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Allemagne 19e 1800-1849 Prusse et Autriche
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 La Confédération germanique, de la Prusse et de l’Empire d’Autriche dans la première partie du 19e siècle

1804        2

1805        3

1808        7

1812        10

1813        10

1815        12

1820        15

1822        17

1826        18

1827        18

1828        19

1833        20

1837        22

1838        22

1846        27

1847        27

> L’Allemagne du XIXe siècle est fortement imprégnée par le piétisme, un mouvement protestant pour qui l’ordre naturel de la société est créé par Dieu et la réussite économique est un signe d’élection divine. Chaque être humain doit occuper le rôle qui lui est attribué pour pouvoir trouver le salut dans l’au-delà. Les vertus cardinales sont foi, travail et austérité des mœurs.

1800

> Beethoven, 30 ans, vit à Vienne depuis dix ans. Il confie sa surdité à un ami. Il achève son deuxième concerto pour piano. Le 2 avril, première exécution de la Première Symphonie. Elle provoque à la fois l'enthousiasme et le scandale. Premiers quatuors (Op. 18).

1801 

Gauss explicite le théorème central de l'arithmétique : tout naturel strictement supérieur à 1 se décompose n produit de facteurs premiers et cette décomposition est unique.

L'Autriche signe avec le premier consul la paix de Lunéville.

> En juin 1801, Beethoven dévoile dans des lettres le drame de sa surdité. Les médecins ont rendu leur diagnostic :  incurable. Il a 30 ans, cela  déclenche pour lui une véritable crise existentielle.

1802

Beethoven, 32 ans, rencontre les faveurs de l'impitoyable public viennois.

Durant un de ses séjours à la campagne, à Heiligenstadt sur le Danube, Beethoven, 32 ans,  rédige son testament où il annonce sa surdité.NLa comtesse Giulietta Guicciardi, 16 ans, est son élève, il en est amoureux.Il lui dédie une sonate. Il vient de terminer de Deuxième symphonie. Il est au bord du suicide.

1803 

Jean Paul, romantique, publie le roman Le Titan, qui retrace l’éducation du jeune Albano. Celui-ci est placé face aux dangers de ses propres débordements romantiques, à la nécessité d’un développement harmonieux pour lutter contre le danger d’un énergie trop grande[1].

Beethoven, troisième concerto pour piano.

Beethoven achève sa Troisième Symphonie "Héroique" qu'il dédie à Buonaparte qu'il considère comme le défenseur des plus pauvres, des peuples opprimés.

Beethoven en 1803

Napoléon favorise trois Etats proches de la frontière française, le Bade, le Wurtemberg et la Bavière. Le nouveau découpage leur accorde un territoire unique mais jusqu’à sept fois plus grand.

1804

> Beethoven, sonate pour piano n°23, Appasionata.  Quand Beethoven apprend que le révolutionnaire Napoléon s'est fait proclamer empereur, il raye rageusement sa dédicace de la Troisième Symphonie en déclarant que le nouvel Empereur aller se muer en tyran.

> Madame de Staël à Weimar rencontre Schiller et Goethe.

> Le 12 février, mort de Kant à Königsberg, ville qu'il n'a jamais quitté.

> En septembre, Napoléon se rend à Aix-le-Chapelle pour se recueillir sur Charlemagne. C’est un signal envoyé à l’Allemagne.

1805

Première exécution de la symphonie "Héroïque" de Beethoven.

La guerre reprend entre Napoléon et les monarchies européennes qui forment une troisième coalition. L'Autriche reprend les armes ainsi que la Prusse.

> Le 20 octobre 1805, capitulation à Ulm d'une armée autrichienne devant Napoléon.

Combat entre les Autrichiens et les Français près de Vienne. La guerre vide Vienne, la plus grande partie de la haute société se réfugie dans ses terres.

> Le 12 novembre 1805, les troupes françaises entrent dans Vienne. Pour les Autrichiens quii réagissent l'occupation française, c'est l'éveil du nationalisme.

> Le 14 novembre 1805, remise des clés de Vienne à Napoléon Ier.

Entrée de Bernadotte à Munich.

> Le 20 novembre 1805, création à Vienne de Leonore de Beethoven, première version de Fidelio, hymne passionné à l'amour conjugal. C'est un échec total.

> Le 2 décembre 1805, Napoléon anéantit l'armée austro-russe à Austerlitz.

Ses trois alliés allemands (Bade, Wurtemberg et Bavière) ont combattu à ses côtés. Napoléon les récompense. Il crée des liens de famille avec les trois princes du sud de L’Allemagne. La fille du roi de Bavière est mariée au fils adoptif de Napoléon, Eugène de Beauharnais. La fille du roi de Wurtemberg épouse Jérôme, le frère de Napoléon. Le grand duc de Baad épouse Stéphanie de Beauharnais qui est une cousine de Joséphine.

1806

> Hegel publie La phénoménologie de l'esprit à Iéna. Beethoven, première édition de la Troisième Symphonie ("composée pour célébrer le souvenir d'un grand homme"). Quatrième Symphonie. Le 23 décembre, Beethoven donne le concerto pour violon écrit pour le jeune violoniste Franz Clement de Vienne, 32 variations en do mineur de Beethoven.

> Au début de l’année, tout le sud de l’Allemagne est acquis à Napoléon. Vainqueur, empereur, Napoléon commence à réorganiser l'espace européen à sa guise. En juillet, Napoléon pousse les princes d'Allemagne du Sud à sortir du Saint Empire romain germanique et à se regrouper en une Confédération du Rhin, véritable État vassal dont Napoléon est le protecteur. La Prusse est hostile à la création de cette Confédération du Rhin. Le but de Napoléon est de constituer une Allemagne sous influence française. En perdant trois de ses membres les plus importants, l’empire romain germanique n’est plus que l’ombre de lui-même. Le 12 juillet, 16 États allemands de l'Ouest et du Sud se déclarent séparés du Saint Empire romain germanique et se mettent sous la protection du nouveau maître de l’Europe en signant un traité avec la France. Ils quittent le Saint Empire pour créer la Confédération du Rhin (Rheinbund), dite la troisième Allemagne. Dans la Confédération du Rhin, les troupes françaises sont omniprésentes et sont rarement les bienvenues. Munich est la capitale du royaume de Bavière, nouvellement créé. Le 14 août, l’éditeur Jean-Philippe Palme est arrêté chez lui, à Nuremberg, par les gendarmes français. Il a publié un pamphlet très violent contre Napoléon et contre ses alliés, les membres de la Confédération du Rhin, le roi de Bavière par exemple. Napoléon veut en faire un exemple et ordonne qu’il soit fusillé. L’exécution donne une immense publicité aux adversaires de Napoléon. Palme devient un héros national.

> Le 6 août, l'empereur François II (François Ier d'Autriche) dépose la couronne du Saint Empire Germanique, qui se trouve ainsi dissous. François de Habsbourg n'est plus désormais qu'empereur héréditaire d'Autriche.

>  Avec les soldats qui ne reviennent pas et le blocus, dans la nation allemande, le ressentiment contre Napoléon progresse.

> Le 26 septembre, la Prusse, stimulée par la reine Louise lance un ultimatum à la France, sommée de ramener ses troupes en deçà du Rhin. En octobre, les progrès de l'influence française irritent la Prusse. Le roi de Prusse Frédéric-Guillaume II décide de rompre la paix. La Prusse déclare la guerre à la France en passant à l'offensive sans attendre les Russes. Le 14 octobre, les deux armées prussiennes sont taillées en pièces dans les deux batailles simultanées d'Iéna (Napoléon) et d'Auerstaedt (maréchal Davout), en Thuringe. La Prusse, envahie, s'effondre. Le 27 octobre, entrée de Napoléon à Berlin qu'il occupe par la porte de Brandebourg. Le roi de Prusse s'est réfugié à Koenigsberg, en Prusse-Orientale.

Occupation napoléonienne du sud-ouest de la Rhénanie.

Entrée de Napoléon Ier dans Berlin

> Les 21 novembre, par un décret de Berlin, Napoléon impose un blocus continental à l'Angleterre. Ce blocus va frapper durement les villes allemandes de la Hanse. Certaines régions d’Allemagne sont très dépendantes du commerce avec la Grande-Bretagne, elles souffrent du blocus continental qui crée une grande crise économique et un grand appauvrissement. Il est ressenti comme une injustice profonde car dans l’empire français les produits circulent librement. Des réseaux de contrebande s’organisent en Allemagne pour contrer le blocus (marchandises provenant des colonies : café, thé, cacao, coton, draps). Les marchandises non alimentaires (vêtements, soieries), découvertes comme importées en contrebande, sont brûlées par les Français en place publique. L’injustice de ces mesures économiques est très mal ressentie Outre-Rhin. Les ports de la Baltique sont condamnés économiquement par le blocus. En imposant une Europe fermée, le blocus permet aussi à certaines industries de se développer considérablement à l’intérieur de l’Europe, dans l’industrie textile et dans l'agronomie. Le sucre de canne est remplacé par le sucre de betterave. Les fabricants d’acier comme Krupp se développent.

> Une période de réformes libérales s'ouvre auxquelles Frédéric Guillaume III doit se résoudre après son humiliation militaire (réforme du servage, abolition des charges héréditaires, émancipation des Juifs, desserrement du contrôle économique et adoption de timides mesures en faveur d'une représentation démocratique). La Prusse est démembrée.

1807

> Des oeuvres d’art d’Allemagne sont apportées au Louvre.

> Une vingtaine d’autres Etats rejoignent la Confédération du Rhin. La Confédération du Rhin n’a cependant pas d’instance commune et pas de règles internes car ni l’Empereur, ni les princes de la confédération n’en ont vraiment envie. Napoléon préfère les accords bilatéraux.

Tout le cœur de l’Europe est sous la coupe de Napoléon. La Confédération n’a qu’un seul objectif, affaiblir la Prusse et surtout l’Autriche qui a régné pendant des siècles sur le continent.

> Le 8 février, les Français sont tenus en échec par les Russes à Eylau. Le 14 juin, les Français battent les Russes à Friedland, dans cette Prusse orientale où le roi Frédéric II s'est réfugié. Le 9 juillet, la paix de Tilsit est conclue. Frédéric-Guillaume n'est qu'un figurant des négociations de paix. Napoléon et le tsar Alexandre conversent sur une barge flottant sur le Niemen, fleuve qui marque la frontière entre la Prusse et la Russie. Les trois françaises occupent la Prusse (- 1808).

> La Prusse fait au lendemain de la paix de Tilsitt un grand effort de régénération. Les ministres Stein et Hardenberg réorganisent le gouvernement et l'administration. Ils abolissent le servage des paysans, suppriment les corporations, accordent aux villes des municipalités élues. Le 9 octobre, un édit royal prussien proclame qu'à partir de la Saint-Martin 1810 il n'y aura plus que des hommes libres en Prusse. Un autre édit proclame la liberté de métier. Des junkers fulminent. Karl vom und zum Stein est chancelier de Prusse (- 1810).

> En novembre, Napoléon profite de sa victoire sur la Prusse à Iéna pour tenter une expérience, il remodèle encore une fois la Confédération du Rhin. A partir d’une poussière d'États, il crée de toute pièce un nouvel État, le royaume de Westphalie, qui doit servir d’exemple à toute l’Allemagne. Son projet est de faire de la Westphalie une sorte d'État modèle napoléonien pour que tous les autres États soient émerveillés et ne retournent pas sous la domination de leurs princes. Napoléon confie cet Etat à Jérôme, son jeune frère de 23 ans, avec une feuille de route : fonder le trône sur une administration sage et libérale avec la confiance et l’amour de la population. En fait, Napoléon considère Jérôme comme son super-préfet. Une petite France s’installe au cœur de l’Allemagne. Elle est découpée en huit départements et on y retrouve les mêmes institutions.

1808

> Gauss introduit la loi de probabilité normale en forme de cloche pour modéliser les erreurs des mesures astronomiques.

Préparation de la guerre de l’Autriche contre Napoléon.

> Schubert  11 ans, quitte la maison familiale pour l’internat prestigieux du convict à Vienne sous la férule de Salieri. Schubert est chanteur soprano. Il se démarque très rapidement des autres élèves. Salieri lui donne des leçons particulières chez lui. Le 22 décembre, à Vienne, Beethoven crée la Cinquième et Sixième (Pastorale) symphonies, peu de succès, déception de Beethoven. Beethoven à Vienne, compose le concerto pour piano n°5 Empereur, la sonate “les Adieux”.

> Le 12 mai 1808, la Grande Armée bombarde et occupe Vienne. En juillet, un armistice général est signé. En octobre, la paix est signée.

> Le 6 août 1808, un nouveau règlement de l'armée prussienne ne réserve plus la carrière d'officier aux seuls nobles.

> Le 19 novembre, avant d'être renvoyé à la demande de Napoléon, le chancelier prussien Stein a encore le temps de faire signer l'édit qui instaure l'autonomie communale : les villes qui ne sont pas encore libres le deviennent, vient leurs impôts locaux, élisent leur conseil municipal et prennent en charge l'entretien des écoles, des pauvres, des hospices.

1809

L'Autriche, encouragée par les premiers revers de Napoléon en Espagne, tente de prendre sa revanche d'Austerlitz.

L'empereur François Ier épouse sa cousine Maria Ludovique Béatrice d'Autriche-Este.

> Le 6 juillet 1809, campagne en Autriche.

Bataille de Wagram (300.000 hommes dont 180.000 du côté français).

La France bat l'Autriche qui doit accepter la paix. L’Autriche est dans une situation catastrophique. Elle qui a longtemps dominé l’Europe, doit encore réduire ses frontières. Elle doit céder Trieste et l’Istrie, ce qui lui fait perdre l’accès à la Méditerranée.

Les montagnards du Tyrol menés par Andreas Hofer, aubergiste autrichien, se révoltent contre les Bavarois alliés aux Français à qui le Tyrol a été livré par Napoléon.

Jusque dans les tréfonds du peuple, on commence à considérer que la présence française devient une hégémonie, une domination et qu’elle est inacceptable pour l’indépendance des peuples.

> Le 12 octobre 1809, au château de Schonbrunn, près de Vienne, Napoléon est installé depuis plusieurs mois. Il prépare un traité de paix. Comme tous les matins, il passe ses troupes en revue. Un patriote allemand de Saxe de 17 ans, Staps, est arrêté avec un couteau avec l’intention de tuer Napoléon. Le jeune homme se revendique comme un exemple à suivre. Staps est exécuté mais son interrogatoire a profondément troublé Napoléon. Comment un jeune Allemand peut-il vouloir le tuer, lui qui prétend vouloir faire le bien des peuples ? La tentative d’assassinat rappelle à Napoléon qu’il lui faut absolument un héritier pour préserver son oeuvre en cas de malheur.

Napoléon décrète le dépossession de l'Ordre Teutonique

1810

> Pour agir sur la jeunesse et lui prêcher le patriotisme, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III crée l'Université de Berlin. Hardenberg devient chancelier de Prusse. Réforme agraire en Prusse.

> Le 8 juin, naissance de Robert Schumann à Zwickau, une petite ville de Saxe en Allemagne. Il est le benjamin d’une famille de cinq enfants. Sa mère est une très bonne musicienne amateur. Son père est libraire et traducteur de plusieurs auteurs anglais comme Lord Byron.

> A Vienne, Clément de Metternich comprend que le mariage de Napoléon avec la fille de l'empereur d’Autriche pourrait être une chance pour l’Autriche. Metternich est devenu le plus haut personnage de l’Etat au côté de l’empereur François. Son objectif est de faire remonter l’Autriche qui est au plus bas au niveau des grandes puissances européennes. La seule solution pour lui est un rapprochement avec la France.

> En février 1810, Hofer Andreas est pris et fusillé.

1811

Napopédia

Naissance de Franz Liszt dans la petite ville de Doborjan (aujourd'hui Raiding en Autriche). Son père, Adam, est au service de la famille Esterházy (chez qui Joseph Haydn a travaillé).

Fondation de l’industrie de fonderie Krupp qui va devenir un empire industriel.

> En octobre 1811, le chancelier de Prusse Hardenberg libéralise plus avant la société en supprimant les corporations.

> Le 14 octobre 1811, le lobby des junkers prussiens arrache au roi, en compensation de leurs pertes (le travail gratuit des serfs), entre un tiers et la moitié de la valeur des terres libérées. Les paysans payent en foncier ou en argent. Nombreux sont ceux qui, insolvables, cèdent leurs terres, quittent la campagne et vont nourrir le flot des ouvriers d'une industrie naissante[2].

1812

> Trêves repasse sous contrôle prussien.

> Le chancelier de Prusse Hardenberg fait des Juifs des sujets à part entière mais ils ne peuvent devenir soldats ou fonctionnaires qu'en embrassant la foi chrétienne. C'est ce que font des milliers d'entre eux, d'une génération à l'autre, les prénoms se germanisent.

> En juillet, Goethe et Beethoven se rencontrent aux eaux  de Töplitz, rendez-vous mondain de l'Allemagne et de l'Autriche.  En octobre, Beethoven compose sa Huitième Symphonie en fa majeur à Linz. La vie à l’internat du convict est difficile pour Schubert, 15 ans. Sa mère Elisabeth meurt de la typhoïde.

> Napoléon passe un traité avec l’Autriche.

La défaite de Napoléon en Russie a des conséquences immédiates. La Prusse retourne ses armes contre la France. Partout le nationalisme allemand est encouragé.

Confrontés à l’invasion de leur pays, cinq autres Etats allemands quittent la Confédération du Rhin. En Autriche, Metternich pense que l’Autriche peut maintenant répondre militairement à Napoléon et il propose à l’empereur François que les militaires se préparent à la guerre.

1813 

> Création de la Septième Symphonie de Beethoven en faveur des soldats blessés. Un des plus francs succès de sa carrière. A 17 ans, Franz Schubert quitte le pensionnat sans obtenir son bac. Il entre à l’école normale pour devenir instituteur. Il veut écrire pour l’opéra, passage obligé, vers lequel ses amis le poussent. Il en écrit sans avoir de commandes. C’est un échec.

> En février, la Prusse devient l'âme de la résistance à l'envahisseur français. Le roi de Prusse s'allie au tsar et décrète la levée en masse pour faire la guerre à Napoléon. L’Angleterre les appuie financièrement. Stein joue un rôle capital. Le désastre de Russie entraîne le soulèvement de la Prusse-Orientale contre Napoléon.

En des strophes passionnées, des poètes appellent tous les Allemands à se lever pour la guerre de la délivrance.

En quelques mois, Napoléon forme une nouvelle armée et redresse la situation lors d’une fulgurante campagne en Saxe.

> En mars 1813, l’Autriche prend la décision de rompre l’alliance avec Napoléon. Elle le fait en douceur par la médiation armée, c’est-à-dire qu’elle négocie tout en se réarmant. Mais l’empereur François ne veut pas la guerre avec Napoléon.

> Le 2 mai 1813, à Lützen, Napoléon remporte une victoire contre l’armée prussienne.

> Le 21 mai 1813, à Botzen, Napoléon est victorieux contre les Russes.

Faute de cavalerie, il ne peut cependant pousser l’avantage.

> En juin 1813, Napoléon accepte une trêve pour reposer ses troupes. Il s’installe à Dresde.

Metternich lance une grande offensive diplomatique en vue de rapprocher l’Autriche de la coalition anti-napoléonienne.

> Le 26 juin 1813, Clément de Metternich, ministre des Affaires étrangères de l’Autriche, aristocrate et habile diplomate, arrive à Dresde, capitale du royaume de Saxe. Il y rencontre Napoléon où l’empereur des Français y a établi son quartier général le temps d’une trêve pour reposer ses troupes, avant de reprendre son assaut contre les Russes.

Que va faire l’Autriche ? Napoléon a besoin de son soutien. Clément de Metternich met Napoléon au pied du mur : ou il accepte un plan de paix, ou l'Autriche rejoint le camp de ses ennemis. Les deux hommes se parlent neuf heures en tête à tête.

L’Autriche rejoint officiellement la coalition contre Napoléon.

> Le 8 octobre 1813, la Bavière quitte la confédération du Rhin et passe à l’ennemi.

> Du 16 au 19 octobre 1813, à la bataille décisive de Leipzig ou "bataille des Nations", Napoléon est totalement vaincu par la coalition (Prusse, Autriche, Russie) après trois jours de lutte acharnée sur le chemin de la terrible retraite de Russie. C’est toute la Confédération du Rhin qui s’effondre.

> Le 2 novembre 1813, Napoléon passe le Rhin. Il ne reviendra plus jamais en Allemagne.

Berlin est libéré par les troupes russes. L'armée française repasse le Rhin. 

1814

> Fidelio de Beethoven triomphe enfin. Beethoven est fêté à la cour.

> Le 5 mai, naissance à Trêves (Tier) de Jenny, baronne von Westphalen, future épouse de Karl Marx. Sa mère est Caroline Heubel. Le père, conseiller du gouvernement, de bonne noblesse, a un traitement confortable. C’est un saint-simonien convaincu : la justice sociale doit être impérativement établie mais pas par d’autres moyens que la révolution[3].

L’Europe en 1815 (vikidia.org)

> Le 1er novembre, ouverture du Congrès de Vienne qui réunit les souverains victorieux de Napoléon. Il a pour tâche de régler l'ordre du monde après la chute de l'Empire français. Castlereagh pour le Royaume-Uni, Alexandre Ier pour la Russie et Metternich pour l'Autriche jouent un rôle clé (- juin 1815). Les monarchies de l’Ancien régime sont rétablies.

Instauration, sur les ruines du Saint Empire, de la Confédération Germanique de 35 états ou villes libres conservant leur autonomie interne et représentés par une Diète à Francfort. La Prusse en est la principale puissance.

La France, ramenée à ses frontières de 1792, est placée sous le contrôle de trois États tampons : le royaume des Pays-Bas (dont la Belgique), la Confédération germanique et la Confédération helvétique. La monarchie des Grimaldi est rétablie sur Monaco.

La Pologne anéantie en tant que nation est de nouveau redécoupée au profit de la Prusse, l'Autriche et la Russie.

1815 

Johan Chapoutaut, Histoire de l'Allemagne de 1806 à nos jours. Que sais-je ?

Frédéric-Guillaume III promet à la Prusse une Constitution.

Au lendemain de la chute de l’empire napoléonien, l’Europe est soumise à l’Ordre de Vienne qui a rétabli des monarchies autoritaires sur tout le continent, avec une constellation d’Etats italiens au sud, des Etats germaniques au nord, eu au centre, l’énorme empire austro-hongrois qui regroupe une multitude de peuples avec une grande variété de langues et de cultures (Allemands, Tchèques, Slovaques, Hongrois, Polonais, Roumains).

> Mort du frère de Beethoven, Caspar Carl. Beethoven fait tout son possible pour adopter, contre la volonté de sa mère Johanna, son jeune neveu Karl à qui il offre une éducation stricte et coûteuse de grande qualité. Les 25 janvier, Beethoven donne un concert devant les têtes couronnées du Congrès de Vienne. Début de l’amitié entre Fogel et Schubert.

> Le 25 mars, signature du traité de la Sainte Alliance entre le roi de Prusse, l'empereur d'Autriche et le tsar de toutes les Russies.

> Le 8 juin, création de la Confédération allemande (Deutscher Bund), alliance de 38 principautés.

> Le 20 novembre, après la seconde défaite de Napoléon, au Congrès de Vienne, signature du second traité de Paris. La France est ramenée à ses frontières de 1790. On y rétablit la France dans ses frontières prérévolutionnaires, sans volonté de la punir et de l'humilier, parce que l'on a besoin d'elle pour maintenir la stabilité du continent derrière les principes conservateurs de la Sainte Alliance.

1816 

Publication à Berlin de La science de la logique de Hegel.

>  A l'automne 1816, une maladie pulmonaire oblige Beethoven à rester des mois cloîtrés dans sa chambre, amer et découragé.

1817 

> Franz Liszt, 6 ans,  commence à jouer au piano. Streicher fabrique pour Beethoven - de plus en plus sourd - un piano aussi sonore que possible.

> Pour pouvoir garder son travail d'avocat, le père du futur Karl Marx, prénommé Hirschel (Heinrich), change de prénom et abjure sa religion juive pour être baptisé au sein de l'église luthérienne. Le protestantisme, religion du roi de Prusse et des Prussiens, est très minoritaire à Trèves, la religion catholique y est majoritaire.

> Bernhard Bolzano publie son premier ouvrage mathématique consacré au théorème des valeurs intermédiaires.

> Le 18 octobre, les nationaux-libéraux se réunissent à Eisenach avec des discours appelant à l'unité nationale et fustigeant la réaction.

1818 

La Prusse jette les bases d'une union douanière, le Zollverein, entre les États allemands.

Hegel hérite de la chaire de philosophie à l'université de Berlin.

Une université moderne est fondée à Bonn par Frédéric-Guillaume III.

> Le 5 mai 1818, naissance de Karl Marx à Trèves (Trier), fils d'une famille de la petite-bourgeoisie. Son père est avocat libéral, descendant d'une famille de rabbins, mais converti au protestantisme quelques années avant la naissance de Karl pour échapper aux restrictions imposées aux Juifs de Prusse. Sa mère est juive d'origine hollandaise.

1819 

> Les patriotes veulent non pas supprimer les différents Etats, mais seulement les unir dans une confédération germanique solide. Au-dessus des 39 gouvernements, il y aurait un gouvernement fédéral, composé d’une Assemblée élue et d’un ministère responsable devant elle. Mais les tentatives pour réformer la Confédération se heurtent à l’hostilité de Metternich. Pour réaliser cette “ unité allemande ”, c’est vers la Prusse que la plupart des patriotes se tournent. La Prusse a une population presque entièrement allemande, tandis que l’Autriche compte une majorité de non-allemands. La Prusse est bien administrée par des fonctionnaires laborieux; son économie est prospère. La Prusse constitue sous sa propre direction une union douanière, le Zollverein (- 1835), qui regroupe presque tous les Etats de la Confédération germanique, l’Autriche exceptée.

> En août 1919, l'Etat autrichien, promulgue, sous l'impulsion de Metternich, les tyranniques décrets de Carlsbad, muselle la presse et rogne les garanties légales. Le but est d'endiguer les idées de la Révolution française et des Lumières.

> Antoine Diabelli invite cinquante compositeurs à écrire une variation sur une de ses valses. Beethoven en écrit 33. Naissance de Clara Wieck (Schumann), pianiste. Ses parents sont musiciens.

A 9 ans, Robert Schumann demande à ce qu’on lui offre un piano. Très vite on remarque ses dispositions musicales et à la rêverie. Il veut devenir célèbre. Le 20 juin, dans le quartier juif de Cologne, naissance de Jacques Offenbach. Son père Isaac est violoniste, flûtiste. En novembre, trois quatuors sont commandés à Beethoven par le prince russe Galitzine, si passionné de sa musique que, violoniste, il transcrit ses sonates en quatuors pour pouvoir les jouer.

1820

Beethoven 1770-1827

> Beethoven compose la sonate pour piano n°30 op.109. Représentation pour la première fois d’un opéra de Schubert, c’est un terrible échec.

> Schopenhauer et Hegel font des cours à l'Université de Berlin.

> Le 28 novembre 1820, naissance de Friedrich Engels, d'une famille bourgeoise d'industriels du textile de Barmen, en Westphalie, dans la Ruhr. La famille d’Engels appartient à l’aristocratie économique de la région. Son père est l'héritier d’une dynastie de fabricants textiles. Il est piétiste rigoureux, réactionnaire, chrétien convaincu de la prééminence des valeurs de travail et de charité. Sa mère est la fille d’un professeur de lycée. Friedrich grandit dans une très grande proximité locale avec les ouvriers de la manufacture textile qui jouxte la maison familiale. Ses parents tiennent des cercles de piété dans lesquels se rendent les ouvriers et leurs enfants (dont certains travaillent) qui sont les camarades de jeu de Friedrich.

1821

> Les Grecs se soulèvent contre les Turcs.

> Le 25 mai 1821, le prince de Metternich devient chancelier de l’empire d’Autriche (- 1848). Il va mener la politique impériale d’une main de fer.

Metternich

Les nationalités dans l’Empire d’Autriche

Dans l’Empire d’Autriche, le problème des nationalités se pose avec une particulière acuité. D’une part, deux peuples, les Allemands et les Hongrois, étendent leur autorité sur d’autres nationalités qui sont sujettes. Les Allemands dominent les Italiens et trois peuples slaves : les Tchèques, les Polonais, les Slovènes. Les Hongrois dominent les Roumains de Transylvanie et deux peuples slaves : les Slovaques et les Croates. Ces nationalités soumises demandent au moins l’autonomie administrative et l’usage de leur langue.

Quoique la Hongrie jouit d’un traitement privilégié à l’intérieur de l’Empire (l’empereur d’Autriche n’est que roi de Hongrie), les nationalistes magyars demandent que le gouvernement de Vienne leur accorde une plus large autonomie. Leur porte-parole est un député de petite noblesse, journaliste de talent, Kossuth. Les Hongrois veulent la reconnaissance du magyar comme langue officielle du royaume.

Metternich se refuse à céder aux demandes des nationalistes. En revanche, ils veulent imposer le hongrois aux Slaves, en particulier aux Croates.

1822

> Franz Liszt étudie auprès du pianiste et compositeur Karl Czerny. Il rencontre Beethoven. Fin 1822, Schubert apprend qu’il a contracté une maladie vénérienne. Ses espérances sont « réduites à néant », amitié et amour se muent en « torture ». Il jette toutes ses forces dans le travail. Naissent alors le cycle de lieder La Belle meunière, puis, en 1824, le Quatuor « Rosamonde », la Sonate « Arpeggione » et le Quatuor « La Jeune Fille et la Mort ». Il laisse de plus en plus d’œuvres inachevées, mais tout ce qu’il termine prend une dimension nouvelle.

1823 

Au lendemain de l'occupation française, l'Allemagne a reçu l'assurance qu'elle pourrait se doter d'un système représentatif.

La Prusse organise huit de ses diètes, associant la noblesse, les bourgeois des villes et les communautés paysannes. La noblesse est majoritaire grâce à un système censitaire avantageux, et le rôle de ces assemblées se limite aux strictes questions locales.

Beethoven, sourd, pauvre et solitaire crée la Neuvième Symphonie (- 1824) en réunissant tout le matériau musical amassé pendant trente années de recherche.

Schubert, malade à l'hôpital, compose La belle meunière. Il compose un recueil de valses.

Face à une vague croissante de romantisme et de nationalisme, Frédéric Guillaume III se replie sur un conservatisme monarchique.

1824 

> Le jeune Karl Marx, 5 ans, est baptisé en compagnie de ses cinq sœurs et de son frère Hermann.

> Schubert (1797-1828) malade et dépressif, compose la Sonate pour arpeggione et piano. Schubert est hospitalisé pour une syphilis. Le compositeur entame la partie la plus profonde de son œuvre. Il lui reste quatre ans pour tout dire. Beethoven, épuisé et malade, achève l’Ode à la Joie. La joie est libératrice.

1825

> Le 15 octobre 1825, au retour de Vienne, Beethoven déménage pour la dernière fois pour être plus près du lieu d'étude de son neveu Karl. Il s'installe à la Schwarzspanierhaus, en dehors des remparts. Pendant l'été, après une brève et grave maladie, Beethoven compose, à Baden, pendant sa convalescence, le troisième mouvement du Quinzième Quatuor : Chant sacré de reconnaissance d'un convalescent à la divinité, dans le mode lydien. La sœur ainée de Robert Schumann, Émilie, se suicide.

1826

> Franz Schubert compose un recueil de valses pour piano qui fait les délices des salons viennois. En février, Schubert a Le plaisir de voir La jeune fille et la mort joué chez des amis alors qu’on refusé d’éditer son quatuor. Beethoven publie la Neuvième symphonie dédiée à Sa Majesté Frédéric Guillaume II, roi de Prusse. Le 29 juillet 1826, Karl, le neveu de Beethoven, pris sous sa tutelle, se tire une balle dans la tête pour en finir avec les reproches de son oncle. Il est peu blessé. Beethoven amer est abattu. Mort du père de Robert Schumann. Schumann a 16 ans. Schumann écrit son journal Impuissant miroir de la vérité.

1827 

> Schubert (1797-1828) compose Le voyage en hiver. Les impromptus. A 17 ans, Robert Schumann écrit dans son journal : L'extrême jeunesse, le coeur ne peut trouver ce qu’il désire, car obscurci par un désir inexprimable,  il ne sait ce qu'il cherche. Le 26 mars, mort de Ludwig van Beethoven à 56 ans (empoisonnement au plomb, cirrhose du foie). Schubert porte un flambeau aux funérailles. Le jeune et chétif Jacques Offenbach étudie le violoncelle.

1828

> Première synthèse réalisée par l'Homme d'une molécule biologique, l'urée, par le chimiste Friedrich Wöhler. L'urée est produite par le foie à partir de protéines dégradées, puis filtrée par les reins, c'est le composant principal - après l'eau - de l'urine. C'est par hasard, et mélangeant et en chauffant deux molécules inorganiques - du cyanure d'aluminium et du chlorure d'aluminium - que Wöhler parvient à reproduire en laboratoire cette molécule du vivant. L'impact est gigantesque : les molécules biologiques peuvent être obtenues à partir de molécules minérales, mettant un terme aux théories dites "vitalistes" qui prêtaient aux molécules de la biologie un souffle vital mystérieux et impénétrable. C'est l'exploit fondateur de la biochimie[4].

> Le 19 novembre, Schubert meurt à 31 ans de la syphilis, à Vienne, dans la misère. Jusqu’au jour où la mort s’empare de lui et malgré les échecs et la maladie, Schubert ne cesse de composer des musiques sublimes, avec une énergie créatrice sans égale.

> A 14 ans, Jenny von Westphalen fait sa confirmation dans la foi protestante, celle de sa famille.

1830

Les Polonais se soulèvent contre les Russes.

A la suite de la révolution parisienne de juillet, la censure et la répression sont renforcées dans la Confédération allemande.

Clara Wieck renonce à composer et Robert Schumann à jouer du piano.

Les Habsbourg sont les héritiers du Saint Empire romain germanique.

François Ier est à la tête de l’empire d’Autriche. C’est un homme inconstant, peu porté sur la politique.

Ferdinand, son fils aîné, a un handicap mental. Le trône doit donc revenir à son fils cadet François-Charles.

François-Joseph, fils de François-Charles vient au monde au château de Schoenbrunn. Sa mère est la jeune archiduchesse Sophie de Bavière. L’empire d’Autriche est en paix. Il grandit à l’écart de la population. La Cour viennoise l’observe avec attention.  

1831 

Robert Schumann, Variations Abegg (premières oeuvres).

Heinrich Heine se réfugie à Paris.

> Le 14 novembre 1831, mort de Hegel, vieux professeur à l'université de Berlin, victime de l'épidémie de choléra.

1832 

> La Diète hongroise comprend deux chambres : celle des Magnats où les membres de la haute aristocratie siègent personnellement, celle des Etats où siègent les députés élus par la petite noblesse.. le peuple n’a pas le droit de vote. Kossuth entre aux Etats et se fait remarquer par ses idées libérales et sa méfiance à l’égard de la Cour de Vienne.

L’Allemagne est une mosaïque de 36 royaumes, duchés, principautés, villes libres, avec le gros morceau que constitue la Prusse dont la capitale est Berlin.

L'industrie est réduite à l'activité de modestes entreprises familiales (Krupp a 9 ouvriers).

> Le 22 mars, mort de Goethe dans son fauteuil à Weimar. Robert Schumann a deux doigts de sa main droite bloqués. A 22 ans, il n’a plus aucun espoir de faire carrière de virtuose au piano. Le piano reste son premier confident.

> Le 27 mai 1832, plus de vingt mille jeunes Allemands manifestent à Neustadt (Hambach) pour réclamer la démocratie et l'unité allemande au cris de “Unité, Liberté !”. Les organisateurs de la manifestation sont arrêtés par la police prussienne. La liberté de la presse et de réunion est supprimée.

1833 

> Robert Schumann subit une grave dépression. Il tente de se suicider. Naissance de Johannes Brahms dans une famille très modeste. Son père est un musicien populaire et sa mère exerce le métier de couturière.

> Louis II de Bavière autorise l’exploitation d’une ligne de chemin de fer de 6 kilomètres partant de Nuremberg. C’est la naissance du chemin de fer allemand.

> Révoltes populaires. Le 3 avril, des Républicains organisent un coup d'État à Francfort. L'assaut contre la garde civile est un échec.

1834 

> Le 1er janvier 1834, une union douanière (Zollverein) est instituée entre les 39 États allemands sous la direction de la Prusse. Un de ses artisans est l'économiste allemand Friedrich List. Après bien des réticences, les États d'Allemagne du Sud adhèrent à l'Association. Dominée par la Prusse, cette réunion économique encourage les échanges dans l'espace germanique tout en posant des barrières douanières avec le reste du monde.

A Francfort, l'armée fédérale (Bundessheer) intervient contre des troubles révolutionnaires.

> En janvier 1834, une manifestation festive, à laquelle aurait participé le père de Marx, se termine par le chant, subversif, de La Marseillaise.

Karl Marx, fait sa confirmation dans la foi protestante, à 16 ans.

1835 

Ouverture de la première ligne de chemin de fer, en Franconie, entre Nuremberg et Fürth, dix ans après la première voie anglaise.

Les écrivains insurgés du Junges Deutschland (jeune Angela), libéraux ou démocrates, voient leurs écrits interdits. Metternich fait interdire les écrits de Heinrich Heine, Gutzkow et Laube par la Diète de la Confédération germanique.

Avant de quitter Dresde, Chopin offre à sa fiancée Maria Wodzinska la Valse op. 69 n°1, surnommée également Valse de l'Adieu.

> Le 2 mars 1835, succédant à François Ier d’Autriche,  Ferdinand Ier  devient empereur d’Autriche, roi de Hongrie et roi de Bohême (- 1848).

Ferdinand Ier d’Autriche

> Le 17 octobre 1835, Karl Marx (17 ans), après avoir passé le baccalauréat, quitte Trêves, s’embarque sur la Moselle afin d'atteindre Coblence. C’est là que l'attend le bateau à vapeur qui descend le Rhin pour le conduire à Bonn. Marx va étudier le droit durant un an à Bonn.

1836

> L'industrie ferroviaire s'illustre avec Johann Friedrich August Borsig, apprenti charpentier, qui ouvre à Berlin, Chausseestrasse, son usine de construction de machines à vapeur.

> Marx arrive à l'université de Berlin pour étudier le droit. Il se fiance secrètement, à Trêves, avec Jenny von Westphalen, fille d'un voisin, aristocrate prussien protestant. Elle est de quatre ans son aînée.

1837 

> Le père d'Engels fait interrompre ses études à Friedrich pour qu’il rejoigne l'entreprise familiale. Il séjourne à Brême en apprentissage commercial. Son père fait construire une nouvelle usine vers laquelle est acheminé du coton bon marché récolté par les esclaves des colonies américaines.

1838 

> La Prusse inaugure son premier train, entre Berlin et Postdam.

> Schumann compose les Scènes d’enfants. Clara Wieck, 18 ans, se produit avec un immense succès au piano en concert à Vienne avec ses variations sur l’opéra Pirate de Bellini. Elle rencontre Franz Liszt. Il l’admire et lui dédie ses études d’après Paganini. Ils sont inséparables.

> En mai, Marx perd son père Heinrich. C'est l'occasion pour lui de prendre des distances par rapport à la tradition familiale. Il conservera sur lui un portrait de son père jusqu'à sa propre mort. Friedrich Engels, à 18 ans, part de Wuppertal pour un long voyage d'apprentissage du négoce international et quitte l’étroit cocon familial. Il va découvrir le monde urbain de Brême et sa bonne société (- 1841). Brême et son port forment l’un des principaux ensembles portuaires d’Allemagne. Engels est hébergé par le pasteur de l’église Saint-Martin de Brême. Il se rapproche du mouvement de la Jeune Allemagne (Heinrich Heine). Il publie les lettres de la vallée de la Wuper, une charge virulente contre le piétisme de sa région natale. On y trouve les premiers éléments d’une critique sociale. Il dénonce la suffisance des entrepreneurs et décrit la misère des ouvriers et de leurs enfants qui travaillent en étant payés deux fois moins que leurs parents. Observateur méticuleux, il dénonce que le travail à l’usine empêche les enfants d’aller à l’école et donc d’accéder à l’instruction, ce qui compromet toute chance d'ascension sociale, dans un cycle infini qui perpétue la misère.

1839

> Le mathématicien Hermann Grassmann publie une Théorie des flots et des marées où il expose des concepts géométriques. Il propose une approche géométrique du calcul vectoriel. Un vecteur est appelé “segment orienté”. Il est tellement passionné par sa vision géométrique qu’il freine la diffusion de ses propres idées.

 Le mathématicien Hermann Grassmann

> Le jeune Friedrich Engels, 19 ans, envoyé par son père à Brême pour suivre une formation après d'un producteur de coton,  publie sous pseudonyme des Lettres de Wuppertal qui stigmatisent l'exploitation capitalise et l'hypocrisie chrétienne, qui s'accommoder bien des maladies (tuberculose, syphilis, alcoolisme) des ouvriers et du travail des enfants : les riches fabriquants ont une conscience large, et faire périr un enfant de plus ou de moins ne conduit pas une âme piétiste en enfer, surtout lorsque cette âme va à l'église deux fois tous les dimanches.

1840

> L'Allemagne compte 550 km de voies ferrées.

> En Prusse, accession de Frédéric Guillaume (Wilhelm) IV au trône (- ). Il succède à son père.

Frédéric Guillaume IV, roi de Prusse 

Il a un profond sentiment de la patrie allemande mais les libéraux lui reprochent son refus d’accorder une Constitution.

Après un court flirt avec la liberté de la presse et le réformisme politique, la défiance congénitale des Hohenzollern envers le pluralisme reprend ses droits. Il ne tient pas ses promesses et maintient un pouvoir autocratique (censure de la presse, régime de surveillance policière). Son règne ne sera pas une époque de progrès mais, bien au contraire, il marque une indéfectible allégeance à la continuité, à la tradition et à la hiérarchie.

> Crise internationale avec la France en réponse à une provocation française orchestrée par Thiers qui revendique le Rhin.

> Le 15 septembre, mariage de Robert Schumann et Clara Wieck après trois années de souffrance et de clandestinité, une longue lutte acharnée contre le père de Clara qui s'opposait farouchement à cette union. Clara donne des concerts à Berlin où habite sa mère. Robert compose des dizaines de lieders magnifiques. C’est l’année des Lieder pour lui. Clara a des doutes sur ses talents de compositrice.

1841 

> Berlin, seule véritable métropole d’Allemagne, compte 400.000 habitants.

> Isolés dans l’Empire d’Autriche dans une population en majorité allemande, et proches de la Russie, les Tchèques sont les initiateurs du mouvement panslaviste qui affirme la solidarité de tous les Slaves (“Russes, Serbes, Tchèques, Polonais, unissez-vous ! “). Les Tchèques opposent leur langue nationale à l’allemand.

> En Hongrie, Kossuth fonde un journal où il continue sa campagne libérale et nationaliste.

> La Diète rhénane adopte une loi qui marque le triomphe d’une conception absolue et exclusive de la propriété contre l’invocation des droits d’usage anciens.

> Les journaux sont soumis à une surveillance accrue.

> Bruno Bauer est interdit d'enseignement par ordre du roi de Prusse pour son athéisme. Parution de L'essence du christianisme de l'hégélien de gauche Ludwig Feuerbach. Il balaye tous les résidus conservateurs de l'hégélianisme. Feuerbach développe la notion d'aliénation exposée par Bauer. Vaste campagne de répression à l'encontre de la pensée de gauche et des jeunes hégéliens.  En avril, à Berlin, Marx obtient son doctorat de philosophie de l'université Iéna avec Différence de la philosophie naturelle chez Démocrite et chez Épicure. Engels, 21 ans, quitte Brême pour faire son service militaire à Berlin. A l'automne, à Berlin, Engels, contre la volonté de son père, fait son service militaire pour un an dans l'artillerie de la garde royale. Le service militaire permet de suivre des cours à l’Université Humboldt, son rêve. Il est fasciné par Hegel et assiste aux conférences de Schelling, invité à Berlin par Frédéric-Guillaume IV afin de contrer l'influence des jeunes hégéliens. Le débat porte sur l’apport des philosophes à la réalité du temps présent.

> Poussé par Clara Schumann, Robert Schumann commence à composer pour orchestre. Il achève, entre autres, deux symphonies.

1842 

> Franz Liszt, 31 ans, accepte le poste de maître de chapelle dans la paisible ville de Weimar pour pouvoir se consacrer à la composition. Il s'y lie d'amitié avec de nombreux compositeurs auxquels il apporte son aide. A cette époque il rencontre la princesse polonaise Caroline de Sayn-Wittgenstein avec laquelle il connaît sa deuxième grande passion amoureuse. La princesse, profondément religieuse, influence la sensibilité mystique du compositeur. Le 13 septembre, à Leipzig, Clara Schumann fête son 23e anniversaire, en même temps que son deuxième anniversaire de mariage. Robert lui offre trois quatuors à cordes qu’il écrit en six semaines..

> Christophe Doppler, mathématicien autrichien, énonce que le son paraît plus aigu lorsque sa source se rapproche de son auditeur et plus grave lorsqu'elle s'éloigne.

> Fin de la construction, près de Ratisbonne, au bord du Danube d’un imposant bâtiment au style néo-dorique pour honorer la mémoire des grands personnages de l’histoire allemande.

> Le 1er janvier, fondation à Cologne de la Rheinische Zeitung (Gazette Rhénane) journal dont le but avoué est de contrer l'épiscopat catholique en Rhénanie. Marx y travaille. Le 3 mars, mort du père de Jenny Westphalen avec lequel Marx s'est lié d'amitié. Frédéric Guillaume IV fait renvoyer le contestataire philosophe et théologien Bruno Bauer de son poste de l'université de Bonn. En mai, Marx défend la liberté de la presse et commence à attaquer le libéralisme, "la première liberté de la presse c'est de ne pas être un commerce."  Il est pour l’émancipation du peuple par une prese non censurée. La presse libre est l’oeil partout ouvert de l’esprit du peuple. Comme jeune Hégélien, il croit en la toute puissance de l’esprit.

> En octobre 1842, Marx, installé à Bonn, devient le rédacteur en chef de Rheinische Zeitung de Cologne. 

Karl Marx

Il est loin d'être communiste, il pousse le libéralisme politique dans ses derniers retranchements pour s'apercevoir qu'un système qui prône la liberté pour tous ne l'accorde finalement qu'à quelques-uns.  Première série d'articles sur le communisme : sur le ramassage des bois morts, droit coutumier devenu un délit par les propriétaires forestiers suite à une nouvelle loi. "Si toute atteinte à la propriété, sans distinction ni détermination plus précise, est du vol, toute propriété ne serait-elle pas du vol ? Est-ce que par ma propriété privée je n'exclus pas toute tierce personne de cette propriété, violant ainsi son droit à la propriété ?". Sous la houlette de Marx, le journal se taille une réputation nationale et double son tirage. Engels rencontre Moses Hess qui contribue fortement à sa conversion au communisme. En novembre, Engels croise le jeune journaliste Karl Marx pour la première fois à Cologne et le trouve froid. Engels part pour Manchester, ville surnommée Cottonopolis en raison de l'omniprésence de l'industrie textile dans la ville. Son père veut l’extraire des milieux radicaux allemands et lui faire passer ses nouvelles idées.

1843 

> François-Joseph, 13 ans, est fait commandant d’un régiment de dragons. Il rêve d’aller un jour au combat à la tête de son régiment de dragons.

> Engels fait la connaissance d'une ouvrière irlandaise, Mary Burns, qui devient bientôt sa compagne. Le 31 mars, interdiction de paraître pour la Rheinische Zeitung.

> Le 21 mai 1843, après bien des résistances de deux familles, Marx épouse Jenny von Westphalen, fille d'un voisin, le baron de Westphalen, haut fonctionnaire du gouvernement prusse.

Jenny von Westphalen

> Marx écrit, à Kreuznach, chez la mère de sa femme, Critique de la philosophie du droit de Hegel, A propos de la question juive. Marx défend l’obtention des droits civiques des juifs de Cologne.  Le 11 octobre, Karl Marx et Jenny (enceinte) arrivent à Paris, 30 rue Vaneau 75007, après la fermeture brutale du journal de Marx, la Rheinische Zeitung. Les années 1843 à 1845 vont être les années les plus décisives de la vie de Karl Marx.

1844

> Marx écrit la Contribution à la critique de la Philosophie du droit de Hegel. Il y écrit : "La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l'âme d'un monde sans cœur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit. C'est l'opium du peuple.". Retour de Friedrich Engels dans la maison familiale de Barmen.

> Le mathématicien Hermann Grassmann (1809-1877) publie Die Lineale Ausdehnungslehre ein neuer Zweig der Mathematik (La théorie de l’extension linéaire, une nouvelle branche des mathématiques). Il explique que la géométrie peut être étudiée de façon algébrique, qu’on se situe dans le plan ou dans l’espace. Considérant que l’outil vectoriel est primordial, il introduit l’extension du calcul vectoriel du plan à l’espace. Il y expose les axiomes de la théorie des espaces vectoriels. Il est le père des structures vectorielles.

> En Allemagne, la concurrence des machines épuise et ruine les tisserands manuels. Ils sont victimes d'une crise de surproduction à cause de la machine et des échanges internationaux (importations anglaises).

> Le 6 juin 1844, massacre de tisserands silésiens révoltés contre leurs employeurs pour la journée de 12 heures et le temps dominical. Ils travaillent 15 heures par jour, sept jours sur sept. La Silésie est sous souveraineté prussienne. Les révoltés brisent les machines comme les luddites. Sur ordre de Frédéric-Guillaume IV, la révolte est écrasée dans le sang. Cette révolte est immortalisée par le grand poète Heinrich Heine sur la misère ouvrière. Son poème sera repris par le chant des canuts (Vieille Allemagne nous tissons ton linceul). L'insurrection silésienne devient une référence fondatrice pour le mouvement ouvrier eu prolétarien allemand, elle amène une rupture au sein de la gauche allemande présente à Paris. Elle constitue une sorte de prologue international à la révolution de 1848.

> Le 15 octobre, naissance dans un presbytère de Friedrich Nietzsche à Röcken, près de Leipzig où son père est pasteur protestant. Il y a des pasteurs dans sa double ascendance. A l'automne, Robert Schumann plonge dans une profonde dépression accompagnée d'un acouphène.

 

1845 

Schumann, concerto pour piano.

Richard Wagner compose l’opéra Lohengrin.

Dans une lettre au comte de Saint-Venant, Grassmann explique qu’il a une idée féconde : celle de produit linéaire de deux segments orientés (produit scalaire).

Les publications de Friedrich Engels, comme La situation de la classe laborieuse en Angleterre, finissent par irriter le pouvoir prussien.

> Au printemps 1845, pour éviter d'inutiles tracas à ses parents et échapper à une probable arrestation, Friedrich Engels coupe définitivement les ponts avec Barmen.

> Le 25 août 1845, naissance dans la résidence d’été des rois de Bavière près de Munich de Ludwig (Louis) II de Bavière (Wittelsbach) (- 1886). La monarchie comme forme de gouvernement amorce déjà son déclin. Le père de Louis, Maximilien II, est un souverain consciencieux. Le prince Ludwig et son petit-frère Otto grandissent dans un environnement préservé.

Il tente en vain de préserver l'autonomie de la Bavière face à la Prusse.

> Le 26 septembre 1845, naissance à Trèves de la deuxième fille de Marx, Laura.

1846

> A Iéna, Carl Zeiss vend et répare lunettes, balances, télescopes, microscopes. Les microscopes Zeiss sont particulièrement demandés.

> Le jour de Noël, Clara Wieck Schumann offre à son mari Robert Schuman un trio pour violoncelle et piano, une oeuvre magnifique.

1847 

> Apparition du style Biedermeier. Robert Schumann : trio de la joie. Mort de Felix Mendelssohn le 4 novembre à Leipzig. Sa mort prématurée est un choc pour l’ensemble du milieu musical.

> Le médecin et physicien Hermann Von Helmholtz émet l'idée de la conservation de l'énergie : " La nature dans son ensemble renferme une réserve [d'énergie] qui ne peut, en aucune façon, être augmentée ni réduite... Cette réserve est éternelle... inaltérable." Il définit également l'énergie électrique.

> Vigueur du sentiment unitaire allemand. En Prusse, Bismarck est député du Landtag. Il se fait remarquer par son orgueil aristocratique et ses sarcasmes contre "l'ignominieuse démocratie".

> Wilhelm Liebknecht doit émigrer vers la Suisse.

>


Confédération germanique (1815 - 1866)

1848 

Une vague révolutionnaire déferle sur l’Europe.

Plusieurs foyers de rébellion éclatent dans l’Empire d’Autriche.

Gustav Kirchoff démontre que les phénomènes associés aux courants électriques sont de même nature que les phénomènes électrostatiques, il ouvre la voie à la constitution de circuits électriques.

Mort d'une des plus grandes poétesse allemandes, Annette von Droste-Hülshoff, dans un appartement du château de Meersburg, au bord du lac de Constance.

Le mois de février 1848 français amorce le printemps des peuples.

> En février 1848, Marx et Engels font paraître leur Manifeste du parti communiste : les contradictions et les crises du capitalisme signent sa petite à terme et la récolte devant l'injustice et l'inhumanité de cette aliénation est légitime.

> En mars 1848, la Diète à Vienne rassemble des représentants de différents territoires de l’Empire. L’empire austro-hongrois est menacé d’implosion par les revendications d’indépendance de ses provinces aux langues et aux cultures différentes. Hongrois, Tchèques, Croates ou Slovènes réclament leur autonomie sans pour autant réussir à s'accorder sur les contours géographiques de leurs peuples. A l’ombre des discours universalistes, le printemps des peuples marque aussi l’éveil des nationalismes. Cela n’est pas contradictoire dans l’esprit des révolutionnaires.

> Le 13 mars 1848, dans la cour de la Diète de Vienne est lu le discours enflammé d’un nationaliste hongrois qui exige un gouvernement parlementaire en Hongrie. La foule présente, constituée de curieux, d’ouvriers et d’étudiants, demande à la fin du discours la démission du chancelier Metternich. Le gouvernement envoie la troupe qui tire et fait cinq morts puis se retire.

Le gouvernement autorise la création d’une garde civique de citoyens armés et d’une légion académique.

En deux jours ces deux institutions réunissent 30.000 personnes.

Insurrection à Vienne, 200 barricades sont construites.

Le soir, le chancelier Metternich, incarnation de l'arrogance de l'Ancien régime, est contraint à fuir en Angleterre.

La révolution se propage au-delà de Vienne et inspire d’autres villes.

> Le 14 mars 1848, L’empereur d’Autriche fait ses premières concessions (levée de la censure).

> Le 17 mars 1848, la révolution autrichienne se propage à Venise. Fonctionnaires et militaires autrichiens sont chassés de la ville.

> Le 18 mars 1848, Milan se soulève.

La révolution autrichienne se propage à Berlin, ville qui compte 7.000 chômeurs. Le roi de Prusse Frédéric Guillaume IV annonce la suppression de la censure et son intention de s’entendre avec les autres princes pour la réforme de la Confédération germanique.

Les manifestants commencent à acclamer le roi qui paraît au balcon de ses appartements du château royal. Mais lorsque la troupe veut faire évacuer les abords du château royal, deux coups de feu éclatent. C’est le signal d’un conflit sanglant entre la foule et les soldats. Comme à Paris, le peuple dresse des barricades.

Barricades à Berlin (Alexanderplatz) dans la nuit du 18-19 mars 1848.  © BPK, Berlin, Dist RMN-Grand Palais - Knud Petersen

Du haut des toits, des projectiles pleuvent sur les soldats. La lutte poursuivie toute la nuit est encore indécise quand Frédéric-Guillaume IV donne l’ordre de cesser le feu et par une proclamation “ A mes chers Berlinois “ promet de retirer ses troupes. 200 morts. C’est une victoire remportée par le prolétariat de Berlin sur les régiments de la garde prussienne. La bourgeoisie berlinoise va se lier rapidement à la noblesse prussienne. Elle a compris que le jeune prolétariat ne va pas tarder à présenter ses propres revendications.

La révolution autrichienne se propage à Milan.

> Le 19 mars 1848, le peuple de Berlin envahit la cour du château royal et oblige le roi de Prusse Frédéric Guillaume IV à saluer les cadavres des insurgés.

Metternich doit quitter Vienne en catastrophe.

> Le 20 mars 1848, Berlin se soulève, suivie par Leipzig. Frédéric-Guillaume IV tente d'apaiser les tensions à Berlin en s'engageant à donner une Constitution à ses États et en garantissant la liberté de la presse.

La foule est prise à partie par la troupe et il y a 300 morts parmi les manifestants (artisans et ouvriers employés dans les chantiers publics, pour l'essentiel) et 100 victimes parmi les militaires.

Le roi supplie ses "chers Berlinois" de lever les barricades.

Frédéric-Guillaume IV déclare que la cause de l'unité allemande est désormais l'affaire de la Prusse : La Prusse se fond dans l'Allemagne. Ce règlement ne met pas un terme à tous les mécontentements.

> Le 23 mars 1848, victoire de la révolution bourgeoise à Vienne.

La révolution se propage à Holstein (nord de l’Allemagne).

La révolution autrichienne se propage à Parme et Modène.

> Le 27 mars 1848, la révolution autrichienne se propage à Budapest.

> Le 31 mars 1848, la révolution autrichienne se propage à Francfort-sur-le-Main, siège du Bundestag de la Confédération allemande.

Réunion du premier parlement (Vorparlament).

> En avril 1848, la révolution autrichienne se propage à Munich, à Prague.

Suffrage universel en Prusse indirect pour une nouvelle constitution.

> Le 10 avril 1848, Marx, en compagnie d'Engels, quitte la France pour Cologne au 7 Cecilienstrasse. Jenny l'y rejoint.

Marx et Engels reprennent l’idée d’une révolution en deux étapes : il faut d'abord que la bourgeoisie se défasse du joug de la monarchie avant que le prolétariat puisse accéder au pouvoir. Marx pense que l'Allemagne est à la veille d'une révolution mais qu'elle n'est pas encore prête pour une révolution prolétarienne. Pour eux, la transformation de l'Allemagne en État bourgeois unifié doit être la première étape de la révolution (L'Allemagne est constituée d'une mosaïque de mini-États princiers).

Marx relance le quotidien, la Nouvelle Gazette Rhénane (Neue Rheinische Zeitung). Engels y contribue par des articles. Il s’agit désormais de mobiliser la bourgeoisie pour qu’elle rejoigne les soulèvements démocratiques qui explosent dans toute l’Allemagne.

> Les 12 avril 1848, en Bade, proclamation de la République par Hecker.

En Hongrie, Kossuth croit avoir la partie gagnée. L’empereur Ferdinand Ier d’Autriche accorde une diète annuelle élue à un suffrage très large, un ministère responsable, l'affranchissement des serfs, l’usage du jury. Kossuth ne pense pas encore rompre avec Vienne.

> Les 1er et 10 mai 1848, 649 représentants sont élus.

La Diète se sépare et un Parlement allemand convoqué par le roi de Prusse Frédéric Guillaume IV, élu au suffrage universel, se réunit à Francfort pour donner à l’Allemagne une nouvelle Constitution. La grande partie des députés veulent faire de l’Allemagne non un Etat unitaire mais un Etat fédéral. Ils veulent que les Etats existants subsistent, chacun avec son gouvernement, mais au-dessus d’eux, ils veulent créer un gouvernement fédéral, formé d’un empereur et d’un Parlement élu : c’est lui qui devrait gérer les affaires communes à tous les Etats (diplomatie, armée, questions douanières). Mais doit-on faire entrer l’Autriche dans la nouvelle Allemagne ? Dans ce cas l'empereur allemand serait évidemment l’empereur d’Autriche. Ou bien doit-on l'exclure comme le veulent les partisans de la “petite Allemagne” ? L’empereur serait alors le roi de Prusse.

> Le 18 mai 1848, l'Assemblée de réunit à Francfort.

> Le 22 mai 1848, l'Assemblée nationale de Francfort reçoit les pleins pouvoirs pour créer l'unité allemande mais elle ne prend aucune décision.

> Le 26 mai 1848, mobilisation place Saint-Michel à Vienne.

> Le 31 mai 1848, Marx publie à Cologne le premier numéro de Neue Rheinische Zeitung. Le journal se vend mal. Engels ne parvient pas à trouver des financeurs parmi les bourgeois de Barmen.

> En juin 1848, formation d'un gouvernement impérial.

> Le 2 juin 1848, congrès panslave à Prague.

> Le 11 juin 1848, l’insurrection de Prague est écrasée (- 17 juin). La révolution est vaincue en Bohême.

Les réactionnaires prussiens redoublent d'ardeur pour contrer les visées progressistes du Parlement de Francfort. Ils envoient la troupe dans les quartiers agités et bâillonnent les cercles socialistes et républicains.

> Le 15 juin 1848, émeute ouvrière à Berlin.

> Le 22 juillet 1848, ouverture du Parlement autrichien à Vienne.

> Le 23 août 1848, insurrection à Vienne.

Congrès des associations ouvrières à Berlin (- 3 septembre).

> Le 25 juillet 1848, le maréchal autrichien Radetsky bat les Italiens à Custozza

> Fin août 1848, dans l'Empire autrichien, les révoltes nationales ont été combattues militairement. Johann Strauss fait jouer sa Marche de Radetzky pour rendre hommage au vieux maréchal qui a battu les Italiens.

> Le 7 septembre 1848, le Reichstag d'Autriche libère les paysans de la féodalité.

> Le 10 septembre 1848, les troupes croates de Jelacic attaquent la Hongrie.

> Le 12 septembre 1848, soulèvement hongrois.

> Le 13 septembre 1848, manifestation à Cologne, Marx y est présent. 8.000 ouvriers se rendent en péniche sur le Rhin à un grand rassemblement, drapeaux rouges flottant à la proue. Wilhem Liebknecht est emprisonné.

> Le 16 septembre 1848, le Parlement de Francfort ratifie l’armistice de Malmö du 26 août.

> Le 18 septembre, insurrection à Francfort.

> Le 19 septembre, des émeutes se déclenchent un peu partout (mutinerie à Potsdam).

La Nouvelle Gazette rhénane prêche la désobéissance civile envers la Prusse (grève de l'impôt).

> Le 21 septembre, échec de la tentative républicaine de Carl Struce en Bade (- 24 septembre).

> En octobre 1848, ambitions autrichiennes sur la Hongrie et l'Italie.

> Le 6 octobre 1848, insurrection viennoise (- 31 octobre). Des soldats autrichiens refusent de porter les armes contre les Hongrois. Vienne s'embrase à nouveau. Le ministre de la Guerre est pendu.

> Le 23 octobre 1848, 70.000 soldats impériaux mettent le siège devant Vienne pour affronter une quarantaine de milliers de Viennois. La ville tombe parmi des scènes d'horreur et de pillage. Plusieurs milliers de morts et condamnation à mort des meneurs.

> Le 27 octobre 1848, l'Assemblée de Francfort vote pour une union grand-allemande qui comprendrait les populations germanophones de la Couronne autrichienne. Vienne refuse, car l'empereur Ferdinand tient à préserver l'empire patrimonial des Habsbourg.

> Le 31 octobre, à Vienne, incendie du bâtiment qui abrite la bibliothèque impériale. La révolution est vaincue à Vienne.

> Le 22 novembre 1848, le Parlement autrichien siège à Kremsier.

Les Habsbourg savent que pour rester au pouvoir il faut proposer au peuple un nouveau départ, changer de visage à la tête de l’Empire.

> En décembre 1848, révolte à Prague. L'empereur Ferdinand Ier de Habsbourg doit concéder une Constitution libérale.

Un grand seigneur absolutiste, le prince de Schwarzenberg, devient premier ministre et obtient l’abdication de l’empereur Ferdinand Ier d’Autriche, l’oncle de François-Joseph.

La famille des Habsbourg se réfugie en Moravie (actuelle Tchéquie). Sophie de Bavière, grande stratège, pousse l’empereur à l’abdication et convainc son mari de renoncer au trône, laissant la place à son fils François-Joseph.

> Le 2 décembre 1848, l’archiduc François-Joseph Ier (- 1916), 18 ans, remplace son oncle. Il est proclamé empereur.

François-Joseph Ier

Les Habsbourg, au prix de menus concessions, parviennent à garder le pouvoir. François-Joseph accède au pouvoir dans un contexte tendu et va se heurter votre aux exigences des nationalités.

En Autriche, en Bohème et en Italie, les révolutionnaires déposent les armes.

Mais en Hongrie la révolution continue. La Hongrie s’engage pleinement dans la voie de l’indépendance.

Le premier ministre Schwarzenberg tourne toutes les forces de l’Autriche contre la Hongrie.

> Le 5 décembre 1848, dissolution de l’Assemblée nationale prussienne. Le roi de Prusse Frédéric Guillaume IV octroie lui-même une Constitution avec un système électoral inégalitaire et censitaire de trois classes (la minorité la plus riche élit un tiers des députés, la classe moyenne un autre tiers et la vaste majorité des sujets de Prusse, un autre tiers).

> Le 9 décembre 1848, en Autriche, le député Robert Blum, célèbre orateur du Parlement, traité devant une cour martiale et condamné à mort malgré son immunité, est exécuté.

> Le 27 décembre 1848, dans un contexte qui lui est de plus en plus défavorable, le Parlement de Francfort vote une déclaration des droits. L'Autriche, la Prusse, la Bavière et le Hanovre refusent de s'y soumettre.

1849

> Richard Wagner La Walkyrie. A cinq ans, Friedrich Nietzsche perd son père. Nietzsche n'est pas élèvé par sa mère, mais, avec sa sœur, par diverses parentes dans un milieu entièrement féminin.

> En janvier 1849, Engels est de retour à Cologne. Il prend part à l’insurrection d’Elbelferd (Wuppertal). Il se présente devant les émeutiers avec deux caisses de munitions. Son expérience militaire lui vaut d’être nommé responsable de l’artillerie et des barricades. Posté sur un pont, Engels le révolutionnaire rencontre, probablement pour la dernière fois, son père entrepreneur paternaliste qui va à l’église. Au bout de deux jours seulement, les bourgeois insurgés demandent à Friedrich Engels de quitter son poste car le pouvoir prussien a émis un mandat d’arrêt contre lui. Il s’en va à regret pour ne pas compromettre les objectifs démocratiques de la révolte.

> En mars 1849, au Parlement de Francfort, les partisans de la “petite Allemagne”,  sans inclusion de l’Autriche, l'emportent.

> Le 27 mars 1849, le Parlement de Francfort adopte une Constitution d'Empire (Reich) pleine et entière pour l'Allemagne. C'est un puissant séisme politique, qui jette les bases d'une véritable monarchie constitutionnelle parlementaire, rassemblant tous les États allemands autour d'une seule monnaie, d'une même organisation douanière et d'une politique de défense unifiée.

> Le 28 mars 1849, le Parlement de Francfort adopte la Constitution du Reich et offre la couronne impériale d’Allemagne au roi de Prusse. Frédéric-Guillaume IV.

> Le 3 avril 1849, une délégation de député vient humblement lui offrir la couronne à Berlin mais se heurtent à un refus sans ambiguïté.

Le roi prussien Frédéric Guillaume IV désire ardemment la couronne impériale, mais c’est des princes et non du peuple qu’il vaut la recevoir. Quand les délégués du Parlement viennent lui offrir, il la repousse avec mépris. Il refuse tout net, se posant en gardien de la monarchie de droit divin : “La couronne c’est moi et mes pareils qui la donneront. Cette prétendue couronne est un collier de chien, avec lequel ils prétendent m'attacher à la révolution de 1848”. 

Toute l'œuvre des députés de Francfort s’écroule. Des troubles violents éclatent dans le sud et l'ouest de l'Allemagne.

> En avril 1849, en Hongrie, les patriotes les plus ardents, dirigés par Kossuth, veulent que la Hongrie devienne indépendante et ne soit unie à l’Autriche que par la communauté du souverain.

Le premier ministre d’Autriche Schwarzenberg trouve contre les Hongrois le concours des Croates : en effet les Hongrois, très méprisants à l’égard des nationalités non hongroises, se refusent à leur faire aucune concession politique.

Engels s'enflamme pour la cause magyare en raison des aspirations nationalistes, de l'esprit républicain et de la charge révolutionnaire qu'elle porte.

François-Joseph supprime la Constitution hongroise. Kossuth riposte en proclamant la déchéance des Habsbourg.

Kossuth

> Le 14 avril 1849, Kossuth proclame l’indépendance de la Hongrie à Debrecen.  La lutte est difficile, pour venir à bout des Hongrois, le gouvernement autrichien doit faire appel aux Russes.

> En mai 1849, le gouvernement interdit la Nouvelle Gazette rhénane.

Campagne pour une constitution en Bade (- juillet 1849).

> Le 3 mai 1849, Dresde s'embrase après que le roi de Saxe, Friedrich August II, ait renvoyé le parlement local, suivant le roi de Prusse Frédéric Guillaume IV dans son refus de reconnaître la Constitution de l'Empire.

Ouvriers, révolutionnaires et officiers polonais descendent dans la rue pour combattre les troupes saxonnes et prussiennes. L'anarchiste russe Mikhaïl Bakounine est sur les barricades, ainsi que le compositeur Richard Wagner. L'opposition au gouvernement prussien gagne la Rhénanie. Elberfeld Barmen tombe aux mains des insurgés.

> Le 23 mai 1849, intervention tsariste victorieuse contre la Hongrie (- 13 août). Les velléités d'indépendance de l'armée nationaliste magyare de Kossuth sont matées. La répression est cruelle. François-Joseph fait fusiller plus de 100 meneurs de l’insurrection. Le règne du jeune monarque commence dans un bain de sang. Des critiques s’élèvent dans toute l’Europe.

La Hongrie perd ses privilèges. Elle est divisée en cinq provinces et administrée par des fonctionnaires allemands.

> Le 30 mai 1849, le parlement quitte Francfort et siège dans le Wurtemberg (- 18 juin).

> En juin 1849, Engels part pour le pays de Bade et le Palatinat en lutte contre la Prusse où les insurrections lui semblent plus prometteuses. Les troupes révolutionnaires luttent pour une Allemagne unifiée sur le modèle français. Il rejoint les hommes en armes, on lui confie des responsabilités importantes. Il combat en première ligne.

> Le 23 juillet 1849, en Bade, les derniers insurgés se rendent dans la forteresse de Rastatt. Cette date clôt la révolution de 1848-1849.

> A la fin de l’année 1849, c'est un échec en raison du manque d’entente entre les combattants. L'armée se réfugie en Suisse. Les meneurs qui n’ont pas réussi à fuir sont condamnés.

Engels passe par la Suisse avant de rejoindre l’Angleterre.

Le Parlement de Francfort se disperse. La bourgeoisie préfère laisser en place un système qui la prive du pouvoir politique mais qui lui paraît être un meilleur rempart contre tout développement de gauche.

Population

Autriche : 28 millions d'habitants.

L’invention de la machine à vapeur change tout. Des usines sont construites.

Le prolétariat ouvrier apparaît comme une menace face aux velléités de puissance de la noblesse.


[1] Dorian Astor, Nietzsche.

[2] Johann Chapoutaut, Histoire de l'Allemagne de 1806 à nos jours. Que sais-je ?

[3] Françoise Giroud Jenny Marx ou la femme du diable. Robert Laffont.

[4] L'élégance des molécules, Jean-Pierre Sauvage, humenSciences.