Semitam Tenebris / Contes Lune-Ecarlate Editions
Chloé Boffy
1001 Heures
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© 2013 Chloé Boffy Illustrations © 2013 Nathy et Chloé Boffy. Édité par Lune-Écarlate 66 rue Gustave Flaubert 03100 Montluçon, France. Tous droits réservés dans tous pays. ISBN 978-2-36976-011-5
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1001 Heures
Mexico City – 6 juin – 0 h 45
C’est la langue râpeuse d’un chat sur sa peau qui le réveilla. Ou plus exactement, au moment où il reprit connaissance, un matou était en train de lui lécher la main. Al s’assit, le dos contre une poubelle. Il avait l’impression que sa tête allait éclater. La moindre parcelle de son corps le faisait atrocement souffrir. Il avait déjà été tabassé par des gars d’autres gangs, mais la baston de cette nuit s’était révélée particulièrement violente. Jamais encore il n’avait perdu connaissance. Il ne se rappelait même plus comment les choses s’étaient déroulées exactement. Il se souvenait seulement qu’il rentrait chez lui quand il avait croisé les brutes du Chacal. Ou étaient-ce des Têtes Noires ? Sans autre forme de préambule, on lui avait envoyé un direct en pleine figure. Il avait entendu – et senti – son nez se fracturer dans un craquement. Et ensuite, le néant absolu. Seule revenait à sa mémoire la dernière phrase qu’il avait entendue avant de sombrer, et qui se répétait en boucle dans son cerveau, comme une sinistre mélodie :
Je te retrouverai... De l’intérieur du poignet, il essuya le sang qui coulait de ses narines jusque dans sa bouche et grattouilla la tête du chat, qui frottait ses flancs contre lui en ronronnant, réclamant plus de caresses.
Ça va, toi ? Tu sais pas ce que je donnerais pour être à ta place.
Lentement, Al se mit debout et se traîna tant bien que mal jusqu’au taudis où il vivait.
Arrivé chez lui, il s’affala sur le canapé défraîchi et tira jusqu’à lui l’ordinateur posé par terre. Le seul objet de valeur qu’il possédait, obtenu de façon pas franchement honnête. Ses doigts pianotèrent sur le clavier, un peu pour chercher un remède miracle à ses douleurs, un peu par désœuvrement.
La fenêtre de sa messagerie instantanée clignota. Eugene, son ami d’enfance. Surnommé Gene, ou plus souvent Génie, parce qu’il avait réussi, lui. Il était sorti des bas-fonds et tenait un blog people sur internet. Lui aussi avait dérouillé quand il était ado. Dans leur quartier, on n’aimait pas les homosexuels. Il avait eu la chance que sa mère trouve une place de femme de chambre, et il avait emménagé avec elle chez ses riches employeurs. C’est ce qui l’avait sauvé. Les West étaient gentils et généreux. Ne pouvant avoir d’enfants, ils avaient élevé Eugene presque comme s’il était leur propre fils. Ils lui avaient donné une bonne éducation et payé des études de journalisme à l’université. Grâce à cela, Gene avait pu décrocher un emploi intéressant. Il vivait maintenant à Hollywood et fréquentait les célébrités.
Posant son mouchoir ensanglanté, Al lut le message de
son ami.
¤ GeeeeeN ! ¤ : Al, mon pote ! La forme ? AL : Bof... J’ai vu mieux. ¤ GeeeeeN ! ¤ : Il s’est passé quoi ? Raconte ! AL : Des types de la bande du Chacal AL : enfin je crois AL : ils me sont tombés dessus AL : c’est pas beau à voir ¤ GeeeeeN ! ¤ : Montre !
Al n’avait même pas encore allumé sa webcam qu’une nouvelle fenêtre s’ouvrait déjà, affichant les mèches bleues en pétard d’Eugene. Celui-ci grimaça en voyant le visage tuméfié de...