon le plan tronçonneuse.
> Le gouvernement cherche à imposer le négationnisme sur les crimes de la dictature argentine. Il cherche à détruire tous les politiques publiques sur la mémoire et à empêcher la tenu des procès. C’est le bras armé du président, la ministre de la sécurité Patricia Bullrich qui est chargée d’appliquer cette politique révisionniste. Elle décide le 27 mai que les dossiers des militaires soupçonnés d’exaction ne seront plus transmis à la Commission d'enquête nationale sur les crimes de la dictature. Xavier Milei et Patricia Bullrich mènent une attaque coordonnée sur les organisations de droits humains, il coupent leur financement et réduisent leurs libertés et leur interdisent de manifester.
> Milei renonce à dollariser le pays. Il démantèle l’Etat dans un pays qui a une tradition étatique importante. Il baisse les dépenses publiques de façon très importante. Il déréglemente le prix des loyers. Il supprime le ministère de l'Égalité des genres.
> Le financement des universités est bloqué et le budget réduit de 30 %. Mouvement étudiant d’opposition contre la politique antisociale du gouvernement. Une des dirigeantes est Anna Maria Cariaga.