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vidéo de la conférence : https://youtu.be/iLN12gnrIvU
Quelques mots d’introduction pour cette conférence qui fit le procès du Père Noël. Si vous voulez sauter l’introduction cliquez ici ou regardez dans le sommaire à quel minutage vous devez aller.
Tout d’abord merci à StoriAE l'association des étudiants en histoire de l’université de Lausanne, pour nous avoir invités, après être tombés sur nos vidéos.[1] On était vraiment content de cette opportunité et de cette première : C’est Pas Sourcé en Live. Et merci à tous ceux qui sont venus, famille, amis ou inconnus.
Camille n’était malheureusement pas là pour la conférence. Elle étudie l’histoire à Lyon et ça aurait été un peu difficile pour l’aller-retour, mais elle a contribué par sa voix dans la vidéo sur Saint Nicolas. On espère être tous les trois là pour une future conférence, peut-être en France ? Pourquoi pas, si quelqu’un veut bien nous inviter à nouveau, mais comme vous allez le voir on est pas forcément les meilleurs conférenciers du monde, donc ça demandrait qu’on s’entraîne un peu d’ici là… Justement, en fehors de l’intervention de Camille sur Saint Nicolas, le rythme est un peu plus lent que nos vidéos habituelles,
Pour garder la forme de la conférence, je n’ai pas fait d’intertitres pour séparer chaque partie mais vous trouverez le sommaire habituel dans la description de la vidéo pour accéder à chaque partie séparément de même que des liens vers le texte de l’épisode qui contient les références évoquées et nos slides. On s’éloigne par contre un petit peu du script.
Vous trouverez aussi dans nos annexes un encart sur le développement littéraire de Saint Nicolas, de même que des traductions ou tentatives de traduction des textes qu’on a évoqués. Ce qui touche à un autre problème : on parle un peu du folklore allemand du XVIe siècle, mais on n’en est clairement pas spécialistes, et rien que la barrière linguistique nous a posé de nombreux problèmes, donc si vous êtes spécialiste du folklore allemand du XVIe siècle et que vous voulez corriger tout ce qu’on dit… Faîtes-le ! N’hésitez pas à le faire, ou même, si vous y êtes disposés entrez en contact avec nous afin qu’on fasse une version plus complète et précise de cette vidéo !
Aussi, rien à voir mais Camille me rappelle de vous dire d'activer vos notifications, en cliquant sur la petite cloche sur notre page, afin de ne manquer aucune de nos vidéos. Je comprends pas exactement ce système qui avertirait pas les gens abonnés mais je vous transmets linfo
J’ai édité quelques portions un peu vide de la vidéo ou qui posaient des problèmes de formulation, mais en dehors de ça, voici la conférence telle quelle. Et encore merci.
Lays:
Noël est pour le moins une fête controversée qui semble avoir une double nature chrétienne et quelque chose d’autre. Certains de ses éléments -- les cadeaux, le sapin, la fête -- n'ont pas une dimension théologique évidente, d’où des affrontements réguliers.
Dans le classique de Dickens Un chant de Noël le neveu de Scrooge dit ainsi qu’il a :
toujours regardé le jour de Noël quand il est revenu (mettant de côté le respect dû à son nom sacré et à sa divine origine, si l’on peut les mettre de côté en songeant à Noël), comme un beau jour, un jour de bienveillance, de pardon, de charité, de plaisir, le seul, dans le long calendrier de l’année, où je sache que tous, hommes et femmes, semblent, par un consentement unanime, ouvrir librement les secrets de leurs cœurs et voir dans les gens au-dessous d’eux de vrais compagnons de voyage sur le chemin du tombeau, et non pas une autre race de créatures marchant vers un autre but. (trad. Lorain 1859)
Donc il y a un fond chrétien, il faut pas le mettre côté bien sûr mais si on le met de côté, on trouve une espèce d’Esprit de Noël indépendant, d’harmonie de fraternité entre les hommes qui n’est pas proprement chrétien.
C. S. Lewis parle de la dualité de cette fête dans un texte satirique de 1954 qui se présente avec humour comme un chapitre perdu de l’historien grec Hérodote.[2] Il y oppose plusieurs fêtes “exmas”, où on se rue dans les magasins pour acheter des cadeaux et où on mange des repas luxueux en buvant trop avec des couronnes en papier, et “crissmas” où on se lève tôt le matin pour aller à la messe voir une scène bizarre de naissance d’un enfant avec des animaux autour. A cela il rajoute une troisième fête : la ruée vers les magasins, le Rush. Et il s’étonne que ces trois fêtes, si différentes se passent en même temps.
La fête moderne de Noël serait donc tripartite, à un contenu essentiellement chrétien on aurait rajouté des traditions qui n’ont rien à voir, certains diront païennes, et une bonne dose de consommation de masse, de mercantilisme.
Un des avatars de la fête dans sa version neutre, et qui s’éloigne pas mal de Jésus, c’est le Père Noël et il cristallise beaucoup de ces affrontements autour de la fête. Claude Lévi-Strauss évoquait le personnage en 1952 dans son article Le Père Noël Supplicié, que tout le monde aime citer à la période des fêtes. Un article qui a du bon et dumoins bon. Après que le Père Noël ait littéralement été brûlé en 1951 en place publique devant la cathédrale de Dijon :
“[cette exécution] avait été décidée avec l’accord du clergé qui avait condamné le Père Noël comme usurpateur et hérétique. Il avait été accusé de paganiser la fête de Noël et de s’y être installé comme un coucou en prenant une place de plus en plus grande. On lui reproche surtout de s’être introduit dans toutes les écoles publiques d’où la crèche est scrupuleusement bannie.”
L’Eglise fit savoir que :
“Pour nous, chrétiens, la fête de Noël doit rester la fête anniversaire de la naissance du Sauveur.”
Le procès de la fête de Noël dure depuis pas mal de temps, et le procès du Père Noël avec lui. Est-ce que ce vieux barbu est un vestige païen, est-ce qu’il est l’incarnation même du mercantilisme, ou est-ce qu’au fond il aurait réellement des racines chrétiennes ? On espère que vous le découvrirez avec nous dans cet épisode un peu spécial de C’est Pas Sourcé où on va retracer les procès du Père Noël. On va essayer de faire l’accusation et la défense, et c’est à vous de voir ce qui vous aura convaincu. Mais il nous manquera certains éléments pour faire une conclusion définitive.
Lays:
On va pas vous présenter en détail les origines de la fête de Noël, on l’a déjà fait dans une de nos vidéos, mais on peut revenir sur l’histoire d’une pratique: celle des cadeaux de Noël.
Antoine:
Si on remonte vraiment loin… Les Romains se donnaient des cadeaux aux calendes de janvier ou pendant les Saturnales, ce qu’on a traité dans deux de nos épisodes.[3] Et y’a de bonne chances que les cadeaux de Noël viennent de là.
Côté chrétien, la fête de Noël s’établit progressivement dans la deuxième moitié du quatrième siècle, parallèlement à la fête de l’épiphanie.[4] Au fil du temps, et en tout cas dès le Moyen-Âge la période de Noël s'étend aux 12 jours entre les deux fêtes, du 25 décembre à la veille du 6 janvier, et cette période absorbe des traditions romaines de façon assez variable, ce qui peut expliquer pourquoi dans certains pays on donne les cadeaux à Noël, dans d’autres à l’épiphanie et parfois encore au Nouvel An. La noël médiévale consiste surtout en de grands banquets et fêtes, au cours desquelles on offrait des cadeaux (parfois au sein d’une dynamique d’échange entre maitre et servant). C’est une période marquée par un certain relâchement social: le Doom Book, code de lois d’Alfred le Grand (deuxième moitié du 9ème siècle, ordonne par exemple un congé pour les homme libres de la Noël à l’épiphanie: “Eallum frioum monnum ðas dagas sien forgifene butan þeowum monnum and esne wyrhtan: XIIt welf(dagas on gehhol...”[5] (To all freemen let these days be given, but not to theow-men and esne-workmen: XII days at Yule…”)
Avec le temps, la fête reste associée à la charité. Il était ainsi attendu des personnes aisés, qui avaient de vastes demeures, d’inviter leurs voisins qui seraient plus mal lotis, et leur offrir un repas ce soir là, mais la coutume semble se perdre si on en croit un discours d’Henri VIII qui plaint que les notables délaissent leurs maisons de campagne où ils avaient l’habitude d’organiser des réceptions. La fête avait ici une fonction d’apaisement social, une tentative, apparemment d’atténuer les tensions entre les riches et les pauvres dans une dynamique d’échange festif. En dehors des célébrations liturgiques on trouve aussi des fêtes organisées par des confréries, par des guildes, bref des associations professionnelles, ou des villages, et la perpétuation comme le mumming et le wassailing, mentionnées dans notre épisode sur Samhain..
À l’époque moderne pour parler très vite on voit trois changements au fil du 18e puis du 19e:
Mais le Père Noël plante ses racines plus loins que la pratique des cadeaux, et on va maintenant s’intéresser aux figures qui amènent ces cadeaux, à commencer par Saint Nicolas.
Ah, Saint Nicolas ! Évêque de Myre, en Anatolie au IVème siècle, il est assimilé à un autre Nicolas, Nicolas de Sion, qui aurait cette fois vécu au VIe siècle.[6] On lui attribue des hauts faits assez standard : il est patron des prisonniers parce qu’il en amnistie trois et patron des marins parce qu’il calme une tempête comme le Christ. De l’Empire Byzantin au VIe siècle[7] son culte s’exporte dans toute l’Europe dès le IXe siècle[8] ce qui a pu être aidé en Occident par le transfert de ses reliques à Bari en 1087.[9]
Au Moyen Âge, il y devient probablement le saint le plus populaire, juste après la Vierge Marie.[10] Il devient le patron des enfants, on suppose parce qu’on raconte qu’il avait ressuscité trois religieux qu’un boucher avait tué et dépecé, notamment dans un poème rapporté par Wace[11] au XIIe siècle. Au fil des récits, les ecclésiastiques étudiants sont devenus des écoliers et enfin des enfants. Et Saint Nicolas le patron de ceux-ci. Il était fêté le 6 décembre. Une pratique assez populaire c’était celle de l’enfant évêque, où un jeune garçon était choisi pour jouer les fonctions d’évêque, ce qu’on trouve au moyen âge un peu partout en Europe.[12] Une variante, qu’on trouve à Fribourg c’est qu’un collégien joue Saint Nicolas, donnant un discours satirique depuis le perron de la cathédrale.[13]
Une autre histoire d’origine byzantine[14] qu’on retrouve dans la Légende Dorée (1261-6) de Jacques de Voragine a pu jouer un rôle pour en faire le patron des enfants : c’est qu’il jette de l’or par la fenêtre à des filles dont le père songeait à les prostituées par manque d’argent, ce qui en fait aussi le patron des indigents. En Alsace, Claus Berrer, le patricien de Strasbourg fait ainsi une donation à l’orphelinat en 1517. Pour citer Elisabeth Clementz :
Chaque année, pour la Saint Nicolas, chaque enfant de l’orphelinat qui sait marcher recevra comme cadeau une nouvelle paire de bottes et une pomme rouge dans laquelle il y aura un dénier […] en contrepartie chaque orphelin devra prier pour le salut de l’âme du bienfaiteur et de sa famille.[15]
Mais y’a une différence entre ça et raconter que les cadeaux viennent de Saint Nicolas.
Vous savez, le soir du 5 décembre, les enfants laissaient leurs souliers ou leurs bas et s’ils étaient sages, saint Nicolas leur amènerait des cadeaux. A quelle époque est-ce que ça apparaît ?[16]
La coutume est mentionnée par Martin Luther en 1531 qui dit que si les enfants font bien leurs prières et jeûnent, ils trouveront dans leurs bas des cadeaux de Saint Nicolas ou du Christkind l’enfant-Jésus, mais s’ils ne sont pas sages ils ne reçoivent qu’une baguette pour les battre (rute) ou du pferdopfel, du crottin de cheval.[17]
Au XVIe siècle en Suisse, Hospinien (1547-1626), lie la coutume à l’histoire de Saint Nicolas qui lance de l’or à trois jeunes vierges pour leur éviter les infamies de la pauvreté. Les parents raconteraient à leurs enfants que le saint passerait donner des cadeaux par les fenêtres même si elles sont fermées.[18] au même moment en Allemagne on a le même genre de discours chez Thomas Naogeorgus.[19]
Donc c’est dans le monde germanique que ça apparaît.
Et aux Pays-Bas une peinture de Jan Steen sur la fête de la Saint Nicolas, datée à 1665 ou 1666 témoigne de plusieurs éléments du rituel.
Des Pays-Bas, où le six décembre est toujours aujourd’hui une fête très importante, ils auraient exporté la coutume dans leur colonie de New Amsterdam, qui deviendrait ensuite New York. Washington Irving, qui a un intérêt assez romantique pour les Noëls traditionnels[20], mentionnait l’arrivée de Hollandais en Amérique dans un bateau orné d’une effigie de Saint Nicolas sur sa proue.[21] Il le faisait dans sa Knickerbrocker’s history of New York sortie le jour de la Saint Nicolas en 1809 et qui se présentait dans la campagne publicitaire qui précédait sa sortie, comme étant l’oeuvre d’un vieil Hollandais excentrique, de façon assez moqueuse.[22] Saint Nicolas y est omniprésent en tant que patron des hollandais, les aidant avec sesmiracles : en plus de décorer la proue des colons, il leur apparaît dans un rêve avec son chariot volant par-dessus les arbres qui lui permet chaque année de déposer dans les cheminées des cadeaux aux enfants la veille de la Saint-Nicolas[23] et de ce rêve ils interprètent la fumée de la pipe de Saint Nicolas comme le signe qu’ils doivent fonder la future ville de New York.
En 1810, Pintard, le fondateur de la société historique de New York représenta Saint Nicholas, sur un livret à destination de ses membres, il y est adressé en anglais et en hollandais, Saint Nicholas et Sancte Claus mais il s’agit clairement là de l’évêque de Myre avec tout son apparat. À ses côtés on voit l’enfant sage qui a reçu des jouets et l’enfant pas sage qui a reçu un fouet.[24]
Donc pratiquement dans la même année on a deux auteurs qui de façon plus ou moins comique connectent Sancte Claus à New York, ce qui augure certainement son destin américain.
En 1821, on trouve en effet un poème dans une brochure pour enfants anonyme, The Children’s Friend qui montre “Santeclaus” avec un traîneau tiré par un renne et des cadeaux assez bien étiquettés.[25]
Et tout ça influence probablement un autre New Yorkais, Clement Clarke Moore, l’auteur d’un poème de 1823, intitulé “A Visit From Saint Nicholas” que vous connaissez plus probablement sous le titre “The Night Before Christmas” qui combine tous ces éléments.
Ainsi naissait Santa Claus, le fameux Père Noël américain, notamment représenté par le caricaturiste Thomas Nast. Dans le siècle qui suit, on verrait sa légende s'élaborer, avec sa demeure au Pôle Nord ou le nom de ses huit rennes, et tout cela allait s’exporter en sens inverse, vers l’Europe, où il ferait concurrence à Jésus mais aussi, ironiquement, à Saint Nicolas.
Du moins c’est ce qu’on raconte, mais… cette histoire ne serait-elle pas un peu trop simple ?
Le procès du Père Noël continue parce qu’il doit maintenant répondre de certaines accusations, aurait-il des origines païennes ?
On suppose qu’il est lié à Thor parce qu’il a une charette[26] au dieu Gaulois Bel ou à un dieu Gargan hypothétique[27], certains académiques font des jongleries pour l’associer à Dionysos[28] à Prométhée[29] on a même un exemple qui lie Saint Nicolas à Poséidon, ou à des monstres marins nordiques, puisque c’est le patron des marins mais aussi à Artémis et aux rosalia romaines[30] ou à d’autres divinités encore.[31] Y’a peu de chances que toutes ces théories soient vraies en même temps.
Dans les années 80 on vit aussi les thèses de Rogan Taylor, pour qui le Père Noël serait lié à des pratiques chamaniques, il vole dans les airs, comme des chamanes dans leurs visions, il a des rennes comme les esprits rennes auxquels les chamanes se connecteraient, le rouge et le blanc ce serait à cause des Amanites Tue-Mouche que les chamanes consommeraient comme drogue, etc. Enfin, sans villipender l’usage de psychotropes, Rogan Taylor en prend sûrement plus que les chamanes qu’il décrit parce qu’il n’y a pratiquement rien qui colle avec le chamanisme sibérien, en fait, comme ça a été analysé par Ronald Hutton. Et même si on trouve encore ces thèses dans certains cercles néo-chamaniques[32] et répétés chaque année à la période des fêtes par des journalistes à court de nouvelles.[33]
Mais une des théories les plus populaires et qui a quelques mérites c’est de le lier à Odin.
Sur quoi on se base ?
Il donne les runes aux humains. Or, le Père Noël/S. Nicolas donne aussi des trucs.[34] Si on passe sur le fait que pratiquement tous les dieux, y compris le dieu chrétien donnent des trucs.
Les huit rennes du traineau viendraient des huit pattes de Sleipnir.[35] Un point pour l’inventivité mais ça va chercher loin.
Il a un cheval et Odin aussi.[36] Avant qu’on invente la voiture, c’est un peu comme si le cheval était alors un moyen de transport privilégié. Mais remarquez qu’après la deuxième guerre mondiale, à Bulle, on voyait Saint Nicolas en Jeep.[37]
Il parcourt le ciel.
A première vue le cheval pourrait être un point de comparaison intéressant.
C’est une analogie que fit Rosa Schömer en 1928[38] entre la coutume de laisser du foin ou de l’avoine pour la monture de Saint Nicolas, qui se pratiquait et se pratique encore de nos jours, et un texte du XVIe siècle du prédicateur luthérien Nicolaus Gryse, qui décrivait les paysans du Mecklebourg qui offraient la dernière gerbe de la récolte à Odin :
Wode hale dynem Rosse nu Voder
Nu Diestel unde Dorn
Thom andren Jhar beter Korn.
Dans la traduction de Marc André Wagner:
Wode vient chercher maintenant du fourrage pour ton cheval
Maintenant des chardons et des épines
Pour [nous donner] l’année prochaine le meilleur seigle !
Wagner nous dit que, selon Gryse,
les moissonneurs formaient un cercle autour de la dernière verve et retiraient leurs chapeaux pour cette « prière » dans laquelle on laissait une dernière gerbe de la récolte en offrande pour le cheval de Wodan. Des offrandes pour le cheval de saint Nicolas (qui interviennent donc au début de la période de l’Avent), attestées en Allemagne jusqu’au XIXe s., sont interprétées par certains ethnologues comme une variante de ce culte rendu à un génie équin de la fécondité. (Wagner M.-A, « Le cheval dans les croyances germaniques », in Paganism in the Middle Ages, Threat and Fascination pp.86-108)[39]
Geyers dans son histoire de la Suède, trouvait la coutume à Blekingen et Schonen.[40] Et certains rites similaires quant à la dernière gerbe de la récolte sont interprétées par Mannhardt et Frazer comme liée au cheval en tant qu’esprit des blés, le cheval qui mange la dernière gerbe ce serait l’esprit des blés de la récolte suivante consommant l’esprit des blés précédent.[41] On n’a pas trouvé l’article de Rosa Schömer, mais la même année, Lily Weiser fait ce genre de parallèles frazeriens en citant son article donc ce sont des analyses plutôt répandues.[42]
Et si on fait une comparaison à Odin. On lie aussi ça au motif de la Wild Hunt, la “chasse sauvage” un motif folklorique qui apparait à travers toute l’Europe. En gros, c’est l’apparition fantômatique dans les cieux, d’une horde de guerriers ou de chasseurs souvent pendant un orage et dans un contexte menaçant.[43] Jacob Grimm les avait décrites dans sa Deutsche Mythologie (chapitre 31 “Spectres” vol. 3 p.913-950 trad. Stallybrass).[44]
Le leader de la Wild Hunt varie beaucoup localement, ça peut être Satan, le Roi Arthur ou des personnages locaux morts de mort violente, ou une armée qui est passée par là une fois et qui repasse sans cesse, mais très souvent Grimm remarquait des liens avec la figure d’Odin, ou Wotan. Et on peut noter que ce terrible chasseur céleste a une certaine connexion avec les cheminées.[45] En effet, s’il s’agit d’une personnification de l’orage, on comprendrait qu’on ait peur qu’il fasse tomber la cheminée, un accident funeste.
En outre il note que la Wild Hunt semble beaucoup chasser le sanglier (p. 930ss) un animal qu’on sacrifiait aux fêtes de Yule. Et on peut noter que Odin a dans ses attributs Jolfadr, autrement dit le Père de Yule, donc il semble effectivement lié à la période même si Odin étant le père de tous, ça n’est pas forcément significatif.
Il pourrait donc y avoir un lien entre la monture d’Odin et la monture de Saint Nicolas, mais ça serait un gros changement de passer d’un esprit de l’orage, tardivement associé à l’agriculture, et qui menace les cheminées, à Saint Nicolas, qui passe par la cheminée pour donner des cadeaux.
Pour essayer d’élucider et encore je doute que ça tranche la question, il faudrait passer au peigne fin les collections de folklore allemand, ce qui est déjà au delà de nos compétences, et du reste pourrait très bien ne pas nous donner de réponse définitive.
Une explication alternative se trouverait à mon avis dans le fouet.
Déjà il y a une similarité morphologique, un truc fibreux, végétal, qui est mis dans le soulier. Mais surtout, regardons les choses comme ça : Vous ne mettez rien dans le soulier, vous recevez des cadeaux ou un fouet, suivant si vous êtes sages.
Par contre si vous mettez du foin, ou offrez du sel comme cadeau pour la monture de Saint Nicolas et pour attester qu'il est passé, et que vous recevez un fouet, ça semble assez injuste, non ?
Sur un autre plan si on vous laisse donner du foin, du sel, du vin à Saint Nicolas ou du lait et des cookies au Père Noël, ça commence à ressembler à un échange, ça annonce le fait que les cadeaux sont automatiques. Et du coup cette structure de punition et d'humiliation n'a plus vraiment sa place. Sauf que Van Gennep trouve deux exemples d’enfants qui donnent du foin et reçoivent des fouets et des crottes, en Picardie et en Moselle.[48]
Lays:
Mais je voudrais aussi revenir sur notre biographie du Père Noël. Ce n’est pas possible que ce soit Clement Clarke Moore ou Washington Irving qui ait inventé le Père Noël puisque simultanément on le trouvait en France chez George Sand qui raconte ses souvenirs d’enfance.
Ce que je me rappelle parfaitement, c'est la croyance absolue que j'avais à la descente par le tuyau de la cheminée du petit père Noël, bon vieillard à barbe blanche qui, à l'heure de minuit, devait venir déposer dans mon petit soulier un cadeau que j'y trouverais à mon réveil.[49]
Elle est née en 1804 et écrit en 1847, c’était au début du XIXe siècle, dans les années 1810.
De la même manière, le savant genevois Gaudy Lefort relevait en 1829 que les paysans genevois personnifiaient Noël et l’appelaient Chalande, du patois genevois ou savoyard pour dire Noël qui vient probablement de Calende les calendes de janvier. Ils chantaient : Chalande est venu sa barbe de paille son chapeau pointu, etc. et quelqu’un concluait la chanson en 1875 cassons des annailles donc des noisettes mangeons du pain blanc. Donc il amène pas forcément encore les cadeaux, c’est juste une représentation de Noël avec une barbe de paille donc blonde, qui présage qu’on va manger des noisettes et plus tard il sera le Père Chalande, comme le dit Van Gennep il a les attributs du Père Noël civilisé.
C’est trop tôt pour imaginer une influence directe de Santa Claus. Arnold Van Gennep, figure fondatrice de l’ethnologie française, se pose donc la question du Père Noël et de ses origines juste avant sa mort en 1957. Et il est plutôt sceptique.
Son leitmotiv, c’est que des similitudes morphologiques ne signifient pas des emprunts. Il refuse les origines païennes (“si seulement les montures de saint martin et saint nicolas étaient blanches”) mais il refuse aussi que Saint Nicolas soit la seule origine du Père Noël (2996). et il refuse que ce soit une influence américaine qui l’ait importée après la Seconde Guerre Mondiale.
Principalement parce que, comme il le relève dans son manuel de folklore contemporain : il y a beaucoup de personnages qui apportent les cadeaux, encore aujourd’hui, et pas toujours au même moment, on a Saint-Martin lors de sa fête le 11 novembre, au Nord de l’Europe, en Allemagne et dans les flandres orientales[50], mais bien sûr dans ces régions Saint Martin doit affronter la concurrence dévastatrice de Saint Nicolas le 6 décembre.
Au début du XVIe siècle, Martin Luther, mentionnait aussi le Chritkinde l’enfant-jésus, aujourd’hui, c’est une représentation assez particulière, où Jésus est joué par une jeune femme aux cheveux blonds. On a pu attribuer son succès dans le Sud de l’Allemagne à ce que les protestants voulaient lutter contre le culte des saints.[51] On en a en effet un exemple à Strasbourg en 1570.[52] Et parfois on va jusqu’à dire que c’est Luther qui l’a instauré.[53] Ce qui est peu probable car il mentionne le Christkind et Saint Nicolas et même temps, sur le même pied, et les deux de façon plutôt positive.
En effet dans les pays protestants on semble voir des personnifications plus neutres de Noël comme le Challande à Genève qui ressemble à un Saint Nicolas mais sans la mitre et la crosse qui sont peut-être un peu trop catholique. Dans le canton de Vaud, on a le bon Enfant, qui était probablement à l’origine l’enfant Jésus, mais au fil du temps il ressemble aussi à un Père Noël.[54] C’est un peu ce qui s’est produit dans les pays slaves Ded Moroz[55] (“Le Père Givre” ?) un personnage folklorique qui a été promu à l’ère soviétique parce qu’il était plutôt neutre religieusement. Et Gennep trouve d’autres personnifications du cycle des douze jours : Le Père Janvier, ou le Bonhomme l’Année qui représente donc le nouvel an, Olentzaro en pays Basque et en Navarre et aussi des personnages féminins plus rares : La Tante Arie, la Chaucheveille, la Vierge Marie, les Fées de Noël.[56] ou des saintes comme Sainte Barbe ou Sainte Lucie.[57]
Sauf que cette multiplicité n’est pas uniquement lié à la Réforme, puisqu’en Espagne relativement peu protestante, c’est les Rois Mages qui les apportent à l’épiphanie. En Allemagne Rhénane on trouve quand même beaucoup Saint Nicolas.[58] Et en Italie, c’est la Befana, une personnification de l’épiphanie. Et l’enfant-Jésus a en fait beaucoup de succès chez les catholiques où il est parfois un marqueur identitaire, d’où son succès en France, en Valais, au Sud catholique de l’Allemagne et en Autriche, alors que le Nord protestant et surtout la Prusse préféraient le Weihnachtsmann. Donc cette concurrence de personnages amenant les cadeaux n’est pas forcément évidente, puisqu’il y a des échanges entre protestants et catholiques, mais on peut expliquer ces connotations variables par des facteurs identitaires. L’enfant Jésus devient connoté catholique, le Weihnachstamnn protestant, Saint Nicolas reste très fort à Fribourg en Belgique ou en Hollande, puisqu’il est leur saint patron.
Facteur identitaire : pour se distancier des britanniques les américains revendiquent des racines hollandaises alors qu’elles sont plus que maigres. Fondation de Sons of St Nicholas en 1773.[59]
Il n’y pas de réels points communs dans les personnages qui apportent les cadeaux et on les trouve largement en dehors du monde germanique. Ou comme le dit Lévi-Strauss, cette multiplicité suggère qu’il ne s’agit pas “d’un prototype partout conservé” mais d’un phénomène de convergence[60]. Et dans ce contexte la question de l’origine n’est pas très importante puisqu’elle n’explique en rien cette diffusion et ces changements.
Mais certains ont voulu voir dans ces personnifications de la fête la véritable origine du Père Noël.
Antoine
Si on a pu trouver quelques traces en Angleterre, au XVe siècle Richard Smart, recteur de Plymtree dans le Devon (1435-1477) personnifie Noël dans un chant et prénomme le personnage "Nowell", "Sir Christemas" et "my lord Christemas". Il deviendra vite Father Christmas, dont la traduction littérale donne Père Noël. A une époque friande d’allégorie, il sert alors dans la polémique autour de la fête: en effet, les puritains et presbytériens, d’obédience calviniste, sont opposé à cette fête, dont la célébration est vue comme une invention catholique. A l’image de son interdiction à Genève, elle est ainsi interdite par le Kirk d’Ecosse de John Knox en 1561. Dans Summer's Last Will and Testament (1592), une pièce élisabéthaine de Thomas Nashe, qui met notamment en scène les quatre saisons, un personnage nommé Christmas refuse les fêtes exubérantes dont on l’afflige. Et les partisans du côté festif de Noël répondent pareil, dans le contexte explosif de la guerre civile Anglaise: ainsi en 1646 dans The Arraignment, Conviction and Imprisoning of Christmas (L’arrestation, l’inculpation et l’emprisonnement de Noël) on voit une femme décrite comme “malignant” - donc, dans le contexte de la guerre civile, royaliste - se plaindre de l’absence du Père Noël et de la disparition de sa fête, et apprendre d’un crieur qu’il a été arrêté et jeté en prison. Un an plus tard, Noël est effectivement interdit en Angleterre par le Long Parlement et le restera tout le long du Commonwealth. Dans The Vindication of Christmas (1652-3) de John Taylor, Father Christmas se plaint que les villes puritaines soient dépourvues de décorations et on voit un portrait de Father Christmas entre quelqu’un qui l’accueille et quelqu’un qui le rejette, sur le point de dégainer son épée.[61]
En 1658, un pamphlet The Examination and Tryal of Old Father Christmas [Gutenberg] décrit ses pommettes rouges, l’associe aux festivités, à l’hospitalité et à la générosité envers les pauvres, même s’il n’a pas encore de lien direct aux cadeaux et aux enfants puisque vu la quantité d’alcool qu’il boit on parle des célébrations des adultes et de même on a un portrait de Father Christmas.[62]
On voit donc que ça n’a rien de fabuleux de représenter Noël comme un vieux bonhomme avec une barbe blanche.[63]
Ca peut contribuer au XIXe siècle, à tous ces Père Noël, Bonhomme Noël etc. qu’on voit apparaître (Lepagnol 108-110) même si en de nombreux endroits ils semblent des innovations en France. (Van Gennep 2996-3004)
Il nous reste encore une théorie.
Vous connaissez le drill, le Père Noël a été inventé par Coca Cola. Et vous avez bien vu dans cette vidéo que c’était faux.
Le premier poster de Coca Cola avec le Père Noël date de 1931, largement après que le personnage soit populaire, d’ailleurs le message publicitaire qui va avec laisse clairement entendre que le public le connaît déjà.
C’est assez marrant ce personnage parce que d’un côté y’a des gens qui disent qu’il a été inspiré par Odin, d’autres qu’il a été inventé par Coca-cola. Soit c’est une fête païenne très ancienne, soit c’est une fête commerciale très récente.
Et le fait est que c’est ni l’un ni l’autre, au sens propre du terme. Mais ça a fondamentalement été une fête mondaine, remplies de préoccupations terrestres, soucieuse de l’ici-bas. Et il semble que le renouveau de la fête a emporté un réel succès populaire et que les marchands se soient juste greffés dessus, tout comme il semble que les origines païennes du Père Noël soient plus spéculatives qu’autre chose, ou en tout cas qu’elles n’aident pas à expliquer cette évolution.
Une fonction pas forcément évidente du Père Noël est initiatique. On ne se rend pas forcément compte parce que cette initiation n’est pas explicite, mais elle est là. Le Père Noël établit une séparation entre les jeunes enfants qui croient encore au personnage et ceux qui ont compris que c’était leurs parents qui leurs offraient des cadeaux. Et quand vous réalisez, au détour de la cour de récré, que c’était pas pour de vrai, vous passez d’un groupe à l’autre, vous passez de ceux qui écoutent l’histoire à ceux qui la racontent.
Ce n’est pas pour rien que les affrontements autour de la fête sont si vifs, et ce n’est pas un accident si la plupart des films de Noël parlent de trouver le vrai esprit de Noël, de sauver Noël. Dès son “renouveau” victorien, où elle se séparait un peu de son contenu chrétien, cette célébration promettait beaucoup trop, elle était brandie comme un remède contre la tristesse de la vie moderne, déchirée par l’industrialisation, comme un moment privilégié de paix mondiale, un vecteur d’harmonie sociale, un moyen d’équilibrer les dissensions entre les riches et les pauvres, pas étonnant dès lors qu’on l’oppose à la guerre, qu’on le mette à l’épreuve, qu’on mette continuellement en scène sa désillusion.
Qu’on nous montre ses promesses non tenues : ainsi les emplettes des fêtards indifférents à la guerre dans le film Things to Come de 1936 sur un script de H. G. Wells[64] où ces scènes célèbres des soldats qui font une trève de Noël dans les tranchées, régulièrement représentées au cinéma. On s’interroge, est-ce que Noël est une hypocrisie ? Est-ce que c’est un voeu pieux qui véritablement amènera la paix ?
On a vu qu’un des problèmes du Père Noël c’était sa neutralité, et effectivement ça peut être un peu agaçant ! Au milieu d’une guerre il vient donner des cadeaux aux français et aux allemands, il pourrait quand même choisir un côté. Il vient même donner des cadeaux à Hitler, je veux dire, on n’est pas difficile, mais est-ce qu’il devrait pas être sur la liste des enfants méchants ?
Et de la même manière on aime bien contrer cette image du Père Noël. TVtropes a une page entière “Bad Santa” pour répertorier notamment le cliché du mauvais Père Noël de Supermarché avec des Pères Noëls cyniques[65], alcooliques, comme dans A Christmas Story ou ce film de 2003 littéralement appelé Bad Santa.
Mais bien sûr on peut subvertir la subversion, par exemple avec cet épisode de The Twilight Zone, “Night of the Meek” en 1960, qui montre ce Père Noël de supermarché alcoolique et désillusionné mais qui trouve une hotte magique qui lui permet de donner à chaque personne le cadeau qu’ils désirent qui, et à la fin de l’épisode, alors qu’il réalise que le cadeau que lui-même souhaiterait serait de pouvoir donner ces cadeaux à tous, il devient véritablement le Père Noël. C’est d’ailleurs une des rares fois où un épisode de Twilight Zone ne se termine pas de façon horrible pour le protagoniste.
Et pour une fois, il est épargné par le jury, loin des prisons anglaises puritaines, loin des bûchers ecclésiastiques de Dijon, loin des moqueries hollywoodiennes, le Père Noël peut faire son office.
Merci d'avoir regardé cette vidéo, alors pour aller plus loin vous pouvez déjà consulter notre script avec des liens vers les sources évoquées quand elles sont disponibles et nos références.
Parmi celles qu'on a le plus utilisé, l'ouvrage collectif de 2015 : En orient et en occidnet, le culte de Saint Nicolas en Europe. Ces ouvrages collectifs où chacun bosse de son côté peuvent être assez frustrant mais je trouve celui-ci très complet, avec des articles sur l'archéologie de la ville de Myre, avec des articles sur Saint Nicolas dans l'Empire Byzantin, chez les carolingiens, en Pologne, en Angleterre, en Alsace, à Fribourg, en Albanie, etc.
On a bien sûr utilisé le tome 7 du manuel de folklore français de Van Gennep sur la fête de Noël au sein du cycle de des douzes jours. D’ailleurs je suis pas sûr du tout que je prononce son nom correctement.
Et pour une synthèse du Père Noël qui est encore assez solide, voyez Biographies du Père Noël de Catherine Lepagnol, qui date de 1979. Les notes sont pas pratiques du tout dedans par contre.
Pour les incarnations littéraires du Père Noël, il y a le chapitre 3 de Stations of the Sun, de Ronald Hutton, intitulé justement “The Trials of Christmas”. (25-33)
Je suis certain qu'il y a des ouvrages beaucoup plus pointus que ça, donc n'hésitez pas à nous les conseiller si vous en avez.
Et on vous dit à la prochaine fois.
Sur Noël
Sur Saint Nicolas
Sources
Sur le Père Noël
Sur Zwarte Piet
Prière à Woden autour de la dernière gerbe de céréales :
Nourrir la monture de S. Nicolas
Autres origines païennes
Personnifications de Noël dans des pamphlets anglais
Sites web
http://www.amazon.com/Myths-That-Stole-Christmas-Misconceptions-ebook/dp/B0189EUTDQ
http://www.bouletcorp.com/2008/12/17/
https://archive.org/details/ChristmasShow2008
https://archive.org/details/TheNightBeforeChristmas_235
https://archive.org/details/ChristmasBubbleLight
The Twilight Zone (2x10) “The Night of the Meek” 1960.
Fig. 1 : Frontispice de John Taylor's pamphlet The Vindication of Christmas (1652) [Wikimedia]
Fig. 2 : Frontispice de The Examination and Tryal of Old Father Christmas (1658) [Manuscrit][JPG]
Fig. 3 Saint Nicolas sur le livret de Pintard pour la New York Historical Society (1810) [Wikimedia]
Fig. 4 The Children’s Friend (1821)
Fig. 5 Thomas Nast, personnage représentant Noël
Le développement littéraire de Saint Nicolas en grec est résumé par Roger Pearse http://archive.is/Vffx8 [feb 2015] à partir de BLOM A. Nikolaas van Myra en zijn tijd, Hilversum, 1998, p.259-262. Cf. Burnett The Cult of St Nicolas in Medieval Italy 2009:4-7 ; MAGDALINO Paul "Le Culte de Saint Nicolas à Constantinople" in Gazeau 41-55. et l'indépassable recueil de textes Gustav ANRICH Hagios Nikolaios […] (1913-7).
[Le passage suivant traduit approximativement Burnett 2009:24-26]
La Vita per Michaëlem, la première vie survivante complète (début IXe) contient les épisodes :
Naissance et miracle du bain ; Les trois vierges démunies ; S. Nicolas consacré évêque ; S. Nicolas détruit des temples païens ; Praxis de Stratelates (les trois généraux) ; Sauve un navire d’une tempête ; Miracle des navires emplis de céréales ; Mort de S. Nicolas et Miracle de la tombe ; Arbre de Plakoma ; La nonne et l’huile ; Nicolas détruit des idoles ; Nicolas distribue l’aumône
La Vita compilata (c. 900) et la Vita per Metaphrasten (fin Xe s.) contiennent des épisodes supplémentaires : écolage de S. Nicolas (les deux), S. Nicolas soigne un possédé (Vita Compilata) et S. Nicolas soigne un aveugle (Vita per Metaphrasten).
En plus de tout ça l’Encomium Neophyti (c.1200) contient de nouvelles histoires qui vont devenir importantes :
Aussi il prend du galon au sein de l’Eglise, dans la Vita per Metaphrasten il est diacre, dans la Vita Compilata prêtre et dans l’Encomium Neopyhti archêveque. (Burnett 2009:24-26)
Les trois prisonniers
Le sauvetage des marins :
Le récit des trois vierges démunies et sacs d’or se trouve dans la Légende Dorée (1261-6)
"Tunc quidam contermineus suus satis nobilis tres filias ob inopiam prostituere cogitur, ut sic earum commercio aleretur. Quod ubi sanctus comperit, scelus abhorruit et massam auri panno involutam in domum eius per fenestram nocte clam iecit et clam recessit. Mane autem surgens homo massam auri reperit et Deo gratiam agens primogenitae nuptias celebravit. Non multo post tempore Dei famulus simile peregit opus. Quod rursus ille reperiens etiam laudes immensas prorumpens de cetero vigilare proposuit, ut sciret, quis esset, qui suae inopiae subvenisset. Post paucos etiam dies duplicatam auri massam in dornum proiecit, ad cuius sonitum ille excitatur et Nicolaum fugientem insequitur talique voce alloquitur: "Siste gradum teque aspectui ne subtrahas meo." Sicque accurrens velocius Nicolaum hunc esse cognovit. Mox humi prostratus osculari volebat pedes eius, quod ille refutans ab eo exegit, ne eum, quamdiu viveret, publicaret." | "À la mort de ses parents, devenu très riche, il chercha un moyen d’employer ses richesses, non pour l’éloge des hommes, mais pour la gloire de Dieu. Or un de ses voisins, homme d’assez noble maison, était sur le point, par pauvreté, de livrer ses trois jeunes filles à la prostitution, afin de vivre de ce que rapporterait leur débauche. Dès que Nicolas en fut informé, il eut horreur d’un tel crime, et, enveloppant dans un linge une masse d’or, il la jeta, la nuit, par la fenêtre, dans la maison de son voisin, après quoi il s’enfuit sans être vu. Et le lendemain l’homme, en se levant, trouva la masse d’or : il rendit grâces à Dieu, et s’occupa aussitôt de préparer les noces de l’aînée de ses filles. Quelque temps après, le serviteur de Dieu lui donna, de la même façon, une nouvelle masse d'or. Le voisin, en la trouvant, éclata en grandes louanges, et se promit à l’avenir de veiller pour découvrir qui c’était qui venait ainsi en aide à sa pauvreté. Et comme, peu de jours après, une masse d'or deux fois plus grande encore était lancée dans sa maison, il entendit le bruit qu’elle fit en tombant. Il se mit alors à poursuivre Nicolas, qui s’enfuyait, et à le supplier de s’arrêter, afin qu’il pût voir son visage. Il courait si fort qu’il finit par rejoindre le jeune homme, et put ainsi le reconnaître. Se prosternant devant lui, il voulait lui baiser les pieds ; mais Nicolas se refusa à ses remerciements, et exigea que, jusqu’à sa mort, cet homme gardât le secret sur le service qu’il lui avait rendu." (Jacques de Voragine, Légende Dorée (1261-6) trad. Wyzewa 1910 sur Wikisource.) |
Et était aussi le sujet d’un mystère latin : Primum Miraculum Sancti Nicolai (XIIIe s.)
[passage suivant copiant le texte d’articles comme celui-ci ou celui-ci.]
Le miracle du saloir de Saint-Nicolas apparaît au Moyen-Âge occidental.
1° un passage de la Vie de saint Nicolas [GBooks][autre] (<1175) poème en octosyllabes du trouvère Wace : c’est un énoncé sommaire du miracle (14 vers en tout), sans beaucoup de détail.
“Treis clercs alouent a escole / - N'en ferai mie grant parole. - Li ostes par nuit les occist / Les cors musçat, l'aver en prist Seint Nicholas par Deu le sout, / Sempres fu la si cum Deu plout. Les clercs a l'oste demendat, / Nes pour celer si les mustrat Seint Nicholas par sa preere / Mist les almes enz el cors arere. Puur ceo qu'as clercs fit cel honur / Funt li clers la feste a son jur De ben lire et ben chanter / Et des miracles reciter” (v. 213-226) | Trois clercs allaient à l’école -Je n’en ferai pas une longue histoire [parole]- Leur hôte la nuit les occit Cacha leurs corps et pris leur argent Saint Nicolas par Dieu le sut Il était par là comme il plaisait à Dieu Il demanda les clercs à l’hôte Il ne put les cacher [et] les montrat Saint Nicolas par sa prière Remis les âmes dans les corps [“mis en corps arière” = remettre en corps] Puisqu’aux clercs il fit cette honneur Les clercs célèbrent la fête en ce jour [ce qui consiste à] bien lire et bien chanter et des miracles [de S. Nicolas?] réciter |
2° un petit mystère latin (Secundum miraculum Sancti Nicholai [GBooks]), qui fait partie d’un recueil du XIIIe siècle intitulé Mysteria et Miracula ad scenam ordinata ; recueil provenant de l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire et publié par Monmerqué et Bouderie à la suite du Jus Sancti Nicolai de J. Bodel (Didot, 1834). Ce recueil de drames, en vers latins rythmiques et rimés, est évidemment d’origine et de destination cléricales. Voici l’analyse de celui qui nous intéresse.
Trois clercs, voyageant pour leurs études et surpris par la nuit, frappent à la porte d’un certain vieillard, à qui ils demandent à loger. Et comme celui-ci fait des difficultés, ils s’adressent à sa femme, non moins vieille, lui promettant qu’en récompense Dieu peut-être bien, lui accordera de mettre au monde un fils. La vieille consent, les clercs sont reçus et couchés. Mais pendant qu’ils dorment, l’hôte se prend à soupeser leurs bourses pleines d’écus et trouve qu’il y aurait là une belle occasion de s’enrichir. A la bonne heure, approuve la femme, coupe-leur donc le col ! (ou plutôt car l’auteur affecte le style noble :Evagines ergo g
La -dessus arrive saint Nicolas, que l’hôte accueille sur sa bonne mine. Il lui offre quantité de plats différents ; mais le saint refuse toujours, il ne veut que de la « chair fraîche ». - Je n’en ai pas. - Voilà un grand mensonge ! Tu en as de toute fraîche, et que tu as saignée pas amour de l’argent. L’hôte et sa femme atterrés se jettent aux pieds du saint. Celui-ci les exhorte au repentir, il se fait apporter les trois corps et prie Dieu de les rappeler à la vie. Les clercs ressuscitent.
3° un sermon attribué à saint Bonaventure, mort en 1274 (Sancti Bonaventuræ Opera). D’après le récit du sermonnaire, court et peu circonstancié, deux (sic) écoliers nobles et riches, faisant route vers Athènes, s’arrêtent à la ville de Myre. L’hôte qui les héberge (il n’est pas fait allusion à sa femme), après les avoir occis dans leur sommeil, « les taille en morceaux comme viande de porc et met leurs chairs au saloir ». Saint Nicolas, averti par un ange, les vient ressusciter.
Pas présent dans la Légende Dorée (1261-1266)
On doit également à Wace les épisodes (Burnett 2009:27)
qu’on retrouvera chez Jean de Mailly (Abbreviatio in gestis et miraculis sanctorum), Bartholomée de Trente (Epilogus in gesta sanctorum) ou Vincent of Beauvais.
Trad. en Luther’s Works 1968 volume 14 “Selected Psalms” p.109-134.
D’après un post de blog d’un pasteur[66] Un autre cite une autre portion[67] Et le passage en question est cité ici.
und stehet alles wol wie die Heiden thetten als der König zu Babel (Daniel iiii) seine stad Babelrhume te / und Arbaces seine städ Egbathanis und mustens] anders lernen / Sondern schreibe solchen reim drauff / Nu hilff Gott odder uns ist hiemit ungeholsfen] Er kund dir wol korn und fruchte geben on dein pflügen und pftantzen. Aber er wills nicht thun / So wil er auch nicht / das dir dein pflügen und pfian tzenkornzund fruchte geben / sondern du solt pflügen] und pflantzen und darauff einen segen sprechen und beten also / Nu berat Gott / Nu gib korn und frucht lieber Herr / Unser pflügen und pflantzen wer dens uns nicht geben Es ist deine gabe / Gleich wie man die kindlin gewenet das sie fasten und beten / und ir kleiderlin des nachtes ausbreiten / das in das Christkindlein oder Sanct Nicolas bescheren sol / Wo sie aber nicht beten nichts bescheret odder eine rute und pferdopfel bescheret Was ist aber alle unser erbeit auff dem Felde im garten / inn der stad / im hause / im streit / im regiern / anders gegen Gott / denn ein solch kinderwerck / da durch Gott seine gaben / zu felbe / zu Hause und all- enthalben] geben wil? Es sind unsers herrn Gotts laruen / darunter wil er verborge sein und allesthun Dette Gideon nicht dazu gethan und were zu felde gezogen Widder Midian / so weren die Midianiter nicht geschlagen / Und Gott hette sie doch wol on Gideon können schlahen / Er kunde wol kinder schaffen / on man und welb / Aber er wills nicht thun / | Et se tint tous comme les paiens avec le Roi de Babylone (Daniel 4) dans sa ville de Babylone et Arbaces sa ville Egbathanis et mustens [noir?] apprendre différents / mais écrire une telle rime drauff Et dieu nous aide par les présentes [débrouille?] Il pourrait te donner du grain et des fruits sans ton labourage et semage. Mais il ne veut pas faire ainsi. Aussi ne veut-il aussi / que tes seuls labours et semences [du grain] te donnent donner des fruits / par contre il vous faudra labourer] et planter et après dire une bénédiction et prier aussi : “ Dieu / Maintenant donne du grain et des fruits cher Seigneur / notre labourage et semage ne fera pas l’affaire / C’est vous seul qui les donnez[68] / De même que] les enfants s’habituent à jeûner et prier / et la nuit étendre leurs [robes, collants ?] / afin que L’enfant Christ ou Saint Nicolas Mais ceux qui ne prient pas ne reçoivent rien d’autre qu’un fouet et du crottin de cheval [pommes-de-cheval] Que d’autre est tout notre travail [pour dieu] dans le champ dans le jardin] / dans la ville / dans la maison / dans la rue / en guerre? / en règne] [pour Dieu] / sinon un travail d’enfant / à travers [lequel] Dieu [veut] nous donner ses dons / dans les champs / dans les maisons et partout ailleurs] ? [… ] |
"Mos est plurimis in locis, ut in Vigilia Sancri Nicolai Parentes pueris ac uellis clam munuscula varii generis dent, illis opinantibus, S. Nicolaum cum suis famulis inc inde per Oppida ac Vicos discurrere, per clausas fenestras ingredi et dona ipsis distribuere. Originem duxit hic Mos ex fabell a quae S. Nicolao affingitur quòd dotem dederit tribus filiabus egeni jujusdam civis, ipsa ob egestarem prostituere volenis, hoc modo : conjecit Crumenam pecunia refertam clam notu perfesestram in Cubiculum patris earum, unde hoestè eas elocare potuit." De Orig. Festor. Christian. [fol. 153?] i.e. De festia Judæorum et Ethnicorum, hoc est de origine, progressu, ceremoniis et ritibus festorum dierum Christianorum (2 vols., 1592-93; révisé en 1611 et 1612); p. 162 tome combien ? [GBooks][capture] | “[15th century Swiss] writer Hospinian wrote: it was the custom for parents, on the vigil of St Nicholas, to convey secretly presents of various kinds to their little sons and daughters who were taught to believe that they owed them to the kindness of St Nicholas and his train, who, going up and down among the towns and villages, came in at the windows, though they were shut, and distributed them. This custom originated from the legendary account of that saint having given portions to three daughters of a poor citizen whose necessities had driven him to an intention of prostituting them.” Brand Popular Antiquites 1841:I.231 |
Nicoleos fertur clam aurum donasse puellis Qui pueris ut nunc etiam donetq puellis Illius ante diem suadent ieiunia matres. Et post oppressis somno pira, poma, nucesque Pilea, calceolos, uirgas quoq; flammea, zonas Supponunt tacitè. quae manè reperta, dedisse Nicoleon dicunt animosque ; hoc more tenellos In cultu instituum divorum, adq; impia ducunt Quid Thomas Naogeorgus Regnum papisticum, 1553:158 | “Saint Nicholas money used to give To maidens secretly, Who, that he still may use His wonted liberalitie The mothers all their children on the eve Do cause to fast And when they every one at night In senselesse sleepe are cast Both Apples, Nuttes, and peares they bring, And other things besides As caps, and shooes and petticotes, Which secretly they hide, And in the morning found, they say That this Saint Nicholas brought / Thus tender mindes to worship Saints and wicked things are taught”
Traduction anglaise : The popish kingdome, or reigne of Antichrist, written in Latine verse by Thomas Naogeorgus, and englyshed by Barnabe Googe, 1570, p. 56. [http://archive.is/iYbp9] | Et après leurs sommeil, des poires, des pommes et des noix des bonnets/capuchons [pilea] des sandales et des verges dans les zones de flamme [cheminées] Et le lendemain matin disent que Nicolas les a ainsi des mores tendres dans le cultes des dieux sont institués ainsi sont méchants (impia) |
Brand, Popular Antiquites 1841:I.231
[1] Leur site : https://www.asso-unil.ch/storiae/
[2] XMAS AND CHRISTMAS - A Lost Chapter from Herodotus [archive.is]
[5] The Legal Code of Ælfred the Great, ed. Milton Haight Turk, 1893, p. 102.
[6] L'hagiographie grecque démarre (hormis une eulogie douteuse attribuée à Proclus (390-447)) avec la vie de S. Nicolas de Sion, rédigée peu après sa mort (Cf. trad. Ševčenko 1984 [en] Ruggieri 2013 [it]). Apparaissent ensuite des épisodes isolés comme la légende des trois généraux (Praxis de Stratelatis, Ve s. ?), citée par la refutatio de Eustrathios de Constantinople (?-600), et au IXe siècle des vies complètes rédigées par l'archimandrite Michel (814-843?) et le futur patriarche Méthode (<843?) Cf. Annexe 1. Développement littéraire résumé par Roger Pearse http://archive.is/Vffx8 [feb 2015] à partir de Blom 1998:259-262. Cf. Burnett 2009:4-7 ; MAGDALINO Paul "Le Culte de Saint Nicolas à Constantinople" in Gazeau 41-55. et l'indépassable recueil de textes Gustav ANRICH Hagios Nikolaios[…] (1913-7).
[7] Sont témoins de sa popularité les nombreuses églises qui lui soient dédiés, les gens baptisés de son nom (dont le pape Nicolas Ier) ses mentions dans des martyrologes carolingiens (d’Adon ou d’Usuard) ou le culte de ses reliques à Fulda en 818. (Garipzanov 230) La première vita latine (hormis une sorte de traduction de la Praxis de Stratelatis) semble celle de Jean le Diacre (880), suivie par celles de Joel du Mans ou d'un moine de Brauweiler (Burnett 2009:26) et dans l’Empire Romain germanique par Reginald de Eichstätt (c. 966-991) et Otloh de Emmeram (1ère moitié du XIe s.) Développement peut-être lié au mariage de Otton II avec Theophano, une princesse byzantine, même si les dévotions à S. Nicolas commencent avant et s’intensifient surtout avec leurs descendants. Cf. Corbet in Gazeau 107-124.
[8] L’étude de Meisen 1931 fait référence cf. aussi Jones 1987 et Cioffari 1987. En Italie médiévale : Burnett 2009. [Paginations suivantes in Gazeau (dir.) 2015] En Pologne : Starnawska 258-272 ; en Russie et Scandinavie : Musin 195-227 (et Garipzanov 2010) ; en Angleterre : Campione 323-346 ; en Irlande : Olivieri 311-322 .
[9] Sur le culte de Saint Nicolas voir Meisen 1935. Otranto in Gazeau 125-146.
[10] Comme le mentionne Giorgio Otranto à la fin du concile de Bari en 2010. (cité Gazeau 2015:8)
[11] Wace introduisait également d’autres thèmes (Burnett 2009:27s)
[12] Hutton, Stations of the Sun 1996, chap. 9.
[13] On trouve une trace de cette coutume dans les écrits du Chapelain Gobet qui dit qu’il faudra : “choisir un joli garson pour être Saint Nicolas” et dans le Katherinenbuch de 1577, un recueil de règles scolaires. Tremp in Gazeau 2015:369-384 esp. 378-380
[14] Le miracle des trois sacs d’Or se trouvait déjà dans les vies grecques Vita per Michaëlem (début IXe s.), la Vita compilata (c. 900) et la Vita per Metaphrasten (fin Xe s.). Texte latin et traduction française de la version de la Légende Dorée reproduits dans l’annexe 1.
[15] Clementz 364. citant AMS 1AH 1799:1517.
[16] Dès 1163 on le verrait à Utrecht, aux Pays-Bas. Au XIIe siècle, des nonnes françaises commenceraient à laisser des cadeaux aux portes d’enfants dans le besoin. (trouvé sur uinternet maisas trouvé de référence)
[17] Cf. Annexe 2 "This is what we do when we teach our children to fast and pray and hang their stockings that the Christ Child or Saint Nicholas may bring them presents. But if they do not pray they will get nothing or only a switch and horse apples (pferdopfel)" Martin Luther en 1531 (cité par Bowler chap. 1) “Der hundertsiebenundvierzigste Psalm, Lauda Jerusalem” [GBooks]
[18] "Mos est plurimis in locis, ut in Vigilia Sancti Nicolai Parentes pueris ac uellis clam munuscula varii generis dent, illis opinantibus, S. Nicolaum cum suis famulis inc inde per Oppida ac Vicos discurrere, per clausas fenestras ingredi et dona ipsis distribuere. Originem duxit hic Mos ex fabell a quae S. Nicolao affingitur quòd dotem dederit tribus filiabus egeni jujusdam civis, ipsa ob egestarem prostituere volenis, hoc modo : conjecit Crumenam pecunia refertam clam notu perfesestram in Cubiculum patris earum, unde hoestè eas elocare potuit." De Orig. Festor. Christian. [fol. 153?] i.e. De festia Judæorum et Ethnicorum, hoc est de origine, progressu, ceremoniis et ritibus festorum dierum Christianorum (2 vols., 1592-93; révisé en 1611 et 1612); p. 162 tome combien ? [GBooks][capture]
“[15th century Swiss] writer Hospinian wrote: it was the custom for parents, on the vigil of St Nicholas, to convey secretly presents of various kinds to their little sons and daughters who were taught to believe that they owed them to the kindness of St Nicholas and his train, who, going up and down among the towns and villages, came in at the windows, though they were shut, and distributed them. This custom originated from the legendary account of that saint having given portions to three daughters of a poor citizen whose necessities had driven him to an intention of prostituting them.” Popular Antiquites 1841:I.231 (avec texte latin) Également cité par Seal Jeremy, Nicholas: The Epic Journey from Saint to Santa Claus 2005:152-153. [St Nicholas Center] Sur Hospinien [GBooks]
[19] Traduction anglaise de Barnabe Googe : The popish kingdome, or reigne of Antichrist, written in Latine verse by Thomas Naogeorgus, and englyshed by Barnabe Googe, 1570, p. 56. [http://archive.is/iYbp9] qui traduit Regnum papisticum, 1553:158. Cité par Brand, Popular Antiquities 1841:I.231. (227-237) [GBooks] : “The custom in 16th century Germany, as described by Thomas Naogeorgus: Saint Nicholas money used to give To maidens secretly, Who, that he still may use His wonted liberalitie The mothers all their children on the eve Do cause to fast And when they every one at night In senselesse sleepe are cast Both Apples, Nuttes, and peares they bring, And other things besides As caps, and shooes and petticotes, Which secretly they hide, And in the morning found, they say That this Saint Nicholas brought” Texte de Naogeorgus aussi cité par Seal 2005:152-153 et par Bowler chap. 1 sans le nommer.
[20] in The Sketch Book 1819-20
[21] Book I chap. II [Gutenberg]
[22] “And the sage Oloffe dreamed a dream—and, lo! the good St. Nicholas came riding over the tops of the trees, in that self-same wagon wherein he brings his yearly presents to children.” (chap. V) “At this early period was instituted that pious ceremony, still religiously observed in all our ancient families of the right breed, of hanging up a stocking in the chimney on St. Nicholas Eve; which stocking is always found in the morning miraculously filled; for the good St. Nicholas has ever been a great giver of gifts, particularly to children.” (livre II chap. 9)[Gutenberg]
[23] “Thrice happy and ever to be envied little burgh! existing in all the security of harmless insignificance—unnoticed and unenvied by the world, without ambition, without vain-glory, without riches, without learning, and all their train of carking cares; and as of yore, in the better days of man, the deities were wont to visit him on earth and bless his rural habitations, so we are told, in the sylvan days of New Amsterdam, the good St. Nicholas would often make his appearance in his beloved city, of a holiday afternoon, riding jollily among the treetops, or over the roofs of houses, now and then drawing forth magnificent presents from his breeches pockets, and dropping them down the chimneys of his favorites. Whereas, in these degenerate days of iron and brass he never shows us the light of his countenance, nor ever visits us, save one night in the year; when he rattles down the chimneys of the descendants of the patriarchs, confining his presents merely to the children, in token of the degeneracy of the parents.” (livre III chap. 3)[Gutenberg]
[26] nisbett: Santa and Thor[archive] qui cite A. Grueber, Myths of Northern Lands, Vol. I, New York, 1895, 61ff
[27] Lepagnol
[28] Defrenet Bernard, « De Dionysos au Père Noël . Paternité et archaïsme oral», Topique2/2001 (no 75) , p. 123-143 DOI : 10.3917/top.075.0123.
[29] Berthelot Francis. Prométhée et le Père Noël. In: Communications, 78, 2005. pp. 211-220.
[30] George Harley McKnight, (1917). us.archive.org St. Nicholas – His Legend and His Role in the Christmas celebration. [archive.org] voir le chap. IX : “the pagan Heritage of St Nicholas”, p.125ff. où il le lie également aux cultes de Poséidon (p. 129), Artémis et les rosalia (p. 131) des monstres marins germaniques nommés Nix, Nikkur etc. (p. 134ff en citant l’Edda Doemesaga 3) parce qu’il les aurait remplacés notamment en tant que patron des marins. Les liens sur Odin sont faits pp. 138-9, voir aussi p. 25 : “There has been pointed out also the parallelism between the “beste tabbaerd" of St. Nicholas sung about by children, and the magic robe which enabled Odin to pass from place to place; between the gray horse of St. Nicholas on which he rode over the roofs of houses, and Odin's horse, Sleipnir, on which he took an autumn ride through the world; between the sheaf of grain in pagan days left in the field for Odin's horse and the wisp of hay left by children in their shoes for their friend St. Nicholas. But too much stress must not be laid on these parallelIsms. The customs associated with St. Nicholas in their origin doubtless antedate Christianity but also antedate the worship of Odin. Possibly the pre-Christian practices were influenced by their temporary association with the Teutonic gods as they afterwards were by the association with the Christian saints. But in both cases this influence was only superficial.”
[31] Wikipedia cite aussi "Artikel: sinterklaas and germanic mythology" (in Dutch). historianet.nl. 3 December 2011. Retrieved 8 December 2012.
[32] Hutton, chap. 10. Exemples de ce discours : Tony van Renterghem, When Santa Was A Shaman: Ancient Origins of Santa Claus & the Christmas Tree (1995). ... Christian Rätsch & Claudia Müller-Ebeling, Pagan Christmas: The Plants, Spirits, and Rituals at the Origins of Yuletide (Google Books) Sur internet : The Hallucinogenic Connection ; Fly Agric and Christmas ; New Light on Old Christmas Traditions ; The Influence of Fly Agric on the Iconography of Father Christmas
[33] Wikipedia: Santa Claus: Germanic Paganism; BBC: New Light on Old Christmas Traditions; paganwiccan: The Origins of Santa Claus; biblebb: Christmas Traditions ; From Saint Nicholas to Santa Claus (cherchez 'Nicholas'); ; St Nicholas and Father Christmas[archive]; wizardrealm: Norse Holidays and Festivals: Jul; brenna.co.uk: Just how Christian is Christmas?; encore wicca: The Holly King and Other Lore; Who Was the Real Santa?.
[34] “He [Odin] is the source of the art of poetry as well as the drive for war and victory. Yet he is also a force that works for the fertility of the fields and helps people strive for the highest goof and material fortune (Grimm 1968 I, VII). In his role as a mythical fullfiller of wishes one might very well see Wotan as the ancestor of that famous bringer of presents, Santa Claus himself.” Christian Rätsch & Claudia Müller-Ebeling, Pagan Christmas: The Plants, Spirits, and Rituals at the Origins of Yuletide (Google Books)
[35] Exemples : “Esprit de Noël” Ordre Spontané, décembre 2012. [archive.is] Un article de la ligue de la laïcité, indisponible. [archivé ici sur archive.org le 10 mai 2013]
[36] Jähns Max, Ross und Reiter, 1871:300-1 [archive.org] relève déjà des carnavaleries équines le 6 décembre pour faire le lien entre Wotan et S. Nicolas.
[37] Noël dans les cantons romands 1980:36.
[38] Rosa Schömer "St. Nikolaus und sein Schimmel" in Festschrift für Marie Andree-Eysn, Beiträge zur Volks und Völkerkunde, Munich, 1928:56-8.
[39] Sur Google books. La prière vient de son Spegel des Antichristischen Pawestdoms, und Luttherischen Christendoms, 1593. [DDB][Gbooks] David Franck (1682-1756) Altes und neu Meklenburg. band I. chap. x pp. 56-7 cite une rime similaire. Reproduit par Grimm dans sa Deutsche Mythologie, Cf. la trad. Stallybrass, Teutonic Mythology 156 [archive]
[40] Geyers schwed. gesch. I.110 orig. I.123. Benjamin Thorpe ne rapporte que Blekinge, je suppose d’après Geyers : "it was formerly the custom to leave a sheaf on the field for Odin's horses" (Thorpe 1851:50-51)
[41] Wagner 49-51 ; Frazer, Golden Bough, Spirits of the Corn and the Wild t.1 chap. VIII "The Corn-Spirit as an Animal" §8 "the corn-spirit as Horse or Mare" 1912:292-4 [archive.org] ; ed. abrégée 1922 [bartleby] esp. 292-3 ;Mannhardt, Myhologische Forschungen 1884:63, 167.
[42] Lily Weiser, “Das Haferopfer für das Pferd des Christkindes”, Zeitschrift für Volkskunde, Bd. 37/38 Berlin 1927/8, 215-223. http://www.digi-hub.de/viewer/image/DE-11-001860973/545/LOG_0339/
[43] E.g. Samantha Luccese, Odin as Santa and the Norse influence Christmas, lulu.com, 2012. [GBooks] ou Galina Krasskova, Exploring the Northern Tradition: A Guide to the Gods, Lore, Rites, and Celebrations from the Norse, German, and Anglo-Saxon Traditions, 2005. [GBooks]
[44] Cf. aussi Teutonic Mythology, vol. I chap. VII “Wodan” 131-165. On en a un exemple dans la Chronique Anglo-Saxonne, le 9 février 1127. Voir l’autrement douteux The lost gods of England p. 94.
[45] “In the Harz the wild chase thunders past the Eichelberg with its 1 hoho ' and clamour of hounds. Once when a carpenter had the courage to add to it his own ' hoho,' a black mass came tumbling down the chimney on the fire, scattering sparks and brands about the people's ears : a huge horse's thigh lay on the hearth, and the said carpenter was dead.” Jakob Grimm Teutonic Mythology vol. III chap.XXXI p. 928 [archive.org]
[46] Frazer p. 273 relevé par Mannhard, Roggenwolf und Roggenhund pp. 33, 39
[47] Pareil chez Lerouge en 1809. Cf. Van Gennep 2985-6.
[48] Picardie : "A côté des bas et souliers, les enfants mettaient dans la cheminée du foin, des navets et des carottes pour l'âne qui servait de monture au saint évêque. Aux enfants qui n'avaient pas été sages, il donnait un martinet, et l'âne, des crottes." (1844? (Ernest?) Deseille no 1260, p.15-16. p.2984) ; "En Moselle de langue frangaise, sinon partout (je n'ai pas de preuves), du moins dãns le Pays messin, les enfants plaçaient leurs sabots et leurs souliers bien nettoyés sous le manteau de la cheminée, y ajoutant une minuscule botte de foin et une petite corbeille d'avoine (pour la bourrique du saint. Le lendemain, au réveil, ils trouvaient leurs chaussures garnies, s'ils avaient été sages, de noix et noisettes, poires et gâteaux, car les jouets étaient rares en ce temps. Mais, s'ils n'avaient pas été,sages, des oignons, des navets et une verge, auxquels l'âne avait ajouté des crottins." (Van Gennep 2987, date ? )
[49] Minuit ! cette heure fantastique que les enfants ne connaissent point, et qu'on leur montre comme le terme impossible de leur veillée ! Quels efforts incroyables je faisais pour ne pas m'endormir avant l'apparition du petit vieux ! J'avais à la fois grande envie et grand'peur de le voir ; mais jamais je ne pouvais me tenir éveillée jusque-là, et le lendemain mon premier regard était pour mon soulier au bord de l'âtre. Quelle émotion me causait l'enveloppe de papier blanc ! car le père Noël était d'une propreté extrême, et ne manquait jamais d'empaqueter soigneusement son offrande. Je courais, pieds nus, m'emparer de mon trésor. Ce n'était jamais un don bien magnifique, car nous n'étions pas riches. C'était un petit gâteau, une orange, ou tout simplement une belle pomme rouge. Mais cela me semblait si précieux, que j'osais à peine le manger. L'imagination jouait encore là son rôle, et c'est toute la vie de l'enfant. (Histoire de ma vie, vol. II, p. 155ff)[archive.org]
[50] “On St. Martin's Eve in Germany and the Low Countries we begin to meet those winter visitors, bright saints and angels on the one hand, mock-terrible bogeys and monsters on the other, who add so much to the romance and mystery of the children's Christmas. Such visitors are to be found in many countries, but it is in the lands of German speech that they take on the most vivid and picturesque forms. St. Martin, St. Nicholas, Christkind, Knecht Ruprecht, and the rest are very real and personal beings to the children, and are awaited with pleasant expectation or mild dread. Often they are beheld not merely with the imagination but with the bodily eye, when father or friend is wondrously transformed into a supernatural figure.
What are the origins of these holy or monstrous beings? It is hard to say with certainty, for many elements, pagan and Christian, seem here to be closely blended. It is pretty clear, however, that the grotesque half-animal shapes are direct relics of heathendom, and it is highly probable that the forms of saints or angels—even, perhaps, of the Christ Child Himself—represent attempts of the Church to transform and sanctify alien things which she could not suppress. What some of these may have been we shall tentatively guess as we go along. Though no grown-up person would take the mimic Martin or Nicholas 206seriously nowadays, there seem to be at the root of them things once regarded as of vital moment. Just as fairy-tales, originally serious attempts to explain natural facts, have now become reading for children, so ritual practices which our ancestors deemed of vast importance for human welfare have become mere games to amuse the young.{89}” (Miles)
[51] “We can trace a deliberate substitution of the Christ Child for St. Nicholas as the bringer of gifts. In the early seventeenth century a Protestant pastor is found complaining that parents put presents in their children's beds and tell them that St. Nicholas has brought them. “This,” he says, “is a bad custom, because it points children to the saint, while yet we know that not St. Nicholas but the holy Christ Child gives us all good things for body and soul, and He alone it is whom we ought to call upon.” (Miles citant Tille, Die Geschichte der Deutschen Weihnachten)
[53] Christmas in Germany 36
[54] Noël dans les cantons romands, Payot 1980.
[55] Collecté dans un conte de fée par Alexander Afanasyev in Narodnye russkie skazki (1855-63)
[56] Notamment dans les Misérables de Victor Hugo : “C’étaient deux petits souliers d’enfant de forme coquette et de grandeur inégale ; le voyageur se rappela la gracieuse et immémoriale coutume des enfants qui déposent leur chaussure dans la cheminée le jour de Noël pour y attendre dans les ténèbres quelque étincelant cadeau de leur bonne fée.” (III.8 “Accomplissement de la promesse faite à la morte”)
[57] Van Gennep 1958:VII.2981-3032 “Les Personnifications du Cycle des Douze Jours” ; Lepagnol 85-94.
[58] Van Gennep, t. VII, carte VI, p. 2993, tirée de la carte 40a de l'atlas folklorique allemand. Atlas der deutschen Volkskunde, 1937-1940. Leipzig, H. Harmjanz et E. Rohr (eds)
[59] "The first surviving mention of [Nicholas] in America is in the New York Rivington's Gazetteer for 23 December 1773: 'Last Monday the anniversary of St. Nicholas, otherwise called St. a Claus, was celebrated at Protestant Hall, at Mr. Waldron’s, where a great number of the sons of that ancient saint celebrated the day with great joy and festivity.' And on 8 December 1774 in the same journal: 'Monday next, being the anniversary of St. Nicholas, will be celebrated by the descendents of the ancient Dutch families.' These two are the only survivors until well after the Revolution. These "sons' of Saint Nicholas seem not to have known their father's birthday." Charles W. Jones, Saint Nicholas of Myra, Bari, and Manhattan: Biography of a Legend, p. 333. Cité in
[60] “La diversité des noms donnés au personnage ayant le rôle de [p. 1578] distribuer des jouets aux enfants : Père Noël, Saint Nicolas, Santa Claus, montre aussi qu’il est le produit d’un phénomène de convergence et non un prototype ancien partout conservé.” Claude Lévi-Strauss “Le Père Noël supplicié”, Les Temps Modernes no 77, 1952, p. 1572-1590.
[63] Ou grise.
[64] Things to Come. [archive.org]
[65] A Christmas Story (1983)
[66] Trad. en Luther’s Works 1968 volume 14 “Selected Psalms” p.109-134 : “God could easily give you grain and fruit without your plowing and planting. But He does not want to do so. . . . What else is all our work to God—whether in the fields, in the garden, in the city, in the house, in war, or in government—but just such a child’s performance, by which He wants to give His gifts in the fields, at home, and everywhere else? These are the masks of God, behind which He wants to remain concealed and do all things.”
[67] “It is a great shame, if we are still capable of being ashamed, that, like sluggards, we must be goaded into giving thanks or, like sleepers, be shaken into an awareness of it, and that these gifts must be counted off, named, and pictured to us. We are daily so overwhelmed by them and use them so constantly that we really ought to goad and admonish ourselves to thanksgiving without psalms and outside reminders, being moved, enticed, and inspired by the gifts themselves. But this does not happen. One must sing and blow at us to impress on us that we ought to praise the Lord, and even the words must be prefabricated and put into our mouths, as this psalm does. But still our flabby flesh will not be moved to such easy, delightful, and happy works and to such a pleasant service of God. Shame on us that we are not shocked or do not blush every time we hear or read a verse in the Psalms!” (From Martin Luther’s 1531 Commentary on Psalm 147:12. Luther’s commentary on the entire pericope is found in LW 14:109-134.)
[68] litt. “c’est votre don”