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Mandel 5. Valeur travail
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Le livre 1 du Capital de Karl Marx

Une introduction d'Ernest Mandel (1976)

Traduction de l'anglais en cours (Jack Radcliff). Janvier 2014

Introduction

5. La théorie marxiste de la valeur travail

                                   

Aucune partie de la théorie de Marx n'a été plus attaquée dans le monde universitaire lors des 75 dernières années que sa théorie de la valeur. Les critiques bourgeois de Marx montrent ici un instinct aigu de classe, car cette théorie est de fait la pierre angulaire de l'ensemble de son système. Aucun effort intellectuel contemporain n'a été basé de façon aussi évidente sur un malentendu de base que les attaques répétées contre la théorie marxiste de la valeur travail[1].

Cette théorie discerne deux aspects dans le problème de la valeur, un aspect quantitatif et un aspect qualitatif. D'un point de vue quantitatif la valeur d'une marchandise est la quantité de travail simple (le travail qualifié étant étant ramené à du travail simple en utilisant un coefficient donné) socialement nécessaire à sa production (à un niveau moyen de productivité du travail donné). D'un point de vue qualitatif, la valeur d'une marchandise est déterminée par du travail humain abstrait – les marchandises qui ont été produites par du travail privé deviennent mesurables seulement dans la mesure où la société réalise une abstraction à partir des aspects concrets et spécifiques de chaque artisan privé individuel ou branche d'industrie et égalise tous ces travaux comme de travail social abstrait, sans tenir compte de la valeur d'usage spécifique de chaque marchandise.

Pour comprendre cette théorie, il suffit de formuler la question à laquelle Marx a essayé de donner une réponse. Le problème se pose ainsi. L'homme doit travailler afin de satisfaire ses besoins matériels, afin de « produire sa vie matérielle ». La façon selon laquelle le travail de tous les producteurs d'une société donnée est divisé en différentes branches de production matérielle va déterminer l'ampleur avec laquelle les différents besoins pourront être satisfaits. Ainsi, pour une certain ensemble de besoins, un équilibre approximatif entre ces besoins et la production exige une répartition du travail (des « sources de travail ») entre les différentes branches de production dans une proportion bien précise et unique. Dans une société primitive ou dans une société socialiste pleinement développée, cette répartition des sources de travail se réalise de façon planifiée et consciente. Dans une société primitive, ce sera sur la base des habitudes, de l'usage, des traditions, de processus magico-rituels, de la décision des aînés, etc. Dans une société socialiste, elle se fera sur la base d'une sélection démocratique des priorités par la masse des producteurs-consommateurs associés. Mais sous le capitalisme, où le travail est devenu du travail privé et où les produits du travail sont des marchandises produites indépendamment les unes des autres par des milliers d'entreprises indépendantes, aucune décision consciente ne préétablit un tel équilibre entre les sources de travail et les besoins socialement reconnus (sous le capitalisme, bien sûr, seuls les besoins exprimés par une demande effective sont reconnus socialement). L'équilibre n'est atteint qu’accidentellement, par le jeu de forces aveugles du marché. Les fluctuations de prix, sur lesquelles les économistes classiques ont toujours les yeux rivés, ne sont, dans les hypothèses les plus favorables, que des signaux qui indiquent si cet équilibre est menacé, par quelles pressions et en quelle direction. Elles n'expliquent pas ce qui est en équilibre ni quelle est la force qui est derrière ces innombrables fluctuations. C'est précisément à cette question que Marx a essayé de répondre en perfectionnant la théorie de la valeur travail.

A partir de cette approche, on voit tout de suite que, contrairement à ce qu'ont prétendu de nombreux de ses critiques, à commencer par l'autrichien Böh-Bawerk, Marx n'a jamais eu l'intention d'expliquer les fluctuations à court terme des prix du marché avec sa théorie de la valeur[2]. (Même s'il probablement eu l'intention de soulever certain problèmes posés par ces fluctuation dans le Livre 6 mentionné dans le plan original du Capital et qui n'a jamais été écrit). Pas plus qu'il n'y a de sens à présenter la théorie de la valeur travail développée dans le livre 1 du Capital comme une « théorie microéconomique » alors que celle présentée dans le livre 3 serait « macroéconomique ». Ce que Marx a essayé de découvrir c'est la clé d'explication qui est cachée derrière la fluctuation des prix, les atomes à découvrir derrière une molécule. Il a placé toute l'analyse économique à un niveau différent et supérieur d'abstraction. Sa question n'était pas : comment Sammy court-il (quels sont les mouvements de ses jambes et de son corps qui le font courir), mais qu'est-ce qui fait courir Sammy[3].

Il s'ensuit que 99% des critiques dirigées contre la théorie marxiste de la valeur travail sont complètement à côté de la plaque, spécialement quand elles essayent de « réfuter »les premières pages du premier chapitre du Livre 1 du Capital qui quelquefois ont été interpétées comme des « preuves » de cette théorie[4]. Dire que les marchandises ont des qualités en commun en dehors du fait qu'elles sont le produit du travail social transforme une analyse des relations sociales en une discussion de salon. De toute évidence, ces « autres qualités » n'ont rien à voir avec le lien entre les membres d'une société, dans une société anarchique de marché. Le fait qu'aussi bien le pain que les avions puissent être rares ne les rendrait pas pour autant commensurables. Même lorsque des smiller de personnes meurent de faim et que l' « intensité du besoin » pour du pain et certainement mille fois plus forte que l' « intensité du besoin » pour des avions, la première marchandise restera immensément moins chère que la seconde, car beaucoup moins de travail socialement nécessaire aura été dépensé pour sa production.

La question a été souvent posée : pourquoi se poser ce type de question ? Pourquoi ne pas restreindre l'économie à l'analyse ce ce qui se passe réellement au quotidien sous le capitalisme ? A l'étude des fluctuations de prix, des salaires, des taux d'intérêt, des profits, etc. Plutôt qu'essayer de découvrir des mystérieuses « forces sous la surface de l'économie » supposées gouverner par en-dessous les évènements économiques réels, mais seulement avec un très haut niveau d'abstraction et en dernier niveau d'analyse ?

Cette approche néo-positiviste[5] est curieusement et typiquement non scientifique. Toute personne préoccupée de médecine, sans parler d'autres sciences physiques, n'oserait sous peine de ridicule demander : pourquoi s'embêter à chercher les « causes profondes » d'une maladie, alors qu'il suffit d'en connaître les symptômes pour faire un diagnostic ? Évidemment, aucune compréhension réelle du développement économique n'est possible si, justement, l'on essaye pas de découvrir ce qui se cache derrière les apparences immédiates. Les lois sur les fluctuations à court-terme des prix sur le marché ne peuvent expliquer, pour prendre un exemple intéressant, pourquoi un kilo d'or permet aujourd'hui de remplir presque deux fois plus de paniers de la ménagère américaine qu'il ne pouvait le faire il y a soixante dix ans (l'indice moyen des prix à la consommation a environ quintuplé depuis 1904 alors que le prix de l'or sur le marché à été multiplié par neuf). De toute évidence cette évolution des prix sur le long terme a quelque chose à voir avec les différentes dynamiques de la productivité sociale du travail à long terme dans les différentes industries de produits de consommation d'une part et, d'autre part, avec l'industrie minière, c'est à dire avec les lois de la valeur telles que les a formulé Marx.

Une fois que l'on a compris que la fameuse « main invisible » supposée ajuster l'offre à la demande sur le marché n'est rien d'autre que la mise en ouvre de cette même loi de la valeur, on peut relier entre eux tout une série de processus économiques qui resteraient sinon des morceaux d'analyses déconnectés. L'argent, né de l'échange, ne peut servir comme un équivalent universel de la valeur des marchandises que parce qu'il est lui-même une marchandise avec sa propre valeur d'usage intrinsèque (où dans le cas de la monnaie papier, parce qu'elle représente une marchandise avec sa propre valeur intrinsèque). La théorie monétaire est réunifiée avec la théorie de la valeur et avec la théorie de l'accumulation du capital. Les hauts et les bas du cycle marchand apparaissent comme les mécanismes à travers lesquels les perturbations de la valeur des marchandises finissent par s'imposer, avec la douloureuse dévalorisation (perte de valeur) que cela entraîne, non seulement pour l' « infanterie » de l'armée des marchandises, la masse des biens de consommation individuelle vendus chaque jour, mais aussi pour l' « artillerie lourde », c'est-à-dire les machines de grande ampleur, le capital fixe. La théorie de la croissance économique, du « cycle marchand », des crises capitalistes, la théorie du taux de profit et de sa tendance à décroître – tout cela découle en dernière analyse du fonctionnement de cette loi de la valeur. La question de savoir si elle est d'une quelconque utilité dans l'analyse économique est par conséquent aussi vide de sens que la question de savoir si vous avez besoin de connaître les particules élémentaires (atomes, etc.) pour résoudre un problème de physique. En fait, aucune analyse cohérente de l'économie capitaliste dans sa totalité, expliquant les principes de base d'évolution du système, n'est possible sans les « principes élémentaires » organisés autour de la valeur des marchandises

dans la théorie marxiste, la “loi de la valeur” remplit une triple fonction.

En premier lieu, elle gouverne (ce qui ne veut pas dire qu’elle détermine ici et maintenant) les relations d’échange de marchandises, c’est-à-dire qu’elle établit l’axe autour duquel oscille les changements à long terme des prix relatifs des marchandises (cela comprend aussi sous le capitalisme les relations d’échange entre le capital et le travail, un point extrêmement important sur lequel nous allons revenir).

En second lieu, elle détermine les proportions relatives du travail social total (et cela comprend, en dernière analyse, l’ensemble des ressources matérielles de la société) qui sont consacrées à la production de différents types de marchandises. Ainsi, la loi de la valeur distribue en dernière analyse les ressources matérielles sur différentes branches de la production (et de l’activité sociale en général) selon la division de la “demande effective” pour différents types de marchandises, en comprenant toujours bien que cela se situe dans le cadre de relations de production et de distribution de classes antagoniques.

En troisième lieu, elle dirige la croissance économique, en déterminant le taux moyen de profit et en dirigeant les investissements vers les entreprises et les secteurs de production où le profit est au-dessus de la moyenne, et en retirant les investissements des entreprises et secteurs où il est en dessous. Là encore, ces mouvements de capitaux et d’investissements correspondent en dernière analyse aux conditions d’”économie” ou de “perte” du travail social, c’est-à-dire au fonctionnement de la loi de la valeur.

La théorie de la valeur de Marx est un approfondissement et un perfectionnement de la théorie de la valeur travail issue de l’école “classique” d’économie politique, et en particulier de la version de Ricardo. Mais les changements apportés par Marx sont d’ampleur. Un en particulier allairt se révéler décisif : l’utilisation du concept de travail social abstrait comme fondation de sa théorie de la valeur. C’est pour cela que Marx ne peut être considéré en quoi que ce soit comme un “néo-Ricardien sophistiqué”. Voir des “quantités de travail comme essence de la valeur” est quelque chose de tout à fait différent que de voir des “quantités de travail comme numéraire” - une étalon usuel pour mesurer la valeur de toutes les marchandises. La distinction entre le travail concret, qui détermine la valeur d’usage des marchandises, et le travail abstrait, qui détermine leur valeur, est une avancée révolutionnaire au-delà de Ricardo dont Marx était très fier. Il la considérait même comme sa plus belle réussite avec celle de la découverte de la catégorie générale de plus-value englobant profit, rente et intérêt. Cette distinction est basée  sur une compréhension de la structure particulière d’une société de producteurs de marchandises, c’est-à-dire sur le problème clé de la façon de relier entre eux les différents segments du travail global potentiel de la société, qui ont pris la forme de travail privé. Elle représente donc, avec le concept de Marx de travail nécessaire et de surtravail (production nécessaire et production en surplus), le connexion essentielle entre la théorie économique et et la science de la révolution sociale, le matérialisme historique.

La façon dont la théorie marxiste de la valeur évacue franchement la valeur d’usage de toute détermination de la valeur et de la valeur d’échange a souvent été interprétée comme un rejet par Marx de la valeur d’usage au-delà des frontières de l’analyse économique et la théorie en général. Cela ne correspond pas du tout à la riche complexité dialectique du Capital. Qaund nous traiterons des problèmes de la reproduction, dans l’introduction au Livre II du Capital, nous aurons l’occasion de revenir plus longuement sur la façon spécifique dans laquelle la contradiction entre la valeur d’usage et la valeur d’échange doit être conciliée sous le capitalisme de façon à rendre la croissance économique tout simplement possible. Ici nous souhaitons seulement souligner que, pour Marx, la marchandise  était comprise comme englobant à la fois une unité et une contradiction  entre valeur d’usage et valeur d’échange : un bien sans valeur d’usage pour tout acheteur potentiel ne pourra pas réaliser sa valeur d’échange. Et la valeur spécifique de deux catégories de marchandises, les moyens de production et la force de travail, ont joué un rôle clé dans son analyse du mode de production capitaliste.

Comme il a déjà été dit, la loi de la valeur exprime fondamentalement le fait que, dans une société basée sur la propriété privée et une force de travail privée (avec une prise de décision fragmentée entre des milliers d’entreprises indépendantes et des millions d’ “agents économiques” indépendants), le travail social ne peut pas être immédiatement reconnu comme tel. Si Monsieur Dupont a une entreprise où ses ouvriers produisent 100.000 paires de chaussures par an, c’est qu’il sait que des gens ont besoin de chaussures et vont en acheter. Il sait même, s’il cherche à bien faire son travail, que le nombre annuel de chaussures vendues dans son pays  (et dans tous les autres pays où il a l’intention d’exporter) dépasse très largement sa modeste production de 100.000 paires. Mais il n’a aucun moyen de savoir si la quantité particulière de chaussures qu’il produit va rencontrer une quantité égale d’acheteurs spécifiques voulant ces chaussures et ayant les moyens de les acheter. Ce n’est qu’après avoir vendu ses chaussures et avoir reçu leur équivalent monétaire qu’il pourra dire (dans la mesure où il aura réaliser le taux moyen de profit  sur son capital investi) : mes ouvriers ont vraiment dépensé du travail social nécessaire dans mon usine. Si une partie de sa production n’est pas vendue, où si elle est vendue à perte où avec un profit significativement inférieur au profit moyen, cela signifiera qu’une partie du travail dépensé dans la production de ces chaussures n’a pas été reconnue par la société comme travail socialement nécessaire, c’est en fait du travail gâché du point de vue de la société dans son ensemble.

Mais cette “reconnaissance” ou ce “refus de reconnaissance” par la société d’une quantité de travail donnée se produit uniquement en fonction de la satisfaction d’une demande effective sur le marché, elle est donc indépendante de la valeur d’usage produite ou de l’utilité sociale des caractéristiques physiques d’une marchandise. La société reconnaît les quantités de travail dépensées à la production, en faisant abstraction de ces considération. C’est pour cela que Marx appelait ces quantités de travail des quantités de travail abstraites socialement nécessaires. Si un kilo d’opium, une boîte de balles dum-dum ou un portrait d’Hitler trouvent des acheteurs sur le marché, le travail qui a été dépensé pour leur création est un travail socialement nécessaire, sa production a été une production de valeur. Si, par contre, une magnifique pièce en porcelaine ou un nouveau médicament ne trouvent pas, pour une raison ou une autre, de clients, leur production n’a créé aucune valeur et a été l’équivalent d’un gâchis de travail social, même si, dans le futur, leurs créateurs pourront éventuellement être célébrés comme des génies ou des bienfaiteurs de l’humanité. La théorie de la valeur travail n’a rien a voir avec l’appréciation de l’utilité des choses du point de vue du bonheur humain ou du progrès social. Elle a encore moins à voir avec l’établissement de “conditions de justice dans l’échange”. Elle ne fait que reconnaître le sens profond de l’acte d’échange et de la production de marchandises sous le capitalisme et ce qui gouverne la distribution des revenus entre les classes sociales qui résulte de ces actes, indépendemment de toute morale, de tout jugement esthétique ou politique. De fait, si l’on voulait rechercher de tels jugements chez Marx, on devrait dire que, tout en comprenant pourquoi la loi de la valeur doit fonctionner comme elle le fait dans le cadre de la production de marchandises, il n’a jamais fait le moindre effort pour la défendre mais, au contraire, il pour construire une société dans laquelle ces fonctionnements seront totalement abolis.

Une des objections les plus courantes et anodines faites contre la théorie de la valeur travail de Marx suit ce chemin : si les prix sont déterminés en dernière analyse par la valeur (par des quantités de travail abstrait socialement nécessaires), comment des marchandises qui ne sont pas le produit du travail, c’est-à-dire qui n’ont pas de valeur, peuvent elles avoir un prix ? En fait Marx lui-même a répondu à cette objection bien avant de rédiger le volume 1 du Capital[6]. Les produits de la nature (“marchandises gratuites”), qui n’ont en effet pas de valeur car aucun travail nécessaire n’a été dépensé pour les produire, peuvent avoir un prix par le processus de l’appropriation privée, à travers l’institution sociale de la propriété privée. La terre qui n’a jamais été travaillée par la main de l’homme pour améliorer sa fertilité n’a pas de valeur. Mais elle peut avoir un prix s’il elle est entourée par une clôture avec un panneau indiquant “propriété privée : interdit d’entrer” et si des gens sont prêts à payer ce prix car ils ont besoin de cette terre comme moyen de vivre. Ce prix sera en réalité la capitalisation du revenu net (la rente foncière) perçu par son propriétaire, revenu produit par ceux qui vont la cultiver et en tirer par leur travail des biens matériels (des biens auto-consommés ou des marchandises)[7].

(20 décembre 2015 p44).

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[1] L'attaque « classique » de Böhm-Bawerk a été contrée par une réponse de Hilferding (toutes deux imprimées dans Böhm-Bawerk, op. Cit.). D'autres attaques similaires ont été faites par Pareto (op. ci. pp. 40 ff.), Michael von Tugan-Baranovsky (Theoretische Grundlagen des Marxismus, Leipzig, 1905, pp. 139 ff.), et par d'autres. On en trouve un plus récente dans Joan Robinson (op. Ciy.). Elle a reçu une réponse de Rosdolsky, op. Cit., Vol 2, pp 626-40).

[2] Böhm-Bawerk, op. cit., pp 29-30; Samuelson, op. cit., p. 620; Tugan-Baranovsky, op. cit., p. 141.

[3] Qu'est-ce qui fait courir Sammy ? est un roman de Budd Schulberg écrit en 1941 racontant l'ascencion et de la chute sociale d'une jeune juif de New York.

[4] Böhm-Bawerk, op. cit., pp 65-80. ; Joseph Schumpeter, Capitalism, Socialism and Democracy, Londres 1962, pp. 23-4.

[5] Le positivisme (Auguste Comte) considère que les activités scientifiques ne doivent s'effectuer que dans le seul cadre de l'analyse des faits réels vérifiés par l'expérience et que l'esprit humain peut formuler les lois et les rapports qui s'établissent entre les phénomènes et ne peut aller au-delà.

[6] Voir Contribution à la Critique de l'économie politique, p 62,

[7] De multiples fois, des objections ont été faites à la théorie marxiste de la valeur travail, disant qu’elle prend pour hypothèse que le travail est le seul rare facteur de production et suppose soit que la terre et les machines sont abondantes soit qu’elles peuvent être toutes deux exclues de l’analyse de la valeur. Ceci est évidemment un non-sens. Leontief a indiqué correctement que Marx a été probablement le seul économiste à donner au capital fixe une importance centrale dans le processus de production, contrairement, par exemple, à Böhm-Bawerk. Ce que dit Marx c’est que les machines par elles-mêmes “commander” à des portions de la force de travail totale disponible de la société de s’ajouter ou de se déplacer d’un secteur de production à un autre - une proposition qui est assez évidente et qui de plus a été démontrée scientifiquement par Marx. Une fois que l’on a comprise cela, la valeur n’est en dernière analyse pour Marx l’affectation que l’affectation de portions de la force de travail socialement disponible,