Chronologie de la France en 1790

La production industrielle a quadruplé depuis 1710.

Une bonne récolte atténue la crise économique et calme le peuple.

Un reste de la vraie croix est racheté par Anne de la Girouardière à Baugé.

Janvier 1790

Marat doit se réfugier en Angleterre durant trois mois.

Le Club de la Révolution, fondé par l'aéronaute Pilâtre de Rozier et l'abbé Cordier, s'installe au centre des jardins du Palais-Royal. Olympe de Gouges en est membre.

Le 15 janvier, création d'une circonscription unique, le département (83 départements). Les départements sont subdivisés en districts, en cantons et communes. En réaction contre le despotisme des anciens intendants, toutes ces unités (sauf le canton) se gouvernent elles-mêmes au moyen de conseils de magistrats élus.

Le 25 janvier, La Constituante se ligue contre la cause de l’égalité. Bourgeoise dans sa majorité, elle entend réserver à la bourgeoisie seule les avantages de la Révolution. Aux propriétaires revient le soin des affaires publiques. Que l’impôt serve donc de discriminant. Robespierre s’oppose à ce mur d’argent.

Le 28 janvier, la citoyenneté est finalement reconnue aux juifs, mais seulement ceux du Sud-Ouest et du Midi.

Février 1790

Nouvelle flambée de violence dans les campagnes due aux frustrations des paysans.

Le 9 février, proclamation de la loi martiale dans les campagnes. Robespierre s’y oppose.

Le 13 février, abolition des vœux de religion et suppression des ordres monastiques. Les monastères sont supprimés, leurs biens nationalisés. Les religieux et religieuses déliés de leurs vœux sont invités à reprendre la vie du monde soit comme prêtres séculiers (qui vit dans le siècle, c'est-à-dire hors du monastère), soit comme laïques.

Le 19 février, le marquis de Favras est pendu place de Grève, accusé d'avoir voulu enlever le roi parce que trop favorable à la Constituante.

Le 26 février, les provinces sont remplacées par les départements.

Mars 1790

L’instrument le plus puissant du parti constitutionnel est le club des Jacobins ou  “ Société des Amis de la Constitution “ qui tient ses séances dans l’ancien couvent des Dominicains (dit alors Jacobins) de le rue Saint-Honoré, à côté de l’Assemblée. Aux députés patriotes qui formaient son noyau, lorsqu’il naquit à Versailles sous le nom de club Breton, vient s’adjoindre l’élite de la bourgeoisie révolutionnaire de Paris. On y discute, avec les formes parlementaires, les questions à l’ordre du jour. Ses directives sont transmises à ses 400 filiales qui se sont rapidement formées dans la plupart des villes de province.

Le 1er mars, Mirabeau, fondateur de la Société des amis des Noirs, dénonce, dans un discours au Club des Jacobins, ces "bières flottantes" que sont les navires négriers.

Le 15 mars, suppression des droits seigneuriaux personnels, abolition du servage.

Le 31 mars, Robespierre est élu président du club des Jacobins. Il s’en établit comme l’oracle et en fait le levier de sa puissance.

Maximilien de Robespierre (Musée Carnavalet)

Avril 1790

Le 18 avril, émeute contre-révolutionnaire à Toulouse.

Le 26 avril, Robespierre exerce la présidence du club des Jacobins, rue Saint-Honoré.

Mai 1790

Mirabeau finit par passer à la solde du roi qui lui paye ses énormes dettes et lui verse 6.000 livres par mois.

Le 21 mai, création de la seconde commune de Paris.

Le 22 mai, les constituants ayant reconnu le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, l'alarme grandit parmi les puissances étrangères. L'Assemblée déclare cependant la paix à l'Europe et au monde. Jamais elle n'entreprendra une guerre de conquête, jamais elle n'emploiera ses armes contre "la liberté d'un peuple".

Durant l'été, devant les difficultés à faire abolir les privilèges qui doivent être rachetés, en maint départements, les mouvements de paysans contre les aristocrates s'intensifient.

Juin 1790

Apparition du Club des Cordeliers ou Société des Amis des droits de l’homme et du citoyen. C’est un organe purement parisien. Il est animé par des orateurs comme Danton, Marat, Desmoulins, Hébert. Il groupe un public de petits boutiquiers et d’artisans fédérant, sous sa direction, les sociétés populaires des quartiers.

Robespierre est secrétaire à l’Assemblée.

12 juin 1790

Signe de contagion révolutionnaire, les sujets du pape en Avignon, enclavés dans le territoire français, rejettent la souveraineté du pape, chassent le légat du pape  et réclament la réunion du Comtat Venaissin à la France. Jusqu'alors soumis à l'autorité du pape, ils deviendront des citoyens libres et égaux en droits en septembre 1791. C’est une première application d’un principe révolutionnaire en droit international : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

13 juin 1790

A Nîmes, les milices protestantes massacrent plusieurs centaines de catholiques (- 15 juin).

19 juin 1790

Les titres de noblesse sont supprimés. Abolition de la noblesse héréditaire.

Juillet 1790

Hébert fonde Le Père Duchesne qui sera le journal le plus populaire sous la Révolution.

Le 3 juillet, Mirabeau se rallie secrètement à la monarchie et en reçoit de fortes sommes.

Le même jour, Condorcet écrit le texte Sur l'admission des femmes au droit de cité, sans doute inspiré par son épouse Sophie de Condorcet.

La majorité de l’Assemblée n’est pas hostile au catholicisme, mais elle est imbue de l’esprit gallican et janséniste traditionnel chez les hommes de loi du XVIIIe siècle. Puisque l’Etat prend maintenant  sa charge l’entretien du clergé, il peut le réorganiser à sa guise, comme tout autre service public.

Le 12 juillet, intégration de l'Église dans l'État par le vote de la Constitution civile du clergé qui reconnaît un clergé élu et salarié par l'État. Devenu fonctionnaires, évêques et curés doivent prêter serment. Cela entraîne une rupture entre prêtre jureur acceptant son nouveau statut et prêtre réfractaire le rejetant. L'abbé Grégoire prête serment. Le haut clergé est rarement jureur, le clergé paroissial beaucoup plus partagé. Les diocèses sont ramenés au nombre de 83, un par département, et les archevêchés, dits métropoles, au nombre de 10. les autres subdivisions  - archidiaconés, doyennés, paroisses - correspondent aux circonscriptions civiles - districts, cantons, communes. Les évêques sont élus par les assemblées des électeurs départementaux, les curés par ceux du district, comme tous les autres fonctionnaires. Les évêques élus reçoivent leur investiture et leur juridiction spirituelle de l’évêque métropolitain et non plus de Rome, comme le veut le concordat de 1516. Le pape est seulement “ informé “ de l’élection.

Le pape Paul VI et les évêques français, par crainte d’un schisme comme en Angleterre, préfèrent temporiser plutôt que de condamner clairement, dans l’espoir d’un compromis.

Le 14 juillet, Fête de la Fédération sur le Champ-de-Mars à Paris, présidée sans chaleur par le roi, avec 160.000 personnes. L'union du roi et de la Nation est célébrée. La Révolution veut encore croire en sa parfaite unanimité. Une messe est célébrée par l’évêque Talleyrand entouré de 200 prêtres portant une ceinture tricolore. 14.000 gardes nationaux jurent fidélité à la Nation, à la Loi et au roi.

Fête de la fédération. Tout au fond, adossée aux bâtiments de l’Ecole Militaire, la tribune royale. Au milieu, l’autel où est célébrée la messe. Tout autour, les gradins de terre aménagés par les parisiens au cours des jours précédents.

Le 22 juillet, Robespierre soutient les patriotes de Montauban.

A partir du 25 juillet, émeute royaliste à Lyon, réprimée par la garde nationale.

Août 1790

L’Assemblée constituante décide de nationaliser les biens fonciers accumulés par le clergé et le roi, afin de les vendre pour récupérer des ressources. Ce sont les Biens nationaux.

Les assignats sont transformés en véritable papier-monnaie. On décide qu’il cessent de porter intérêt et seront reçus comme espèces sonnantes dans toutes les caisses publiques et particulières.

L’assignat devient un simple papier monnaie servant à tous les usages, comme le montre la petitesse de la somme.

La dépréciation des assignats incite les personnes qui les reçoivent en paiement à s’en débarrasser au plus vite en achetant des biens nationaux.

Cette décision hâte la liquidation des biens du clergé. Ce sont presque exclusivement les riches, et surtout les bourgeois, qui profitent de l’opération, car les petits cultivateurs sont incapables de trouver les fonds nécessaires à l’acquisition de domaines que l’on vend en bloc.

Des spéculateurs se constituent d’immenses fortunes au détriment de l’Etat qui cède de bonnes terres en échange de papier-monnaie de plus en plus dévalué. Tous ces acquéreurs vont se trouver liés à la cause de la Révolution.

> Le 9 août 1790, Marat publie son pamphlet On nous endort, prenons y garde.

> Le 18 août 1790, 20.000 royalistes en armes se réunissent au camp de Jales, en Ardèche.

Révolte de soldats contre leurs officiers à Nancy.

> Le 31 août 1790, la répression est décidée par l'Assemblée (Lafayette) malgré l'opposition de Robespierre. Carnage, des centaines de morts.

La Harpe, suivi par d'autres écrivains, fait lecture devant l'Assemblée nationale d'une pétition qui assure leurs droits aux auteurs dramatiques et la liberté des théâtres et qui est accueillie favorablement.

Septembre 1790

A Haïti Saint Domingue, révolte armée des libres de couleur sous la direction de Vincent Ojé et Jean-Baptiste Chavanne. C'est un échec tragique et une répression d'une extrême violence est mise en œuvre. Ogé est roué vif. Les libres de couleurs étaient souvent les enfants d'une mère esclave.

La partie française de Saint-Domingue est la plus prospère des colonies européennes, première productrice mondiale de sucre. 600.000 esclaves soit environ 50% de la traite atlantique de la période.

Avec l'exclusif, Saint-Domingue, premier producteur mondial de sucre, ne peut commercer qu'avec la métropole.

Le 2 septembre, suppression des chambres de comptes.

Le 3 septembre, Necker démissionne s'estimant incapable de maintenir l'ordre dans la rue où les gardes nationaux et les membres des Sections en armes font la loi.

Sur proposition de Mirabeau, l'Assemblée voir des remerciements au général Bouillé pour avoir écrasé dans le sang la mutinerie des soldats de Nancy.

Une insurrection des "perrayeurs" (ouvriers des ardoisières) éclate à Angers.

Octobre 1790

Robespierre prône les mandats courts, non immédiatement renouvelables, refusant que l'engagement politique se transforme en un "vil métier" et voulant limiter le risque de corruption des élus.

Reconnu excellent juriste et indéfectible patriote, Robespierre est élu premier juge du tribunal du district de Versailles

Le Cercle social (appelé aussi les "Amis de la vérité"), fondé par Nicolas de Bonneville et Claude Fauchet, d'inspiration maçonnique, se réunit à partir d'octobre au cirque du Palais-Royal et attire un public nombreux (entre cinq mille et huit mille personnes). C'est un réservoir a idées. On y prône la réduction des inégalités sociales et l'abolition de l'esclavage.

6 octobre 1790

Le Roi condamne la constitution civile du clergé.

24 octobre 1790

L’Assemblée constituante décrète le drapeau tricolore comme étant le drapeau de la République française. Il se substitue au drapeau blanc.

Novembre 1790

Le 10 novembre, Calonne arrive à Turin et devient " Premier ministre " de l'émigration.

L’affaire de la constitution civile du clergé traîne en longueur et l’Assemblée s’impatiente.

Le 26 novembre, l'Assemblée vote la loi du serment obligeant les ecclésiastiques à jurer fidélité à la Constitution, c’est-à-dire à accepter la nouvelle organisation de l’Eglise, sous peine d’être considérés comme démissionnaires. Sept évêques seulement et la moitié environ des prêtres prêtent le serment imposé. Immédiatement des élections ont lieu pour remplacer les insermentés. Talleyrand, un des rares évêques jureurs, consacre les premiers évêques constitutionnels.

Le 30 décembre, Etta Palm d'Aelders dans son discours Sur l'injustice des lois en faveur des hommes, tenu devant le Cercle social, revendique que soit donnée aux femmes la possibilité d'intervenir dans le vie politique.

Décembre 1790

Le 3 décembre, Louis XVI réclame de l'aide au roi de Prusse pour restaurer son autorité.

Le 5 décembre, Robespierre fait un discours à l’Assemblée constituante, puis aux Jacobins, pour que tout citoyen, même non actif, puisse entrer dans la Garde nationale^[1]. Il s’oppose à Mirabeau et on refuse de l’entendre. Robespierre demande le premier d’inscrire le mot de Fraternité auprès de ceux de Liberté et d’Egalité sur les drapeaux des gardes nationaux.

Olympe de Gouges propose une pièce sur le sujet de l'esclavage, Le Marché des Noirs, mais celle-ci est refusée.

Le 23 décembre, naissance de Jean-François Champollion dans le Quercy. Son père est libraire.

L’Assemblée nationale vote un hommage national à Jean-Jacques Rousseau.