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la centiéme
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La Centième

Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie.

Arthur C. Clarke

"Alors là, mes pov' vieux !!... quand je vais savoir me servir de ce truc, JE VAIS VOUS ATOMISER !!"

Pierrot La Fouine – Joe Bar Team

7h00 du mat. Porte des Lilas. Paris. Ma Voxan 1200 Cyber Racer est garée devant le bistrot. Je cause avec le patron en sirotant un café.

- Pas mal ta mob, me dit-il.

- Je vais pouvoir enfin savoir ce qu'elle a dans le ventre. Une petite virée en Bourgogne. Avec les petites modifs que m'a faites Dimitri, je devrais être peinard sur la route et pouvoir envoyer du gros gaz.

- C'est qui ça, Dimitri ?

- Un russe. Un hacker. Tu ne le connais pas. C’est une pointure dans son domaine.

- Un hacker ? Qu'est ce que ça bricole sur une meule un hacker ? Il t'a installé facebook sur ta chignole ? Tu te fous de moi ?

- Rien à voir. C'est un mec qui bossait avec l'armée. Cette meule est née de la fusion entre Dassault et Voxan, après la 5eme faillite. Les ingénieurs en ont profité pour y intégrer quelques technologies issues du domaine militaire, sous prétexte d'en vendre aux forces de l'ordre. Cette machine de 130 kg peut développer plus de 400CV en puissance instantanée. En théorie, elle peut atteindre les 500 Km/h en moins de 2s. Avec de telles perfs, même le meilleur pilote est complètement largué. La solution, c'est d'augmenter ses capacités cognitives en connectant son cerveau directement aux sous-systèmes informatiques de la brêle. C'est pour ça que le casque et la combarde sont développés et vendu avec, comme sur les avions de chasse. Tu vois ?

- Mouais … Enfin, dit-il avec une moue dubitative, pour tout te dire, ces trucs cyber à la con, ça me dépasse un peu. En tout cas, si t'arrive en retard avec un engin pareil, tu va passer pour un kéké.

Il a raison. S'il continue à me tenir le crachoir, je vais finir par être à la bourre. On se dit au revoir, j'enfile le casque qui s'ajuste instantanément à la forme de ma tête. Les sous-systèmes qui y sont intégrés se mettent en route. L'affichage sur la visière m'indique que la machine est prête à démarrer. Ma combarde en nanotubes de carbone s’éveille aussitôt et s'ajuste immédiatement à mon corps. Je n'ai qu'a y penser et la meule démarre ou plutôt, elle sort de veille. Vu de l'extérieur, rien ne bouge ni ne vibre. Pas le moindre bruit. C'est à peine si on remarque l'allumage des leds de position. Mais dans ma tête et tout mon corps, c'est une autre histoire. Je crois que je ne me pourrais jamais m'habituer à cette sensation. J'imagine que c'est ce que doit ressentir un cul de jatte en retrouvant d'un seul coup une paire de jambes capable de reléguer le dernier record du monde du cent mètres aux oubliettes de l'histoire. Le sentiment de force et de puissance qui m'envahit est incroyable, mais empreint, paradoxalement, d'une grande sérénité. Je ne peux résister plus longtemps. Une impérieuse nécessité, que je ne saurais expliquer par le simple fait que je dois partir, me pousse à monter sur ma meule. Il n'y a pas de tableau de bord,  juste des poignées fixes sans aucune commande. Elle se pilote par la pensée.

Je m'élance sur le périf vers le Sud. Sortir de Megaparis est toujours aussi pénible. Soi-disant, la robotisation du réseau routier et le pilotage automatique des bagnoles devaient régler les problèmes de congestion. Quelle blague ! C'est toujours autant bouché. L'avantage, c’est que l’inter-file est devenu plus simple et plus sur que prendre le métro. Un programme s'en occupe. Il suffit d'y penser, et il se charge. La meule passe en pilotage auto. La vitesse se stabilise à 100 Km/h, la limite légale en inter-file depuis que les automatismes sont obligatoires. Les robomobiles qui se traînent dans les files congestionnées sont prévenus par le réseau et s'écartent sur mon passage, puis se ré-alignent, formant ainsi un étrange sillage.

L'autoroute et la moto n'ont jamais fait bon ménage, hier comme aujourd'hui. Le pilotage manuel est interdit sur les voies rapides et autoroutes. Les usagers sont contrôlés en permanence par le réseau et il y a des caméras partout. Mais Dim, mon hacker russe préféré, m'a normalement débloqué quelques features héritées du passif militaire de la brêle et modifié quelques sous-systèmes. Cela devrait rendre l'exercice un peu plus intéressant.

Je passe le péage virtuel des Éprunes qui marque l'entrée de l'A5 en pilote auto puis quelques kilomètres plus loin, je décide de voir ce que Dim m'a préparé. Dans un premier temps, j'active le mode fantôme. Histoire de disparaître du réseau et de leurrer les systèmes de contrôle et les caméras de l'autoroute. Puis, j’envoie un ver, un espèce de virus, dans le réseau. Il est censé me dégager la route en ordonnant aux robomobiles et aux robocamions de s'écarter de ma trajectoire. Il est temps de voir ce qu'elle dans le ventre. Je démarre le thermique. Ce bon vieux V72 de 1200cm3  qui dans son ultime évolution  peut développer jusqu'à 300CV. Une fois son temps de chauffe terminé, je le sens rugir et atteindre son régime de croisière. Sa fonction n'est plus de propulser la meule comme sur les anciennes, en tout cas, pas directement. Il doit maintenir le niveau de charge des trois supercondensateurs. Quand on compte tirer un peu dessus, il vaut mieux le mettre en route avant. Il y a un supercondo par phase de l'alternateur principal. Lorsqu'ils se déchargent, ils sont capable de fournir pendant quelques dizaines de minutes jusqu'à 300KW de puissance électrique aux moteurs réversibles situés sur les roues. A l’accélération, le gros de la puissance passe sur l’arrière, le moteur de la roue avant servant essentiellement au freinage. Il fonctionne alors comme un alternateur et utilise l’énergie cinétique récupérée pour recharger les supercondos.

Je me concentre. J'ai un peu la trouille. Je n'ai jamais vraiment lâcher les watts avec cette meule. Allez, gaz ! Ma combarde passe en mode anti-g. L'accélération est telle que si elle ne faisais pas ça, je retrouverais mes quelques neurones au fond de mon calbut. Gaz ! Mon regard se visse sur la trajectoire. Le paysage disparaît. Je ne vois plus qu’une ligne de bitume. Gaz ! Comme dans un rêve, je danse sur le trait bleu qu'est devenue la route. Gaz ! Le sous-système de nav m'averti : 480 km/h. Je dépose un antique TGV qui se traîne le long de l'autoroute. Je me demande quand ils vont se décider à retirer de la circulation ces vieilleries, surtout maintenant qu'ils sont fabriqué en Chine. Gaz ! Le sous-système de nav prévient : prochain point de corde passe à 310. Ralentir. C'est déjà la bretelle d’accès à l'A19. Hum, 310 ... je suis sur que ça passe un poil au-dessus. Il n'y a déjà pas beaucoup de virages sur cet autoroute, ce serait dommage de les gâcher. Mon regard se verrouille sur le point de corde. Les pneus sont en nanopolymére sensitif à densité variable. Chacune des nanoparticules qui les compose est relié au système nerveux de la machine et à travers elle, à mon propre système nerveux. Je sens la route comme si je la touchais avec la plante nue de mes pieds. Et mon cerveau, s'aidant des sous-systèmes de la machine, intègre cette information et modifie la structure moléculaire des gommes, l'adapte en temps réel au bitume et aux conditions.

J'engage le virage à droite. C'est chaud. Je sens mon genou  entrer en contact avec la route. Le nanocarbone de la combarde adapte immédiatement sa structure. Il peut devenir aussi dur que du diamant. Vu comment mon genou appuie désormais, il doit tracer dans le bitume une véritable ornière. C'est les gars du service d'entretien qui vont faire la gueule. C'est au tour de mon coude de frôler l'asphalte. Le sous-système de nav m'indique 330 km/h sur le point de corde. Et merde, je vais me prendre le rail d'acier sur l'exter en sortant ! Je redresse. Ma traj continue à s'élargir. Le carénage est fait avec la même matière que ma combarde et il est, lui aussi, relié à mon système nerveux. Je sens le contact avec le rail sur mon coté gauche. Le nanocarbone devient brulant. Merdeuh merdeuh merde ! … Ça passe, juste, mais ça passe. L'action ne s'est déroulé qu'en quelques millisecondes, mais mes sens boostés et hyper-connectés m'ont donné l'impression que ça prenait plusieurs minutes. Gaz !

A quelques centaines de kilomètres de là au centre de contrôle et de supervision de Vinci Corporation, l'écran du superviseur principal du réseau autoroutier, section nord, se transforme en sapin de noël. Ça clignote et bipe dans tout les coins. [CRITICAL CONDITION] [ANOMALY DETECTED] s'affichent en rouge sur son écran saturé d'alarmes.

- Bon sang, qu'est ce que c'est que ce merdier ? S'exclame le superviseur en sortant de sa torpeur matinale. Vidéo ! Ordonne-t-il à son système.

Sur son écran apparaît alors quelque chose d'étrange. Sur la bretelle d’accès de l'A19 venant de l'A5, sens Paris-Province, il voit une sorte de perturbation dans l'air traverser l'écran, une profonde rainure se former dans le bitume  et, en sortie de bretelle, une immense gerbe d'étincelles jaillir du rail de sécurité extérieur.

- Putain de bordel de merde ! Mais qu'est ce c'est que ça ?

- Le système ne positionne aucun véhicule à cet endroit et à ce moment là, monsieur. Je ne sais pas ce que c'est, mais ça a mis une belle pagaille dans le contrôleur de trafic, signale le responsable technique du système. On dirait que ça essaye d'effacer ses traces. Paradoxalement, ça devrait nous permettre de le suivre, ajoute-t-il. On a un programme pour pister ce genre de saligaud. Je ne peux pas encore vous dire ce que c'est, mais je suis désormais sa route.

- Patrouilleur ! Hurle le superviseur. Rendez-vous sur zone. Intercepteur, rattrapez-moi ça !

- On a pas d'intercepteur aujourd'hui, chef.

- Comment ça ?

- Il a pris quelques jours de congés. Un truc avec son club de moto qu'il disait. Et avec les restrictions budgétaires, l'état ne nous en alloue qu'un.

- Fait chier ! Bouclez-moi toutes les sorties, on va pister ce salaud et lui tomber dessus quand il quittera l’autoroute.

489 km/h. Les montées et descentes de l'autoroute s’enchaînent à un rythme soutenu. 490. Ma vision déformée par la vitesse me donne l'impression de glisser sur une ligne bleue bitume large comme le poing. 491. D'un seul coup, le sous-système que Dimitri m'a implanté se réveille et m'affole. Il me crache des trucs imbitables en russe. J'ai beau ne pas avoir beaucoup de neurones, j'en ai suffisamment pour comprendre ce qu'il se passe. Mes conneries m'ont fait repéré. Bon. Ils doivent surveiller toutes les sorties et on dû lancer à mes trousses un intercepteur. Si je ne me magne pas de disparaître de là, je vais me faire boucler pour quelques années. Je coupe les gaz, stoppe le thermique et me colle à un convoi de poids lourds automatiques. Je désactive le mode fantôme, inhibe le virus, et me connecte au train de camions en pilote auto. Avec ça, ils ne devraient plus pouvoir me localiser. Effectivement. Quelques secondes plus tard, le sous-système russe se calme et arrête de me stresser. J’attends que la température du thermique descende. Je crains qu'ils repèrent à l'infrarouge la traînée de chaleur qu'il dégage. J'avise une sortie de service. Un gars de mon club, qui bosse chez Vinci aux autoroutes, nous a filé les codes des portes. Au cas où. Et hop, ça s'ouvre. Je passe et zou, fini, l'autoroute.

- Chef, je suis vraiment désolé, mais je l'ai perdu. Par contre, je viens de détecter une ouverture de porte de service au kilomètre 231 sur l'A6 alors que l'on ne me signale aucun agent dans le coin.

- Et merde. Patrouilleur ! S'exclame le superviseur, allez me vérifier ça.

Je file sur la route de service silencieusement. Après l'orgie de vitesse, le stress et la peur d'être repéré et intercepté, ce calme me rassérène. La route s'éloigne progressivement de l'autoroute et je commence à ne plus distinguer les bruits de roulement du trafic de ceux de l'air filant sur ma peau de carbone. Mais soudain, j’entends le son caractéristique d'un quadri-rotor de patrouille. Bordel ! Un hélico ! Il ne manquait plus que ça. Il faut que je m'éloigne le plus vite possible de ce maudit autoroute, et sans me faire repérer. Sur ma gauche, il y a une forêt. Ça tombe bien. Le couvert des arbres devrait suffire pour me planquer. J'enquille la première route forestière qui se présente. Soudain, la sensation sous mes pneus devient désagréable comme si je marchais pieds nus sur du gravier. Ouille ! Et putain, ça glisse! Gaffe. Progressivement, j’entends l'hélico s'éloigner. Enfin, le calme revient. Cette petite route qui virole dans un massif forestier est magnifique. Déconnecté du réseau, je roule tranquille, nez au vent, la visière du casque rétractée. Je croise une harde de cerfs. Il ne m'ont pas entendu arriver et c'est à peine si ils me voient passer et que cela les pousse à s'enfoncer dans les bois. Je rejoins une petite départementale. Je suis un peu au sud de Vézelay. En plein Morvan. Les routes par ici sont un vrai plaisir. On va voir ce que ça donne avec cet engin.

A quelques kilomètres de là, Jeannot vient d'acheter un poulet au père Matthieu, un vrai, avec des plumes. Jeannot ne supporte plus ces pseudo-poulets élevés en tube que l'on trouve dans les megamarchés. Il s'installe dans sa vielle Dacia et appuie sur le bouton de mise en route.

- Bonjour Jeannot, exprime une voix féminine légèrement nasillarde sortant du tableau de bord. Veuillez boucler votre ceinture.

- Mouais, marmonne Jeannot en bouclant sa ceinture.

- Veuillez souffler dans l’éthylotest pour autoriser le départ, ordonne la voix.

- Rah … Jeannot se penche, la ceinture le bloque, il la déboucle, se repenche, saisi l'extrémité de l'ethylo puis souffle dedans. Heureusement que c'est le matin, pense-t-il …

- Le départ est autorisé. Veuillez boucler votre ceinture.

- M'enfin … Et il reboucle sa ceinture.

- Veuillez indiquer votre destination.

- Mais c'est que tu commence à me les briser ! Mode manuel !

- Conduite manuelle sélectionnée. Mais, en vertu de l'article 143.2 tiret 4 tiret B du code de la route, vous devez indiquer votre destination au système de contrôle et de navigation obligatoire. Je vous rappelle que la conduite manuelle est interdite sur les voies rapides et autoroutes.

- Grrrr.... Je vais à Chinon pétasse ! Au bistrot ! Chez Raymond. Allez ! Zou ! On va pas y passer la journée !

- Destination inconnue. Veuillez répéter.

- Ok... Calme... Respire.... Hum … Place de l'église ... Chateau-Chinon.

- Destination enregistrée. Itinéraire calculé. Autorisation de départ accordée. A cent mètres, tourner à droite.

- Mais, bon sang, je sais ben comment on y va à Chinon, j'vis ici depuis 50 ans ! Ah, et puis à quoi bon !

Jeannot démarre et prend la direction de Château-Chinon, dans cette matinée légèrement brumeuse, typique du printemps. Le spectacle du parc du Morvan s'éveillant en cette heure matinale lui est manifestement gâché, vu la tronche qu'il tire, par la voie nasillarde qui sort du tableau de bord.

- À trente mètres, tournez à droite.

- Grrrr.....

J'enquille les virolos comme dans un rêve. Je sens tout. L'air qui file sur ma combarde et sur mon carénage, la route sous mes pneus. Mon regard, ajusté en temps réel par le polymère optique de la visière suis la trajectoire avec précision. Je ne fais qu'un avec la machine et ne je fais qu'un avec la route. Ce n'est plus du pilotage, c'est de la danse. Je croise une auto. Un poil trop vite. Hum. Il y a peut-être un moyen d'éloigner un peu les caisseux. Je vais arriver sur la D37 du coté de Chinon, ça envoie dans le coin. Ça risque d'être chaud si j'en croise un. Je me décide à balancer le virus de Dim dans le système de contrôle routier départemental. Ça devrait dérouter au moins ceux qui sont en automatique. Pour les autres leur GPS va tellement leur casser les couilles qu'il vont le suivre, ou passer en conduite auto.

- Faites demi-tour dés que possible, ordonne le tableau de bord.

- Ouais c'est ça, cause toujours, lui répond Jeannot.

- Faites demi-tour dés que possible.

- Mais bien sur ! Il est complètement baisé ce machin. C'est la route de Chinon depuis des siècles, espèce de tas de silicium débile. Tu ne va pas me l'apprendre, non ?

- Faites demi-tour dés que possible.

- Bon, tu l'aura voulu. Jeannot fouille sous le tableau de bord. Il chope quelques fils, et tire d'un coup sec. Voila, ça te la coupe ça, hein, saloperie !

Après quelques grésillements à peine audible, la voix reprend :

- Anomalie détecté sur le système audio primaire. Système audio de secours enclenché. Veuillez-vous rendre immédiatement dans une concession agréée pour remise en état du système audio primaire. Itinéraire reprogrammé. Prochaine concession agréée : Château-Chinon. Faites demi-tour dés que possible.

- Arghh ….

Ha, la D37. Le type qui l'a dessiné est un artiste. Ces enchaînements sont un véritable bonheur. Histoire de me rappeler le bon vieux temps des machines purement thermiques, les fabuleuses 1000 Voxan de la grande époque, j'ai chargé le mode nostalgie. Dans ce mode, le système simule un couplage du thermique à la roue arrière à travers une émulation de la boite de vitesse et de la transmission secondaire des Voxan originales. On module la commande de gaz de l'injection de carburant et on joue sur une boite de vitesse virtuelle. Piloter à l'ancienne sur ces petites routes, c'est le pied ! Je rétrograde, le système émule parfaitement le fameux frein moteur du V72 de l'époque et hop, j'enchaîne le pif paf ! Gaz ! Le thermique rugit. Je passe la 4 puis la 5 dans la courbe rapide qui suit. Qu'est ce que ça tiens le pavé cet engin ! Mais … Qu'est ce qu'il fout là, lui ? Pile sur la traj, un type dans une Dacia. M'enfin !  Je saute sur les freins, mentalement, mais ça a le même effet : ça pile. Ça ne suffit pas. Faut que je le passe sur l'exter, inter c'est trop chaud. Mais qu'est-qu'il a à gigoter sur sa traj comme ça ce con ?! Allez, ça passe. Merdeuh … Ouahou, mon coude arrache son rétro gauche, mon genou enfonce son aile avant et cogne son pare choc qui virevolte dans l'air. La combi en nanocarbone a parfaitement rempli son office : j'ai pratiquement rien senti. J'affiche une visu arrière sur ma visière. Oups. J'ai du déclenché le système de sécurité de la Dacia. Elle s'est immobilisé et elle clignote comme un arbre de noël.

- Collision détectée. Système de sécurité enclenché. Immobilisation du véhicule. Appel de secours en cours. Veuillez ne pas bouger. Les secours arrivent.

- Mais putain c'est pas vrai ! Hurle Jeannot en cognant le tableau de bord.

- Je répète :  ne bougez pas. Système de sécurité enclenché. Ne descendez pas du véhicule. Les secours arrivent.

- Assassin, voyou ! Hurle-t-il, le poing sorti par la fenêtre de sa Dacia.

Bon, il n'y pas trop de mal. Son assurance paiera les quelques dégâts. Faut que j'y aille. Faut pas lambiner. Si ça continue comme ça, je vais finir par arriver à la bourre et louper le début des festivités. J’enroule le restant de la route à allure modéré. Pas plus de 230 km/h, restons raisonnable. Le dernier coup m'a un peu calmé et il ne faut pas abuser des bonnes choses. Je passe Moulin et j'arrive sur le coup de 9h00 au circuit du Bourbonnais. Yaha ! C'est plein de Vox. Quel panard ! Ro putain, y a même des anciennes ! Là, papy Kevin et sa fameuse Black Magic. Dire que ce type a roulé à Montlhery. C'est une légende au Club. 120 ans et le bougre envoi encore du gros avec son antiquité. Tiens, v'la Lévrier Noir. Il doit son surnom au fait qu'il bosse chez les bleus, au service des interceptions sur autoroute.

- Salut Lev. Ça roule ?

- Tranquille et toi ? Bonne route ?

- Ouais, ça va, j'ai décollé à 7h00 de Megapaname.

- Ha ouais, quand même, t'a traîné en route ou quoi ?

- J'ai flanné. Le Morvan. Histoire de me rappeler le bon vieux temps. Ils-t-ont laisser sortir de ta caserne alors ?

- Tu parles ! J'ai posé du congé. Y a pas moyen de louper ça. T'imagine !  C'est la 100eme journée circuit du Voxan Club de France !

Olive

en mode cyberpunk.