L'URSS dans les années 1980
Années 1980
Le surendettement des pays du bloc de l’est est croissant.
Au début des années 1980, le monde commence à changer autour de la toute puissante Union soviétique. Il faut désormais compter avec l’islam qui modifie la donne de la guerre froide. Après la vague anti-américaine en Iran, l’islam militant devient plus que jamais problématique pour l’URSS.
1980
⇨ Le 22 janvier 1980, Sakharov est arrêté et assigné à résidence à Gorki. Il s’oppose à la guerre en Afghanistan.
Un russe réfugié à l’ouest, Vladimir Bukowski, propose le premier de boycotter les jeux Olympiques à Moscou. L’idée est reprise par le président américain Jimmy Carter.
Pour préparer les Jeux Olympiques, les autorités de Moscou essaient de se débarrasser des mendiants et des prostituées en les arrêtant et en les envoyant dns des contrées suffisamment reculées pour que les visiteurs étrangers découvrent une mégalopole socialiste parfaite.
Boycott des jeux olympiques de Moscou par 65 nations à cause de l’invasion de l’Afghanistan.
Gorbatchev est élu au PolitBuro.
> Mort du chanteur Vladimir Vyssotski.
1982
> L’économie du pays est à bout de souffle, l’armée est embourbée en Afghanistan. Le peuple commence à ne plus croire aux idéologies communistes.
> Les relations est/ouest sont très tendues. Le gouvernement soviétique fabrique des armes nucléaires à la chaîne afin d’intimider le bloc de l’ouest. L’union soviétique possède environ 33.000 ogives nucléaires (22.000 pour les USA). Les gens vivent dans la peur d’une guerre nucléaire.
> Iuori Andropov est à la tête des renseignements soviétiques, le KGB. Pour lui, la guerre nucléaire est inévitable. Le KGB dirige toute la Russie depuis des années.
> En novembre 1982, anniversaire de la révolution. Leonid Brejnev n’a plus toute sa tête. Ses interventions en public sont de plus en plus pathétiques. Le 10 novembre, il meurt subitement après 18 ans de pouvoir. Au cours de cinq jours de deuil, son corps rejoint celui de Staline au pied du mur du Kremlin. Iouri Vladimirovitch Andropov, chef du KGB pendant 15 ans, démissionne pour succéder immédiatement à Leonid Brejnev. Andropov durcit beaucoup la répression politique, il évoque l’idée de remettre en place les Goulags. Le système est à bout de souffle.
Iouri Andropov
1983
Andropov, paranoïaque, durcit la position de l’URSS dans le bras de fer qui l’oppose aux pays européens. En pleine crise des euromissiles, il abandonne les pourparlers sur le désarmement avec les Etats-Unis. Reagan nargue l’URSS avec sa guerre des étoiles.
> Le 1er septembre 1983, un avion de ligne coréen parti de New York pénètre dans l’espace aérien soviétique. Un chasseur soviétique abat l’avion de ligne tuant ses 269 passagers dont 70 ressortissants d’Amérique du Nord. Un chasseur américain avait survolé les bases soviétiques des îles Kouril en violant l’espace aérien soviétique.
> Le 25 septembre 1983, les deux superpuissances sont au bord de la guerre nucléaire.
> Le 26 septembre 1983, le lieutenant-colonel Stanislav Petrov est officier de garde sur une base d’alerte stratégique russe. Un satellite soviétique détecte un missile venant de la côte ouest des Etats-Unis. Malgré les pressions de ses collègues, Petrov déclare que c’est une fausse alerte. Un deuxième missile est ensuite détecté. Puis un troisième. Puis un quatrième, un cinquième. Le quartier général est prêt à appuyer sur les boutons de lancement des ogives soviétiques. Tout repose sur la décision de Petrov. Dans 8 minutes, le premier missile doit être aperçu dans le champ d’observation visuel. Les systèmes informatiques sont vérifiés et semblent en parfait été de fonctionnement. Petrov, qui n’a pas confiance dans les ordinateurs, décide d’attendre de voir quelque chose sur les radars. Ces 8 minutes écoulées, aucun missile n’est découvert par les radars. Petrov a pris la bonne décision ! On n'a jamais trouvé les raisons de cette fausse alerte[1].
1984
Vladimir Poutine est embauché aux services de renseignements.
⇨ En février 1984, mort de Andropov.
Il est remplacé par un autre zombie, Tchernenko. Vu son âge, sa fin prochaine est prévisible.
⇨ En mai 1984, Sakharov entreprend une grève de la faim.
> En décembre 1984, Gorbatchev, numéro deux, rend visite à Margaret Thatcher.
> Pendant l'hiver 1984-1985, les vieillards cacochymes qui dirigent le Parti communiste soviétique, autour de Constantin Tchernenko, se montrent parfaitement déterminés à entraîner l'espèce humaine dans leur propre tombeau si les occidentaux ne détruisent pas leur armement nucléaire. Tchernenko hurle ses menaces.
1985
Pénuries alimentaires chroniques. Seul le marché noir permet à la popualtion de subsister.
L’économie est en ruine, ruinée par le complexe militaro-industriel et la course aux armements imposée par Ronald Reagan. La course aux armements gangrène l’économie mais aussi le psychisme de la société toute entière. La course aux armements a atteint un degré tel que la moindre erreur peut plonger l’humanité dans une guerre nucléaire.
⇨ Le 11 mars 1985, à la mort de Tchernenko, Mikhaïl Gorbatchev, 54 ans, devient le nouveau numéro un, le secrétaire général du Parti communiste. Il prend ainsi la tête de l’Union soviétique.
Il est d’origine paysanne et a fait ses études à Moscou. A priori, c’est un bureaucrate du parti comme tant d’autres dont on ne peut rien attendre.
Jeune, il représente une forte volonté de réformer le système soviétique à bout de souffle par le haut pour sauver ce qui peut encore l’être. C’est la réponse de l’aile “moderniste” de la bureaucratie régnante aux menaces que la crise du système et le réveil de l’opinion publique constituent à terme pour la stabilité de sa domination[2].
Gorbachev croit qu’en se débarrassant des aspects odieux du régime précédent et en se réconciliant avec les pays occidentaux, il pourra engager l’URSS dans la modernité.
Il dénonce les répressions passées, affirme vouloir sauver le communisme, il prône un “retour à Lénine”.
Deux mots-clés caractérisent ses réformes : Glasnost et Perestroïka.
Gorbatchev rencontre le peuple sans gardes du corps, fait des interviews en direct.
Gorbatchev veut mettre un terme à la course aux armements pour en affecter le budget vers les secteurs de l’économie en souffrance.
> Deux semaines après son arrivée au pouvoir, Gorbatchev adresse une lettre à Reagan pour le rencontrer.
L’URSS est touchée par l’alcoolisme. L’alcool réduit l’espérance de vie des Soviétiques à moins de 60 ans. Gorbatchev restreint la consommation d’alcool.
⇨ En mai 1985, prohibition de l’alcool par la fermeture de la moitié des points de vente.
⇨ En septembre 1985, Georges Marchais rencontre Gorbatchev à Moscou.
⇨ En novembre 1985, le livre Docteur Jivago de Boris Pasternak est autorisé.
> Le 19 novembre 1985, Gorbatchev rencontre Ronald Reagan en tête à tête à Genève en Suisse. La question des armements est au centre des discussions. Gorbatchev veut les réduire. Reagan, rusé, ne dit pas non mais réserve sa réponse. Gorbatchev se rend compte que l’Occident ne s’apprête pas à attaquer l’Union soviétique et même qu’il redoute l’Union soviétique. Au final, le sommet se clôt sans grande avancée.
1986
L’église commence à se libérer du contrôle du gouvernement.
Des milliers d’ouvriers allemands de RDA travaillent au chantier de gazoduc en Sibérie. Le chantier a du retard à cause des conditions climatiques extrêmes. Des milliers de travailleurs forcés du Goulag participent aux travaux préparatoires à la pose des gazoducs.
Fin de l’exil de Sakharov.
⇨ Du 25 février au 6 mars 1986, 27e congrès du PCUS. Lancement par Gorbatchev des mouvements de Perestroïka (restructuration) et glasnost (transparence, information). Gorbatchev prône avant tout des mesures économiques d’autonomie des entreprises. Une série de lois autorise l'activité économique individuelle privée. Création de coopératives, embryons des futures entreprises privées.
⇨ Le 20 avril 1986, concert de piano de Vladimir Horowitz à Moscou, revenu des Etats-Unis à 82 ans pour jouer dans son pays natal après une absence de 62 ans.
> Du 25 au 26 avril 1986, catastrophe à la centrale nucléaire Lénine à quinze kilomètres au nord-ouest de Tchernobyl au nord de l'Ukraine. Arrêt de la tranche numéro 4 pour maintenance. Une simulation de perte d'alimentation électrique est réalisée. Les systèmes de sécurité bloquant la remontée des barres de graphite est débranché.
Explosion du réacteur numéro 3.
Explosion de la dalle de couverture. Le réacteur sans confinement est à ciel ouvert. Un nuage de fumée et de vapeur d'eau chargée de nucléotides s'élève jusqu'à huit kilomètres dans l'atmosphère.
Des hélicoptères volant très bas balancent des sacs de sable sur le réacteur. Ils sont exposés à de terribles doses de radioactivité.
Des "liquidateurs" (entre 600.000 et 800.000) sont envoyés au sacrifice, avec tes peu ou pas de protection, pour éteindre l'incendie, construire un sarcophage et décontaminer les territoires.
Anticyclone sur l'Europe[3].
16.000 décès par cancer selon le Centre international de recherche sur le cancer, 20.000 selon d'autres sources. 985.000 morts selon une étude de février 2010 de l'Académie des sciences de New York. 200.000 personnes ont développé des maladies.
Il faut plus de dix jours à Gorbatchev pour mobiliser les forces nécessaires pour endiguer l’accident.
⇨ Le 1er mai 1986, défilé à Kiev. La poussière radioactive ne cesse de tomber sur la ville.
> Le 14 mai 1986, Gorbatchev s’en prend aux gouvernements et médias occidentaux qui auraient exagéré la gravité de la situation à Tchernobyl dans un but polémique et politique.
> Le 25 mai 1986, session inaugurale du Congrès des députés du peuple.
⇨ En octobre 1986, sommet de Reykjavik en Islande. Rencontre Reagan-Gorbatchev. Discussion sur l’armement nucléaire. Gorbatchev arrive avec une proposition inouïe : réduire de moitié l’arsenal nucléaire des deux pays, supprimer les missiles de portée intermédiaire et interdire les essais atomiques. En un mot, mettre fin à quarante ans de guerre froide. Mais Gorbatchev exige aussi que Reagan abandonne sa guerre des étoiles. Reagan refuse, il n’est pas question de renoncer à une arme qui contraint déjà les Russes à mettre un genou à terre. Dans un coup de bluff, il claque la porte et s’en va.
> En décembre 1986, disparition tragique du dissident Anatoli Martchenko, mort d’épuisement dans un camp où il purgeait une peine de quinze ans pour délit d’opinion.
⇨ Le 24 décembre 1986, le dissident et physicien nucléaire Andreï Sakharov et sa femme Elena Bonner sont autorisés par Gorbatchev à rentrer de leur exil dans la ville fermée de Gorki.
Avec la glasnost, tout ce qui est publié par les médias attire l’attention de la population. A Moscou, c’est l’effervescence.
1987
> Poutine est agent de renseignements pour le KGB à Dresde.
> L’URSS est exsangue et Gorbatchev est prêt à toutes les concessions.
> Les Nouvelles de Moscou publient le texte du testament de Lénine, où celui-ci réclame la mise à l’écart de Staline, jugé trop « brutal ».
> Le brouillage de la BBC cesse, les Soviétiques peuvent, enfin, communiquer et correspondre avec des étrangers.
> Le 8 décembre, à New York, Américains et Soviétiques entérinent la poilitique de désarmement. Signature d’un accord sur l'élimination des missiles à moyenne portée en Europe. Pour la première fois de l’histoire les deux camps s’engagent non seulement à limiter leurs armements mais à détruire une partie de leurs arsenaux. Quatre décennies de guerre froide s’achèvent.
> Fin 1987, intervention de Boris Nikolaïevitch Eltsine, responsable du PCUS de Moscou, au plenum du comité central. Son contenu est radicalement pro-démocratie. Tout le pays s’indignent des menaces proférées par les conservateurs du parti contre Eltsine. Le chef de file des conservateurs est Egor Ligatchev : Eltsine est animé par une force destructrice. Eltsine est écarté de la direction du parti communiste de Moscou. Il doit également démissionner du Politburo. Le Comité central et Gorbatchev lui-même semblent décidés à l’isoler.
1988
Les gens n’ont plus peur de soutenir des rebelles. Eltsine ne tarde pas à s’imposer en héros populaire. Ses slogans anti-corruption sonnent comme une bouffée d’air frais dans un monde dominé par le dogme communiste.
Gorbatchev autorise la Lettonie, l’Estonie et la Lituanie à remplacer le drapeau
des républiques de l’Union soviétique par leur drapeau national.
Retrait de l’Union soviétique d’Afghanistan après un accord de paix signé par Gorbatchev en mai.
On célèbre le millénaire de l’introduction du christianisme en Russie. La glasnost implique aussi une libéralisation dans le domaine de la religion.
⇨ En février 1988, la République soviétique d'Azerbaïdjan, à la suite d’un conflit avec l’Arménie soviétique, place Moscou face à la première vraie menace de sécession.
Festival de rock, wind of change des Scorpion à Gorki Park.
1989
Les luttes les plus spectaculaires se développent dans les républiques périphériques comme l’Arménie, la Géorgie ou les pays Baltes.
> En janvier 1989, création de l'ONG Mémorial.
⇨ Le 15 février 1989, tous les soldats qui ont survécu sont revenus d’Afghanistan. La guerre a coûté la vie à un million d’Afghans.
⇨ Le 26 mars 1989, élection en partie au suffrage universel pour la création du Congrès des députés du peuple, le Soviet suprême. Pour la première fois, le pays a la possibilité de voter pour de bon. L’Assemblée n’est pas encore complètement libre, un tiers des sièges sont réservés aux communistes. Ce congrès suscite un immense espoir. Éviction de nombreux bureaucrates présentés par le PCUS. Le peuple s’empare de la glasnost pour exprimer son mécontentement. Les citoyens n'ont plus peur d'exprimer leur opinion. Boris Eltsine, le principal opposant à Gorbatchev, est élu. Sakharov, ancien ennemi de l’Etat, est élu. Il a du mal à s'y exprimer.
⇨ En avril 1989, à Tbilissi, capitale de Géorgie, le gouvernement soviétique est entraîné dans un des évènements les plus tragiques de toute l’ère Gorbatchev. l’armée intervient contre la population, faisant plus de 20 morts. Des victimes sont tuées à coups de pelle par les militaires. Le général Rodionov justifie à Moscou l’intervention de l’armée.
⇨ Le 5 juillet 1989, le sommet du Pacte de Varsovie entérine avec Gorbatchev la fin de la "doctrine Brejnev" de souveraineté limitée : les troupes soviétiques ne viendront pas au secours des "pays frères".
⇨ En octobre 1989, des grèves inspirées de Solidarnosc gagnent l’Union soviétique, notamment les mineurs.
> Fin octobre 1989, première action publique majeure du collectif Memorial pour le jour des prisonniers politiques. Ils organisent autour de la Loubianka, le bâtiment du KGB, une chaîne humaine en brandissant des bougies pour commémorer les victimes. La police est là mais ne brise pas la chaîne. C’est le signe que le passé ne peut plus être nié.
⇨ En novembre 1989, chute du mur de Berlin. Gorbatchev n'envoie pas l'armée rouge.
> Le 12 décembre 1989, débats au Congrès des députés du peuple où siègent des élus indépendants. Les discussions sont transmises en direct à la télévision. Sakharov réclame l'abolition de l’article 6 de la Constitution sur le rôle du PCUS comme parti unique. Gorbatchev lui coupe le micro. Sakharov quitte la tribune et jette les feuilles de son discours sur Gorbatchev.
> Le 14 décembre 1989, mort de Sakharov.
Eltsine accuse la Révolution de 1917 d’être la source de tous les maux.
Le système est démantelé sans qu'il ait des éléments pour le remplacer.
Le chaos économique rend Gorbatchev impopulaire.
Fin des années 1980
Moscou fait des armes biologiques son « projet Manhattan », avec 70.000 scientifiques employés et des capacités de production d’anthrax et de bacille de peste de 200 kg par semaine.
[1] Guerre froide, l’homme qui sauva le monde. Documentaire de Peter Anthony, Danemark, 2014
[2] Où va l’URSS de Gorbatchev ? Ernest Mandel Editions La Brèche, 1989.
[3] La Centrale, Elisabeth Filhol. Roman. Pol.