Sommaire :
"Dictateur. Chef d'une nation qui préfère la pestilence du despotisme à la plaie de l'anarchie."
Ambrose Gwinett Bierce - 1842-1914 - Le Dictionnaire du Diable - 1906
"Ni Dieu, ni maître"
Louis-Auguste Blanqui - 1805-1881 - titre du journal qu'il créa en 1880
"L'illusion écologique est un consolationnisme comme tous les systèmes fondés sur la donnée de base que l'homme veut avant tout vivre heureux dans un monde heureux et harmonieux. C'est le principe, proclamé et allant de soi, de toutes les utopies sociales, que ce soit les innombrables variétés du socialisme, de l'anarchie, du communisme... De l'écologie. Toutes entrevoient les lendemains radieux dans un avenir à portée de main, il suffit d'en mettre un bon coup, par la révolution ou par l'éducation des masses, pour que le bon sens et l'altruisme prennent enfin les commandes."
François Cavanna - 1923-2014 - La belle fille sur le tas d'ordures - 1991
"Un exemple de révolution anarchiste sur une grande échelle, le meilleur à mon sens, c'est l'Espagne de 1936.
On ne peut pas dire ce qui serait arrivé.
On l'a tuée, mais tant qu'elle a duré elle fut un témoignage éloquent de la capacité des pauvres gens de s'organiser, de s'administrer sans coercition, ni contrôle."
Noam Chomsky - né en 1928 - Angleterre, 1974
"Exiger que la justice soit juste est une idée d'anarchiste."
Anatole France - 1844-1924 - Crainquebille - 1901
"Quiconque nie l'autorité et la combat est un anarchiste."
Sébastien Faure - 1858-1942
"La force de l'anarchisme réside justement dans son refus, qu'impose la construction d'une doctrine, de figer des principes. Si l'anarchisme a pu rassembler de larges pans du mouvement ouvrier européen au XIXe siècle et si une telle théorie politique permet aujourd'hui l'analyse des faits sociaux, c'est justement parce qu'elle ne constitue pas une doctrine."
Silvio Gallo - 1830-1905 - "Anarchisme et philosophie de l'éducation" dans "Evolution & Révolution" - 2008, page 96
"L'action directe anarchiste se traduit principalement dans les activités de propagande et d'éducation destinées à réveiller dans les masses la conscience des contradictions sociales auxquelles elles sont soumises."
Silvio Gallo - 1830-1905 - "Anarchisme et philosophie de l'éducation" dans "Evolution & Révolution" - 2008, page 98
"En nous déclarant anarchistes, nous proclamons d'avance que nous renonçons à traiter les autres comme nous ne voudrions pas être traités par eux ; que nous ne tolérons plus l'inégalité qui permettrait à quelques-uns d'entre nous d'exercer leur force, ou leur ruse ou leur habileté, d'une façon qui nous déplairait à nous-mêmes. Mais l'égalité en tout, synonyme d'équité, c'est l'anarchie même."
Piotr Kropotkine - 1842-1921 - La morale anarchiste - 1889
"En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d'exploitation, de dépravation, de vice, d'inégalité en un mot - qu'elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d'agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l'exploité, la prostituée et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d'égalité."
Piotr Kropotkine - 1842-1921 - La morale anarchiste - 1889
"Il ne s’agit pas de faire l’anarchie aujourd’hui, demain, ou dans dix siècles, mais d’avancer vers l’anarchie aujourd’hui, demain, toujours."
Errico Malatesta - 1853-1932
"L’anarchisme est né de la rébellion morale contre les injustices sociales."
Errico Malatesta - 1853-1932
"L’anarchie [...] est l’idéal qui pourrait même ne jamais se réaliser, de même qu’on n’atteint jamais la ligne de l’horizon qui s’éloigne au fur et à mesure qu’on avance vers elle, l’anarchisme est une méthode de vie et de lutte et doit être pratiqué aujourd’hui et toujours, par les anarchistes, dans la limite des possibilités qui varient selon les temps et les circonstances."
Errico Malatesta - 1853-1932
"Si un pouvoir quelconque pouvait faire quelque chose, c'était bien la Commune composée d'hommes d'intelligence, de courage, d'une incroyable honnêteté et qui avaient donné d'incontestables preuves de dévouement et d'énergie. Le pouvoir les annihila, ne leur laissant plus d'implacable volonté que pour le sacrifice. C'est que le pouvoir est maudit et c'est pour cela que je suis anarchiste."
Louise Michel - 1830-1905
"La propriété et la royauté sont en démolition dès le commencement du monde ; comme l'homme cherche la justice dans l'égalité, la société cherche l'ordre dans l'anarchie."
Pierre-Joseph Proudhon - 1809-1865 - Qu'est-ce que la propriété ? - 1840
"La plus haute perfection de la société se trouve dans l'union de l'ordre et de l'anarchie."
Pierre-Joseph Proudhon - 1809-1865 - Qu'est-ce que la propriété ? - 1840
"La république est une anarchie positive."
Pierre-Joseph Proudhon - 1809-1865 - Solution du problème social
"L'anarchie, c'est l'ordre sans le pouvoir."
Pierre-Joseph Proudhon - 1809-1865 - Les Confessions d'un révolutionnaire - 1849
"Le mérite, le mérite évident de l'aristocratie anglaise, c'est que personne ne pourrait la prendre au sérieux."
Gilbert Keith Chesterton - 1874-1936 - Orthodoxie, 1908
"La reconquête du pouvoir par le possédant en phase triomphante est doublement symbolique : par l'écart gigantesque des revenus, il renoue avec les aristocraties de l'Ancien Régime, dont les dépenses d'apparat entretenaient un monde servile au détriment des productions dirigées vers une consommation moyenne. Mais, par le choix de placements, inscrits dans le fonctionnement capitaliste, il fait prévaloir le profit sur le salaire, c'est-à-dire la transcendance de la propriété monétaire sur le travail ou même sur la jouissance de valeurs d'usage."
Denis Duclos - Une nouvelle caste planétaire - in Manière de voir n°99, Juin-Juillet 2008
"Elite : succédané de l'aristocratie en régime démocratique."
Georges Elgozy, économiste français - 1909-1989 - L'Esprit des mots ou l'antidictionnaire - 1981
"La crédulité est un signe d'extraction : elle est peuple par essence. Le scepticisme, l'esprit critique est l'aristocratie de l'intelligence."
Edmond et Jules de Goncourt - Respectivement: 1822-1896 et 1830-1870 - Journal - 24 mai 1861
"La terreur ne réussit pas à la démocratie, parce que la démocratie a besoin de justice, et que l'aristocratie et la monarchie peuvent s'en passer."
Edgar Quinet - 1803-1875 - La révolution
"Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie. Le suffrage par le choix est de celle de l'aristocratie. Le sort est une façon d'élire qui n'afflige personne; il laisse à chaque citoyen une espérance raisonnable de servir sa patrie."
Montesquieu - 1689-1755 - D'esprit des lois - 1748
"Il y a donc trois sortes d'aristocratie : naturelle, élective, héréditaire. La première ne convient qu'à des peuples simples; le troisième est le pire de tous les gouvernements. La deuxième est le meilleur ; c'est l'aristocratie proprement dite."
Jean-Jacques Rousseau - 1712-1778 - Du Contrat Social - 1762
"Bien avant l'alphabétisation de tout le territoire, bien avant l'établissement du suffrage universel, la Révolution française a défini le corps des citoyens par l'expulsion symbolique de l'aristocratie. Le pamphlet de Sieyès, Qu'est-ce que le tiers état ?, texte programme de la Révolution, ne laisse aucun doute à ce sujet. Non seulement il désigne les nobles comme ennemis, mais il lui paraît nécessaire de s'en débarrasser.
Pourquoi le tiers "ne renverrait-il pas dans les forêts de Franconie toutes ces familles qui conservent la folle prétention d'être issus de la race des conquérants et d'avoir succédé dans leurs droits ? La nation, alors épurée, pourra se consoler, je pense, d'être réduite à se croire composée que des descendants des Gaulois et des Romains"."
Emmanuel Todd - né en 1951 - Après la démocratie - 2008, page 143
"Les vrais conflits de classes opposent toujours des classes moyennes à des classes supérieurs, le peuple servant aux premières de masse de manoeuvre contre les secondes. La Révolution française de 1789 est en ce point de vue archétypale : la noblesse fut abattue par le tiers état, conçu comme la totalité de la nation, mais dirigé par des classes bourgeoises éduquées. Les révolutions anglaises de 1640 et russe de 1917 n'auraient pas éclaté sans l'action corrosive de classes moyennes qui mirent leur compétence intellectuelle au service de la lutte contre l'aristocratie."
Emmanuel Todd - né en 1951 - Après la démocratie - 2008, page 216
"La force de la Constitution réside entièrement dans la détermination de chaque citoyen à la défendre. Les droits constitutionnels ne seront préservés que si chaque citoyen, pour la part qui lui revient, se sent personnellement investi de la mission de les défendre."
Albert Einstein - 1879-1955
"Plus un peuple est éclairé, plus ses suffrages sont difficiles à surprendre [...] même sous la constitution la plus libre, un peuple ignorant est esclave."
Condorcet - 1743-1794 - Cinq Mémoires sur l'instruction publique - 1791-1792
"Une constitution qui, au dix-neuvième siècle, contient une quantité quelconque de peine de mort, n'est pas digne d'une république."
Victor Hugo - 1802-1885 - Actes et Paroles
"La monarchie constitutionnelle est un moyen pour combiner l'inertie d'une idole de bois avec la crédibilité en une idole de chair et de sang."
George Bernard Shaw - 1856-1950 - Maximes pour révolutionnaires
"Le libre-échange intégral et la démocratie sont incompatibles, tout simplement parce que la majorité des gens ne veut pas du libre-échange. Donc, soit la démocratie gagne et on renonce au libre-échange, soit on supprime le suffrage universel parce qu'il ne donne pas les résultats souhaités par les libéraux. Le seul pays à avoir jamais inscrit dans sa Constitution le libre-échange a été les Etats américains sudistes, esclavagistes. Le Nord, industriel et démocratique, derrière Lincoln, était protectionniste. Normal, puisque le protectionnisme définit une communauté solidaire et relativement égalitaire, alors que le libre-échange suppose des ploutocrates et une plèbe."
Emmanuel Todd - né en 1951 - Interview à Télérama - 2007
"Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."
Constitution française de 1793 - article 35
« La dictature, c’est « ferme ta gueule » et la démocratie c’est « cause toujours . »
Woody Allen – né en 1935
« C’était une vieille peur, souvent invoquée depuis la Révolution française: celle du gouvernement des juges. Autrement dit voir s’ériger des magistrats en créateurs du droit, alors qu’ils ne doivent être que « la bouche de la loi ». Cette peur a trouvé un nouveau fondement avec la promotion des cours constitutionnelles et autres juridictions suprêmes. […] Elle n’en finit pas d’alimenter les craintes de la voir s’ériger silencieusement en pouvoir post-démocratique. »
Paul Alliès – blogs.mediapart – Le gouvernement des juges – 13 février 2013
« C’est la loi de la démocratie que les discussions soient libres, que les intérêts s’opposent, mais c’est l’intérêt de la République qu’il s’établisse sur des points communs une majorité et que cette majorité soit stable, de même qu’il serait souhaitable pour le bien commun que les oppositions ne fussent pas seulement de mécontentement ou de démolition mais de construction et d’apports d’idées à la majorité elle-même. »
Vincent Auriol – 1884-1966
« Les besoins des classes moyennes et inférieures sont toujours, comme les objets, passibles d’un retard, d’un décalage dans le temps et d’un décalage culturel par rapport à ceux des classes supérieures. Ce n’est pas l’une des moindres formes de la ségrégation en société « démocratique. »
Jean Baudrillard – 1929-2007 – La Société de consommation – Denoël – 1970, page 83
« En gros donc, les consommateurs sont, en tant que tels, inconscients et inorganisés, comme pouvaient l’être les ouvriers du début du XIXe siècle. C’est à ce titre qu’ils sont partout exaltés, flattés, chantés par les bons apôtres comme l' »Opinion Publique », réalité mystique, providentielle et « souveraine ». Comme le Peuple est exalté par la Démocratie pourvu qu’il y reste (c’est-à-dire n’intervienne pas sur la scène politique et sociale), ainsi on reconnaît aux consommateurs la souveraineté (« Powerfull consumer », selon Katona), pourvu qu’ils ne cherchent pas à jouer comme tels sur la scène sociale. Le Peuple, ce sont les travailleurs, pourvus qu’ils soient inorganisés. Le Public, l’Opinion Publique, ce sont les consommateurs, pourvu qu’ils se contentent de consommer. »
Jean Baudrillard – 1929-2007 – La Société de consommation – Denoël – 1970, page 122
« Ce qui est en jeu, aujourd’hui, c’est la reconquête de la démocratie contre la technocratie : il faut en finir avec la tyrannie des « experts », style Banque mondiale ou F.M.I., qui imposent sans discussion les verdicts du nouveau Léviathan (les « marchés financiers », et qui n’entendent pas négocier mais « expliquer » ; il faut rompre avec la nouvelle foi en l’inévitabilité historique que professent les théoriciens du libéralisme ; il faut inventer les nouvelles formes d’un travail politique collectif capable de prendre acte des nécessités, économiques notamment (ce peut être la tache des experts , mais pour les combattre et, le cas échéant, les neutraliser. »
Pierre Bourdieu – 1930-2002 – Discours aux cheminots grévistes, Paris, Gare de Lyon, 12 décembre 1995
« La télévision a une sorte de monopole de fait sur la formation des cerveaux d’une partie très importante de la population. Or, en mettant l’accent sur les faits divers, en remplissant ce temps rare avec du vide, du rien ou du presque rien, on écarte les informations pertinentes que devrait posséder le citoyen pour exercer ces droits démocratiques. »
Pierre Bourdieu – 1930-2002 – Sur la télévision – 1996, page 18
« On peut et on doit lutter contre l’audimat au nom de la démocratie. Ça paraît presque paradoxal parce que les gens qui défendent l’audimat prétendent qu’il n’y a rien de plus démocratique (c’est l’argument favori des annonceurs et des publicitaires les plus cyniques, relayés par certains sociologues, sans parler des essayistes aux idées courtes, qui identifient la critique des sondages – de l’audimat – à la critique du suffrage universel, qu’il faut laisser aux gens la liberté de juger, de choisir (« ce sont vos préjugés d’intellectuels qui vous portent à considérer tout ça comme méprisables ». L’audimat, c’est la sanction du marché, de l’économie, c’est-à-dire d’une légalité externe et purement commerciale, et la soumission aux exigences de cet instrument de marketing est l’exact équivalent en matière de culture de ce qu’est la démagogie orientée par les sondages d’opinion en matière de politique. La télévision régie par l’audimat contribue à faire peser sur le consommateur supposé libre et éclairé les contraintes du marché, qui n’ont rien de l’expression démocratique d’une opinion collective éclairée, rationnelle, d’une raison publique, comme veulent le faire croire les démagogues cyniques. »
Pierre Bourdieu – 1930-2002 – Sur la télévision – 1996, page 77
« C’est la force des dirigeants modernes d’avoir compris que la religion ayant cessé d’être l’opium du peuple, la loterie, fille du rêve et de la démocratie, qui pour un investissement modique promet l’égalité des chances, pouvait constituer une drogue de substitution. »
Philippe Bouvard – né en 1929 – Journal 1992-1996 – 1997
« La dictature est une forme autoritaire de la démocratie dans laquelle tout ce qui n’est pas obligatoire est interdit. »
Léo Campion – 1905-1992
« Il n’est pas innocent que la publicité, porte-voix de l’idéologie néolibérale, nous enjoigne constamment de « positiver » et qu’elle désigne ses contradicteurs comme des « publiphobes ». C’est le propre de tout système totalitaire de « psychiatriser » ses contradicteurs. La démocratie ne s’accommode pas de ce mode de fonctionnement. Elle a besoin du positif comme du négatif, du pouvoir et du contre-pouvoir. »
Vincent Cheynet – né en 1966 – Le choc de la décroissance – 2008, page 90
« L’endoctrinement n’est nullement incompatible avec la démocratie. Il est plutôt, comme certains l’ont remarqué, son essence même. C’est que, dans un Etat militaire, ce que les gens pensent importe peu. Une matraque est là pour les contrôler. Si l’Etat perd son bâton et si la force n’opère plus et si le peuple lève la voix, alors apparaît ce problème. Les gens deviennent si arrogants qu’ils refusent l’autorité civile. Il faut alors contrôler leurs pensées. Pour se faire, on a recours à la propagande, à la fabrication du consensus d’illusions nécessaires. »
Noam Chomsky – né en 1928 – Interview à la radio étudiante American Focus
« Au XXe siècle, les théoriciens de la démocratie recommandent « de mettre la masse à sa place », de sorte que les hommes responsables » puissent « vivre à l’écart du piétinement et des rugissements du troupeau dérouté », des « marginaux ignorants qui fourrent leur nez partout », dont le « rôle » doit se limiter à « assister en spectateurs intéressés aux évènements qui se déroulent », sans vraiment y prendre part. Périodiquement, le temps d’une élection, ils doivent soutenir l’un ou l’autre membre de la classe dominante, pour retourner ensuite à leurs affaires privées. »
Noam Chomsky – né en 1928 – L’An 501, la conquête continue – Page 26 – 1993
« La démocratie dans le sens où l’entend le pouvoir ne laisse quant à elle aucune place à l’ingérence du peuple dans la structure totalitaire de l’économie dirigée par le monde des affaires, avec tout ce qui en découle dans les autres domaines de l’existence. Le rôle du public consiste à suivre les ordres, non à s’y ingérer. »
Noam Chomsky – né en 1928 – L’An 501, la conquête continue – Page 109 – 1993
« Dans tout système de gouvernement, un des gros problèmes est d’obtenir l’obéissance. On s’attend dès lors à trouver des institutions idéologiques et des gestionnaires culturels pour les diriger et les pourvoir en personnel. La seule exception serait une société avec une répartition équitable des ressources et une participation populaire à la prise de décision ; c’est-à-dire une société démocratique avec des formes sociales libertaires. »
Noam Chomsky – né en 1928 – L’An 501, la conquête continue – Page 362 – 1993
« La propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures. »
Noam Chomsky – né en 1928
« Il me semble que, au moins dans les sociétés occidentales riches, la démocratie et le marché libre déclinent à mesure que le pouvoir se concentre, chaque jour davantage, dans les mains d’une élite privilégiée. »
Noam Chomsky – né en 1928
« Deux cent familles sont maîtresses de l’économie française et, en fait de la politique française. Ce sont des forces qu’un Etat démocratique ne devrait pas tolérer, que Richelieu n’eût pas toléré dans le royaume de France. L’influence des deux cents familles pèse sur le système fiscal, sur les transports, sur le crédit. Les deux cents familles placent au pouvoir leurs délégués. Elles interviennent sur l’opinion publique, car elles contrôlent la presse. »
Edouard Daladier – 1884-1970 – Congrès du Parti Radical-Socialiste, 28 octobre 1934
« Comme l’Homo sapiens est un mammifère plus, la république est la démocratie plus. Plus précieuse et plus précaire. Plus ingrate, plus gratifiante. La république, c’est la liberté, plus la raison. L’État de droit, plus la justice. La tolérance, plus la volonté. La démocratie, dirons-nous, c’est ce qui reste d’une république quand on éteint les Lumières. »
Régis Debray – Etes-vous démocrate ou républicain ? 1995
« Démocrate : conjonction de démoniaque et d’autocrate.
Un démocrate est un citoyen assez candide pour croire à l’avènement d’un système fondé sur l’infaillibilité d’une foule d’individualistes, appelée peuple. »
Georges Elgozy – 1909-1989 – L’Esprit des mots ou l’antidictionnaire – 1981
« Elite : succédané de l’aristocratie en régime démocratique. »
Georges Elgozy, économiste français – 1909-1989 – L’Esprit des mots ou l’antidictionnaire – 1981
« Politique : La politique républicaine, c’est l’art de faire croire au peuple qu’il est gouverné. La politique démocratique, l’art de lui faire croire qu’il gouverne. La révolution, c’est quand il le croit. »
Georges Elgozy – 1909-1989 – L’Esprit des mots ou l’antidictionnaire – 1981
« Quelle dictature a fait autant de propagande pour son chef ou ses principes que nos démocraties en font pour la marchandise ? Un slogan publicitaire ne transmet-il pas aussi un message idéologique, une injonction à se comporter selon des règles fixées par d’autres en fonction de leurs intérêts ? »
Armand Farrachi – Petit lexique d’optimisme officiel – Page 55 – Fayard – 2007
« En fait, démocratiser se limite à baisser les prix d’un « produit » pour le rendre accessible au plus grand nombre et créer un besoin supplémentaire : les sports d’hiver, le saumon, le transport aérien se sont démocratisés, ce qui signifie simplement qu’un marché nouveau s’est ouvert. On croyait que c’était une victoire du peuple, mais ce n’est qu’une victoire du commerce. »
Armand Farrachi – Petit lexique d’optimisme officiel – Page 64 – Fayard – 2007
« La voie coopérative est celle d’une conviction profonde, une croyance en quelque sorte ! On croit à la possibilité d’avoir un patrimoine collectif géré au nom des autres, on croit à la double qualité, on croit à une certaine égalité entre coopérateurs, on croit qu’il est plus démocratique que les décisions soient prises par de « braves gens » en conseil d’administration, y compris pour fixer le taux de rémunération des dirigeants sans stock-options et sans parachute doré… parce que les dirigeants restent longtemps à la tête de leurs coopératives. »
Jean Grave – Une autre façon d’entreprendre. Entretiens coopératifs – 2010 – Page 76
« Les entreprises nationalisées ont eu pour vocation de suppléer aux insuffisances du marché, d’être le fer de lance d’une politique économique démocratique, d’assurer des missions de service public, de favoriser l’égalité des citoyens, de jouer un rôle d’aiguillon social. Or aucun de ces objectifs ne constitue plus la priorité des gouvernants, une partie de l’opinion s’est mise à douter qu’ils restaient accessibles, et la vente des entreprises nationales a semblé constituer un gisement financier facilement exploitable. Pourtant, privatiser, c’est oublier ce que soixante ans au moins d’histoire économique ont enseigné. »
Serge Halimi – Déréguler à tout prix, in Manière de voir n°102, page 23 – Décembre 2008
« Lorsqu’un peuple courbé sous de pesantes chaînes,
Hésite à les briser avec ses propres mains,
Il peut changer facilement de tyrannie,
Mais ne pourra jamais gagner sa liberté. »
José Maria de Hérédia – 1842-1905 – L’Etoile de Cuba
« Prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie. Je vous souhaite à tous, à chacun d’entre vous, d’avoir votre motif d’indignation. C’est précieux. Quand quelque chose vous indigne, comme j’ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé. On rejoint le courant de l’histoire et le grand courant de l’histoire doit se poursuivre grâce à chacun. Et ce courant va vers plus de justice, plus de liberté, mais pas cette liberté incontrôlée du renard dans le poulailler. »
Stéphane Hessel – 1917-2013 – Indignez-vous ! – 2010, page 11
« Je souligne toujours l’écart entre légalité et légitimité. Je considère la légitimité des valeurs plus importante que la légalité d’un État. Nous avons le devoir de mettre en cause, en tant que citoyens, la légalité d’un gouvernement. Nous devons être respectueux de la démocratie, mais quand quelque chose nous apparaît non légitime, même si c’est légal, il nous appartient de protester, de nous indigner et de désobéir. »
Stéphane Hessel – 1917-2013 – entretien dans l’hebdomadaire « Politis » du 18 novembre 2010
« Une démocratie bien comprise n’est pas un régime qui maintienne artificiellement entre les hommes une égalité chimérique ; c’est un régime de libre sélection qui n’assigne d’autre limite à l’ascension sociale que les limites même de l’effort et de la volonté de l’individu. »
Edouard Herriot – 1872-1957 – D’une guerre à l’autre 1914-1936; avril 1916
« Ma critique [des sondages] porte principalement sur l’usage – parfois inacceptable – que l’on fait de cet instrument. Son utilisation à des fins de manoeuvres politiques et de manipulation de l’opinion doit cesser. Car sinon l’utilisation des sondages d’opinion en période électorale serait une dérive gravissime, un véritable « détournement de la démocratie . ! »
Nicolas Jallot – Manipulation de l’opinion – page 149 – 2007
« Véritable feuille de route mondiale de la dérégulation, l’AGCS est un instrument dangereux pour la démocratie. Conçu hors de tout contrôle public sous l’impulsion de groupes de pression économiques, sa mise en oeuvre fait l’objet de négociations qui se déroulent dans la plus grande opacité. Son application extensive remettrait radicalement en cause la souveraineté des Etats et, plus encore, celle des peuples. »
Raoul Marc Jennar et Laurence Kalafatides – L’AGCS : Quand les Etats abdiquent face aux multinationales – 2007 – Page 111
« Comme on ne peut pas faire de la politique avec une somme de volontés particulières, un dirigeant comme Sarkozy choisit la voie médiane, par sondage. Ce n’est pas la volonté générale, celle qui est guidée par la Raison pour Rousseau, mais une volonté moyenne, qui correspond à l’opinion moyenne, celle que l’on désigne par « opinion publique »…
On est dans une « doxocratie plus que dans une démocratie. Sur ce point, la république des sondages rencontre une nouvelle fois la télévision, qui est la dictature de l’audience. »
François Jost – Le téléprésident : essai sur un pouvoir médiatique – 2008, page 159
« A la faveur de l’économisme qui phagocyte la pensée politique contemporain, le droit de propriété est réputé intouchable car on le suppose garant de la prospérité générale. Il a pourtant engendré d’énormes concentrations de richesse qui portent atteinte aux libertés démocratiques. De telles concentrations octroient à ceux qui les contrôlent un exorbitant pouvoir politique. En outre, elles permettent à une minorité d’orienter l’activité économique au mieux de ses intérêts particuliers, en feignant de croire qu’ils s’identifient à l’intérêt général. Ce faisant, on laisse à la collectivité nationale le soin d’indemniser les chômeurs. »
Claude Julien – Article d’octobre 1989
« Le véritable progrès démocratique n’est pas d’abaisser l’élite au niveau de la foule, mais d’élever la foule vers l’élite. »
Gustave Le Bon – 1841-1931 – Hier et demain
« Plus tard, on les contemplera comme des monuments d’illogisme, ces démocrates qui, au lendemain de la déclaration fameuse, [.] prétendent sacrifier à une conception dogmatique de la moitié de l’humanité, absorber la femme dans la famille et bâtir une fiction de plus sur ce prétexte usé de tous ces despotismes : l’ordre. Quatre-vingts ans se sont écoulés depuis l’inauguration du droit humain, et c’est encore une nouveauté presque bizarre que de revendiquer la justice pour la femme, courbée depuis le commencement du monde sous un double joug, dans l’esclavage doublement esclave, esclave toujours au sein de la famille libre, et maintenant encore, dans nos civilisations, privée de toute initiative, de tout essor, livrée, soit aux dépravations de l’oisiveté, soit à celle de la misère, et partout soumise aux effets démoralisants du honteux mélange de la dépendance et de l’amour… »
André Léo – 1824-1900 – La Femme et les Moeurs, 1869
« De même que je refuse d’être un esclave, je refuse d’être un maître. Telle est mon idée de la démocratie. »
Abraham Lincoln – 1809-1865 – Fragment autographe
« Quiconque souhaite le renforcement de la démocratie devra souhaiter également le renforcement et non pas l’affaiblissement du mouvement socialiste ; renoncer à la lutte pour le socialisme, c’est renoncer en même temps au mouvement ouvrier et à la démocratie elle-même. »
Rosa Luxemburg – 1870-1919 – Réforme sociale ou révolution ? – 1899
« La tâche historique qui incombe au prolétariat, une fois au pouvoir, c’est de créer, à la place de la démocratie bourgeoise, la démocratie socialiste, et non pas de supprimer toute démocratie. »
Rosa Luxemburg – 1870-1919 – La Révolution russe – 1918
« J’ai vu des démocraties intervenir contre à peu près tous, sauf contre les fascismes. »
André Malraux – 1901-1976 – L’Espoir
« L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement « une politique », au sens le plus large du mot, nationale et internationale. »
Pierre Mendès France – 1907-1982 – Discours à l’Assemblée nationale, 17 janvier 1957
« La démocratie est d’abord un état d’esprit. »
Pierre Mendès France – 1907-1982 – La République moderne – 1962
« L’amour de la démocratie est celui de l’égalité. »
Montesquieu – 1689-1755 – L’esprit des lois – 1748
« Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie. Le suffrage par le choix est de celle de l’aristocratie. Le sort est une façon d’élire qui n’afflige personne; il laisse à chaque citoyen une espérance raisonnable de servir sa patrie. »
Montesquieu – 1689-1755 – De l’esprit des lois – 1748
« Si la mondialisation néolibérale est un cadre indépassable, alors nous ne sommes déjà plus en démocratie, puisque, quels que soient ceux qui seront élus, ils ne pourront mener que des politiques identiques à des nuances près. »
Jacques Nikonoff – Altermondialistes tout terrain – Manière de voir n°75 – 2004
« Il y a longtemps que le vrai pouvoir n’est plus dans les urnes. Il planes bien au-dessus d’elles, dans nos institutions dont les membres ne sont pas éligibles : notre FMI, notre OCDE, notre OMC, notre banque mondiale, qui mènent la vraie marche de la planète. Les démocraties sont de belles coquilles vides. »
Michel Piquemal – Le Prophète du libéralisme [satire] – 2005
« Certes, dans une démocratie libre, un gouvernement ne peut avoir d’autre autorité que celle qu’il puise dans la volonté générale et qu’il exerce sous sa responsabilité contrôlée. Mais ce n’est pas à dire qu’il ne doit être que l’instrument passif des caprices populaires et des poussées de l’opinion. »
Raymond Poincaré – 1860-1934 – Paroles françaises – 1927
« Certes, dans une démocratie libre, un gouvernement ne peut avoir d’autre autorité que celle qu’il puise dans la volonté générale et qu’il exerce sous sa responsabilité contrôlée. Mais ce n’est pas à dire qu’il ne doit être que l’instrument passif des caprices populaires et des poussées de l’opinion. »
Raymond Poincaré – 1860-1934 – Paroles françaises – 1927
« Il faut avoir vécu dans cet isoloir qu’on appelle Assemblée nationale, pour concevoir comment les hommes qui ignorent le plus complètement l’état d’un pays sont presque toujours ceux qui le représentent. »
Pierre Joseph Proudhon – 1809-1865 – Confession d’un révolutionnaire
« La terreur ne réussit pas à la démocratie, parce que la démocratie a besoin de justice, et que l’aristocratie et la monarchie peuvent s’en passer. »
Edgar Quinet – 1803-1875 – La révolution
« Ceux qui cherchent à imposer leurs vérités, comme dans bien des textes européens, sans aucunement se soucier des réactions qu’elles entraînent ou entraîneront, portent à la démocratie des coups sévères. »
Anne-Cécile Robert – Le Monde Diplomatique, octobre – novembre 2005
« La faiblesse des démocraties, c’est qu’il leur faille, trop souvent, se renier pour survivre. »
Jean Rostand – 1894-1977 – Inquiétude d’un biologiste – 1967
« Tant qu’il y aura des dictatures, je n’aurai pas le coeur à critiquer une démocratie. »
Jean Rostand – 1894-1977 – Inquiétude d’un biologiste – 1967
« Je ne crois pas que la controverse soit nocive pour des raisons générales. Ce n’est pas la controverse et les différences étalées au grand jour qui mettent en danger la démocratie. Au contraire, elles constituent ses protections les plus importantes. C’est une partie essentielle de la démocratie que des groupes substantiels, même des majorités, étendent la tolérance à des groupes dissidents, aussi petits qu’ils soient et aussi important que puisse être l’outrage infligé à leurs sentiments. Dans une démocratie, il est nécessaire que les gens apprennent à supporter que leurs sentiments soient outragés. »
Bertrand Russell – 1872-1970 – Pourquoi je ne suis pas chrétien – 1927
« Avec la mondialisation libérale, le marché est l’instrument par excellence de l’unique pouvoir digne de ce nom, le pouvoir économique et financier. Celui-ci n’est pas démocratique puisqu’il n’a pas été élu par le peuple, n’est pas géré par le peuple, et surtout parce qu’il n’a pas pour finalité le bonheur du peuple. »
José Saramago, écrivain portugais – Le Monde Diplomatique, octobre – novembre 2005
« La démocratie est un système qui garantit que nous ne soyons pas gouvernés mieux que nous ne le méritons. »
George Bernard Shaw – 1856-1950
« La démocratie, plus qu’aucun autre régime, exige l’exercice de l’autorité. »
Saint-John Perse – 1887-1975 – Discours sur Briand
« L’efficacité de la répression dans les régimes prétendument démocratiques tient d’abord à l’usage limité et proportionnel qui en est fait : trop de répression, ou une répression trop brutale en regard des faits reprochables aux dissidents que nous sommes, délégitimerait un régime supposé au service de tous et garant des libertés de chacun. Pour ne pas avoir à employer trop souvent la répression, le régime se livre à un travail permanent de légitimation de ses institutions, y compris répressives, qui vise à dissuader a priori la dissidence active. Des logiques inhérentes à l’économie de marché y concourent déjà : la précarisation des travailleurs, qui ne laissent guère de temps pour réfléchir, l’incitation permanent à la consommation, qui alimente l’endettement des ménages et les contraint à penser d’abord aux échéances à rembourser avant la contestation. »
Xavier Renou – Petit manuel de désobéissance civile, 2009, page 115
« Le fétichisme de la légalité fut et reste un des traits les plus marquants du socialisme acquis à la collaboration des classes. Il implique la croyance en la possibilité de transformer l’ordre capitaliste sans entrer en conflit avec ses privilégiés. Mais plutôt que l’indice d’une candeur peu compatible avec la mentalité des politiciens, c’est celui de la corruption des leaders. Installés dans une société qu’ils feignent de combattre, ils recommendent le respect des règles du jeu. La classe ouvrière, elle, ne peut respecter la légalité bourgeoise qu’à la condition d’ignorer le rôle véritable de l’État, le caractère trompeur de la démocratie ; bref, les premiers principes de la lutte des classes. »
Victor Serge – 1890-1947 – Ce que tout révolutionnaire doit savoir de la répression – 1925
« Lénine, au Xe Congrès du Parti en 1921, a « mis le couvercle sur l’opposition », c’est-à-dire aboli toute liberté de critique entre communistes, toute démocratie intérieure, il a soumis le Parti à l’état de siège déjà imposé au pays. »
Boris Souvarine – 1895-1984 – Le stalinisme – 1972
« Le libre-échange intégral et la démocratie sont incompatibles, tout simplement parce que la majorité des gens ne veut pas du libre-échange. Donc, soit la démocratie gagne et on renonce au libre-échange, soit on supprime le suffrage universel parce qu’il ne donne pas les résultats souhaités par les libéraux. Le seul pays à avoir jamais inscrit dans sa Constitution le libre-échange a été les Etats américains sudistes, esclavagistes. Le Nord, industriel et démocratique, derrière Lincoln, était protectionniste. Normal, puisque le protectionnisme définit une communauté solidaire et relativement égalitaire, alors que le libre-échange suppose des ploutocrates et une plèbe. »
Emmanuel Todd – Interview à Télérama – 2007
« Ce qui est vrai, c’est qu’à partir de la Réforme la diffusion progressive de la capacité à lire et à écrire a entraîné l’éclosion effectivement irrésistible de la démocratie. L’écrit fut d’abord le privilège des prêtres, puis celui des marchands, des nobles et des artisans, avant de s’étendre enfin aux ouvriers et aux paysans. Le processus même d’alphabétisation donne le sentiment que naît un monde où tous les groupes sociaux, tous les individus ont quelque chose en commun, au-delà des différences de statut économique. On peut à la rigueur dire que l’alphabétisation « est » la naissance de la démocratie en tant qu’égalité des conditions. Mais la démocratisation politique n’est qu’un effet, non une cause. »
Emmanuel Todd – né en 1951 – Après la démocratie – 2008, page 86
« Nous avons eu la surprise, au lendemain de l’élection de Nicolas Sarkozy, de voir dans Le Nouvel Observateur Henri Guaino vanter le coup d’Etat du 18 Brumaire de Napoléon Bonaparte comme l’un des trois grands moments de l’Histoire de France. Merci pour l’avertissement. L’exemple du bonapartisme nous rappelle qu’un régime autoritaire peut conserver certaines des formes extérieures de la démocratie. »
Emmanuel Todd – né en 1951 – Après la démocratie – 2008, page 284
« Ainsi que l’a remarqué Max Weber, sans enthousiasme, les procédures électorales ont le mérite d’empêcher la fossilisation bureaucratique des systèmes politiques. Mais n’oublions pas que la démocratie ne représente après tout qu’une infime période de l’histoire humaine et que bien des régimes politiques se sont passés d’élection. »
Emmanuel Todd – né en 1951 – Après la démocratie – 2008, page 286
« La chute du mur de Berlin et le dysfonctionnement du système électrique californien ont un point commun : l’échec des systèmes non démocratiques. Dans les deux cas, l’intérêt général a été ignoré et des inégalités inacceptables ont été générées en faisant passer l’intérêt général les lois du parti unique dans un premier cas et celles du marché dans le second. »
Ouvrage collectif – L’homme et le marché – 2006
"Cette élection présidentielle pourrait bien être le triomphe absolu du bonapartisme, cette culture politique dont la France ne parvient décidément pas à se défaire. Nicolas Sarkozy en est l'incarnation à lui seul. Il résume jusqu'à la caricature la modernisation de cette "société du 10 décembre" qui fit le succès, en 1848, de Napoléon le Petit : déjà à l'époque, elle ajoutait de la violence symbolique et privée au monopole étatique de la force. Mais la postérité du bonapartisme va bien au-delà des personnes. Elle s'est forgée dans et par les institutions ; pas tant dans l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel direct que dans la concentration exceptionnelle de tous les pouvoirs en ses mains. De ce point de vue, l'histoire de la Ve République restera celle d'une accumulation progressive de puissance d'une seule autorité au prix de la dévitalisation des moindres contre-pouvoirs. Même celui que les journalistes avaient construit est en train de produire par connivence ou servitude volontaire une nouvelle oligarchie."
Paul Allies, professeur de sciences politiques à l'université de Montpellier, article "Le triomphe du bonapartisme", journal Libération du 7 mai 2007
"Le despotisme anonyme d'une oligarchie est quelquefois aussi effroyable et plus difficile à renverser que le pouvoir personnel aux mains d'un bandit."
Arthur Arnould - 1833-1895 - L'Etat et la révolution, 1981
"[Le socialisme] a besoin de la pensée vraiment libre, libre de tous les préjugés religieux et capitalistes, pour soulever les nations qui travaillent contre les oligarchies qui les exploitent et qui vivent en parasites. Il a besoin des hommes qui pensent librement sur tous les problèmes de la vie. Car le socialisme, c'est l'émancipation intégrale de l'homme."
Adéodat Compère-Morel - 1872-1941 - Encyclopédie socialiste, syndicale et coopérative de l'Internationale ouvrière - 1912
"On peut dire que plus un organe de presse ou un média est aux ordres de l'oligarchie dirigeante, plus il emploie d'euphémismes."
Eric Hazan, écrivain, éditeur et ancien médecin - Le Monde, 9 mai 2006
"Veblen [Thorstein Veblen, économiste] constatait ensuite qu'existent le plus souvent plusieurs classes au sein de la société. Chacune d'entre elles est régie par le principe de la rivalité ostentatoire. Et dans chaque classe, les individus prennent comme modèle le comportement en vigueur dans la couche sociale supérieure, qui montre ce qui est bien, ce qu'il est chic de faire. La couche sociale imitée prend elle-même exemple sur celle qui est située au-dessus d'elle dans l'échelle de la fortune. Cette imitation se reproduit de bas en haut, si bien que la classe située au sommet définit le modèle culturel général de ce qui est prestigieux, de ce qui en impose aux autres.
Que se passe-t-il dans une société très inégalitaire ? Elle génère un gaspillage énorme, parce que la dilapidation matérielle de l'oligarchie - elle-même en proie à la compétition ostentatoire - sert d'exemple à toute la société. Chacun à son niveau, dans la limite de ses revenus, cherche à acquérir les biens et les signes les plus valorisés. Médias, publicité, films, feuilletons, magazines "people" sont les outils de diffusion du modèle culturel dominant."
Hervé Kempf - Comment les riches détruisent le monde - in Manière de voir n°99, Juin-Juillet 2008
"Ne vous laissez pas abuser par l'ordre qui règne en apparence au sein de notre société ploutocratique. Il en va de cette nouvelle forme de guerre comme des plus anciennes : elles ont cet air extérieur de paix sublime. Comme il est rassurant de suivre le pas cadencé du régiment ! Que les officiers ont l'air paisibles et distingués ! Comme le canon brille ! Les entrepôts du meurtre sont propres comme un sou neuf. Les registres du sergent-major et de l'adjudant-chef ont un air de parfaite innocence ; les ordres du pillage et de la destruction tombent avec un calme et une précision qui symbolisent la bonne conscience. Tel est le masque qui précède la moisson détruite et la ferme incendiée, les corps estropiés, la mort prématurée des braves, la détresse du foyer."
William Morris - 1834-1896 - L'Art en Ploutocratie - Conférence mai 1883
"J'appelle ploutocratie un état de société où la richesse est le nerf principal des choses, où l'on ne peut rien faire sans être riche, où l'objet principal de l'ambition est de devenir riche, où la capacité et la moralité s'évaluent généralement (et avec plus ou moins de justesse par la fortune..."
Ernest Renan - 1823-1892 - L'Avenir de la science, Pensées de 1848 - 1890
"Le libre-échange intégral et la démocratie sont incompatibles, tout simplement parce que la majorité des gens ne veut pas du libre-échange. Donc, soit la démocratie gagne et on renonce au libre-échange, soit on supprime le suffrage universel parce qu'il ne donne pas les résultats souhaités par les libéraux. Le seul pays à avoir jamais inscrit dans sa Constitution le libre-échange a été les Etats américains sudistes, esclavagistes. Le Nord, industriel et démocratique, derrière Lincoln, était protectionniste. Normal, puisque le protectionnisme définit une communauté solidaire et relativement égalitaire, alors que le libre-échange suppose des ploutocrates et une plèbe."
Emmanuel Todd - Interview à Télérama - 2007
"Les mencheviks estimaient qu'il était inadmissible de "repousser" la bourgeoisie libérale au nom d'une alliance douteuse et incertaine avec les paysans. C'est en cela que consistait la "méthode" menchevique. La mienne consistait à rejeter la bourgeoisie libérale et à conquérir la direction de la paysannerie révolutionnaire. Dans cette question fondamentale il n'y avait pas de désaccord entre Lénine et moi. Lorsque je disais aux mencheviks, au cours de la lutte qui m'opposait à eux : "De toute façon, vous seriez les derniers à attribuer à la paysannerie le rôle dirigeant" ce n'était pas, comme Radek l'insinue, l'expression de ma solidarité avec leur méthode, c'était une façon de poser une alternative claire : la dictature de la ploutocratie libérale ou la dictature du prolétariat."
Léon Trotski - 1879-1940 - La révolution permanente - 1928