POUR UN ANTIRACISME SOLIDAIRE ET PLURIEL

Bonjour,

Les événements des dernières semaines concernant le Collectif antiraciste décolonial (CAD) et la motion de blâme présentée par la direction du parti au prochain Conseil national ne laissent personne indifférent à Québec solidaire.

Ainsi, en tant que membres dits racisés, autochtones, ou issus de l’immigration et impliqués à QS depuis plusieurs années, nous souhaitons prendre la parole. Les débats actuels sont trop importants pour l’avenir de l’antiracisme dans notre parti. Nous ne voulons pas rester sur les lignes de côté.

Depuis l’existence du Collectif, nous reconnaissons l’importance de diversifier les voix antiracistes au sein du parti et nous avons salué la création du CAD, un collectif militant et interne au parti, qui s’est donné comme objectif de faire avancer les réflexions antiracistes et de soulever des préoccupations sur la place de l’antiracisme à Québec solidaire.

Ceci étant dit, malgré le fait de partager les valeurs antiracistes énoncées dans leur mandat, nous sommes plusieurs membres dits racisés, autochtones ou issus de l’immigration à ne pas se reconnaître dans les agissements, les tactiques et les prises de position faits au nom du CAD.  Nous ressentons un malaise lorsque le CAD ou certains de ses membres affirment parler au nom de toutes les personnes dites racisées du parti. Ces personnes ne représentent pas un tout monolithique, nos voix sont multiples à l’image de la diversité socioculturelle qui existe dans la société québécoise.

Le Collectif (CAD) est un des espaces d'engagement pour les militant.e.s antiracistes au parti, et il avance une vision de l'antiracisme qui lui est propre. Il n’est pas un organe représentatif de membres s'identifiant comme racisé.e.s, comme autochtones ou issus de l’immigration. Nous refusons que le Collectif affirme parler au nom de toutes ces personnes, qu’il parle en notre nom, et qu’il s’approprie l’entièreté du discours antiraciste et décolonial dans le parti. Nous avons nos propres voix.

Nous devrions nous réjouir d’avoir une diversité de voix et d’instances à QS pour parler d’un enjeu aussi important que l’antiracisme. Cependant, vu le climat d’intimidation, c’est avec des craintes et des appréhensions que plusieurs signataires de cette lettre participent à ce débat.

Certains d'entre nous ont même délaissé leur militance, à cause du harcèlement, de la violence psychologique et du climat toxique qui se sont instaurés, surtout dans les réseaux sociaux et alimentés par certains membres du CAD.

De plus, certain.e.s membres racisés, autochtones ou issus de l’immigration ont peur de prendre la parole sur l’antiracisme par crainte d’être jugé.e.s et de subir de la violence psychologique.

Ce n’est pas ainsi que nous faciliterons la participation d’un plus grand nombre de personnes issues de l’immigration, dites racisées, ainsi que de personnes autochtones au sein de notre parti. Cette situation, en plus de compromettre la santé de certain.e.s, compromet aussi la réalisation de notre projet politique commun.

Il est indéniable que Québec solidaire a encore des efforts à faire pour mieux intégrer et représenter la diversité du Québec, et ce, dans toutes ses structures. Par exemple, un personnel plus représentatif de la diversité québécoise assurera une plus grande sensibilité aux enjeux entourant le racisme, la discrimination et le colonialisme. Nous avons des défis importants, dont celui d’avoir des mécanismes clairs et des mesures conséquentes pour favoriser la diversité. Comme organisation, Québec solidaire a aussi le défi de combattre le racisme systémique et cela est notre rôle à toutes et à tous.  

Nous sommes déterminé.e.s à ce que le discours antiraciste et décolonial continue à se développer et s’affirmer au sein de QS. Pour ce faire, nous croyons qu’il est essentiel d’avoir une diversité de voix sur cet enjeu, mais surtout de respecter les valeurs du parti en cultivant un climat propice à la discussion démocratique et exempt de toutes formes de violence.

En ce sens, nous appuyons la motion de blâme présentée par le CCN au prochain Conseil national du parti et, par la suite, nous espérons qu’une médiation rigoureuse nous permettra de résoudre ensemble cette crise.

Ismaël Seck,

Alejandra Zaga Mendez,

Rim Mohsen,

Michael Ottereyes,

Amira Bouacida,

Jennie-Laure Sully,

Cécilia Macedo,

Magdouda Oudjit,

Sebastián Vielmas,

Benjamin Gingras,

Daria Khadir,

Mehdi Khaldi,

Rodrigo Rodriguez,

Cecilia Valdebenito,

Jacques T. Watso,

Sophie Pagé Sabourin,

Martin Sorto-Ventura,

Isabelle Grondin Hernandez

*Nous tenons à mentionner que plusieurs personnes, en accord avec le contenu de la lettre, n’ont pas signé par peur des représailles (violence et intimidation sur les réseaux sociaux).