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France 19e 1870-1871
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La France 1870 - 1871

Paris atteint deux millions d'habitants. 

1870

Napoléon sent que la position de la France est menacée par la Prusse.

Auguste Renoir, Une route à Louveciennes.

Le 12 janvier 1870, on est à Paris au bord de l'émeute quand 100.000 personnes suivent les obsèques du journaliste républicain Victor Noir, abattu au cours d'une querelle par le prince Pierre de Bonaparte, cousin de l’empereur[1]. Victor Noir devient fe symbole de la République assassinée par l’Empire. Toute la colère contenue depuis des années se concentre autour du corbillard : A bas l’Empire, A bas Napoléon ! Louise Michel, enseignante et anarchiste, assiste aux obsèques.

Première grève au Creuzot contre Schneider, le président de la Chambre. Elle échoue, des centaines de mineurs sont licenciés.

En mars 1870, deuxième grève au Creuzot et nouvel échec. Le gouvernement est décidé à la résistance.

Grand congrès ouvrier à Lyon organisé par la section de l'AIT (6.000 délégués).

En mai 1870, grand procès à Blois contre l'AIT accusée de complot.

> Le 8 mai 1870, le référendum pour ratifier les inflexions prétendument libérales du régime donne une nette majorité à l'empereur. Ce plébiscite par 8 millions de Français semble fortifier Napoléon III qui a le soutien massif de la paysannerie. Les républicains n'ont réellement d'audience que dans les villes, et surtout les plus grandes.

En juin 1870, le gouvernement fait arrêter les principaux dirigeants de l'Internationale dans tout le pays et dissous de nouveau l'AIT. On découvre ou l'on invente un complot contre la vie de l'empereur qui permet de mettre sous les verrous les meneurs révolutionnaires.

Le 13 juillet 1870, publication dans les journaux de la "dépêche d'Ems", le refus de recevoir un ambassadeur français reformulé par Bismarck de façon offensante. Cet affront fait à la France va déclencher la guerre.

L'empereur, inquiet de la montée de la puissance prussienne, va se laisser entraîner à déclarer la guerre à la Prusse, alors que l'armée française, mal équipée, est commandée par des médiocres.

La guerre franco-prussienne va durer 10 mois et faire 184.000 morts.

> Le 19 juillet 1870, malgré les efforts de Thiers et de Gambetta, la France avec une incroyable légèreté déclare dans l'enthousiasme de la guerre à la Prusse. Les bonapartistes autoritaires y voient l'occasion de raffermir l'autorité du régime ébranlé avec un peu de gloire extérieure. L'empereur Napoléon III, malade, laisse faire. Les troupes françaises vont être dépassées par la savante et moderne machine de guerre prussienne.

L'armée française est peu nombreuse (265.000 contre 450.000)et son artillerie bien faible face aux canons Krupp.

Les rues de Paris sont envahies de soldats qui vont se battre dans l’Est du pays.

La guerre ne va pas se passer comme l’Empire l’a prévu.

Début août 1870, trois armées allemandes forcent les frontières en Alsace et en Lorraine. Mac-Mahon doit abandonner l'Alsace.

Les désastres militaires s'accumulent du côté français. Les Prussiens avancent sur le territoire.

> Le 6 août 1870, en Lorraine, Frossard subit un échec sérieux à Forbach.

La charge héroïque de la cavalerie lourde française à Reichshoffen permet à une partie des troupes vaincues de se replier.

L’anxiété grandit jour après jour.

Manifestation à Lyon contre les échecs enregistrés dans la guerre contre l'Allemagne.

> Le 9 août 1870, Strasbourg est investi.

> Le 18 août 1870, Bazaine se laisse bloquer dans Metz avec le meilleur des troupes françaises.

> Le 19 août 1870, la citadelle de Toul est assiégée.

> Le 29 août 1870, Rimbaud prend le train pour Paris mais il est rapatrié à Charleville. Il fugue en Belgique (poèmes de vagabondage).

Les œuvres d'art du Louvre sont évacuées à Brest.

En septembre 1870, en Martinique, insurrection dans le sud (Rivière Salée, Rivière Pilote, Ste-Luce, St-Esprit, Le Marin, Vauclin, Ste Anne). Des milliers d'ouvriers et de paysans se soulèvent.

> Du 1er au 3 septembre 1870, prise dans une souricière à Sedan, l'armée française de 80.000 hommes doit capituler, six semaines après la déclaration de guerre. La défaite est cuisante pour l’armée française, elle est décimée. La Prusse remporte une victoire écrasante. Le rêve de Bismarck semble à portée de sa main.

> Le 2 septembre 1870, Napoléon III, malade, rencontre le comte Bismarck à Sedan.

C’est la trêve au milieu des ruines. Les négociations ont lieu dans la maison d’un tisserand. Bismarck exige l’Alsace, la Lorraine et la forteresse de Metz.

La France n’a pas encore reconnu sa défaite. La régence est assurée par l’impératrice Eugénie aux Tuileries à Paris.

Napoléon III rencontre Guillaume de Prusse à Sedan. Il veut conclure un accord de paix au plus vite pour empêcher une révolution à Paris.

Malgré la capitulation de l’armée française à Sedan, la guerre n’est pas terminée. Les Allemands encerclent les armées françaises postées à Metz et Strasbourg. Les deux villes sont assiégées et prises sous de violents feux d’artillerie. Des centaines de civils meurent.  

Dans le même temps, l’armée allemande marche sur Paris. Bismarck est déterminé à prendre Paris et à terminer ainsi la guerre au plus vite. Si la ville tombe, la guerre sera gagnée par les Allemands. Leur avancée ne rencontre qu'une faible résistance. Molke, le chef d’état-major prussien met en garde Bismarck sur la difficulté de prendre Paris.

Napoléon III, qui accompagne Mac-Mahon, est fait prisonnier. L'Empire est ridiculisé. La victoire allemande semble scellée.

L'Internationale, tout comme les deux partis socialistes allemands, prend position pour la France.

> Le 4 septembre 1870, deux jours après la défaite, à la nouvelle du désastre, une foule en colère s'amasse place de la Concorde, la population s'en prend aux symboles du régime et envahit le Palais Bourbon. Les députés, cloîtrés dans l’Assemblée nationale, s'apprêtent à capituler face aux Prussiens. Une foule immense entoure la Chambre des députés. La foule entre dans la chambre. On exige la fin de l’empire, la proclamation de la République mais aussi la poursuite de la guerre contre les Allemands.

Léon Gambetta, jeune député républicain, entraîne la foule vers l’hôtel de ville.

Une des figures symboliques de l'opposition est le journaliste Henri Rochefort.

L'impératrice Eugénie, surnommée la Badinguette, doit s'enfuir en traversant une foule hostile avec pour derniers fidèles les ambassadeurs d'Autriche et d'Italie. Elle se réfugie chez son dentiste américain et elle réussit à quitter le pays pour l’Angleterre en se faisant passer pour une patiente aliénée.

C’est une révolution douce. Gambetta proclame, sous la pression populaire, la Troisième République.

Un Gouvernement provisoire  de défense nationale est mis en place à partir des députés (républicains modérés) de Paris avec, à sa tête, le général Trochu, gouverneur de Paris (Thiers, Gambetta, Jules Ferry). Il s’installe dans l’Hôtel de Ville.

Le peuple de Paris veut la "guerre à outrance". La population se cotise pour acheter des canons.

Il s'agit maintenant pour la bourgeoisie de couper l'herbe sous le pied du mouvement populaire qui commence à émerger en faveur de la République, de l'égalité sociale, de la résistance à l'occupant.

Liberté de la presse.

Manifestations menées par des femmes.

Les Prussiens rentrent dans Reims.

L’armée étant en déroute, on forme une milice civile, la Garde nationale. Dans chaque quartier de Paris, les hommes s’engagent. Ils élisent eux-même les officiers qui les conduiront au combat.

À Paris, le peuple commence à s'armer pour résister au siège prussien.

Les ambulancières de Montmartre, venues en aide aux blessés, prennent le fusil pour aller combattre.

Lyon s'érige en commune quelques heures avant Paris.

> Le 7 septembre 1870, le gouvernement de la Défense nationale nomme les maires d'arrondissements de Paris. Cela contribue fortement à promouvoir la bataille pour la démocratie et les libertés communales.

Les internationaux (AIT) convoquent une assemblée des Républicains pour mettre en place des comités de défense et de vigilance autour des maires nommés.

> Le 13 septembre 1870, formation à Paris du Comité central républicain des vingt arrondissements (Jules Vallès). Il regroupe les quatre délégués de chaque comité de vigilance créé dans les arrondissements pour contrôler les maires. Son programme va bien au-delà de celui de la Garde nationale, mais il bénéficie d'une moins grande popularité.

> Le 14 septembre 1870, première “affiche rouge" du Comité central républicain des 20 arrondissements avec son programme en quatre points : dissolution de la police centralisée, expropriation des stocks de denrées alimentaires, défense de Paris avec élections des chefs, défense des départements par la levée en masse.

> A la mi-septembre 1870, plusieurs ministres du gouvernement de défense nationale quittent la capitale pour organiser la résistance en province. Cette délégation, présidée par Gambetta s’installe à Tours.

L’armée prussienne arrive très vite.

> Le 19 septembre 1870, les troupes prussiennes (180.000) encerclent Paris et établissent leur quartier général à Versailles. Guillaume Ier, son fils et le chancelier Bismarck s'y installent. On installe un hôpital militaire dans la célèbre galerie des glaces.        

Les représentants des autres Etats allemands prennent également leurs quartiers dans la ville. Pendant le siège de Paris, Bismarck négocie avec eux la création d’un empire allemand.

Paris est isolé, le siège commence.

La nouvelle République bourgeoise est très vite accusée de trahison par la population parisienne qui subit des conditions de siège de plus en plus difficiles.

Le gouvernement se méfie de la Garde nationale et ne veut pas envoyer au front ces soldats qui élisent leurs officiers. Les canons achetés par la population parisienne ne sont pas utilisés.

Les Prussiens passent la Seine, touchant bientôt la Loire.

Le prince Frédéric-Charles de Prusse loge à Azay. Un jour, le lustre tombe sur la table où il dîne. Le prince croit à un attentat et le village échappe de justesse à la destruction.

Le 5 octobre 1870, Gustave Flourens fait défiler à Paris 10.000 hommes en armes, les bataillons de la Garde nationale, qui viennent du quartier de Belleville.

> Le 7 octobre 1870, les conditions de siège de sont de plus en plus difficiles.

A l’aube, Léon Gambetta, ministre de la guerre du gouvernement provisoire, croit encore à une possible victoire militaire et quitte Paris assiégé en montgolfière à partir de la butte Montmartre. Il passe au-dessus des lignes allemandes et gagne Tours pour tenter d'animer une hypothétique résistance provinciale. Il veut mobiliser des troupes dans le sud de la France pour libérer la capitale. Il porte tous les espoirs, il est le seul au gouvernement à vouloir continuer la guerre.

Depuis leurs positions, les Allemands tirent sur les nombreux ballons qui acheminent du courrier venant de Paris mais la plupart réussissent à passer.

Peu après sa sortie, Gambetta lève de nouvelles troupes dans le sud de la France. Il va lever jusqu'à 600.000 hommes.

La tension monte chez les assaillants. L’ultime défaite de la France se fait attendre, Paris ne tombe pas. Le peuple entier s’est soulevé.

> Le 8 octobre 1870, la manifestation du Comité central des 20 arrondissements est un échec avec le slogan "vive la Commune".

> Le 24 octobre 1870, en Algérie, le décret Crémieux donne la nationalité française aux "israélites indigènes" d'Algérie mais non aux musulmans. Cette nationalisation les détachent de la communauté musulmane. L'un des maîtres-mots de la politique coloniale est d'opposer les Juifs aux Arabes.

> Le 27 octobre 1870, le maréchal Bazaine capitule avec la dernière armée française à Metz, sans avoir combattu. Cette capitulation due à l'inaction et aux intrigues de Bazaine, libère une armée allemande qui vient barrer la route de Paris. L'armée de la Loire de Chanzy qui a repris Orléans se retire vers l'Ouest.

Paris, qui est entouré d’un solide réseau de forteresses, est assiégé par les Allemands. Pour enlever ces forts, la canonnade fait rage. Mais les Allemands n’ont pas encore suffisamment d’artillerie pour prendre la capitale.

La population des environs cherche refuge dans Paris tandis que ceux qui en ont les moyens s’enfuient vers le sud.

> Le 28 octobre 1870, échec d'une première sortie de Paris en direction du Bourget. 1.200 combattants sont tués.

Le gouvernement négocie un armistice avec les Prussiens. Le peuple de Paris crie à la trahison.

Après l'échec de la tentative de percée des lignes allemandes par les Parisiens au Bourget, le gouvernement refuse de lancer une attaque à partir de Paris pour percer les lignes ennemies.

> Le 30 octobre 1870, Mouvement insurrectionnel à Paris. Le peuple (Flourens avec sa garde nationale et ses Bellevillois) s'empare de l'Hôtel de ville de Paris contre le gouvernement de trahison nationale.Protestations contre la capitulation traîtresse de Bazaine à Metz. Le peuple exige l'élection d’une commune de Paris pour lutter vraiment contre les Prussiens.

L'Hôtel de ville est repris par l'armée dans la soirée.

> Le 31 octobre 1870, Louise Michel est dans la grande manifestation face à l'hôtel de Ville criant "Vive la Commune !". 15.000 personnes prennent d’assaut l’Hôtel de ville  Le gouvernement tout juste installé est pendant quelque temps prisonnier. Parmi la foule, il y a beaucoup de gardes nationaux et de volontaires qui veulent briser le siège de Paris. Les forces révolutionnaires réclament davantage de soldats contre les assaillants allemands.

L’hiver s’installe, la population de Paris a faim. Le peuple mange des chats, des chiens, des rats. Mais même les rats viennent à manquer. Pour la haute société, les animaux du Jardin des Plantes sont au menu des restaurants chics (éléphants, animaux exotiques). Enfants et vieillards meurent chaque jour par centaines.

Jules Ferry qui a été nommé maire de Paris instaure le rationnement.

En province, des civils français prennent les armes. Ceux qu’on appelle les francs-tireurs se livrent à une guerre d’embuscade contre les troupes allemandes. La situation devient imprévisible. Bismarck craint de voir son objectif lui échapper.

 En novembre 1870, les armes de siège les plus puissantes des Allemands ne sont pas encore arrivées à Paris. La majorité de l’artillerie prussienne s’est embourbée.

Autorisée par Bismarck, l’impératrice Eugénie rend visite à Louis Napoléon III, prisonnier dans un luxueux château. Ils craignent tous deux que Bismarck négocie avec les Républicains.

Paris est encerclé, les vivres vont bientôt venir à manquer. L’état-major prussien espère une reddition sans avoir à devoir s’engager dans un massacre. Bismarck, lui, veut attaquer Paris au plus vite.

Les Parisiens ont faim, des enfants meurent de froid, certains sont gravement malades.

> Le 3 novembre 1870, les Parisiens plébiscitent le gouvernement de la défense nationale (321.000 oui, 52.000 non).

Le gouvernement Gambetta se replie à Bordeaux.

> Du 5 au 7 novembre 1870, élection de municipalités d'arrondissement à Paris. Clemenceau, radical, est élu maire de Montmartre.

> Le 14 novembre 1870, siège de Belfort. Le capitaine Denfert-Rochereau va résister jusqu'au 29 janvier 1871.

Les Prussiens commencent  à bombarder Paris.

⇨ En décembre 1870, les militaires Prussiens, à la demande de Bismarck, passent à un pilonnage intensif de Paris. 

Le gouvernement et les comités se mettent d’accord pour repousser ensemble l’ennemi. Dans un ultime effort, 90.000 soldats doivent marcher sur Versailles, attaquer le quartier général prussien et faire la jonction avec les troupes stationnées en dehors de Paris. Mais la plupart des combattants sont des civils peu entraînés et mal équipés. Ce qui les unit, c’est la haine des Prussiens et de Bismarck.

> Le 1er décembre 1870, Louise Michel est arrêtée à la suite d'une manifestation de femmes.

> Le 3 décembre 1870, échec d'une sortie de Paris en direction de Champigny.

> Les 21 et 22 décembre 1870, second échec des Parisiens d'une tentative de percée sur le Bourget.

1871

Le 5 janvier 1871, bombardement de Paris assiégé. Le canon Krupp est utilisé pendant trois jours.

Les Parisiens sont bombardés sans relâche. La capitale suffoque.

Le gouvernement ne bouge pas, il s’apprête à livrer Paris aux Prussiens.

L’hiver est particulièrement froid. La population souffre du froid et de la faim (un rat se vend 2 francs).

> Du 10 au 12 janvier 1871, l'armée de la Loire de Chanzy combat au Mans. Défaite du plateau d'Auvours à l'est du Mans.

Le 10 janvier, percée des Français venant de Paris assiégé vers Buzenval et Montretout, sans grande conviction du côté du commandement. Opération meurtrière et sans résultat.

Le 17 janvier, Versailles est occupée par les troupes allemandes. Paris est assiégé et la famine s’installe.

Le 18 janvier, un nouvel empire allemand est proclamé au château de Versailles. C’est une ultime humiliation pour la France et un triomphe pour la Prusse.

Le 19 janvier, l’armée du Nord, confiée à Faidherbe échoue à Saint-Quentin.

La population parisienne est exaspérée car le gouvernement de la République, formé au lendemain de la défaite de Sedan, demande l'armistice aux Prussiens alors qu'il avait été créé pour se battre contre eux.

Le dimanche 22 janvier 1871, la guerre se prolonge. La foule se masse devant l’Hôtel de Ville pour protester contre l'échec de la sortie de Buzenval. Sur le parvis, beaucoup de femmes et enfants accompagnent les gardes nationaux venus de Belleville, Montmartre, La Villette.  Les gardes nationaux réclament la "guerre à outrance".  Louise Michel fait feu sur l'Hôtel-de-Ville. Jules Ferry, le maire, est barricadé à l’intérieur. Soudain, on tire sur la foule depuis l’Hôtel de Ville. Cinq corps inertes gisent sur le parvis.

Le gouvernement a gagné. Échec de la journée révolutionnaire.

Le gouvernement de la Défense nationale comprend que la guerre est sans espoir et s'engage des négociations avec l'ennemi.

Le 24 janvier, Bismarck accepte la capitulation de Paris et un armistice pour permettre l'élection d'une Assemblée nationale qui fera la paix et ratifiera la capitulation.

> Le 28 janvier 1871, le gouvernement et les Prussiens signent ensemble une convention d'armistice (Jules Favre et Bismarck).

Capitulation du gouvernement provisoire de la France  : cession de l’Alsace et de la Lorraine, occupation des forts, désarmement de l'enceinte fortifiée de Paris, réparations à hauteur de 6 milliards de francs or, paiement de 200 millions en quinze jours.

Refus des Parisiens de se rendre.

La garde nationale (180.000 hommes) conserve ses fusils et surtout ses canons. Le mot d'ordre est "trahison de la défense nationale".

Le 31 janvier 1871, un décret du gouvernement de Bordeaux prive du droit de vote des personnalités qui se sont compromises avec le Second Empire.

Le 3 février 1871, Bismarck proteste contre les limitations du droit de vote du 31 janvier.

Le 4 février, un décret du gouvernement de Paris annule la décision prise à Bordeaux le 31 janvier.

Le 6 février, en conséquence, Gambetta démissionne.

Les Prussiens descendent les Champs-Elysées déserts. Paris a pris son manteau de deuil et le crêpe noir flotte aux balcons des mairies d'arrondissement. Les troupes victorieuses font un petit tour et puis s'en vont, laissant la place à la fureur populaire.

L'une des conditions imposée par Bismarck lors de la capitulation de Paris est l'organisation d'élections afin de désigner une nouvelle Assemblée nationale dans la France occupée. Il s'agit de constituer un pouvoir doté d'une certaine légitimité institutionnelle, afin de valider la capitulation.

Le 8 février ont lieu les élections pour l'Assemblée à Bordeaux. Les partisans de la paix à tout prix, en grande majorité des conservateurs, gagnent les élections. Le scrutin débouche sur une assemblée particulièrement réactionnaire, représentative de la France rurale et conservatrice et aux antipodes de l'effervescence révolutionnaire que connaît la capitale depuis plusieurs mois. Majorité de 450 députés monarchistes et de conservateurs de la province qui désirent faire la paix. Les listes républicaines n'obtiennent qu'un tiers des sièges.

Majorité républicaine cependant à Paris (députés : le vieux socialiste de 1848 Louis Blanc, Hugo, Gambetta, l'exilé Garibaldi, l'ouvrier Benoît Malon, membre de l'Internationale, Clemenceau).

Le 14 février, première session de l'Assemblée à Bordeaux (elle craint de siéger à Paris vu le résultat des élections). Elle se dispose à signer une paix et médite une restauration pour mater Paris révolutionnaire.

La République est en danger.

Le 15 février, l'Assemblée de Bordeaux prend une série de mesures pour mater Paris révolutionnaire. Elle supprime la modique solde de 30 sous qui permet de faire vivre depuis le siège les gardes nationaux. Suppression des moratoires concernant les loyers et les effets de commerce qui touche les ouvriers, les artisans et le petit commerce. Il n'y a plus d'argent à Paris.

Le 16 février, l'Association internationale des travailleurs ordonne l'insurrection de Paris.

Le 17 février, l'Assemblée nationale de Bordeaux confie l'exécutif au vieil Adolphe Thiers, ancien ministre de Louis-Philippe, détesté des Parisiens. Il devient chef du gouvernement.

Adolphe Thiers

Les députés d’Alsace-Lorraine protestent contre l’annexion de leur pays.

Thiers discute âprement avec les Allemands sans pouvoir les fléchir.

Le 26 février, les préliminaires de paix de l'Allemagne avec la France sont signés à Versailles.

Le 28 février, troisième fugue d’Arthur Rimbaud, il se dirige vers Paris.

La population est exténuée par quatre mois de siège.

⇨ Le 1er mars 1871, l'Assemblée nationale monarchiste ratifie dans le grand théâtre de Bordeaux les préliminaires de paix et la déchéance de l'Empire. Elle accepte les conditions d'une paix humiliante : cession à l'Allemagne de toute l'Alsace sauf Belfort, d'une bonne partie de la Lorraine, paiement de 5 milliards de francs or d'indemnités de guerre. Le député Victor Hugo s’oppose dans un discours à l’accord de paix et défend les républicains parisiens : “si cette paix est conclue, s'en est fini du repos de l’Europe”. Avec 546 voix pour et 116 voix contre, le traité de paix est adopté.

Les députés de Bordeaux sont très loin du territoire occupé par les Allemands.

Paris est en deuil, les rues sont entièrement vides. Thiers autorise l’armée allemande à entrée et  à s’installer sur les Champs-Elysées.

Les Allemands ne quitteront les territoires occupés que lorsqu’ils auront reçu cinq milliards de francs. Après avoir défilé à Paris sur les Champs Elysées, les Allemands se retirent de Versailles pour que l’Assemblée nationale s’y installe.

Le 3 mars, la garde nationale (ouvriers mobilisés) est indignée devant la capitulation, par patriotisme outragé. Un drapeau rouge flotte au sommet de la colonne de la Bastille.

L'Assemblée décide de s'installer à Versailles, la ville des rois, évacuée par les Prussiens, plutôt qu'à Paris.

Le 6 mars 1871, Vinoy, gouverneur militaire de Paris, suspend six journaux révolutionnaires et ferme les clubs.

Le 15 mars, à Paris, l'assemblée générale des délégués de la Garde nationale élit un Comité central composé par des "obscurs" pour défendre la République (au-dessus du suffrage universel). Les gardes nationaux des quartiers populaires manifestent depuis trois jours sur la place de la Bastille. 200 bataillons se sont fédérés, ils organisent leur propre direction : le Comité central de la Garde nationale. Organisés en fédération, ils se font appeler les fédérés. Le comité central regroupe des délégués de bataillons et jouit d'un grand prestige malgré la mollesse de son programme qui porte essentiellement sur la défense de la République.

Mais Paris est divisé en deux camps. Des bataillons bourgeois, portant un ruban bleu en soutien au gouvernement, s’opposent aux fédérés.

Le 17 mars, arrestation de Blanqui par hasard en province. Blanqui pense que la révolution peut être accomplie par des petits groupes organisés en sociétés secrètes prônant l'action violente.

Afin d'affirmer son pouvoir, Thiers décide de désarmer Paris, de la purger de "tous les rouges". Il veut mettre la main sur les canons achetés par la garde nationale.

Paris refuse de reconnaître l'Assemblée élue et de voir mettre en question le régime républicain. Le Comité central de la Garde nationale donne l’ordre de rassembler les canons dans les quartiers populaires, à Belleville, La Villette et Montmartre..

> Le samedi 18 mars 1871, dans la nuit, 20.000 soldats français rentrent dans Paris. Ils doivent reprendre les canons conservés. Leurs objectifs : Belleville, la Villette, Montmartre.

A 3 h, les troupes gouvernementales (4.000, 88e de ligne) s'emparent des canons de la Garde nationale parisienne sur la butte Montmartre et échouent en les descendant. Cela déclenche une insurrection spontanée.

A 10 h 30, la butte est reprise par la foule et les gardes nationaux. Des soldats hésitent à tirer sur le peuple malgré les exhortations de leurs officiers à cheval. Certains mettent la crosse en l'air, ils se jettent sur leur général. Fraternisation du 88e de ligne avec les insurgés.

Barricades spontanées. Les officiers sont désarmés.

Deux généraux, Lecomte qui avait ordonné de tirer sur la foule et Thomas, sont fusillés malgré les efforts de Clemenceau.

A Pigalle, on tire sur des militaires qui battent en retraite.

Porte de Saint-Denis, des canons sont repris par le peuple.

A Belleville, les militaires trinquent à la fraternité.

C’est la débandade dans l’armée.

Thiers fuit Paris et rejoint l'Assemblée nationale à Versailles. Il refuse toute négociation, donne l'ordre d'évacuer la ville et fait évacuer le gouvernement à Versailles pour ne pas se trouver prisonnier.

Des colonnes populaires s'emparent des principales casernes.

La révolution éclate, c'est le Début de la Commune qui va durer neuf semaines soit 72 jours (- 27/05).

Les Parisiens sont unanimes à réprouver l'agression. La population parisienne a le pouvoir entre les mains sans l'avoir consciemment cherché. La prise de pouvoir n'a pas été organisée, il n'existe pas de parti révolutionnaire organisé, ce qui explique les nombreuses hésitations.

A l’hôtel de Ville, le maire, Jules Ferry, le maire, est cerné par les insurgés.

Le Comité central de la Garde nationale, qui n'a joué aucun rôle dans la journée, désemparé par un pouvoir involontairement recueilli, s'installe le soir à l'Hôtel de Ville. Il est devenu en une journée la seule autorité dans Paris.

> Le 19 mars 1871, l’armée et le gouvernement ont fui Paris. Les administrations se sont vidées et réfugiées à Versailles. Paris est aux mains des insurgés. Le Comité central est réuni depuis des heures. A la tombée de la nuit, le Comité central annonce sa toute première décision : rendre le pouvoir. Il ne veut pas garder le pouvoir. L'horreur qu'il a de l'illégalité le pousse à organiser au plus vite des élections fixées au 22 mars.

Le 20 mars, le Comité central de la garde nationale fait occuper les fortifications et les forts du sud : Ivry, Bicêtre, Montrouge, Vanves, Issy. Ces mesures sont facilitées par la fuite de la haute administration et de l'armée.

Le 22 mars, Lyon s'insurge. Versailles vocifère contre la Commune mais paraît isolé. La révolution se répand en province.

Fusillade place Vendôme à Paris.

Le 23 mars, proclamation de la Commune à Lyon et à Marseille (sous l'impulsion de Crémieux). Mais aussi à Limoges, Le Creusot, Toulouse, Narbonne, Saint-Etienne. Dans de nombreuses villes et villages, l'armée fraternise avec la foule.

> Le 25 mars 1871, après une résistance acharnée, la ville de Bitche, en Lorraine, capitule mais la garnison est autorisée à partir libre, sous les acclamations de la population, tandis que les soldats allemands lui rendent les honneurs militaires.

> Le dimanche 26 mars 1871, à Paris, les élections municipales du Conseil de la Commune s'accomplissent dans la légalité sous l'égide du Comité central de la Garde nationale, les maires y ayant consenti.

Le gouvernement de Versailles a appelé à l’abstention.

Le Comité central proclame : "Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages, le véritable mérite est modeste, et c'est aux électeurs à connaître leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter. Evitez ceux que la fortune a trop favorisé". Les élus doivent être mandatés et sont révocables à tout moment.

Élection d'un conseil municipal qui prend le nom de Conseil de la Commune. La moitié des électeurs, soit 230.000 votent.

Paris divisé entre le nord et l’est, populaires, et, d’autre part, le sud et l’ouest.

Les femmes n’ont pas le droit de vote.

L'extrême gauche révolutionnaire forme l'essentiel de l'assemblée (33 prolétaires sur 79 membres).

Pour la première fois, de nombreux ouvriers sont élus.

Le peintre Gustave Courbet est élu dans le 6e arrondissement. Jules Vallès est élu pour le 15e arrondissement. Léo Frankel est élu pour le 13e. Blanqui, absent car arrêté, est largement élu dans la 18e (Montmartre).

Avec  52 % d’abstention, la révolution communale ne fait pas l'unanimité. Mais l’insurrection est devenue légale.

Le gouvernement et l'Assemblée nationale de Versailles ne reconnaissent pas ce scrutin.

Victor Hugo démissionne de l'Assemblée de Bordeaux et prend parti pour la Commune.

Commune au Creuzot.

Le 28 mars, proclamation des résultats et installation du Conseil de la Commune de Paris. Proclamation solennelle de la Commune à l'Hôtel de Ville de Paris (100.000 personnes). La Commune de Paris reçoit le pouvoir du Comité central de la Garde nationale mais celui-ci se maintient.

La Commune de Paris prend des décisions :

Louise Michel, clairvoyante, pense qu'il faut s'emparer de la banque.

Le 29 mars, la Commune décide d'annuler les trois derniers termes de loyer et d'arrêter les poursuites pour impayés.

L’Hôtel de Ville est une fourmilière. Jour après jour, les élus votent des lois et des réformes attendues par le peuple depuis très longtemps.

Le Conseil de la Commune organise 10 commissions (avec le marxiste Léo Frankel, juif hongrois, à la commission du Travail de l'Industrie et des Échanges), sorte de ministères.

Léo Frankel, délégué au travail, porte les grandes réformes sociales : “La révolution du 18 mars a été faite exclusivement par la classe ouvrière. Si nous ne faisons rien pour cette classe, je ne vois pas la raison d’être de la Commune.”

Léo Frankel

La commission exécutive joue le rôle de gouvernement.

Versement d'une pension aux blessés ainsi qu'aux orphelins et veuves des gardes nationaux blessés.

Peu à peu la vie reprend à Paris, les barricades sont démontées, le travail reprend.

Le soir, les églises accueillent les réunions publiques.

Andrée Léo, journaliste, y défend la cause des femmes en lutte et les exhorte à participer à la défense de la capitale. Elle est présidente de la Commission féminine de l’enseignement et membre du comité des citoyennes du 17e arrondissement.

Andrée Léo, romancière et militante féministe

Fin mars, Elisabeth Dmitrieff, 20 ans, noble russe, est envoyée par Marx à Paris pour rendre compte des évènements à l’Association internationale des travailleurs.

Le 2 avril, la Commune fixe le maximum des traitements des fonctionnaires et interdit le cumul des fonctions.

A partir du 2 avril, le canon tonne à l’ouest de Paris. L’armée des “Versaillais”, du gouvernement installé à Versailles, attaque le Paris de “Communeux”, inaugurant une guerre civile inexpiable.

Un cortège de femmes traverse Paris et appelle à marcher militairement sur le gouvernement et l’Assemblée nationale retranchés à Versailles.

Dans la précipitation, on fait battre le rappel. Tout l’après-midi, des bataillons descendent des faubourgs vers la place de la Concorde.

A la nuit tombée, des dizaines de milliers de gardes nationaux fédérés se préparent fiévreusement à la première bataille.

Les nouvelles tardent à arriver. Des gardes nationaux rentrent du combat en groupes dispersés.

Escarmouche avec les Versaillais au Mont-Valérien. La première bataille se transforme en déroute pour les fédérés. Ils manquent de munitions et les ordres ne sont pas transmis. Des fédérés faits prisonniers sont massivement fusillés pour la première fois par les Versaillais.

Les Parisiens sont en colère contre la Commune qui n’est pas prête au combat, contre le gouvernement de Versailles qui refuse de reconnaître le vote populaire, contre eux-mêmes et leur grande naïveté.

A partir de ce jour, Louise Michel se consacre essentiellement à la défense armée de la Commune.

Le 3 avril, 40.000 Parisiens tentent une triple sortie (Bougival arrêtés au Mont-Valérien, Eudes à Meudon, Duval à Châtillon).

Séparation de l'Eglise et de l'Etat, confiscation (non mise en pratique) des biens des congrégations. Les signes religieux sont enlevés des salles de classe.

Droit d'accès égal des filles et des garçons à l'éducation. Quelques municipalités d'arrondissement rendent l'école gratuite.

Le 4 avril, répression sanglante à Lyon (150 morts du côté du peuple).

Fin de la Commune de Marseille qui a résisté 14 jours et qui est écrasée dans le sang.

Des convois de gardes fédérés parcourent la ville en tous sens. Paris ne doit pas subir le même sort que Marseille. Des bataillons sont disposés sur les fortifications et dans les forts et villages de la périphérie.

Dans Paris, on érige des barricades, on déplace des pièces d’artillerie, on apporte des munitions, on prépare le ravitaillement : Paris organise sa défense.

Premier combat sérieux de la Commune de Paris. Deux chefs militaires de la Commune (Flourens et Emile Duval, ouvrier fondeur en fer, blanquiste et membre de l'Internationale) faits prisonniers sont exécutés.

Au-delà des fortifications de Paris, les combats sont terribles : le Nord et l’Es sont toujours occupés par les Allemands. L’Ouest et le Sud sont un immense champ de bataille où s’affrontent Versaillais et communards. Versailles devient un immense camp militaire.

Les Allemands libèrent 50.000 prisonniers pour écraser la révolution. Les soldats arrivent de toutes parts, ils ont interdiction de parler aux civils et n’ont accès qu’aux journaux conservateurs. L’armée versaillaise se renforce de jour en jour.

Versailles exécute massivement les prisonniers.

Le 5 avril, la Commune vote, en représailles des exécutions massives des prisonniers par Versailles, un décret sur les otages. Pour un prisonnier exécuté par Versailles, la Commune fusillera trois otages versaillais.

Plusieurs journaux conservateurs sont interdits.

Les réfractaires qui refusent de combattre dans la garde nationale sont arrêtés.

Les ordres viennent de l’ex-préfecture de police tenue d’une main de fer par Raoul Rigault, délégué à la sûreté générale, jeune homme dogmatique.

Prise de 74 otages par les communards dont l'archevêque de Paris.

La libération de Blanqui est réclamée à Thiers par la Commune en échange de tous les otages pris.

Début du siège de Paris par l'armée de Versailles.

Mise en place, dans chaque arrondissement, de bureaux où se confrontent les offres et demandes d'emplois.

Le 11 avril, constitution de l'Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés avec Nathalie Lemel et Elisabeth Dmitrieff.

Le 13 avril, les déléguées des citoyennes envoient à la Commission exécutive de la Commune une adresse qui fait état de la volonté de nombreuses femmes de participer à la défense de Paris considérant que « la Commune, représentante du grand principe proclamant l’anéantissement de tout privilège, de toute inégalité, par là même est engagée à tenir compte des justes réclamations de la population entière, sans distinction de sexe – distinction créée et maintenue par le besoin de l’antagonisme sur lequel reposent les privilèges des classes dominantes ». L’appel est signé par les déléguées, membres du Comité central des citoyennes : Adélaïde Valentin, Noémie Colleville, Marcand, Sophie Graix, Joséphine Pratt, Céline Delvainquier, Aimée Delvainquier, Élisabeth Dmitrieff.

Le 16 avril,  décret sur les ateliers abandonnés. Dans une logique de généralisation de l'association ouvrière, la Commune confisque les ateliers abandonnés pour les remettre à des associations ouvrières (en indemnisant les propriétaires lorsqu'ils reviendront selon un montant fixé par un "jury arbitral"). Une des mesures de la Commune dont le caractère socialite est le plus manifeste. Les chambres syndicales ouvrières, la principale force de l'Internationale, refont surface pour appliquer le décret.

Eugène Pottier, dessinateur sur étoffe, est élu pour le 2e arrondissement. Il est l'auteur des paroles de l'Internationale.

Le peintre Courbet rentre à la Commune et sous son impulsion se forme une fédération des artiste parisiens (Corot, Courbet, Daumier, Manet, Millet, Dalou).

Le 19 avril, la Déclaration au peuple français est votée à l'unanimité (moins une voix). Cette déclaration constitue le programme de la Commune en matière d'organisation du pouvoir : "autonomie absolue de la Commune étendue à toutes les localités de France". Les Communards veulent une “politique expérimentale, positive, scientifique”. C'esr un appel la province. Mais Paris est très isolé.

Le 20 avril, suppression du travail de nuit des ouvriers boulangers (5.000 garçons).

Le 25 avril, un cessez-le-feu de quelques heures est négocié à Neuilly. Les habitants, exténués après des jours terrés dans des caves, quittent le champ de bataille pour Paris.

Le 27 avril, les Versaillais s'emparent du village d'Issy.

Le 29 avril, un cortège d’hommes et de femmes traverse la rue de Rivoli avec des bannières, ce sont les francs-maçons. Arrivés aux limites de la ville, ils s'arrêtent et plantent leurs bannières sur les fortifications. Les francs-maçons font une tentative de conciliation en envoyant à Versailles une délégation porteuse de paix. La réponse du gouvernement est sans ambiguïté : le bombardement reprend avec plus de force encore. Les bannières des Francs maçons sont trouées. Versailles veut écraser Paris.

Le 30 avril, tentative d'insurrection "anarchiste" de partisans du révolutionnaire russe Bakounine à Lyon.

Mal commandés par Clusseret, les gardes nationaux évacuent temporairement en débandade le fort d'Issy. Il est immédiatement repris avec un seul bataillon.

Fin avril, à Paris, les clubs où l'on pratique "l'enseignement du peuple par le peuple", s'installent dans les églises et prétendent exercer un contrôle sur les actes de la Commune.

> Le 1er mai 1871, la périphérie de Paris est presque entièrement tombée aux mains de Versaillais. Les combats se concentrent maintenant au sud-ouest, sur le fort d’Issy qui interdit aux Versaillais le passage vers la capitale. La bataille d’Issy dure des jours et des nuits, le bombardement du fort ne s’arrête jamais. Louise Michel est une des rares femmes à se battre le fusil à la main.

Après des échecs militaires, la Commune décide de créer un "Comité de salut public" provoquant une cassure dans l'Assemblée communale entre une courte majorité de "jacobins" et une minorité des jeunes socialistes qui quittent l'Assemblée. C'est l'aboutissement de nombreux débats qui se sont déroulés au cours du mois d'avril et qui ont opposé partisans et adversaires d'une centralisation plus ou moins poussée du pouvoir. L'objectif est d'instaurer un peu d'efficacité dans le fonctionnement de la Commune qui repose sur dix commissions collectives sans forcément de cohérence d'ensemble. Mais, de fait, les attributions à la fois mal définies et importantes du Comité de salut public vont interférer avec les prérogatives des commissions.

> Le 7 mai 1871, décret sur le Mont-de-piété qui restitue les objets engagés.

> Le 8 mai 1871, le fort d'Issy succombe après deux semaines de combat. La bataille des fortifications est perdue par la Commune.

Dès lors Paris est investi, bombardé.

> Le 10 mai 1871, le Traité de Francfort impose à la France la perte de l'Alsace (moins Belfort) et du nord de la Lorraine avec Metz. En outre, la France doit payer une indemnité considérable de 5 milliards en trois ans et subir pendant cette période l'occupation partielle de son territoire.

Les prisonniers français reviennent et le gouvernement français essaye de les enrôler pour combattre la Commune.

Les socialistes allemands luttent dans des conditions très dures contre l'annexion de l'Alsace-Lorraine.

> Le 13 mai 1871, décret de La Commune sur l'arrestation de tout citoyen en état d'ivresse, mesure impopulaire.

Les Versaillais s'emparent du fort de Vanves.

> Le 16 mai 1871, les communards abattent la colonne Vendôme avec la statue de Napoléon au milieu d'une foule en liesse mettant fin au culte napoléonien. Six mois plus tôt, le peintre Courbet avait proposé de remplacer ce monument à la gloire des guerres napoléoniennes par un monument à la Fraternité réalisé par les canons fondus des Allemands et des Français. Il avait écrit une lettre aux Allemands à ce sujet. La place Vendôme est rebaptisée Place de l’Internationale.

Gustave Courbet

> Le dimanche 21 mai 1871, à 15 h, 70.000 Versaillais pénètrent par surprise dans la capitale par la porte de Saint-Cloud. Ils progressent à l'aise dans le Paris des riches. C’est le début de la semaine sanglante.

Les Versaillais progressent à partir de l'ouest parisien, prenant d'abord le contrôle des Champs-Elysées, des quartiers Saint-Lazare et Montparnasse.

Les fédérés battent en retraite. Ils se concentrent sur la place de la Concorde.

Louise Michel rejoint un groupe de femmes à Montmartre.

Chacune des avancées de l’armée des Versaillais est suivie de massacres dans les quartiers conquis.

> Le lundi 22 mai 1871, les Versaillais sont bloqués à la Concorde.

> Du 22 au 28 mai 1871, bataille rue par rue (500 à 600 barricades). La seule stratégie des Communards est de tenir les barricades. Une fois une barricade prise, les Versaillais ne laissent pas de survivants. Les exécutions sommaires durent toute la semaine. Elles n'ont pas de nécessité militaire, il s'agit de terroriser et de faire expier aux Parisiens leurs fautes. Delescluze, délégué à la guerre, lance un appel : "l'heure de la guerre révolutionnaire a sonné".

877 morts Versaillais, 4.000 morts fédérés. 3.00 Parisiens fusillés sans jugement, 43.522 arrestations officielles (1.090 femmes).

Jean-Baptiste Clé (Le temps des cerises) tient la dernière barricade, rue de la Folie-Méricourt. Dernier épisode de la Commune: les derniers insurgés, qui ont eux-mêmes fusillé leurs prisonniers, se retranchent dans le cimetière du Père Lachaise.

> Le mardi 23 mai, à l’aube, Montmartre est attaquée. Les Versaillais veulent en finir avec ce symbole de l’insurrection. La barricade de la place Blanche est tenue par des femmes. Les Versaillais arrivent depuis la place de Clichy et déferlent de toutes parts.

A midi, la butte Montmartre, qu'on croyait inexpugnable et où a commencé la Commune de Paris, est prise. Beaucoup des combattants de Montmartre refluent à l’angle de la rue Myrha et des Poissonniers.

Le général Jaroslaw Dabrowski, révolutionnaaire polonais, est tué.  

Jaroslaw Dabrowski

Les Versaillais emportent de haute lutte la barricade de la rue Vavin.

A la nuit tombée, plusieurs bâtiments officiels sont incendiés par les fédérés dans l’espoir de ralentir l’avancée versaillaise.

Les Tuileries, ancien palais des rois et des empereurs symbolisant le vieil ordre, sont incendiées par les communards.

La place de l’Hôtel de Ville se remplit dans la nuit. Des fédérés arrivent de tous les quartiers occupés. Ils sont plusieurs milliers prêts à défendre le cœur de la cité.

> Le mercredi 24 mai, à l’aube, les Versaillais envahissent la place Vendôme et déferlent rue Royale. Une à une, les barricades de la rue de Rivoli tombent.

Les Versaillais occupent la place de l'Hôtel de Ville qui brûle. 

Thiers annonce à l’Assemblée de Versailles que l’insurrection est vaincue et que le combat sera fini le soir même ou le lendemain au plus tard. Il choisit Jules Ferry pour improviser un gouvernement de la ville de Paris.

Sur la barricade de Clignancourt, Louise Michel se rend pour libérer sa mère emprisonnée à sa place comme otage. Comme femme, elle échappe à la peine de mort.

Toute la nuit, la place de la Bastille où sont regroupés des fédérés est bombardée. Les Versaillais percent les immeubles pour contourner les barricades.

Toute la rive gauche est tombée. Seuls les quartiers du nord-est de Paris sont toujours tenus par les Communards.

> Le jeudi 25 mai, commence deux jours pleins de combat autour du canal Saint-Martin.

Combats acharnés Place du château d’eau (place de la République).

Les membres de la Commune sont retranchés place Voltaire, dans la mairie du 11e arrondissement.  

Charles Delescluze, délégué à la guerre, responsable militaire de la Commune, vieil homme, gravit sans armes la barricade du Château d'eau (actuelle place de la République). Il est tué par une balle. Il s’est fait tuer volontairement.

Les Versaillais massacrent sans pitié tous ceux qui portent l’uniforme de la garde nationale.

Des insurgés sont fusillés contre un mur au Jardin du Luxembourg.

> Le vendredi 26 mai, la place de la Bastille tombe.

Les Versaillais prennent le contrôle du faubourg Saint-Antoine.

424 fédérés prisonniers sont fusillés au Parc Monceau et à Montmartre.

Les Communards répondent au massacre par quelques exécutions.

Exécution de 52 otages, dont l'archevêque de Paris, rue Haxo par les insurgés. Eugène Varlin tente de s'y opposer. Les blanquistes ont une grande part de responsabilité dans la tuerie inutile d'otages.

> Le samedi 27 mai, tout s'achève au canon et au corps à corps. Les derniers combattants sont acculés dans les quartiers qui mènent à Belleville. Ils sont environ 3.000, sans commandement, à peine armés, désemparés, terrifiés ou obstinés et héroïques.

100.000 soldats de l’armée de Versailles entourent Belleville.

Les troupes nettoient les Buttes-Chaumont.

Les derniers insurgés se retranchent dans le cimetière du Père-Lachaise. L’attaque du Père Lachaise a lieu de nuit. Le cimetière est une véritable citadelle qui protège Belleville. Un flot intarissable de soldats versaillais se déverse parmi les tombes. Les défenseurs du cimetière ne sont que 200. Les derniers combats ont lieu, sans espoir, entre les tombes dans l’obscurité de la nuit.

147 communards y sont fusillés au mur des Fédérés et sont mis dans une fosse commune qui recueille au moins un millier de cadavres.

Le Père Lachaise est tombé, Belleville est seule.

> Le dimanche 28 mai, les fédérés se massent et rallient à la trompette les gardes nationaux dispersés. Drapeau en tête, ils se rassemblent pour le combat.

A 16h, défaite de la Commune. Belleville tombe.

Eugène Varlin, relieur, principal animateur de l'Internationale parisienne, est fusillé.

Chute de la dernière barricade, rue Ramponeau, à Belleville. La légende veut qu'un homme seul y ait résisté plusieurs heures.

Mac-Mahon : "l'ordre le travail, la sécurité vont renaître".

> Le 29 mai 1871, 1.900 personnes sont fusillées par les Versaillais à la Roquette.

Capitulation au fort de Vincennes.

> A la fin du mois de mai 1871, l'ordre est définitivement rétabli, au prix de 30.000 morts[2]. Les condamnés à mort sont jugés par des militaires. Les rescapés sont déportés par trains entiers.

Les cadavres sont enterrés dans le square de la tour Saint-Jacques.

La ville est couverte de tribunaux militaires, d'abattoirs et de charniers. On juge en quelques minutes : à droite, les prisonniers acheminés à Versailles, à gauche ceux qui vont être immédiatement fusillés.

D’immenses convois de prisonniers partent pour Versailles, hommes, femmes, enfants, vieillards. Ils marchent une dernière fois par les artères de Paris. Ils sont 40.000.  Ils laissent derrière eux des enfants orphelins. On disperse les prisonniers. On les conduit de nuit pour que la population ne s’interpose pas. Il n’y a pas assez de prison alors on les parque sur les pontons de vieux bateaux militaires. Tout au bout du Finistère, la rade de Brest devient une immense prison.

Des milliers de prisonniers sont déportés en Nouvelle-Calédonie. Le trajet dure des mois.

> De mai à août 1871, 6.000 combattantes et combattants de la Commune de Paris de mai 1871 sont internés dans les forts du littoral charentais, sur des pontons ancrés dans la rade de Rochefort, sur les îles Aix, Madame, Oléron et Ré, à Fouras, à Fort Boyard, où ils sont détenus dans des conditions de salubrité lamentables et soumis à l’arbitraire le plus total de la part de la chiourme versaillaise, avant leur passage devant les conseils de guerre versaillais, leur exil, voire leur mort.

Après un passage à Fort Boyard, Louise Michel est déportée en Nouvelle-Calédonie avec d’autres femmes. Elle va y rester dix ans.

Parmi les déportés, il y a des enfants dont certains sont nés en prison.

De nombreuses personnalités intellectuelles applaudissent au massacre des communards (Le Comte de l'Isle, Flaubert, Alexandre Dumas fils).

En juin 1871, caché dans Paris, où la répression continue, Eugène Pottier, petit patron d'une entreprise de dessins sur étoffe, écrit les couplets de l'Internationale.

Le 2 juillet 1871, élections partielles. 99 élus républicains sur 114 sièges. Prélude au lent revirement de l'opinion pour la République.

> Le 5 juillet 1871, le prétendant légitime, le comte de Chambord, petit-fils de Charles X, laisse passer ses chances de devenir roi en récusant le principe d’une monarchie constitutionnelle symbolisée par le drapeau tricolore.

> Le 10 juillet 1871, naissance de Marcel Proust. Fuyant les troubles de la Commune, son père Adrien, docteur, a installé sa jeune femme enceinte dans une propriété familiale à Auteuil.

Le 17 août, début du grand procès des Communards (-22/09).

Bilan de la Commune Entre 20.000 à 30.000 Parisiens tués au combat ou exécutés, 1.000 Versaillais morts. 40.000 arrestations. 4.000 déportations.

Après la Commune, le règne de la réaction sur le continent va rendre impossible pour un temps l'acquisition d'une nouvelle base de masse pour une Internationale ouvrière.

Pendant 15 ans se forme un vide, pendant lequel le mouvement politique de la classe ouvrière connaît (à l'exception de l'Allemagne) un recul certain par rapport à la période 1864-1871.

> En septembre 1871 , Rimbaud rencontre Verlaine (Le bateau ivre).

> Le 5 septembre 1871, condamnation de femmes ayant participé à la Commune.

> Le 16 décembre 1871, procès de Louise Michel. Condamnation de Louise Michel à la déportation. Ayant vu mourir tous ses amis et surtout Théophile Ferré, elle réclame la mort au tribunal.


[1] Georges Duby. Histoire de France Larousse.

[2] 6.000 à 7.000 morts pendant la semaine sanglante selon l’historien britannique Robert Tombs.